Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Remords
Remords. Voici sur ce sujet, qui a produit bien des spectres, une ballade populaire allemande, dont noüs regrettons de ne pouvoir nommer le traducteur :
« La duchesse d’Orlamunde a deux enfants de son premier mari, qui l’a laissée veuve. Elle s’éprend du comte de Nuremberg ; ce dernier lui
» Le garçon promet au meurtrier son duché s’il veut lui laisser la vie. La petite fille lui offre toutes ses poupées, et enfin son oiseau favori. Il refuse. L’oiseau, devenu le persécuteur du meurtrier, le suit partout, en lui répétant le nom de l’enfant qu’il a égorgée, a Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écrie-t-il, où fuirai-je cet oiseau qui me poursuit de tous côtés ? Il ne cesse de me redire le nom de cette enfant ! Ô mon Dieu ! où aller mourir ? »
» Dans son désespoir, il se brise le crâne, et les deux enfants tués, dit la ballade, restent dans leurs cercueils de marbre, sans que la corruption défigure leurs petits corps innocents, dont la pureté défie la mort. »
L’auteur de la ballade allemande n’a pas achevé le récit. Le duc égoïste et la duchesse dénaturée voyaient partout devant eux leurs deux petites victimes. Ils se noyèrent tous deux dans l’Orla, après quelques années d’une vie misérable, croyant éviter les deux spectres…