Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Raide

Henri Plon (p. 569-570).
◄  Raiz
Raleigh  ►

Raide (Marie de la), sorcière qu’on arrêta à l’âge de dix-huit ans, au commencement du dix-septième siècle. Elle avait débuté dans le métier à dix ans, conduite au sabbat pour la première fois par la sorcière Marissane. Après la mort de cette femme, le diable, selon la procédure, la mena lui-même à son assemblée, où elle avoua qu’il se tenait en forme de tronc d’arbre. Il semblait être dans une chaire, et avait quelque ombre humaine fort ténébreuse. Cependant elle l’a vu sous la figure d’un homme ordinaire, tantôt rouge, tantôt noir. Il s’approchait souvent des enfants, tenant un fer chaud à la main ; mais elle ignore s’il les marquait. Elle n’avait jamais baisé le diable ; mais elle avait vu comment on s’y prenait : le diable présentait sa figure ou son derrière, le tout à sa discrétion et comme il lui plaisait. Elle ajouta qu’elle aimait tellement le sabbat qu’il lui semblait aller à la noce, « non pas tant, par la liberté et licence qu’on y a, mais parce que le diable tenait tellement liés leur cœur et leurs volontés qu’à peine y laissait-il entrer nul autre désir ». En outre les sorcières y entendaient une musique harmonieuse, et le diable leur persuadait que l’enfer n’est qu’une niaiserie, que le feu qui brûle continuellement n’est qu’artificiel. Elle dit encore qu’elle ne croyait pas faire mal d’aller au sabbat, et que même elle avait bien du plaisir à la célébration de la messe qui s’y disait, où le diable se faisait passer pour le vrai Dieu. Cependant elle voyait à l’élévation l’hostie noire[1]. Il ne paraît pas que Marie de la Raide ait été ! brûlée ; mais on ignore ce que les tribunaux en firent.


  1. M. J. Garinet, Histoire de la magie en France.