Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Poule noire

Henri Plon (p. 555).
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Poule noire. C’est en sacrifiant une poule noire à minuit, dans un carrefour isolé, qu’on engage le diable à venir faire pacte. Il faut prononcer une conjuration, ne se point retourner, faire un trou en terre, y répandre le sang de la

poule et l’y enterrer. Le même jour, et plus ordinairement neuf jours après, le diable vient et donne de l’argent ; ou bien il fait présent à celui qui a sacrifié d’une autre poule noire qui est une poule aux œufs d’or. Les doctes croient que ces sortes de poules, données par le diable, sont de vrais démons. Le juif Samuel Bernard, banquier de la cour de France, mort à quatre-vingt-dix ans en 1739, et dont on voyait la maison à la place des Victoires, à Paris, avait, disait-on, une poule noire qu’il soignait extrêmement ; il mourut peu de jours après sa poule, laissant trente-trois millions. La superstition de la poule noire est encore très-répandue. On dit en Bretagne qu’on vend la poule noire au diable, qui l’achète à minuit, et paye le prix qu’on lui en demande[1]. Il y a un mauvais et sot petit livre dont voici le titre : « La Poule Noire, ou la poule aux œufs d’or, avec la science des talismans et des anneaux magiques, l’art de la nécromancie et de la cabale, pour conjurer les esprits infernaux, les sylphes, les ondins, les gnomes, acquérir la connaissance des sciences secrètes, découvrir les trésors et obtenir le pouvoir de commander à tous les êtres et déjouer tous les maléfices et sortilèges, etc. » En Égypte, 740, 1 vol. in-18. — Ce n’est qu’un fatras niais et incompréhensible.

  1. Cambry, Voyage dvns le Finistère, t. III, p. 46.