Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Possédées de Flandre

Henri Plon (p. 554).
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Possédées de Flandre. L’affaire des possédées de Flandre, au dix-septième siècle, a fait trop de bruit pour que nous puissions nous dispenser d’en parler. Leur histoire a été écrite en deux volumes in-8o, par les Pères Domptius et Michaelis. Ces possédées étaient trois sorcières, qu’on exorcisa à Douai. L’une était Didyme, qui répondait en vers et en prose, en latin et en hébreu. C’était une pauvre religieuse infectée d’hérésie et convaincue des mauvaises mœurs qui sont les compagnes de l’apostasie. La seconde était une fille, appelée Simone Dourlet, qui ne répugnait pas à passer pour sorcière. La troisième était Marie de Sains, qui allait au sabbat et prophétisait par l’esprit de Satan… La presse du temps a publié un factum curieux, intitulé les Confessions de Didyme, sorcière pénitente, avec les choses qu’elle a déposées touchant la synagogue de Satan. Plus, les instances que cette complice (qui depuis est rechutée) a faites pour rendre nulles ses premières confessions : véritable récit de tout ce qui s’est passé en cette affaire ; Paris, 1623. On voit dans cette pièce que « Didyme n’était pas en réputation de sainteté, mais suspecte au contraire, à cause de ses mœurs fâcheuses ». On la reconnut possédée et sorcière ; on découvrit, le 29 mars 1617, qu’elle avait sur le dos une marque faite par le diable. Elle confessa avoir été à la synagogue (c’est ainsi qu’elle nommait le sabbat), y avoir eu commerce avec le diable et y avoir reçu ses marques. Elle s’accusa d’avoir fait des maléfices, d’avoir reçu du diable des poudres pour nuire, de les avoir employées avec certaine formule de paroles terribles. Elle avait, disait-elle, un démon familier de l’ordre de Belzébuth. Elle dit encore qu’elle avait entrepris d’ôter la dévotion à sa communauté pour la perdre ; que, pour elle, elle avait mieux aimé le diable que son Dieu. Elle avait renoncé à Dieu ; se livrant corps et âme au démon ; ce qu’elle avait confirmé en donnant au diable quatre épingles : convention qu’elle avait signée de son sang, tiré de sa veine avec une petite lancette que le diable lui avait fournie. Elle se confessa encore de plusieurs abominations, et dit qu’elle avait entendu parler au sabbat d’un certain grand miracle par lequel Dieu exterminera la synagogue ; et alors ce sera fait de Belzébuth, qui sera plus puni que les autres. Elle parla de grands combats que lui livraient le diable et la princesse des enfers pour empêcher sa confession. Puis elle désavoua tout ce qu’elle avait confessé, s’écriant que le diable la perdait. Était-ce folie ? dans tous les cas cette folie était affreuse. Marie de Sains disait de son côté qu’elle s’était aussi donnée au diable, qu’elle avait assisté au sabbat, qu’elle y avait adoré le diable, une chandelle noire à la main. Elle prétendit que l’Antéchrist était venu, et elle expliquait l’Apocalypse. Simone Dourlet avait aussi fréquenté le sabbat. Mais comme elle témoignait du repentir, on la mit en liberté, car elle était arrêtée comme sorcière. Un jeune homme de Valenciennes, de ces jeunes gens dont la race n’est pas perdue, pour qui le scandale est un attrait, s’éprit alors de Simone Dourlet et voulut l’épouser. L’ex-sorcière y consentit. Mais le comte d’Estaires la fit remettre en prison, où elle fut retenue longtemps avec Marie de Sains. Didyme fut brûlée. Voy. Sabbat.