Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Pierres d’anathème

Henri Plon (p. 546).

Pierres d’anathème. « Non loin de Patras, je vis des tas de pierres au milieu d’un champ ; j’appris que c’était ce que les Grecs appellent pierres d’anathème, espèce de trophées qu’ils élèvent à la barbarie de leurs oppresseurs. En dévouant leurs tyrans aux génies infernaux, ils les maudissent dans leurs ancêtres, dans leur âme et dans leurs enfants ; car tel est le formulaire de leurs imprécations. Ils se rendent dans le champ qu’ils veulent vouer à l’anathème, et chacun jette sur le même coin de terre la pierre de réprobation. Les passants ne manquant pas dans la suite d’y joindre leur suffrage, il s’élève bientôt dans le lieu voué à la malédiction un tas de pierres assez semblable aux monceaux de cailloux qu’on rencontre sur le bord de nos grandes routes, ce qui du reste nettoie les champs[1]. »

  1. M. Mangeart, Souvenirs de la Morèe, 1830.