Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Odin

Henri Plon (p. 499-500).
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Odin, dieu des Scandinaves. Deux corbeaux sont souvent placés sur ses épaules et lui disent à l’oreille tout ce qu’ils ont vu ou entendu de neuf. Odin les lâche tous les jours ; et, après qu’ils ont parcouru le monde, ils reviennent le soir à l’heure du repas. C’est pour cela que ce dieu sait tant de choses, et qu’on l’appelle le dieu des corbeaux. À la fin des siècles, il sera mangé par le loup Fenris. Les savants vous diront que l’un de ces corbeaux est l’emblème de la pensée ; quelle pensée ! et l’autre le symbole de la mémoire. Les deux loups qui se tiennent aux pieds d’Odin figuraient la puissance. Il y a des gens qui ont admiré ce mythe.

Odin, à la fois pontife, conquérant, monarque, orateur et poëte, parut dans le Nord, environ soixante-dix ans avant Notre-Seigneur selon les uns, plus tard selon d’autres. Le théâtre de ses exploits fut principalement le Danemark. Il avait la réputation de prédire l’avenir et de ressusciter les morts. Quand il eut fini ses expéditions glorieuses, il retourna en Suède, et, se sentant près du tombeau, il ne voulut pas que la maladie tranchât le fil de ses jours, après avoir si souvent bravé la mort dans les combats. Il convoqua tous ses amis, les compagnons de ses exploits ; il se fit, sous leurs yeux, avec la pointe d’une lance, neuf blessures en forme de cercle ; et, au moment d’expirer, il déclara qu’il allait dans la Scythie prendre place parmi les dieux, promettant d’accueillir un jour avec honneur dans son paradis tous ceux qui s’exposeraient courageusement dans les batailles, ou qui mourraient les armes à la main. Toute la mythologie des Islandais a Odin pour principe, comme le prouve l’Edda, traduit par Mallet, à la tête de son Histoire de Danemark[1]. Voy. Woden, Hakelberg, etc.


  1. Le livre unique, numéro 9.