Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Martin (Marie)

Henri Plon (p. 448-449).

Martin (Marie), sorcière du bourg de la Neufville-le-Roi, en Picardie, qui fut arrêtée pour avoir fait mourir des bêtes et des hommes par sortilège ou plutôt par maléfice, car au moins ce mot veut dire mauvaise action. Un magicien qui passait parla la reconnut, et, sur son avis, la sorcière fut rasée. On lui trouva la marque du diable, ayant l’empreinte d’une palte de chat. Elle dit au juge qu’elle se reconnaissait coupable. Traduite à la prévôté, elle avoua qu’elle était sorcière, qu’elle jetait des sorls au moyen d’une poudre composée d’ossements de trépassés ; que le diable Cerbérus lui parlait ordinairement. Elle nomma les personnes qu’elle avait ensorcelées et les chevaux qu’elle avait maléficiés. Elle dit encore que, pour plaire à Cerbérus, elle n’allait pas à la messe deux jours avant de jeter ses sorts ; elle conta qu’elle était allée au chapitre tenu par Cerbérus, et qu’elle y avait été conduite la première fois par Louise Morel, sa tante. Dans son second interrogatoire, elle déclara que la dernière fois qu’elle était allée au sabbat c’était à Varipon, près Noyon ; que Cerbérus, vêtu d’une courte robe noire, ayant une barbe noire, ceiffé d’un chapeau à forme haute, tenait son chapitre près des haies dudit Varipon, et qu’il appelait là par leurs noms les sorciers et les sorcières. Elle fut condamnée par le conseil de la ville de Montdidier à être pendue, le 2 juin 1586. Elle en appela au parlement de Paris, qui rejela le pourvoi. Son exécution eut lieu le 25 juillet même année[1].

  1. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 446.