Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Marigny

Henri Plon (p. 447).

Marigny ( Enguerrand de), ministre de Louis X, roi de France. Alix de Mons, femme d’Enguerrand, et la dame de Canteleu, sa sœur, furent accusées d’avoir eu recours aux sortilèges pour envoûter le roi, messire Charles, son frère, et autres barons, et d’avoir fait des maléfices pour faire évader Enguerrand, qui était emprisonné. On fit arrêter les deux dames. Jacques Dulot, magicien, qui était censé les avoir aidées de ses sortilèges, fut mis en prison ; sa femme fut brûlée et son valet pendu. Tous ces gens étaient des bandits. Dulot, craignant pareil supplice, se tua dans son cachot. Le comte de Valois, oncle du roi, fit considérer à ce prince que la mort volontaire du magicien était une grande preuve contre Marigny. On montra au monarque les images de cire ; il se laissa persuader et déclara qu’il ôtait sa main de Marigny et qu’il l’abandonnait à son oncle. On assembla aussitôt quelques juges ; la délibération ne fut pas longue : Marigny fut condamné, malgré sa qualité de gentilhomme, à être pendu comme sorcier. L’arrêt fut exécuté la veille de l’Ascension, et son corps fut attaché au gibet de Montfaucon, qu’il avait fait relever durant son ministère. Le peuple, que l’insolence du ministre avait irrité, se montra touché de son malheur. Les juges n’osèrent condamner sa femme et sa sœur ; le roi lui-même se repentit d’avoir abandonné Marigny à ses ennemis. Dans son testament il laissa une somme considérable à sa famille, en considération, dit-il, de la grande infortune qui lui était arrivée[1].

  1. M. Garinet, Histoire de la magie en France.