Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Loterie

Henri Plon (p. 411-412).
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Loterie. La loterie doit son origine à un Génois. Elle fut établie à Gênes en 1720, en France elle a été supprimée de nos jours.

Entre plusieurs moyens imaginés par les visionnaires pour gagner à la loterie, le plus commun était celui des songes. Un rêve, sans que l’on en sache la raison, indiquait à celui qui l’avait fait les numéros qui devaient sortir au prochain tour de roue. Si l’on voit en songe un aigle, disent les livres qui enseignent cette science, il donne 8, 20, 46 ; un ange, 20, 46, 56 ; un bouc, 10, 13, 90 ; des brigands, 4, 19, 33 ; un champignon, 70, 80, 90 ; un chat-huant, 13, 85 ; un crapaud, 4, 46 ; le diable, 4, 70, 80 ; un dindon, 80, 40, 66 ; un dragon, 8, 12, 43, 60 ; les fantômes, 1, 22, 52 ; une femme, 4, 9, 22 ; une fille, 20, 35, 58 ; une grenouille, 3, 19, 27 ; la lune, 9, 46, 79, 80 ; un moulin, 15, 49, 62 ; un ours, 21, 50, 63 ; un pendu, 17, 71 ; des puces, 45, 57, 83. Des rats, 9, 40, 56 ; un spectre, 31, 43, 74, etc. Or, dans cent mille personnes qui mettaient à la loterie, il y avait cent mille rêves différents, et il ne sortait que cinq numéros ; de plus, aucun système ne ressemblait à un autre. Si Cagliostro donnait pour tel rêve les numéros 11, 27, 82, un autre indiquait des numéros tout différents. — Croirait-on que les livres de secrets merveilleux donnent gravement ce procédé pour gagner à la loterie ? Il faut : avant de vous coucher, réciter trois fois la formule qui va suivre ; après quoi vous la mettrez sous votre oreiller, écrite sur un parchemin vierge ; et pendant votre sommeil le génie de votre planète viendra vous dire l’heure où vous devez prendre votre billet, et vous révéler en songe les numéros. Voici la formule : « Seigneur, montrez-moi donc un mort mangeant de bonnes viandes, un beau pommier ou de l’eau courante, tous bons signes ; et envoyez-moi les anges Uriel, Rubiel ou Barachiel, qui m’instruisent des nombres que je dois prendre pour gagner ; par celui qui viendra juger les vivants et les morts et le siècle par le feu. » Dites alors trois Pater et trois Ave pour les âmes du purgatoire…