Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Labitte

Henri Plon (p. 395-396).
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Labitte, dit l’abbé de peu de sens, peintre, poëte et prêtre d’Arras au milieu du quinzième siècle. Il était très-excentrique, ce qui lui fit donner le surnom que nous venons de citer, et il recherchait un peu les sociétés de ce que nous appelons aujourd’hui le demi-monde. Il se fit initier à la vauderie, hérésie descendue bien bas, puisqu’on y adorait le diable, que ses fêtes étaient le sabbat, et qu’elle reconnaissait pour son maître et seigneur Lucifer, le prince ou l’un des princes des anges déchus. Les Vaudois vivaient en union apparente avec les chrétiens fidèles. Dans les causeries où l’on disait du bien de la sainte Vierge, des bienheureux et des choses saintes, ils renchérissaient, mais ils ajoutaient toujours cette conclusion : « N’en déplaise à mon maître, ou n’en déplaise à mon Seigneur. » Au moyen de cette restriction, toute parole chrétienne leur était permise par leur maître que nous avons nommé. Cet homme fut arrêté comme habitué du sabbat. Dans sa prison, il se coupa la langue avec un canif pour ne rien révéler. Mais il fut condamné au feu et brûlé en 1459. Jacques du Clerq raconte au long cette triste histoire dans ses mémoires. Louis Tieck en a fait, sous le titre de Sabbat des sorcières, un roman hostile aux catholiques, qu’on a traduit en français.