Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Jockey des Fées

Henri Plon (p. 378).
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Jockey des Fées. On a souvent répété, en Écosse, l’histoire d’un audacieux jockey, lequel vendit un cheval à un vieillard très-vénérable d’extérieur, qui lui indiqua, dans les montagnes d’Eildon, Lucken-Hare comme l’endroit où, à minuit sonnant, il recevrait son prix. Le marchand y alla, son argent lui fut payé en pièces antiques, et l’acheteur l’invita à visiter sa résidence. Il suivit avec étonnement plusieurs longues rangées de stalles, dans chacune desquelles un cheval se tenait immobile, tandis qu’un soldat armé de toutes pièces était couché, aussi sans mouvement, aux pieds de chaque noble animal. « Tous ces hommes, dit à voix basse le maître du lieu, s’éveilleront à la bataille de Sheriffmoor. »

À l’extrémité étaient suspendus une épée et un cor qui devait rompre le charme. Le jockey prit le cor et essaya d’en donner. Les chevaux tressaillirent aussitôt dans leurs stalles ; les soldats se levèrent et firent retentir leurs armes. Une voix forte prononça ces mots : « Malheur au lâche qui ne saisit pas le glaive avant d’enfler le cor. » Un tourbillon de vent chassa l’acheteur de la caverne, dont il ne put jamais retrouver l’entrée[1]


  1. Walter Scott, Démonologie.