Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Jarretière

Henri Plon (p. 372).

Jarretière. Secret de la jarretière pour les voyageurs. Vous cueillerez de l’herbe que l’on appelle armoise, dans le temps où le soleil fait son entrée au premier signe du Capricorne ; vous la laisserez un peu sécher à l’ombre, et en ferez des jarretières avec la peau d’un jeune lièvre, c’est-à-dire qu’ayant coupé la peau du lièvre en courroie de la largeur de deux pouces, vous en ferez un redoublé dans lequel vous coudrez ladite herbe, et les porterez aux jambes. Il n’y a point de cheval qui puisse suivre longtemps un homme de pied qui est muni de ces jarretières.

Ou bien vous prendrez un morceau de cuir de la peau d’un jeune loup, dont vous ferez deux jarretières ; sur lesquelles vous écrirez avec votre sang les paroles suivantes : Abumalith cados ; vous serez étonné de la vitesse avec laquelle vous cheminerez, étant muni de ces jarretières à vos jambes. De peur que les caractères écrits ne s’effacent, il sera bon de doubler la jarretière d’un padoue de fil blanc du côté de l’écriture.

« Il y a encore une manière de faire la jarretière, que j’ai lue dans un vieux manuscrit en lettres gothiques. En voici la recette. Vous aurez les cheveux d’un larron pendu, desquels vous ferez des tresses dont vous formerez des jarretières que vous coudrez entre deux toiles de telle couleur qu’il vous plaira ; vous les attacherez aux jambes de derrière d’un jeune poulairr ; puis vous laisserez échapper le poulain, le ferez courir à perte d’haleine, et vous vous servirez ensuite avec plaisir de ces jarretières[1]. »

On prétendait autrefois que les magiciens pouvaient donner une jarretière enchantée, avec laquelle on faisait beaucoup de chemin en peu de temps. C’est là peut-être l’origine des bottes de sept lieues.


  1. Secrets du Petit Albert, p. 90.