Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Is

Henri Plon (p. 367).
◄  Irmentrude
Isaacarum  ►

Is, ville bretonne, gouvernée par le roi Gralon. Toute espèce de luxe et de débauche régnait dans cette opulente cité. Les plus saints personnages y prêchaient en vain les mœurs et la réforme. La princesse Dahut, fille du roi, oubliant la pudeur et la modération naturelles à son sexe, y donnait l’exemple de tout genre de dépravation. L’heure de la vengeance approchait : le calme qui précède les plus horribles tempêtes, les chants, la musique, le vin, toute espèce de spectacle et de débauche enivraient, endormaient les habitants endurcis de la grande ville. Le roi Gralon seul n’était pas insensible à la voix du ciel. Un jour le prophète Guénolé prononça d’une

 
Is
Is
 
voix sombre ces mots devant le roi Gralon : « Prince, le désordre est au comble, le bras de l’Éternel se lève, la mer se gonfle, la cité d’Is va disparaître : partons. » Gralon monte aussitôt à cheval et s’éloigne à toute bride ; sa fille Dahut le suit en croupe. La main de l’Éternel s’abaisse ; les plus hautes tours de la ville sont englouties, les flots pressent en grondant le coursier du saint roi, qui ne peut s’en dégager ; une voix terrible se fait entendre : « Prince, si tu veux te sauver, renvoie le diable qui te suit en croupe. » La belle Dahut perdit la vie ; elle se noya près du lieu qu’on nomme Poul-Dahut. La tempête cessa, l’air devint calme, le ciel serein ; mais depuis ce moment le vaste bassin sur lequel s’étendait une partie de la ville d’Is fut couvert d’eau. C’est maintenant la baie de Douarnenez[1].


  1. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I.