Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Hermaphrodites

Henri Plon (p. 333).
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Hermaphrodites. Longtemps avant Antoinette Bourignon, qui soutint cette singulière thèse au dix-septième siècle, il s’était élevé, sous le pontificat d’Innocent III, une secte de novateurs qui enseignait qu’Adam était à sa naissance homme et femme tout à la fois. Pline assure qu’il existait en Afrique, au delà du désert de Zara, un peuple d’androgynes. — Les lois romaines mettaient les hermaphrodites au nombre des monstres, et les condamnaient à mort. Tite-Live et Eutrope rapportent qu’il naquit auprès de Rome, sous le consulat de Claudius Néron, un enfant pourvu des deux sexes ; que le sénat, effrayé de ce prodige, décréta qu’il fallait le noyer. On enferma l’enfant dans un coffre ; on l’embarqua sur un bâtiment et on le jeta en pleine mer. Leloyer parle longuement d’une femme de Macédoine, nommée Héraïde, qui se maria comme femme, et devint homme ensuite dans une absence de son mari. C’était, dans les vieilles opinions, un hermaphrodite. Mais on ne voit plus d’hermaphrodites aujourd’hui. Les hermaphrodites, dans les contes plus anciens, avaient les deux sexes, deux têtes quatre bras et quatre pieds. Les dieux, dit Platon, avaient d’abord formé l’homme avec deux corps et les deux sexes. Ces hommes doubles étaient d’une force si extraordinaire qu’ils résolurent de faire la guerre aux dieux. Jupiter irrité les partagea pour les affaiblir ; et Apollon seconda le père des dieux dans l’exécution de ses volontés. Voy. Polycrite.