Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Girard

Henri Plon (p. 303-304).
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Girard (Jean-Baptiste), jésuite né à Dole en 1680. Les ennemis de la société de Jésus n’ont négligé aucun effort pour le présenter comme un homme de scandale. Ils l’ont accusé d’avoir séduit une fille nommée Catherine Cadière, et sur ce thème ils ont bâti tous les plus hideux romans. Cette fille, folle ou malade, sembla possédée dans les idées du temps ou le fut peut-être, et on dut l’enfermer aux Ursulines de Brest. Sur quelques divagations qu’elle débita, un procès fut intenté par le parlement d’Aix. Mais toutes choses examinées et pesées, il fallut se borner à rendre Catherine Cadière à sa famille. On ne put pas même trouver moyen d’impliquer le père Girard dans cette affaire comme coupable, quoiqu’on eût ameuté trois partis violents contre lui, les jansénistes, le parlement et les philosophes. — Ce qui n’a pas empêché les écrivains antireligieux de faire revivre sur son compte des calomnies condamnées. On a rassemblé ces calomnies en six gros volumes. L’avocat janséniste François Richer les a concentrées dans ses Causes célèbres avec une férocité haineuse qui fait peine. Fréron, dans l’Année littéraire 1772, t. II, p. 250, a pulvérisé, preuves en main, cet échafaudage d’odieux mensonges. Ce qui n’a pas empêché une tête obtuse dans son fiel de les republier de nos jours en une brochure in-8o intitulée Détails historiques sur le père Girard, jésuite, et mademoiselle Cadière de Toulon, imprimée à Nîmes, chez Rallivet et Fabre, 1844. Au résumé, la Cadière était une coquine, le père Girard un saint et ses calomniateurs des faussaires[1].

  1. Nous ajouterons avec regret que, dans le tome IV de sa Mystique, Görres expose assez mal, pages 176 à 179, l’affaire de la Cadière ; il est vrai qu’un peu plus loin, page 182, il défend le père Girard. Il est fâcheux qu’il n’ait pas lu la judicieuse dissertation de Fréron, que nous avons citée.