Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Gastromancie

Henri Plon (p. 297).

Gastromancie ou Garosmancie, divination qui se pratiquait en plaçant entre plusieurs bougies allumées des vases de verre ronds et pleins d’eau claire ; après avoir invoqué et interrogé les démons à voix basse, on faisait regarder attentivement la superficie de ces vases par un jeune garçon ou par une jeune femme ; puis on lisait la réponse sur des images tracées par la réfraction de la lumière dans les verres. Cagliostro employait cette divination.

Une autre espèce de gastromancie se pratiquait par le devin qui répondait sans remuer les lèvres, en sorte qu’on croyait entendre une voix aérienne. Le nom de cette divination signifie divination par le ventre ; aussi, pour l’exercer, il faut être ventriloque, ou possédé, ou sorcier. | Dans le dernier cas, on allume des flambeaux ! autour de quelques verres d’eau limpide, puis on agite l’eau en invoquant un esprit qui ne tarde pas à répondre d’une voix grêle dans le ventre du sorcier en fonction. Les charlatans trouvant dans les moindres choses des moyens sûrs d’en imposer au peuple et de réussir dans leurs fourberies, la ventriloquie doit être pour eux d’un grand avantage. Un marchand de Lyon, étant un jour à la campagne avec son valet, entendit une voix qui lui ordonnait, de la part du ciel, de donner une partie de ses biens aux pauvres, et de récompenser son serviteur. Il obéit et regarda comme miraculeuses les paroles qui sortaient du ventre de son domestique. On savait si peu autrefois ce que c’était qu’un ventriloque, que les plus grands personnages attribuaient toujours ce talent à la présence des démons. Photius, patriarche de Constantinople, dit dans une de ses lettres : « On a entendu le malin esprit parler dans le ventre d’une personne, et il mérite bien d’avoir l’ordure pour logis. »