Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Fumée

Henri Plon (p. 289).

Fumée. Dans toutes les communes du Finistère, on voit à chaque pas, dit Cambry, des usages antérieurs à la religion catholique. Quand un individu va cesser d’être, on consulte la fumée. S’élève-t-elle avec facilité, le mourant doit habiter la demeure des bienheureux. Est-elle épaisse, il doit descendre dans les antres du désespoir, dans les cavernes de l’enfer. — C’est une espèce de proverbe en Angleterre que la fumée s’adresse toujours à la plus belle personne. Et quoique cette opinion ne semble avoir aucun fondement dans la nature, elle est pourtant fort ancienne. Victorin et Casaubon en ont fait la remarque, à l’occasion d’un personnage d’Athénée, où un parasite se dépeint ainsi : — « Je suis toujours le premier arrivé aux bonnes tables, d’où quelques-uns se sont avisés de m’appeler soupe. Il n’y a point de porte que je n’ouvre comme un bélier ; semblable à un fouet, je m’attache à tout, et, comme la fumée, je me lie toujours à la plus belle[1]. » On dit en Champagne que la fumée du foyer, quand elle s’échappe, s’adresse aux plus gourmands.

  1. Thomas Brown, Essai sur les erreurs, etc., ch. xxii, p. 80.