Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Fougère

Henri Plon (p. 283).
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Fougère. « Personne n’ignore les mauvaises et diaboliques façons dont on se sert pour cueillir la fougère aux maléfices. Le 23 juin, veille de la Saint-Jean-Baptiste, après un jeûne de quarante jours, plusieurs sorciers, conduits par Satan, recueillent pendant cette nuit la graine de cette herbe, qui n’a ni tige, ni fleur, ni semence, et qui renaît de la même racine ; qui plus est, le malin se joue de ces misérables sorciers en leur apparaissant cette nuit-là, au milieu des tempêtes, sous quelques formes monstrueuses, pour les épouvanter davantage. Ils croient s’en défendre par leurs exorcismes, par les cercles et caractères qu’ils font sur la terre autour d’eux ; ensuite ils mettent une nappe neuve de fin lin ou de chanvre sous la fougère qu’ils croient voir fleurir en une heure, pour en recevoir, la graine. Ils la plient dans un taffetas ou dans un parchemin vierge, et la gardent soigneusement pour deviner les songes et faire paraître les esprits. Le démon, par ses malices et menteries, leur persuade que cette semence n’est pas seulement propre à deviner, et que si on met de l’or ou de l’argent dans la bourse où l’on doit garder la semence de fougère, le nombre en sera doublé le jour suivant. Si l’événement n’a pas lieu, les magiciens vous accuseront de mauvaise foi, ou ils diront que vous avez commis quelque crime, tant nous nous laissons aller à ces abominables impostures de Satan[1]. » Des sorciers anglais prétendaient avoir un secret’par lequel, au moyen de la graine de fougère, ils se rendaient invisibles.

  1. Delancre, Tab. de l’Inconstance des démons, etc., p. 454.