Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Fanatisme

Henri Plon (p. 258-259).
◄  Falconet
Fannius  ►

Fanatisme. L’Église l’a toujours condamné, comme elle condamne tous les excès. Les actes de fanatisme des conquérants du nouveau monde étaient commis par des scélérats, contre lesquels le clergé s’élevait de toutes ses forces. On peut le voir dans la vie et dans les écrits de Barthélemi de Las Casas. Les écrivains philosophes ont souvent appelé fanatisme ce qui ne l’était pas. Ils se sont trompés ou ils ont trompé lorsque, par exemple, ils ont attribué le massacre politique de la Saint-Barthélemi à la religion, qui y fut étrangère ; lorsqu’ils ont défendu les fanatiques des Cévennes, qui exterminaient tout autour d’eux, etc.

Il y a eu très-souvent du fanatisme outré dans les hérésies et même dans la sorcellerie. Sous le règne de Louis XII, un écolier de l’université de Paris, persuadé que la religion d’Homère était la bonne, arracha la sainte hostie des mains d’un prêtre qui la consacrait et la foula aux pieds. Voilà du fanatisme. Les Juifs en ont fourni de nombreux exemples, et un très-grand fanatisme distingue beaucoup de philosophes modernes. « Il y a un fanatisme politique, un fanatisme littéraire, un fanatisme guerrier, un fanatisme philosophique[1]. » On a nommé d’abord fanatiques les prétendus devins qui rendaient leurs oracles dans les temples, fana. Aujourd’hui on entend par fanatisme tout zèle aveugle.

  1. Bergier, Dictionnaire théologique.