Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Enfants volés par les fées

Henri Plon (p. 238).

Enfant volé par une Fée. — Page 238.


Enfants volés par les fées. On prétend dans le Nord que les fées enlèvent quelquefois les enfants qui leur plaisent et leur substituent de petits monstres nés d’elles. Pour les forcer à rendre l’enfant qu’elles ont pris, on expose l’enfant substitué sur une pelle et on le tourmente cruellement. En Danemark la mère chauffe le four et met l’enfant sur la pelle en menaçant de le lancer dans la flamme, ou bien elle le fouette avec des verges, elle le jette dans la rivière. En Suède et en Irlande on l’expose à la porte sur une pelle. Quelquefois on lui fait boire une potion de coquilles d’œufs. Dans le Glossaire provincial de Grose, on voit la mère d’un enfant volé casser une douzaine d’œufs et placer les vingt-quatre demi-coquilles devant l’enfant substitué, qui s’écrie : J’avais sept ans quand on me mit en nourrice, quatre ans se sont passés depuis, et je n’ai jamais vu de petits pots aussi blancs. » Le changement d’un enfant est toujours fait avant le baptême. Le moyen de prévenir ce malheur est de faire une croix sur la porte et sur le berceau, de mettre un morceau de fer auprès de l’enfant, de laisser une lumière allumée. En Thuringe on suspend au mur les culottes du père[1]. En Écosse on attribue le même crime de rapt aux elfes, et quand un enfant est sourd, muet, aveugle ou contrefait, ou le croit substitué.

Les sorcières, ce que les procédures ont établi, enlevaient aussi des enfants, ou pour les affilier au diable ou pour les lui sacrifier. Voy. Elfdal.

Enfants au sabbat.

  1. M. Dufau, Contes irlandais.