Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Elfes

Henri Plon (p. 233-234).
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La reine des Elfes.

Elfes, génies Scandinaves. On croit aux bords de la Baltique qu’il y a un roi des Elfes, lequel règne à la fois sur l’île de Stern, sur celle de Mœ et sur celle de Rugen. Il a un char attelé de quatre étalons noirs. Il s’en va d’une île à l’autre en traversant les airs ; alors on distingue très-bien le hennissement de ses chevaux, et la mer est toute noire. Ce roi a une grande armée à ses ordres ; ses soldats ne sont autre chose que les grands chênes qui parsèment l’île. Le jour ils sont condamnés à vivre sous une écorce d’arbre ; mais la nuit ils reprennent leur casque et leur épée et se promènent fièrement au clair de la lune. Dans les temps de guerre, le roi les assemble autour de lui. On les voit errer au-dessus de la côte, et alors malheur à celui qui tenterait d’envahir le pays[1] ! La tradition des bons et des mauvais anges est sensible dans les fictions de l’Edda. Snorro Sterlason nous apprend que les elfs de la lumière, dont Ben Johnson a fait les esprits blancs de ses masques, séjournent dans Alf-Heim (demeure des Elfs), le palais du ciel, tandis que les swart elfs, elfs de la nuit, habitent’les entrailles de la terre. Les premiers ne seront pas sujets à la mort ; car les flammes de Surtur ne les consumeront pas, et leur dernière demeure sera Vid-Blain, le plus haut ciel des bienheureux ; mais les swart elfs sont mortels et sujets à toutes les maladies, quels que soient d’ailleurs leurs attributs. — Les Islandais modernes considèrent aussi le peuple elf comme formant une monarchie, ou du moins ils le font gouverner par un vice-roi absolu qui, tous les ans, se rend en Norvège avec une députation de pucks (lutins), pour y renouveler son serment d’hommage-lige au souverain seigneur qui réside dans la mère patrie. Il est évident que les Islandais croient que les elfs sont, comme eux, une colonie transplantée dans l’île[2]. Voy. Danses des esprits.

  1. M. Marmier, Traditions de la Baltique.
  2. Traditions populaires, dans la Quarterly Review.