Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Eau amère

Henri Plon (p. 225).
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Eau amère (Épreuve de l’). Elle avait lieu ainsi chez les anciens Juifs : lorsqu’un homme soupçonnait sa femme en mal, il demandait qu’elle se purgeât selon la loi. Le juge envoyait les parties à Jérusalem, au grand consistoire, composé de soixante vieillards. La femme était exhortée à bien regarder sa conscience, avant de se soumettre au hasard de boire les eaux amères. Si elle persistait à dire qu’elle était nette de péché, on la menait à la porte du Saint des saints, et on la promenait afin de la fatiguer et de lui laisser le loisir de songer en elle-même. On lui donnait alors un vêtement noir. Un prêtre était chargé d’écrire son nom et toutes les paroles qu’elle avait dites ; puis se faisant apporter un pot de terre, il versait dedans avec une coquille la valeur d’un grand verre d’eau ; il prenait de la poudre du tabernacle, avec du jus d’herbes amères, raclait le nom écrit sur le parchemin et le donnait à boire à la femme, qui, si elle était coupable, aussitôt blêmissait ; les yeux lui tournaient et elle ne tardait pas à mourir[1] ; mais il ne lui arrivait rien si elle était innocente.


  1. Leloyer, Histoire des spectres, liv. IV, ch. xxi.