Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Delancre

Henri Plon (p. 200-201).
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Delancre (Pierre), démonographe renommé, né à Bordeaux dans le seizième siècle. Il fut chargé d’instruire le procès de quantités de vauriens accusés de sortilèges. Dans ces travaux il demeura convaincu de toutes les abominations du sabbat et des sorciers. Il mourut à Paris vers 1630. On a de lui deux ouvrages recherchés sur ces matières.

L’incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, où il est amplement et curieusement traité de la vérité ou illusion du sortilège, de la fascination, de l’attouchement, du scopélisme, de la divination, de la ligature ou liaison magique, des apparitions et d’une infinité d’autres rares et nouveaux sujets, par P. Delancre, conseiller du roi en son conseil d’État. Paris, Nicolas Buon, 1612, in-4o de près de 900 pages, assez rare, dédié au roi Louis XIII, divisé en dix traités.

Dans le premier traité, l’auteur prouve que tout ce qu’on dit des sorciers est véritable. Le second, intitulé de la Fascination, démontre que les sorcières ne fascinent, en ensorcelant, qu’au moyen du diable. Par le troisième traité, consacré à l’attouchement, on voit ce que peuvent faire les sorciers par le toucher, bien plus puissant que le regard. Le traité quatrième, où il s’agit du scopélisme, nous apprend que par cette science secrète on maléficie les gens en jetant simplement des pierres charmées dans leur jardin. Le magnétisme explique aujourd’hui la plupart de ces prodiges. Le traité suivant détaille toutes les divinations. Au sixième traité, on s’instruit de tout qui tient aux ligatures. Le septième roule sur les apparitions. L’auteur, qui ne doute peut-être pas assez, en rapporte beaucoup. Il tombe, dans le huitième traité, sur les juifs, les apostats et les athées. Dans le neuvième, il s’élève contre les hérétiques, dont l’apparition dans tous les temps a produit en effet des fanatismes plus ou moins absurdes ou abominables. Il se récrie, dans le dernier traité, contre l’incrédulité et mécréance des juges en fait de sorcellerie. Le tout est suivi d’un recueil d’arrêts notables contre les sorciers.

Tableau de Vinconstance des mauvais anges et démons, où il est amplement traité de la sorcellerie et des sorciers ; livre très-curieux et très-utile, avec un discours contenant la procédure faite par les inquisiteurs d’Espagne et de Navarre à cinquante-trois magiciens, apostats, juifs et sorciers, en la ville de Logrogne, en Castille, le 9 novembre 1610 ; en laquelle on voit combien l’exercice de la justice en France est plus juridiquement traité et avec de plus belles formes qu’en tous autres empires, royaumes, républiques et États, par P. Delancre, conseiller du roi au parlement de Bordeaux ; Paris, Nicolas Buon, 1612, in-4o d’environ 800 pages[1], très-recherché, surtout lorsqu’il est accompagné de l’estampe qui représente les cérémonies du sabbat.

Cet ouvrage est divisé en six livres ; le premier contient trois discours sur l’inconstance des démons, le grand nombre des sorciers et le penchant des femmes du pays de Labourd pour la sorcellerie. Le second livre traite du sabbat en cinq discours. Le troisième roule sur la même matière et sur les pactes des sorciers avec le diable, pareillement en cinq discours. Le quatrième livre, qui contient quatre discours, est consacré aux loups-garous ; le livre cinquième, en trois discours, aux superstitions et apparitions ; et le sixième, aux prêtres sorciers, en cinq discours.

Tout ce que ces ouvrages présentent de curieux tient sa place dans ce dictionnaire.


  1. Il y a une préface de Jean d’Espagnet.