Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Cimetière

Henri Plon (p. 170).
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Cimetière. Il n’était pas permis en Espagne, au quatrième siècle, d’allumer des cierges en plein jour dans les cimetières, de peur d’inquiéter les esprits. On croyait que les âmes des trépassés fréquentaient les cimetières où leurs corps étaient


enterrés[1] ; et le clergé eut 1 quelque peine à détruire cette opinion. On croit encore aujourd’hui dans les campagnes que les âmes du purgatoire reviennent dans les cimetières ; on dit même que les démons aiment à s’y montrer, et que c’est pour les écarter qu’on y plante des croix. On conte des anecdotes effrayantes. Peu de villageois traverseraient le cimetière à minuit : ils ont toujours l’histoire de l’un d’entre eux rossé par une âme (ou plutôt par un mauvais plaisant) qui lui a reproché de troubler sa pénitence. Henri Estienne et les ennemis du catholicisme ont forgé des aventures facétieuses, où ils attribuent de petites fraudes aux gens d’église pour maintenir cette croyance ; mais ces historiettes sont des inventions calomnieuses. On a vu quelquefois, dans les grandes chaleurs, des exhalaisons enflammées sortir des cimetières ; on sait aujourd’hui qu’elles ont une cause naturelle.

  1. Dom Calmet, Traité sur les apparitions, etc., ch. xi.