Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Chorropique

Henri Plon (p. 168).
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Chorropique (Marie), sorcière bordelaise du temps de Henri IV, qui confessa s’être donnée au diable par le moyen d’un nommé Augerot d’Armore, lequel la mena dans une lande où elle trouva un grand seigneur vêtu de noir, avec la figure voilée. Il était entouré d’une infinité de gens richement habillés. Marie Chorropique ayant prononcé le nom de Jésus, tout disparut incon— tinent. Son guide ne vint la reprendre que trois heures après, la tança d’avoir prononcé le nom de Notre-Seigneur, et la conduisit au sabbat près d’un moulin, où elle retrouva le même seigneur noir, avec un nommé Menjoin, qui portait un pot de terre plein de grosses araignées enflées d’une drogue blanche, et deux crapauds qu’on tua à coups de gaule, et qu’on chargea Marie d’écorcher.

Ensuite, Augerot pila ces araignées dans un mortier avec les crapauds. On jeta cette composition sur des pâturages pour faire mourir les bestiaux. Après quoi, ces gens s’en allèrent au bourg d’Irauris, où ils prirent sans bruit un enfant au berceau. Augerot et Menjoin l’étranglèrent et le mirent entre son père et sa mère qui dormaient, afin que le père crût que sa femme l’avait étouffé, et que la mère à son tour accusât son mari. Ils en empoisonnèrent d’autres. Dans toutes ces exécutions, Marie Chorropique attendait les deux bandits à la porte. Que penser de ces récits ?

Elle dit encore que, dans un sabbat, elle vit deux sorcières qui apportèrent le cœur d’un enfant dont la mère s’était fait avorter, et qu’elles le gardèrent pour en faire un sacrifice au diable. Cette horrible sorcière fut brûlée le 2 octobre 1576[1].

  1. Delancre, Tab. de l’inconstance des démons, etc., p. 107.