Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Catalde

Henri Plon (p. 142-143).

Catalde, évêque de Tarente au sixième siècle. Mille ans après sa mort, on raconte qu’il se montra une nuit, en vision, à un jeune Tarentin du seizième siècle, et le chargea de creuser en un lieu


qu’il lui désigna, où il avait caché et enterré un livre écrit de sa main pendant qu’il était au monde, lui disant qu’incontinent qu’il aurait recouvré ce livre, il ne manquât point de le faire tenir à Ferdinand, roi d’Aragon et de Naples, qui régnait alors. Le jeune homme n’ajouta point foi d’abord à cette vision, quoique Catalde lui apparût presque tous les jours pour l’exhorter à faire ce qu’il lui avait ordonné. Enfin, un matin, avant l’aurore, comme il était en prière, il aperçut Catalde vêtu de l’habit épiscopal, lequel lui dit avec une contenance sévère : — Tu n’as pas tenu compte de chercher le livre que je t’avais enseigné et de l’envoyer au roi Ferdinand ; sois assuré, cette fois pour toutes, que si tu n’exécutes ce que je t’ai commandé, il t’en adviendra mal.

Le jouvenceau, intimidé de ces menaces, publia sa vision ; le peuple ému s’assembla pour l’accompagner au lieu marqué. On y arriva ; on creusa la terre ; on trouva un petit coffre de plomb, si bien clos et cimenté que l’air n’y pouvait pénétrer, et au fond du coffret se vit le livre où toutes les misères qui devaient arriver au royaume de Naples, au roi Ferdinand et à ses enfants, étaient décrites en formes de prophétie, lesquelles ont eu lieu ; car Ferdinand fut tué au premier conflit ; son fils Alphonse, à peine maître du trône, fut mis en déroute par ses ennemis, et mourut en exil. Ferdinand, le puîné, périt misérablement à la fleur de son âge, accablé de guerres, et Frédéric, petit-fils du défunt Ferdinand, vit brûler, saccager et ruiner son pays[1].

  1. Histoires prodigieuses de Boistuaux, t. I.