Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Bensozia

Henri Plon (p. 90).

Bensozia. Certains canonistes des douzième et treizième siècles s’élèvent fortement contre les femmes d’alors qui allaient à une espèce de sabbat sur lequel il ne nous est parvenu que très-peu de notions. On disait que des fées ou des démons transformés en femmes s’associaient toutes les dames qui voulaient prendre part à leurs plaisirs ; et que toutes, dames et fées ou démons, montées sur des bêtes ailées, elles allaient de nuit faire des courses et des fêtes dans les airs. Elles avaient pour chef la fée Bensozia, à qui il fallait obéir aveuglément, avec une soumission sans réserve. C’était, dit-on, la Diane des anciens Gaulois ; on l’appelait aussi Nocticula, Hérodias ou la Lune.

On voit dans des manuscrits de l’église de Cousérans que des dames au quatorzième siècle avaient le renom d’aller à cheval aux courses nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les sorcières au sabbat, faisaient inscrire leur nom sur un catalogue, et après cela se croyaient fées. On remarquait encore au dernier siècle, à Montmorillon en Poitou, sur le portique d’un ancien temple, une femme enlevée par deux serpents dans les airs. C’était sans doute le modèle de la contenance des sorcières ou fées dans leurs courses de nuit[1].

  1. Dom Martin, Religion des Gaulois, t. II, p. 59 et 65.