Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Baaras

Henri Plon (p. 69-70).
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Baaras, plante merveilleuse, que les Arabes appellent herbe d’or, et qui croît sur le mont Liban. Ils disent qu’elle paraît au mois de mai, après la fonte des neiges. La nuit, elle jette de la clarté comme un petit flambeau ; mais elle est invisible le jour ; et même, ajoutent-ils, les feuilles qu’on a enveloppées dans des mouchoirs disparaissent, ce qui leur fait croire qu’elle est ensorcelée, d’autant plus qu’elle transmue les métaux en or, qu’elle rompt les charmes et les sortilèges, etc. — Josèphe, qui admet beaucoup d’autres contes, parle de cette plante dans la guerre des Juifs[1]. « On ne la saurait toucher sans mourir, dit-il, si on n’a dans la main de la racine de la même plante ; mais on a trouvé un moyen de la cueillir sans péril : on creuse la terre tout alentour, on attache à la racine mise à nu un chien qui, voulant suivre celui qui l’a attaché, enlève la plante et meurt aussitôt. Après cela, on peut la manier sans danger. Les démons qui s’y logent, et qui sont les âmes des méchants, tuent ceux qui s’en emparent autrement que par le moyen qu’on vient d’indiquer ; et, ce qui d’un autre côté n’est pas moins merveilleux, ajoute encore Josèphe, c’est qu’on met en fuite les démons des corps des possédés aussitôt qu’on approche d’eux la plante baaras. »


  1. Liv. VII, ch. xxv, Élien, de Animal., liv. XIV, ch. xxvii, accorde les mêmes vertus à la plante aglaophotis. Voyez ce mot.