Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Bélial

Henri Plon (p. 87-88).
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Bélial, démon adoré des Sidoniens. L’enfer n’a pas reçu d’esprit plus dissolu, plus crapuleux, plus épris du vice pour le vice même. Si son âme est hideuse et vile, son extérieur est séduisant. Il a le maintien plein de grâce et de dignité. Il eut un culte à Sodome et dans d’autres villes ; mais jamais on n’osa trop lui ériger des autels. Delancre dit que son nom signifie rebelle ou désobéissant. — Wiérus, dans son inventaire de la monarchie de Satan, lui consacre un grand article. « On croit, dit-il, que Bélial, l’un des rois de l’enfer, a été créé immédiatement après Lucifer, et qu’il entraîna la plupart des anges dans la révolte : aussi il fut renversé du ciel un des premiers. Lorsqu’on l’évoque, on l’oblige par des offrandes à répondre avec sincérité aux questions qu’on lui fait. Mais il conte bien vite des mensonges, si on ne l’adjure pas, au nom de Dieu, de ne dire que la vérité. Il se montre quelquefois sous la figure d’un ange plein de beauté, assis dans un char de feu ; il parle avec aménité ; il procure les dignités et les faveurs, fait vivre les amis en bonne intelligence, donne d’habiles serviteurs. Il commande quatre-vingts légions de l’ordre des Vertus et de l’ordre des Anges. Il est exact à secourir ceux qui se soumettent à lui ; s’il y manquait, il est facile de le châtier, comme fit Salomon, qui l’enferma dans une bouteille avec toutes ses légions, lesquelles font une armée de cinq cent vingt-deux mille deux cent quatre-vingts démons. Il fallait que la bouteille fût de grande taille.

Mais Salomon était si puissant que, dans une autre occasion, il emprisonna pareillement six mille six cent soixante —six millions de diables qui ne purent lui résister. — Des doctes racontent encore que Salomon mit la bouteille où était Bélial dans un grand puits, qu’il referma d’une pierre, près de Babylone ; que les Babyloniens descendirent dans ce puits, croyant y trouver un trésor ; qu’ils cassèrent la bouteille, que tous les diables s’en échappèrent, et que Bélial, qui avait peur d’être repris, se campa dans une idole qu’il trouva vide, et se mit à rendre des oracles ; ce qui fit que les Babyloniens l’adorèrent.