Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Accidents

Henri Plon (p. 5).

Accidents. Beaucoup d’accidents peu ordinaires, mais naturels, auraient passé autrefois pour des sortilèges. Voici ce qu’on lisait dans un journal de 1841 : — « Mademoiselle Adèle Mercier (des environs de Saint-Gilles), occupée il y a peu de jours à arracher dans un champ des feuilles de mûrier, fut piquée au bas du cou par une grosse mouche qui, selon toute probabilité, venait de sucer le cadavre putréfié de quelque animal, et qui déposa dans l’incision faite par son dard une ou quelques gouttelettes du suc morbifique dont elle s’était repue. La douleur, d’abord extrêmement vive, devint insupportable. Il fallut que mademoiselle Mercier fut reconduite chez elle et qu’elle se mît au lit. La partie piquée s’enfla prodigieusement en peu de temps : l’enflure gagna. Atteinte d’une fièvre algide qui acquit le caractère le plus violent, malgré tous les soins qui lui furent prodigués, et quoique sa piqûre eût été cautérisée et alcalisée, mademoiselle Mercier mourut le lendemain, dans les souffrances les plus atroces. »

Le Journal du Rhône racontait ce qui suit en juin 1841 : — « Un jeune paysan des environs de Bourgoin, qui voulait prendre un repas de cerises, commit l’imprudence, lundi dernier, de monter sur un cerisier que les chenilles avaient quitté après en avoir dévoré toutes les feuilles. Il y avait vingt minutes qu’il satisfaisait son caprice ou son appétit, lorsque presque instantanément il se sentit atteint d’une violente inflammation à la gorge. Le malheureux descendit en poussant péniblement ce cri : J’étouffe ! J’étouffe ! Une demi-heure après il était mort. On suppose que les chenilles déposent dans cette saison sur les cerises qu’elles touchent une substance que l’œil distingué à peine ; mais qui n’en est pas moins un poison. C’est donc s’exposer que de manger ces fruits sans avoir pris la sage précaution de les laver. »