Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Épicure

Henri Plon (p. 241).

Épicure. « Qui pourrait ne pas déplorer le sort d’Épicure, qui a le malheur de passer pour avoir attaché le souverain bien aux plaisirs des sens, et dont à cette occasion on a flétri la mémoire ? Si l’on fait réflexion qu’il a vécu soixantedix ans, qu’il a composé plus d’ouvrages qu’aucun des autres philosophes, qu’il se contentait de pain et d’eau, et que quand il voulait dîner avec Jupiter, il n’y faisait ajouter qu’un peu de fromage, on reviendra bientôt de cette fausse prévention. Que l’on consulte Diogène Laërce, on trouvera dans ses écrits la vie d’Épicure, ses lettres, son testament, et l’on se convaincra que les faits que l’on avance contre lui sont calomnieux. Ce qui a donné lieu à cette erreur, c’est que l’on a mal pris sa doctrine ; en effet, il ne faisait pas consister la félicité dans les plaisirs du corps, mais dans ceux de l’âme, et dans la tranquillité que selon lui on ne peut obtenir que de la sagesse et de la vertu[1]. » Voilà ce que disent quelques critiques combattus par d’autres.

  1. Brown, Essai sur les erreurs, etc., liv. VII, ch. xxvii, p. 329.