Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Éons

Henri Plon (p. 240-241).

Éons. Selon les gnostiques, les Éons sont les êtres vivants et intelligents que nous appelons des esprits. Les Grecs les nommaient démons ; ce mot a le même sens. Ces Éons prétendus étaient ou des attributs de Dieu personnifiés, ou des mots hébreux Lires de l’Écriture, ou des mots barbares forgés à discrétion. Ainsi de Pléroma, la plénitude ou la divinité, sortaient Sophia, la sagesse ; Nous, l’intelligence ; Sigé, le silence ; Logos, le verbe ; Achamoth, la prudence, etc. L’un de ces Éons avait formé le monde, l’autre avait gouverné les Juifs et fabriqué leur loi, un troisième était venu parmi les hommes sous le nom de Fils de Dieu ou de Jésus-Christ. Il n’en coûtait rien pour les multiplier ; les uns étaient mâles et les autres femelles, et de leurs mariages il était sorti une nombreuse famille. Les Éons étaient issus de Dieu par émanation et par nécessité de nature. Les inventeurs de ces rêveries disaient encore que l’homme a deux âmes, l’une sensitive qu’il a reçue des Éons, et l’autre intelligente et raisonnable que Dieu lui a donnée pour réparer les bévues des Éons maladroits[1].

  1. Bergier, Dict. théologique, au mot Gnostiques.