Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Âme du monde

Henri Plon (p. 27).
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Âme du monde. « La force, sans cesse changeante, du sein de laquelle s’épanchent et se précipitent sur nous tant de merveilles, c’est l’âme du monde, » nous dit Cornélius Agrippa, le grand héritier de l’École d’Alexandrie, et cette âme féconde toute chose, tout être que la nature enfante ou que façonne l’art ! Elle le féconde en y infusant ses propriétés célestes. Arrangées selon la formule que la science enseigne, ces choses reçoivent le don de nous communiquer leurs vertus. Il suffit alors de les porter sur soi pour qu’elles opèrent sur le corps et sur l’âme. Tout aussitôt vous les sentez produire en vous la maladie ou la santé, l’audace ou la peur, la tristesse ou la joie, et nous devenons par elles tantôt un objet de faveur et d’amour, tantôt un objet de haine, d’horreur et d’abomination[1]. « Ainsi, ajoute M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, que nous transcrivons ici[2], l’âme du monde, la grande force universelle et fluidique, devient sous nos doigts l’âme des talismans et des charmes du magnétisme ou de la sorcellerie ! Quel autre trait nous peindra plus au vif sa nature !… »


  1. De philosophia occulta, Cornelius Agrippa, p. 65, 239, etc.
  2. La magie au dix-neuvième siècle, p. 210, 211.