Dictionnaire infernal/1re édition, 1818/Tome 1/Texte entier

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DICTIONNAIRE


INFERNAL.


I.
Prix.de cet ouvrage :
12 fr., et 15 fr. franc de port.
IMPRIMERIE DE FAIN, PLACE DE L’ODÉON.
DICTIONNAIRE


INFERNAL.


ou


RECHERCHES ET ANECDOTES,


Sur les Démons, les Esprits, les Fantômes, les Spectres,
les Revenans, les Loups-garoux, les Possédés, les Sorciers,
le Sabbat, les Magiciens, les Salamandres, les Sylphes,
les Gnomes, etc ; les Visions, les songes, les prodiges,
les Charmes, les Maléfices, les Secrets merveilleux,
les Talismans, etc. ; en un mot, sur tout ce qui
tient aux Apparitions, à la Magie, au Commerce de l’Enfer,
aux Divinations, aux Sciences secrètes, aux Superstitions,
aux choses mystérieuses et surnaturelles, etc. etc. etc.



PAR J. A. S. COLLIN DE PLANCY.


____________________

Il n’y a point de peur qui trouble l’homme, comme celles que
la superstition lui inspire. Car celui-là ne craint point la mer
qui ne navigue point ; ni les combats, qui ne suit point les
armées ; ni les brigands, qui ne sort point de sa maison ; ni
l’envie, qui mène une vie privée ; ni les tremblemens de terre,
qui demeure dans les Gaules ; ni la foudre, qui habite l’Éthiopie :
mais l’homme superstitieux craint toutes choses, la terre
et la mer, l’air et le ciel, les ténèbres et la lumière, le bruit et
le silence ; il craint même jusqu’à un songe.

Plutarque
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TOME PREMIER.


PARIS,
P. MONGIE aîné, Libraire, Boulevard Poissonnière, N°. 18.


1818.
PRÉFACE.


Tous les ouvrages que la superstition et les folles croyances ont inspirés jusqu’à présent, ne sont pour la plupart que de ridicules amas d’extravagances, ou d’imparfaites compilations, ou des discussions froides et partielles ; et le nombre en est immense : la seule bibliothéque du Panthéon possède plus de quinze mille volumes sur la magie, et sur tout ce qui découle plus ou moins directement de cette source. Une pareille mine n’est peut-être pas à négliger, puisqu’elle présente le tableau des plus tristes écarts de l’imagination, et les plus grossières erreurs du genre humain.

Cependant l’Encyclopédie, qui doit traiter de tout, s’est effrayée d’un travail épineux et difficile, et n’a parlé de la magie et des contes populaires que par quelques traits connus et insignifians. Avant et depuis cet ouvrage, plusieurs savans ont écrit, les uns sur les préjugés, les autres sur les erreurs du vulgaire, ceux-ci sur les superstitions, ceux-là sur les terreurs imaginaires, quelques-uns sur les apparitions et les prodiges, d’autres sur la magie et les sorciers, sur le charlatanisme et les jongleries, sur les absurdités et les divinations, etc. Aucun n’a songé à réunir, en un seul corps d’ouvrage, tous ces monumens de l’ignorance, de la fourberie, de l’imposture et du fanatisme.

Un de nos littérateurs les plus distingués nous a donné, il n’y a pas lon-temps, le Dictionnaire de toutes les Mythologies. Parmi tant de fables, il a omis les nôtres. Le Dictionnaire infernal remplira le vide ; et, avec quelques articles de plus, on pourrait peut-être l’appeler aussi l’Histoire de la Mythologie moderne.

Je me suis proposé, dans cet ouvrage, d’épargner au lecteur la peine de feuilleter des milliers de volumes. J’ai voulu lui offrir, dans un cadre étroit, ce que les démonomanes et gens de même sorte nous ont laissé de plus curieux. On ne doit pas s’attendre à trouver ici des fables aussi séduisantes que celles du paganisme. Là, un jeune homme, au milieu d’un bois, dans ses douces et tendres rêveries, pouvait croire, dit Saint-Foix, que plusieurs nymphes le regardaient ; que quelqu’une le trouverait peut-être aimable, se rendrait visible, palpable, et le comblerait de faveurs et de plaisirs. Ici, les déserts, le silence, les ténèbres ne présentent à l’imagination effrayée que des démons, des spectres, des fantômes et des objets hideux.

Les anciens, à la vérité, croyaient comme nous aux présages, aux divinations, à la magie, aux évocations, aux revenans, etc. ; mais tout cela était moins noir chez eux, qu’il ne l’a été chez nous, dans des siècles peu reculés. Et cependant, la religion chrétienne devait être exempte, plus que toute autre, de ces monstrueuses superstitions. On doit donc s’étonner de l’en voir étouffée, contre le vœu de son fondateur ; et ce qui doit plus surprendre encore, c’est que, dans des jours de lumières, nous entendions, comme au quinzième siècle, plaider la cause de l’ignorance et de l’erreur. Je n’ai pas besoin de citer des écrivains connus ; mais il en est d’obscurs, que certains lecteurs recherchent, et que les sots admirent, qui soutiennent les préjugés, qui défendent le mensonge, qui prétendent que la tradition effrayante de l’histoire des revenons est dans les intérêts de la morale ; que la peur des prodiges surnaturels des apparitions est une espèce de tribunal invisible, qui exerce une influence très-salutaire sur les consciences, et qui semble être le précurseur de la justice céleste ; que ce Code pénal-moral avait beaucoup de puissance parmi le peuple ; que l’appréhension du sorcier de l’endroit empêchait bien des crimes, etc, et mille autres impertinences qui, accompagnées d’anecdotes bien plates et bien effroyables, ne tendent qu’à ramener l’erreur, dans les esprits faibles. Qu’on jette donc les yeux sur les temps de barbarie, et qu’on voie s’il s’y commettait moins de meurtres, moins de vols, moins de trahisons qu’aujourd’hui, si la crainte des apparitions empêchait les assassinats, et si le sorcier de l’endroit n’en était pas ordinairement le plus méprisable. La superstition empêchait un crime : elle en inspirait mille autres ; et pour un homme qu’elle retenait dans le devoir, elle faisait cent bourreaux et dix mille victimes. Lisez l’histoire de l’inquisition, vous y trouverez souvent plus de condamnés en un jour, que nos tribunaux n'en jugent en un an.

Des sophistes outrés ont attribué ces horreurs à l’esprit du christianisme : c’est allier la fureur du tigre à la douceur de l’agneau. Jésus-Christ est venu prêcher la clémence ; il a prié pour ses bourreaux ; il a pardonné à ses ennemis ; il a pleuré sur les malheurs de Jérusalem coupable ; il a apporté au monde la paix du ciel et le culte le plus simple ; il a condamné les superstitions des pharisiens, qui portaient sur leurs vêtemens des préservatifs et des amulettes ; etc. D’ailleurs le fanatisme s’est montré dans toutes les religions ; la superstition a régné sur tous les peuples ; les hérésies n’ont déchiré la religion chrétienne, qu’après en avoir déchiré vingt autres. L’expérience de tous les siècles prouve que la superstition a toujours resserré les esprits et abruti les cœurs. La vérité au contraire vient les ennoblir. J’ose donc élever la voix en sa faveur. J’écris dans un temps où elle ne craint point de paraître, sous un gouvernement éclairé, impartial : la fraude et le mensonge ne viendront point me fermer la bouche.

Je n’ai rien à dire au lecteur sur l’ouvrage que je lui présente. C’est à lui de le juger. J’ai consulté tous les livres qui, à ma connaissance, traitent des superstitions diverses, et de ces cent mille extravagances infernales, qui dégradent l’esprit humain. J’ai choisi les faits les plus remarquables et ce qui nous touche de plus près. J’ai analysé une partie des principales divinations, dont on n’a donné jusqu’ici qu’une idée souvent fausse. J’ai recueilli aussi quelques traits qui nous sont étrangers, pour jeter de la variété dans l’ouvrage, et pour comparer nos erreurs.à celles des autres peuples. J’avoue, au reste, que quoique je ne cite pas toujours les sources où je puise, il n’y a guère de morceaux dans ce dictionnaire, que je n’aie lus ou extraits quelque part ; et que je ne suis riche que de découvertes.
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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


Superstitio, fusa per gentes, omnium opressit ferè animos, atque hominum imbecillitatem occupavit. Cicer. de Divin., lib. II.


Quand on s’arrête un moment sur les différens cultes des peuples, on ne trouve de toutes parts que des religions entourées de mille erreurs, la vérité défigurée par le mensonge, les idées de la divinité ensevelies dans un chaos de superstitions ridicules, et la dignité de l’homme avilie par les plus monstrueuses faiblesses. Alors on s’écrie : l’erreur et le doute sont-ils donc à jamais le partage de la nature humaine?...

Il n’est point de nation si sauvage qui n’ait trouvé dans son âme, dans l’harmonie de la nature, dans tout l’ensemble de ce bel univers, l’éloquent témoignage de l’existence d’un Dieu ; mais chacun, loin de chercher à le connaître, s’est forgé une vaine idole, sur sa propre ressemblance, et chacun la fait servir à ses passions. Le méchant en a fait un monstre ; l’ambitieux, un potentat ; le lâche, un barbare ; le fanatique, un tyran qui ne respire que la vengeance ; l’honnête homme seul se l’est représente comme un père.

Cependant, la plupart des religions sont pures, dans leur origine. Ici, c’est un être créateur, à qui on offre les premiers fruits de la terre ; là, c’est le soleil, qu’on adore comme le père de la lumière et de la fécondité ; ailleurs, une providence invisible, honorée par des cœurs sans détour : la clémence et l’amour forment toute son essence ; les vertus sont ses plus chères holocaustes ; l’univers est son temple ; la nature proclame sa grandeur, et surtout sa bonté. Mais ce culte est trop simple pour l’homme, ami du merveilleux et du mensonge. Il a fallu créer des fables, inventer des cérémonies ; et ce premier pas, en occupant l’esprit des objets extérieurs, fit oublier celui à qui on croyait rendre hommage. Bientôt les mœurs se corrompent, les vices se répandent ; les uns les consacrent, en les donnant à leurs dieux ; les autres inventent les mauvais esprits, à qui ils attribuent tout le mal qu’ils font, en se réservant toutefois l’honneur du peu de bien qu’ils peuvent faire. De là, un Jupiter incestueux et parricide, une Junon vindicative et jalouse, un Mars emporté et cruel, une Vénus prostituée, un Mercure voleur, etc. De là aussi les Arimane, les Satan, les Até, les Moloch, le dieu du mal des Mexicains, et tous les génies malfaisans.

Ainsi, entouré de démons qui sont les ministres redoutables de ses vengeances, Dieu est craint s’il n’est aimé. On l’apaise par des sacrifices ; on gagne ses bonnes grâces, en ensanglantant son autel ; on déchire le sein des êtres vivans, pour plaire à celui qui leur a donné la vie ; on lui vend les animaux qu’il a créés, et l’homme dispose de ce qui n’est point à lui. La superstition s’étendit plus loin encore ; elle enfonça le couteau dans le cœur de l’homme, et offrit à) Dieu, comme un acte expiatoire, le plus horrible des forfaits [1].

Jésus-Christ, en éloignant le sang des sacrifices, venait aussi détruire l’erreur et les pratiques superstitieuses. On lui demande ce qu’il faut faire pour mériter les récompenses éternelles ; et il répond : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit. C’est là le premier commandement. Et voici le second, qui est semblable au premier : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Toute la loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux commandemens[2] ». Il a dit ailleurs : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent, afin que vous ressembliez à votre père, qui est dans le ciel, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchans, et qui laisse tomber la rosée sur les justes et sur les injustes[3]. Enfin, agissez envers les autres, comme vous voudriez qu’ils agissent envers vous ; et vous aurez rempli toute la loi que Dieu vous impose. » [4]

Jésus-Christ annonçait un Dieu qui aime les cœurs purs, qui hait l’hypocrisie, qui lit dans les replis de l’âme, qui en sonde les profondeurs les plus cachées, qui s’offense d’un culte absurde et indigne de lui, qui méprise les vaines cérémonies des pharisiens et de ceux qui leur ressemblent… Et cependant, la superstition règne au sein du christianisme, aussi puissante que jamais ; elle l’entoure d’un brouillard d’erreurs qui en ternit l’éclat, et parvient à rendre méprisable, aux yeux du vulgaire, tous les principes d’une religion dont il ne voit plus les beautés incomparables.

Car, qu’on ne s’y trompe point, le peuple s’attache aux cérémonies, aux pompes, à tout ce qui l’étonne ; il croit tout, d’une foi robuste, tant que ses yeux sont encore fermés ; mais qu’il s’éclaire sur les jongleries et les prodiges, qu’il découvre le mensonge où il croyait trouver la vérité, il devient bientôt plus incrédule que l’homme instruit, parce que, incapable de rien discerner, il confond les dogmes de l’existence de [[sc|Dieu}} et de l’immortalité de l’âme, avec les miracles de la sainte ampoule et les histoires de revenans ; qu’il juge les préceptes de Jésus-Christ, sur la conduite de ceux qui les profanent, en se vantant de les suivre ; et qu’une seule erreur découverte lui en fait soupçonner mille. On peut conclure de là que l’ incrédulité nait souvent de la crédulité trop abusée : nous en avons les tristes preuves. La superstition, qui s’attache à toutes les religions, finit toujours par les détruire. Elle seule voit son règne éternel ; les siècles passent sans l’affaiblir, et le temps ne brise point son sceptre de fer. Elle maîtrise tous les cœurs, même celui de l’athée ; et tel ne croit plus à Dieu, qui croit encore aux démons, aux présages et aux songes.

On pourrait trouver l’origine de toutes les superstitions dans ces quatre causes, qui souvent logent ensemble dans le même cœur : l’ignorance, l’orgueil, le fanatisme et la peur.

Les maladies inconnues, les accidens peu communs, les phénomènes, les événemens qui passaient le cours ordinaire des choses, furent attribués aux démons, ou à des hommes qui se servaient de leur puissance. On aima mieux rejeter sur des êtres surnaturels les merveilles qu’on ne comprenait point, que d’avouer son ignorance. Les prodiges furent si bien reçus, que tout finit par devenir prodige ; et quoi—. qu’ils ne soient pas vrais, dit Barclai, depuis qu’ils ont trouvé qui les écrive, plusieurs les respectent, l’admiration les augmente, et l’antiquité les autorise. Toutes les vieilles histoires en sont pleines. Nembrod, chez les Chaldéeos ; Menès, en Égypte ; Bélus, en Assyrie ; Licurgue, à Lacédémone ; Inachus, à Athènes ; Numa, chez les Romains, etc., sont entourés de prodiges[5].

Le désir de dominer et de s’élever au-dessus des autres hommes inventa les devins et les astrologues. On remarqua le cours des astres ; leur existence inaltérable, leur influence sur les saisons et la température : on imagina de leur attribuer le même pouvoir sur les êtres libres et indépendans ; on étudia leur marche, et on trouva écrit dans des masses impassibles, le sort de l’homme avec toutes ses variations.

Les Chaldéens, qu’on se plaît à regarder comme les premiers astrologues, étaient déjà fort adonnés à l’astrologie du temps d’Abraham. J’ai lu, dans les registres du ciel, tout ce qui doit vous arriver, à vous et à vos fils, disait Bélus à ses crédules enfans, et je vous dévoilerai les secrets de votre destinée[6]. D’autres, sans chercher les choses de la terre dans les signes du ciel, virent dans les songes, dans le vol des oiseaux, dans les entrailles des victimes, dans le mouvement de l’eau, dans les feuilles agitées du vent, dans le chant du coq, dans la main, dans les miroirs, et plus récemment dans les cartes, dans les rides du front, dans les traits du visage, dans les tubérosités du crâne, etc., toutes les nuances du caractère de l’homme, ses pensées les plus cachées, les secrets impénétrables de l’avenir ; et devinrent pour ainsi dire des dieux, en distribuant aux mortels les espérances et les craintes, les bonnes et les mauvaises destinées.

Un grand nombre, dédaignant de pareils moyens, ne suivit aucun système. Libres de toute règle, ils se dirent inspirés et prophétisèrent. On les crut : leur nombre s’augmenta ; la rivalité engendra l’envie; et les devins eux-mêmes accusèrent les confrères qu’ils voulaient décrier, de commercer avec l’enfer. La crainte que ces derniers inspirèrent prit la place du respect ; et tous. ceux qui voulurent se faire craindre se donnèrent pour sorciers. Ils se multiplièrent tellement que, dans des temps peu reculés, chaque village possédait encore les siens. [7]

Mais, outre les sorciers qui se donnaient pour tels, l’ignorance en faisait tous les jours. Les grands hommes, les mathématiciens, les artistes tant soit peu habiles, les bateleurs même passèrent pour sorciers ou magiciens. Les hérésies et les schismes en produisirent des multitudes. Dans la religion chrétienne, surtout, chaque parti traitait d’amis du diable ceux des partis divisés. On est fort étonné de voir accusés de magie, Orphée, Numa, Pythagore, Mahomet, Luther et mille autres qui n’étaient que des imposteurs, et qui, comme la plupart des anciens conquérans, trouvaient dans la crédulité des peuples un chemin à la domination, et domptaient par les craintes religieuses. Quelques-uns, il est vrai, n’abusèrent point de ces ressources ; Licurgue et Numa les firent contribuer au bonheur des mortels ignorans. Mais à ces deux exemples, on peut opposer des milliers de forfaits inspirés par la superstition.

La magie est si ancienne, qu’il n’est guère possible de découvrir son origine. On trouve des magiciens au commencement de toutes les histoires : leur influence ne diminue qu’à mesure que les peuples s’éclairent. Si l’on veut suivre les théologiens, la magie existe avant le déluge. Cham était un grand magicien. Le Pharaon devant qui Moïse fait des miracles est entouré de magiciens, qui s’efforcent de lutter contre l’envoyé de Dieu[8]. L’histoire des Juifs présente à chaque pas des enchanteurs et des magiciens. Dans les annales des Chinois, on trouve déjà un magicien, qui cherche à séduire le peuple par ses prestiges, sous le règne de Xao-Hao, quatrième empereur de la Chine, qui vivait, selon quelques-uns, du temps de Nachor, grand-père d’Abraham. Je sais que l’histoire des premiers souverains de cette monarchie est fabuleuse ; mais le trait que je cite n’en prouve pas moins qu’on a cru de bonne heure aux magiciens. Circé, Médée, Amphinraüs, Tirésias, Abaris, Trismégiste, etc., florissaient du temps des juges d’Israël. Orphée, qui précéda la guerre de Troie, est regardé par nos démonomanes comme l’inventeur du sabbat ; et cela, parce qu’il institua les orgies et les fêtes nocturnes de Bacchus. Tzetzez dit qu’Orphée apprit en Égypte la funeste science de la magie, qui y était en grand crédit, et surtout l’art de charmer les serpens. Tout le monde connaît la fable de sa descente aux enfers. Pausanias l’explique par un voyage en Thesprotide, où l’on évoquait, par des enchantemens, les âmes des morts. L’époux d’Euridice, trompé par un fantôme qu’on lui fit voir pendant quelques instans, mourut de regret ; ou du moins, selon d’autres auteurs, il renonça pour jamais à la société des hommes, et se retira sur les montagnes de Thrace. Leclerc prétend qu’Orphée était un grand magicien, que ses hymnes sont des évocations infernales, et que, si l’on veut suivre Apollodore et Lucien, c’est lui qui a mis en vogue dans la Grèce, la magie, l’art de lire dans les astres, et l’évocation des mânes.

Avitus, dans son poëme du Péché originel, fait remonter plus loin encore l’existence de la magie. « Un sot orgueil, dit-il, et le désir de trop savoir avaient perdu nos premiers parens, et faisaient de leur race une race corrompue. Les enfans d’Adam, héritiers de sa curiosité malheureuse, cherchèrent bientôt à connaître l’avenir par des moyens coupables. Ils consultèrent les astres, tirèrent des horoscopes et inventèrent la magie[9]. »

Quelques écrivains ont prétendu que les Lacédémoniens n’avaient point de sorciers, parce que, quand ils voulurent apaiser les mânes de Pausanias, qu’on avait laissé mourir de faim dans un temple, et qui s’était montré depuis à certaines personnes, on fut obligé de faire venir des sorciers d’Italie, pour chasser le spectre du défunt. Mais ce trait ne prouve rien, sinon que les sorciers de Lacédémone n’étaient pas aussi habiles que ceux de l’Italie. Ælien rapporte qu’il y avait des magiciens à Lacédémone ; et les sorciers ne devaient pas y manquer, puisque ce pays était voisin de la Thessalie, et que la Thessalie possédait un si grand nombre de sorciers, et surtout de sorcières, que le nom de sorcière et de Thessalienne étaient synonymes[10].

L’histoire moderne a suivi les traces de l’histoire ancienne. Les vieilles chroniques de l’Espagne, celles de la Germanie et de tous les pays du nord sont entourées de fables ridicules. On sait combien de magiciens et d’enchanteurs parurent à la cour du roi Arthus. Le règne de nos premiers rois pourrait presque se comparer, pour le merveilleux et les mœurs chevaleresques, aux temps héroïques de la Grèce et de l’Égypte. La magie et les sorciers avaient un grand crédit en France sous la première race. Aimoin et Frédégaire représentent la mère de Clovis, la fameuse Bazine, comme une sorcière, ou tout au moins comme une magicienne. Le soir de ses noces, disent-ils, elle pria son époux de passer la première nuit dans une entière continence, d’aller seul à la porte du palais, et de lui rapporter ce qu’il y aurait vu. Childéric sortit, et ne fut pas plutôt dehors, qu’il vit d’énormes animaux se promener dans la cour ; c’étaient des léopards, des licornes et des lions. Quoique ce spectacle l’eût un peu effrayé, Bazine le fit encore sortir une seconde, et même une troisième fois. Il vit d’abord des loups et des ours ; puis enfin, des chiens et d’autres petits animaux qui s’entre-déchiraient. La reine lui expliqua alors ce que signifiaient ces visions prodigieuses. Les lions et les licornes représentaient Clovis ; les loups et les ours, ses enfans ; et les chiens, les derniers rois de sa race, qui seraient un jour renversés du trône par les grands et le peuple, dont les petits animaux étaient la figure.

Nos chroniqueurs présentent beaucoup de traits de ce genre. Le nom de sorcier ou de magicien était la plus grande injure du temps de Frédégonde. Charlemagne prononça une sentence contre une aurore boréale, parce que les théologiens et les savans d’alors débitaient que c’était une horde de sorciers envoyés sur des nuages, par le duc de Bénévent, pour ensorceler la France. Les sorciers se multiplièrent tellement dans les 14e., 15e. et 16e. siècles, qu’on les brûla par milliers dans toute l’Europe. Mais les bûchers firent l’effet des persécutions, et la sorcellerie ne s’éteignit qu’avec les flammes qu’on entretenait pour la détruire. Cependant ou vit encore des sorciers, et un grand nombre de charlatans, sur la fin du règne de Louis XIV. L’arme du ridicule les attaqua victorieusement ; les terreurs infernales devinrent des chimères ; et, s’il se trouve encore aujourd'hui une multitude de petits esprits qui croient aux sorciers et aux revenans, ce sont de ces gens qui ne doutent de rien, qui regardent les mensonges des anciens comme des choses très-respectables, les contes de fées comme des aventures possibles ; et qui frissonnent en lisant des histoires de spectres et des contes noirs[11]. Néanmoins on voit toujours subsister les traces déplorables des superstitions. Les démons et la magie ont produit le dualisme. On a vu le mal plus répandu que le bien, et on a été jusqu’à croire que le principe du mal, les démons, étaient au moins aussi puissans que Dieu, le principe du bien. Pour peu qu’on ait le jugement sain, tous les désordres de ce monde ne peuvent faire douter un instant de l’unité de Dieu ; mais le dogme des deux principes n’en a pas moins eu de nombreux partisans. On en attribue l’origine à Zoroastre. Les manichéens l’ont professé ouvertement ; et il ne s’est si généralement répandu dans tous les siècles, que parce qu’il flatte la faiblesse humaine. Vainement on croit cette opinion éteinte ; elle sera reçue, tant qu’il y aura des esprits faibles sur la terre ; les mots seulement ne sont plus en usage ; et on pourrait compter aujourd’hui des millions de dualistes, à qui il ne manque que le nom de manichéens.

Les divinations ont fait naître le fatalisme : le libre arbitre ne peut exister chez les hommes qui trouvent partout écrite, une destinée inévitable.

La foi aux apparitions et les terreurs que l’enfer inspire, ont rendu les cœurs lâches et pusillanimes. Les hommes sont devenus de timides esclaves : leur vie s’écoule dans un effroi sans relâche ; la nuit même ne leur donne pas le repos. Des songes hideux rappellent dans l’âme superstitieuse toutes les craintes de la journée, et en apportent de nouvelles. « Le sommeil, dit Plutarque, fait oublier à l’esclave la sévérité de son maître, et au malheureux la pesanteur des fers dont il est garotté ; l’inflammation d’une plaie, la malignité d’un ulcère, les douleurs les plus aiguës laissent quelque relâche pendant la nuit, à ceux qui en sont tourmentés. Mais la superstition ne fait point de trêve, pas même avec le sommeil. Elle ne permet point à une âme de respirer un seul moment, et les gens superstitieux, lorsqu’ils sont éveillés, s’entretiennent encore de leurs illusions, redoutent une ombre chimérique, et ne peuvent cevoir qu’il n’y ait rien de réel, dans ces fantômes qui les épouvantent. Mais ce qui surprend davantage, c’est que la mort même, qui vient mettre fin aux maux de l’homme, et qui devrait engloutir la superstition, semble au contraire lui donner plus de forces. L’imagination passe les limites du tombeau, et porte les terreurs au-delà de la vie. Les portes de l’enfer s’ouvrent, pour laisser voir à l’âme superstitieuse des rivières de feu, les noirs torrens du Styx, et des fleuves de larmes. Là, elle aperçoit d’épaisses ténèbres, remplies de spectres hideux et de figures affreuses, qui poussent des cris et des gémissemens effroyables. Là, se présentent à son esprit épouvanté, des juges, des bourreaux, des tourmens, enfin des abîmes et des cavernes pleines de misères et de douleurs. »

Encore si la superstition n’enfantait que les craintes, elle ne nuirait qu’aux cervelles étroites. Mais elle a causé tant de maux à l’humanité entière ! Elle a élevé les hérésies, les schismes, les guerres de parti, les tribunaux secrets, les inquisitions, les Au-to-da-fé, les croisades ; elle a allumé, dans toute la terre et dans tous les siècles, des bûchers perpétuels contre la liberté de la pensée ; elle a inspiré les ravages, les assassinats, les régicides, la destruction des Indiens, le carnage des Albigeois, l’extinction d’une multitude de Juifs, les prescriptions multipliées, les persécutions ; et, sans sortir de France, ce massacre de la Saint-Barthélemy, ce jour d’épouvantable mémoire, ce crime inouï, dans le reste des annales du monde, tramé, médité, préparé pendant deux années entières, qui se consomma dans Paris, dans la plupart de nos grandes villes, dans le palais de nos rois. « Je n’ai pas la force d’en dire davantage, ajoute un philosophe du dernier siècle : lorsque Agamemnon vit entrer sa fille dans la forêt où elle devait être immolée, il se couvrit le visage du pan de sa robe… Un homme a osé entreprendre l’apologie de cette journée exécrable. Lecteur, si l’ouvrage de cet homme de sang te tombe jamais sous la main, dis à Dieu, avec moi : O Dieu ! garantis-moi d’habiter avec ses pareils sous le même toit.

Voilà les fruits de la superstition, sans parler de tout ce qui n’est point du ressort de cet ouvrage ; et c’en est assez, je crois, pour qu’on s’efforce de la détruire. Aussi tous les grands hommes, quelques pères de l’église, et plusieurs conciles l’ont-ils condamnée ouvertement. De quelque côté que l’on se tourne, dit Cicéron, on ne trouve que des superstitions. Si vous écoutez un devin, si vous entendez un mot de présage, si vous faites un sacrifice, si vous donnez attention au vol d’un oiseau, si vous voyez un diseur de bonne fortune ou un aruspice, s’il fait des éclaires, s’il tonne, si la foudre tombe quelque part, si vous réfléchissez sur vos songes, vous ne pourrez jamais être tranquilles, et les craintes vous tourmenteront sans relâche. Laissez donc à la religion tous ses droits, mais arrachez toutes les racines de la superstition [12].

Le divin Platon, dans son traité des lois, veut qu’on chasse les magiciens de la société, après qu’on les aura sévèrement punis [13], non du mal qu’ils peuvent opérer par la vertu de leurs prétendus charmes, mais de celui qu’ils voudraient faire. Ceux qui ont lu Sénèque, Lucien, Juvénal, Callimaque, etc., savent quel cas ils faisaient des superstitions de leur temps. Socrate mourut, pour avoir blâmé trop ouvertement les absurdités de la religion d’Athènes.

Saint Augustin, qui met presque Socrate au rang des saints, dit que les superstitions sont l’opprobre du genre humain[14] ; que tous les honneurs du culte ne doivent se rapporer qu’à Dieu ; qu’il y a de la superstition dans la magie, dans, les augures, dans les ligatures ou nouemens d’aiguillettes, dans les remèdes que la médecine condamne, dans les charmes, dans les caractères, dans les préservatifs, dans les vaines observances, dans l’astrologie judiciaire, etc.

Origène condamne aussi, avec beaucoup de force, la foi aux enchantements, aux maléfices, aux présages, aux divinations, au chant des oiseaux, aux talismans ; et il invite tous ceux qui veulent l’entendre à fuir comme l’enfer ces folies superstitieuses. Mais il pousse le zèle trop loin, lorsqu’il dit [15] que la loi de Dieu qui veut la mort des idolâtres [16], veut aussi qu’on extermine les enchanteurs, les devins et les sorciers. Quoique les sorciers, les devins et les enchanteurs ne soient que de méprisables charlatans, il ne faut pourtant pas les brûler. Le pape Léon X se contentait de les noter d’ infamie, et de les enfermer en cas d’opiniâtreté.

Le quatrième concile de Carthage exclut de l’assemblée des fidèles tous ceux qui observent les superstitions. Le concile provincial qui se tint à Toulouse en 1590, ordonne aux confesseurs et aux prédicateurs de déraciner, par de fréquentes exhortations et par des raisons solides, les pratiques superstitieuses que l’ignorance a introduites dans la religion. Le concile de Trente, après avoir parlé de diverses erreurs, enjoint formellement aux évêques de défendre aux fidèles tout ce qui peut les porter à la superstition[17], etc.

Enfin, plusieurs grands hommes des derniers siècles ont pris à tâche de renverser le monstrueux édifice des superstitions. Ils l’ont attaqué par la force des raisonnemens, par des argumens irrésistibles, par le bon sens, par le ridicule. Ils en ont montré le néant. Ils ont démasqué l’erreur à tous les yeux qui ont voulu s’ouvrir. Mais le plus grand nombre s’est fait une loi de rester dans l’aveuglement; et, malgré les efforts de la saine philosophie[18], pour

éteindre les torches de la superstition, c’est un feu qui fume encore et qui est loin d’être entièrement étouffé. Je l’ai vu dans l’esprit du peuple qu’il dévore et qu’il égare ; je l’ai vu chez les grands ; je l’ai vu chez des gens éclairés : j’en pourrais citer un, qui a donné au public des ouvrages estimés, et qui, nouveau don Quichotte, se montre sage et plein de jugement, pourvu qu’il ne parle pas de l’alchimie. La pierre pilosophale est désormais son unique étude ; et après vingt ans de recherches, il possède déjà, si on l’en veut croire, l’élixir de vie, qui lui assure une existence de plusieurs siècles. Cependant il est goutteux, infirme, d’une santé extrêmement faible ; et il n’a pas cinquante ans.

Un autre, assez connu par un bon livre de mathématiques, se plonge dans la cabale, et croit aux esprits élémentaires, à la puissance des mots mystiques, aux révélations, aux extases ; il assure que les salamandres, les sylphes, les ondins, les gnomes, sont à ses ordres, et que son âme a déjà trois fois abandonné son corps, pour s’élever au niveau de ces intelligences spirituelles ; mais en même temps, il avoue qu’il n’a vu les hôtes des élémens, que pendant son sommeil, et qu’il ne peut se rappeler qu’imparfaitement la forme des esprits avec qui il a conversé dans ses extases.[19]

Ces gens-là sont des fous, dira-t-on ; mais ceux qui soutiennent que les histoires de revenans sont véritables, que toutes les possessions sont authentiques ; que les sorciers existent et peuvent exister, parce que des historiens graves l’affirment, et que leur grand’mère y a cru ; ceux que les songes rendent gais ou tristes, suivant ce qu’ils leur présagent ; ceux qui consultent les diseuses de bonne aventure, qui tournent la roue de fortune, qui se font tirer les cartes, qui croient aux amulettes, qui craignent le nouement de l’aiguillette et les philtres amoureux ; ceux qui n’entreprennent rien le vendredi, qui s’effraient quand ils entendent le chien de la mort, ou le cri de la chouette, qui prennent des billets de loterie, sur l’avis de tel ou tel rêve, tous ceux-là, parce que le nombre en est immense, sont-ils donc bien plus sages...?

Ainsi les lumières, que les vrais philosophes ont répandues à grands flots sur les erreurs superstitieuses, ne les ont point déracinées. Elles tyrannisent encore l’immense majorité des hommes ; et l’on peut répéter aujourd’hui ce que disait, il y a plus de cent ans, le curé Thiers, dans la préface de son traité des superstitions : « Elles sont si généralement répandues, que tel les observe qui n’y pense nullement, tel en est coupable qui ne le croit pas ; elles entrent jusque dans les plus saintes pratiques de l’église ; et quelquefois même, ce qui est tout-à-fait déplorable, elles sont publiquement autorisées, par l'ignorance de certains ecclésiastiques, qui devraient empêcher, de toutes leurs forces, qu’elles ne prissent racine dans l’église.

Les prédicateurs n’en parlent presque jamais, dans leurs sermons ; et ce que la plupart des pasteurs en disent, dans leurs prônes, est si vague et si indéterminé, que les peuples n’en sont ni touchés, ni instruits. » En effet, qui n’a entendu répéter cent fois qu’il y a des jours heureux et des jours malheureux ; qu’on ne doit pas se baigner dans la canicule ; qu’on peut conjurer les nuées, en sonnant les cloches ; que le jour de Saint-Médard, lorsqu’il est pluvieux, amène trente jours de pluie ; qu’il ne faut pas couper ses ongles le vendredi ; que de deux personnes mariées ensemble, celle-là mourra la première, qui aura, dans ses noms et prénoms, un nombre impair de lettres ; que la vue d'une araignée annonce de l’argent ; que plusieurs paroissiens mourront dans la semaine quand on fait une fosse le dimanche, que c’est un bon augure pour une jeune fille, que la première personne qu’elle rencontre, le jour de l’an, ne soit pas de son sexe, etc.

La crédulité est si grande encore, que j’ai entendu, il n’y a pas long-temps, un prêtre, qui passait pour bon théologien et dirigeait un nombreux séminaire, se vanter hautement d’avoir délivré, en 1805, une jeune paysanne possédée de trois démons du second ordre…… Et sur deux cents personnes, à qui il parlait alors, douze ou quinze seulement doutaient en silence de sa véracité. J’ai connu, dans un village des Ardennes, deux hommes, maintenant bien portans, qui ont boité plus d’un an, pour se faire guérir à l’attouchement du saint-suaire. Et en avouant la supercherie, ils se · faisaient passer pour impies, ingrats et endiablés, sans persuader ceux qui les écoutaient, de l’impuissance des reliques, et sans gâter, le moins du monde, la réputation du miracle. Que devons-nous penser des anciens prodiges, quand de nos jours on rejette la vérité, pour s'en tenir au mensonge.

Que des peuples ignorans aient été imbus d’erreurs grossières ; que les Américains aient pris les Espagnols pour des démons ; que les Krudner, les Adam-Muller, les Glintz, prophétisent dans les hameaux du Nord ; qu’ils publient leurs visions extravagantes ; que, de leur plein pouvoir, ils annoncent aux villageois effrayés la colère d’un Dieu qu’ils ne peuvent comprendre : il n’y a rien là qui doive bien étonner. Mais nous, que nous croupissions encore dans la superstition, quand nous pouvons en sortir, que nous recherchions les ténèbres, comme le hibou, quand nous pouvons, comme l’aigle, regarder le soleil : voilà ce qui passe toute imagination. Je sais qu’il se trouve en France un petit nombre d’hommes, qui ont secoué le joug des préjugés et de l’erreur ; mais combien en peut-on compter ? un sur dix mille. Car on ne doit pas regarder comme tels ces prétendus esprits forts, qui ne croient à rien, et qui croient à tout ; ces sophistes à la mode, qui méprisent toutes les religions, qui foulent aux pieds la morale, et qui frémissent quand quelque railleur leur parle d’évoquer le diable ; ces tristes épicuriens, qui voudraient n’avoir point d'âme, qui cherchent à se persuader qu’il n’y a point de Dieu, et qui parlent, de leur destinée, qui se plaignent de leur étoile, qui consultent, avec une confiance sans bornes, la sibylle du faubourg Saint-Germain, qui se troublent, s’ils perdent trois gouttes de sang par le nez, eu s’ils se voient treize à la même table, ou s’il se trouve dans leur chambre trois flambeaux allumés.[20] Le plus grand nombre croit aux prodiges, parce qu’on néglige de s'éclairer, qu’on refuse de retourner sur ses pas, et qu’on ne veut point avouer qu’on a été dans l’erreur. Et quand on cherche à les en tirer, quand on leur demande ce que signifie tel ou tel prodige, les admirateurs du merveilleux vous répondent qu' on détruit, en les expliquant, les choses incompréhensibles [21]… Mais la raison se révolte contre ce qu’elle ne comprend point, et on ne croit véritablement, que quand on est persuadé.

Avant de prononcer qu’un fait est digne ou indigne de notre croyance, disoit Diderot, il faut avoir égard aux circonstances, au cours ordinaire des choses, à la nature des hommes, au nombre de cas où de pareils événemens ont été démontrés faux, à l’utilité, au but, à l’intérêt, aux passions, à l’impossibilité physique, aux monumens, à l’histoire, aux témoins, à leur caractère, en un mot, à tout ce qui peut entrer dans le calcul de la probabilité.

En quels sont les faits que les livres de prodiges nous donnent à croire ? Par qui ont-ils été rapportés ? Dans quels temps ? Pour quel.. but ?… Tous ces faits sont absurdes, in1possibles, ho1..s de la natu1..e, racontés sui « le tén 1oignage des insensés, des visio1111ai1·es, et des bonnes fen1mes, par des auteurs ignor·ans,. i111bus de préjugés, ou trop faibles pour lutter contre le torrent des opinio11s ; ces faits sont éc1 » Îts, pour la plupart, dans les siècles de ha1’barie, et souvent pour les plus vils motifs du fanatisn1e’, ou de l’esp1..it de don1i11atio11, pour épouvanter les âmes et soun1ettre les peu~ pies pa1.. la terreur.

Mais le fanatisme se flattait vainen1e11t de rend1..e l’hon1n1e ve1 « tue11x, e11 le faisant trembler. Toutes les nations, superstitieuses n’ont été que des ho1..des de barbares, et les temps de la1 superstition sont aussi ceux des crin1es.. Qu’on p1..êche le D1Eu de clémence à un Tai..— • ta1 » e, qu’on l’instruise d’exemples, qu’on adoucisse ses r11œurs, 011 en fera peut — être un hon1n1e. Mais si on lui anno11ce un DIEU cruel, ou 11ne vaine idole, qui échange ses faveurs pour des cé1..émonies 1"’idicules, sa barbarie ne fera que changer de non1. Ma1, montel n’a 1·ien in1agir1é d’invraisemblable, e11 faisa11t • adorer Barthéle111y de las ( : asas_aux adorate111·s du tigre. On offre à l'homme une divinité terrible, implacable, qui punit de supplices éternels un moment de faiblesse ! •… Que les prosélytes de cette idée monstrueuse examinent leur conscience : ils n’y trouvet’Ont que la crainte. C’est dans des cœu·rs plus nobles, que le D1Eu souve— · rainement bon reçoit un culte d’amour (,).Le t’emords croit prévenir sa justice, en éleva11t des1 n1onastères, avec les dépouilles de la veuve et les sueurs de l’indigent, en se déguisant sous un habit sacré, en achetant des pardons : D1Eu ne de, nande pas des mains pleines ; mais des mains pures. D1Eu pardonne à un repe11tir sincère : ~l n1éprise les coups de fouets des moines.

(1) 11 ya encore sur les opinions qu’on se fait àe la Divinité une foule de choses inconcevables. —Tout Je monde sait que, 1e jour del’Annonciation ( 25 mars), l’église célèbre les vêpres, immédiatement ap1·ès la messe : la moitié des chrétiens expliqtte cette coutume, en disant que DtEU a abandonné au diable ·tous les enfans qui naissent ce jour-là, entre les deux ~ffices… —On reproche ~ux chrétiens des 1iècles barbares la pe1·suasion où ils étaient, que D1EU ne pot1vait leur envoyer qu’une mo1·t natu1·elle, s’ils avaie : u.t vu par hasard t1ne image de saint Christophe(_.) ; et des ~h1·éticns modernes récitent, pendant un an et tin jour, les oraisons de sainte Brigitte, pour apprendre, par révélation, le moment précis de leur mo1·t….. etc. • 1 (•) Christophorum J1ideœ, poste11 tutus eas. les austérités qui l’offensent et les petitesses orgueilleuses.

J’en ai dit assez, je pense, pour rappeler au lecteur combien de maux la superstition peut produire. Que tous les hommes éclairés se liguent donc avec moi pour l’anéantir ; que les préjugés tombent ; que l’erreur se dissipe ; que le père ne cherche plus à retenir son fils dans un austère devoir, en trompant son cœur simple et facile : les yeux de l’esprit s’ouvrent avec l’âge ; et l’on doit s’attendre à recevoir, de celui qu’on a trompé, imposture pour imposture. Conservons à notre siècle son beau nom de siècle de lumières ; dévoilons la vérité ; signalons le mensonge ; renversons la superstition ; et répétons à toute la terre que l’homme ne s’élève point à Dieu par la crainte, que le méchant, qui l’honore avec un sentiment d’effroi, ne peut se flatter de lui plaire, et qu’un père ne demande à ses enfans que leurs cœurs et leur amour.

Oderunt peccare boni, virtutis amlore ;
Oderunt peccare mali, formidine pœnæ.

Horat.
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DICTIONNAIRE


INFERNAL


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A


ADRAMELECK, — Grand chancelier des enfers, président du haut conseil des diables. (Suivant les Démonomanes.)


AGRIPPA. — Henri Corneille Agrippa, l’un des plus grands hommes de son siècle, naquit à Cologne en 1486, d’une famille noble et ancienne ; il vécut errant et malheureux, et mourut à l’hôpital de Grenoble.

Ses lumières causèrent ses malheurs ; il était trop instruit pour le temps où il parut ; on l’accusa de sorcellerie, et plus d’une fois il fut obligé de fuir pour se soustraire aux mauvais traitemens de la populace ignorante, qui débitait sur son compte une foule d’absurdités.

De graves historiens n’ont pas rougi d’écrire que dans ses voyages il payait ses hôtes en monnaie fort bonne en apparence, mais qui se changeait, au bout de quelques jours, en petits morceaux de corne ou de coquille.·

Tandis qu’il professait à Louvain, un de ses écoliers, lisant un livre de conjurations, fut étranglé par le diable. Agrippa, craignant qu’on ne le soupçonnât d’être l’auteur de cette mort, parce qu’elle était arrivée chez lui, commanda au malin esprit de rentrer dans le corps, et de le faire marcher sept ou huit jours sur la place publique, avant de le quitter. Le diable obéit, et laissa le corps chez les parens du jeune homme.

On ne peut nier, dit Thevet, qu’Agrippa n’ait été ensorcelé de la plus fine et exécrable magie qu’on puisse imaginer, et de laquelle, au vu et au su de chacun, il a fait profession évidente. Il était si subtil, qu’il grippait, de ses mains podagres et crochues, des trésors que beaucoup de vaillans capitaines ne pouvaient gagner par le cliquetis de leurs armes et leurs combats furieux. Il composa le livre de la Philosophie occulte, censuré par les chrétiens, pour lequel il fut chassé de la Flandre, où il ne put dorénavant être souffert ; de manière qu’il prit la route d’Italie, qu’il empoisonna tellement, que plusieurs gens de bien lui donnèrent encore la chasse, et il n’eut rien de plus hâtif que de se retirer à Dôle. Enfin il se rendit à Lyon, dénué de facultés ; il y employa toutes sortes de moyens pour vivoter, remuant le mieux qu’il pouvait la queue du bâton ; mais il gagnait si peu, qu’il mourut en un chétif cabaret, abhorré de tout le monde, et détesté comme un magicien maudit, parce que toujours il menait en sa compagnie un diable sous la figure d’un chien noir. AIG Paul Jove ajoute qu’aux approches de la mort, comme on le pressait de se repentir, il ôta à ce chien un collier garni de clous qui formaient des inscrip- tions nécromantiques, et lui dit · va-t’en, malheu- reuse bête , tu as causé ma perte !... Qu’alors le chien prit aussitôt la fuite vers la rivière, s’y jeta, la tête en avant, et n en sortit point. Wierius, qui fut disciple d’Agrippa, dit qu’en effet il avait constamment deux chiens dans son étude ; et c’était, au quinzième siècle, une preuve qu’on était sorcier, et intimement lié avec le diable quand on vi- vait retiré, ouqt1’on mont1~ait de l’attachcment_pour un animal quelconqu~. C’était d’ailleurs 11ne consolation pour les sots, qt1 :e de pouvoir rabaisser ou avilir un homme, dont • ils ne pouvaient atteindre la l1a11teur. Dans les siècles de l’ignorance , et avant le rétablissement des lettres, dit le savant Naudé, ceux qui s’amusaient à les cul- tiver étaient réputés g,·ammairiens et liérétiques ; ceux qui pénétraient da :vantage dans les c, uses de la nature , passaient pour irréligieux ; celui qui enten- dait la langue héhràïque était :eris pont un J4ttif-, et ceux qui recherchai~nt les mathématiques et les sciences moins communes, étaient soupçonnés comme enclzanreurs et ma5iciens. · 1 ,, • .. .- ’ AIGUIIAJ4ETTE. 1 -) Lê noueincnt de l’aiguillëtte ,tâitconnu des anciens aussi-bien que des modernes, et a rend1t de tous temps les sorcières· redoutrùlles aux nouveaux épo1t-x. Miis jamais ce maléfiéë he fût • , • n • 1 • • • ’ • • ’ Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/59 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/60 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/61 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/62 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/63 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/64 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/65 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/66 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/67 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/68 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/69 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/70 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/71 Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/72 Page:Jacques Collin de Plancy - 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Cependant ils. )’avaient sai i, malgré ses menaces, et commença~ent à l1écorcl1cr, pour savoir s’il avait le poil de loup sous la peau·, selon l’opinion du vulgaire. Mais ils le lâchèrent, dit Camerarius, à la demande de Pomponace qui le gt.1érit de sa maladie.

Les sorciers et leurs p~tisans s’appuyaient des métamorpl1oses de l’âne d’or d’Apulée, comme d’une· · histoire bien lféritahle, pour prouver que la lycan1hro1>ie n’est pas une maladie de l’imaginaùon, mais une véritable transformation. Cependant Apulée a dit lui-même, pour les sots à qui il faut tout dire, que. son ouvrage n’était qu’une fable. Ego tihi, semione i’sto, varias.fabellas conseram.

A côté de la lycanthropie, Ies démonomanes. placent la cynanth1·opie, espè{c de démence où des malhcurc11x se croyaient transformés en chiens ; et la bousopie ou bousaniliropie, autre maladie d’esprit (en supposant que l’esprit se soit logé quelquefois chez des gens superstitieux), qn.i frappait certainsvisionnaires, et leur persuadait qu’ils étaient changés en bœufs. Mais les cynanthropes et les housanthropes ne sont pas communs dans les fastes de la magie. (Voyez Loups-Garoux.)


fin du tome premier

  1. Cécrops, le premier législateur des Athéniens, en leur recommandant d’offrir aux Dieux les prémices de leurs fruits et de leurs moissons, leur défendit expressément d’immoler aucun être vivant : il prévoyait, dit Saint-Foix, que, si l’on commençait une fois à sacrifier des animaux, les prêtres, pour établir leur despotisme et faire trembler les rois mêmes, ne tarderaient pas à demander des victimes humaines, comme plus honorables. Trois cents ans après, Jephté, Agamemnon, Idoménée, qui étaient contemporains, immolent leurs propres enfans.
  2. Saint Mathieu, chap. 22. — Saint Marc, chap. 12.
  3. Saint Mathieu, chap. 5.
  4. Saint Luc. chap. 6. — Saint Jean l’évangéliste, dans son extrême vieillesse, se contentait de dire aux fidèles : Mes enfans, aimez vous les uns les autres. Et comme on lui disait qu’il répétait toujours la même chose, il répondit : c’est le précepte de Jésus-Christ ; et, si on le garde, on fait tout ce que Dieu nous demande.
  5. Dans les annales de la Chine, le P. Martini rapporte que sous, le règne d’Yao, le soleil resta dix jours de suite sur l’horison ; ce qui fit craindre aux Chinois un embrasement général.
  6. Atlas et Prométhée, tous deux grands astrologues, vivaient du temps de Joseph. Quand Jupiter délivra Prométhée, de l’aigle ou du vautour qui devait lui dévorer les entrailles, pendant trente mille ans, le dieu qui avait juré de ne le point détacher du Caucase, ne voulut pas fausser son serment, et lui ordonna de porter à son doigt un anneau, où serait enchassé un fragment de ce rocher. C’est là, selon Pline l’origine des bagues enchantées. dire aux dévots que nous vivons dans un siècle abominable. Mais les siècles de la plus crasse ignorance produisaient aussi leurs incrédules. Moïse dit que l’impiété des hommes a été la cause du déluge. David, Salomon, les prophètes, les apôtres, les conciles, gémissent de voir la terre chargée d’impies. Saint Grégoire disait dans son temps : La destruction de Sodôme et de Gomorre est une image de l’enfer, dont on rit en ce monde, etc.
  7. Il y a des peuples chez qui tous les devins sont des prophètes. Il faut que cela soit ainsi chez les Turcs, puisqu’ils en comptent cent vingt-quatre mille.
  8. Origène, en parlant des amis de Job, dit qu’ils demeurèrent sept jours et sept nuits avec lui, qu’ils adoraient Dieu avec piété, qu’ils ne s’attachaient ni aux augures, ni aux divinations, ni aux préservatifs, ni aux talismans, ni à la magie, ni aux enchantemens damnables, etc. — Job vivait du temps de Moïse, selon quelques-uns. Saint Jérome le fait contemporain de Joseph, et attribue le livre de Job à l’auteur du Pentateuque.
  9.  Namque hinc posteritas vitiato germine duxit
    Artibus illicitis cognoscere velle fut11ra……
    Quœrere nunc astris quo quisquam sidere natus,
    Prospera quàm ducat restantis tempora vitæ…
    Jàm magicam dignè valeat quis dicere fraudem, etc.

    Alcimi Aviti Poemat. lib. II.
  10. Pline. — On faisait une différence entre les magiciens et les sorciers. Les premiers étaient des enchanteurs respectables ; les seconds, des malheureux vendus aux puissances de l’enfer.
  11. Celui-là, dit Naudé, se ferait à bon droit moquer de lui, qui voudrait se persuader que Turnus, le petit Tydée et Rodomont lancèrent autrefois contre leurs ennemis des quartiers de montagnes, parce que les poëtes l’assurent ; ou que Jésus-Christ monta au ciel, à cheval sur un aigle, parce qu’il est ainsi représenté dans une église de Bordeaux ; ou que les apôtres jouaient des cymbales, aux funérailles de la vierge, parce que le caprice d’un peintre les voulut représenter de la façon ; ou que le sauveur envoya son portrait, fait de la main de Dieu même, au roi Abgare, parce qu’un historien sans jugement l’a rapporté ; etc. Quoiqu’on soit encore bien superstitieux, on ne croit plus guère à ces fables antiques, et l’incrédulité actuelle, à l’égard de certaines choses, fait
  12. De Divin. lib.2.
  13. Il en exclut aussi les poëtes, mais après les avoir comblés d’honneurs divins.
  14. De Verâ religione. cap. 55.
  15. Tract. III. in Job.
  16. Rien ne prouve, dans la vie de Jésus-Christ, qu’il soit venu apporter la mort à personne. Mais on trouve, dans un de nos livres saints : Ne patiaris maleficos in terrâ vivere. Reste à savoir comment on expliquera maleficos.
  17. Quæ ad superstitionem spectant, tanquàm scandala prohibeant. etc. Decret, de purgatorio.
  18. Je n’entends point, par philosophie, ce sophisme exageré qui se fait un jeu de déchirer la religion et de braver les mœurs ; je ne reconnais point pour philosophes ces tristes orgueilleux qui ont pris le mot de sages, et qui se croient, dans leur esprit, aussi grands que des divinités. J’entends par philosophie, ce que les anciens attachaient à ce mot : l’amour de la sagesse.
  19. Le même homme (si toute fois il trouve un libraire, car les gnomes ne l’ont point enrichi) se dispose à faire imprimer un ouvrage cabalistique, en trois gros volumes in-8., où il prouve, par des argumens admirables, que l’homme peut commercer avec les esprits, que les élémens en sont peuplés, qu’ils ont été créés pour nous, et qu’après notre mort, nous passerons trois mille ans, ni plus ni moins, dans leur compagnie, avant d’entrer en paradis.
  20. Hobbes, l’honneur de l’Angleterre et l’un des plus célèbres écrivains de son siècle, Hobbes, que la liberté de sa philosophie, la nouveauté et la hardiesse de quelques-unes de ses propositions, firent passer pour athée, ce même Hobbes, dit l'auteur de sa vie, avait une peur effroyable des fantômes, de ces fantômes dont il a nié l'existence ; et sa crainte était telle qu’il n’osait demeurer seul, quoiqu’il fût bien persuadé, disait-il, qu’il n’y a point de substance détachée de la matière.
  21. Quod tanto impendio absconditur, etiam solummodò demonstrare, destruere est. Tertullian.