Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des françaises et des étrangères naturalisées en France/Texte entier


DICTIONNAIRE


HISTORIQUE,


LITTÉRAIRE ET BIBLIOGRAPHIQUE


DES FRANÇAISES,


ET DES ÉTRANGÈRES


NATURALISÉES EN FRANCE.


Portrait ovale
FORTUNÉE B. BRIQUET,
Née à Niort le 16 Juin 1782.

Dessiné par Mlle De Moireterre. An X.

Gravé par C. E. Gaucher Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/15

AU PREMIER CONSUL ET PRÉSIDENT.


Citoyen Premier Consul et Président,


Vous avez accueilli favorablement mon Ode à Lebrun ; vous ajoutez encore à ma gloire, en permettans que mon Dictionnaire paraisses sous vos auspices. Comme Alexandre, vous avez les qualités brillantes du héros ; comme Solon, vous possédez la sagesses du legislateur ; mais il eût manqué quelque chose à votre renommée, si, comme Charlemagne, vous n’eussiez point aimé et protégé les lettres. Les lettres assurent l’immortalité. Sans effet, les actions du héros et du législateur restent ensevelies dans l’oubli : Achille serait inconnu, si Homère n’eut point existé. Sous votre gouvernement tout s’agrandit, tout se perfectionne, tout se ressent de vos bienfaits et de votre influence. Aucun siècle n’a commencé avec un aussi grand nombre de femmes de lettres ; aucun siècle, sans doute, n’aura vu l’éducation des femmes plus soignée. Il n’est point de genre de gloire qui doive être étranger à votre consulat. Vous élevez les sentimens, vous réunissez les cœurs, et vous méritez, tout les hommages.

Salut et respect,
Fortunée B. Briquet


AVANT-PROPOS.




Les sciences et les lettres comptent, parmi les écrivains français ou naturalisés en France, un assez grand nombre de femmes, depuis l’établissement de la monarchie jusqu’à nos jours, pour qu’il paraisse utile et agréable de les trouver réunies dans un Dictionnaire qui leur soit exclusivement consacré. Il est juste d’associer à leur gloire les Françaises qui se sont honorées par la protection qu’elles ont accordée aux gens de lettres. Cet ouvrage national n’existe point. J’ai osé l’entreprendre ; et c’est après quatre années de travaux que je le présente au public. Je n’avais eu d’abord que l’intention d’en faire un répertoire à mon usage particulier ; mais, encouragée par les suffrages de quelques littérateurs distingués, je me suis déterminée à le publier.

Je n’ai rien négligé pour donner à ce Dictionnaire toute la perfection dont il est susceptible. Je possède et j’ai lu les meilleurs écrits des Françaises, et des Étrangères naturalisées en France ; j’ai consulté les jugemens qu’en ont porté les auteurs les plus recommandables par leurs lumières et leur impartialité. Je n’ai ce pendant pas regardé qu’ils fussent toujours exempts d’erreurs. Je dois dire aussi que je n’ai pris dans aucun ouvrage les articles de mon Dictionnaire ; mais que j’ai rangé à ma manière les matériaux que m’ont fournis les Bibliothèques Françaises de la Croix du Maine et de Du Verdier, l’Apologie des Dames, la Bibliothèque historique et critique du Poitou, les Recherches pour servir à l’Histoire de Lyon, l’Histoire littéraire des Femmes Françaises, les Trois Siècles de la Littérature Française, le Parnasse des Dames, l’Éducation physique et morale des Femmes, le Nouveau Dictionnaire historique, le Dictionnaire des Femmes célèbres, la Collection des meilleurs Ouvrages français, composés par des Femmes ; les Siècles littéraires de la France, les Mémoires, les Éloges, les critiques, les Journaux, etc.

Les Dictionnaires historiques et bibliographiques offrent, en général, peu d’exactitude dans les dates. Il est rare de les trouver d’accord, pour les années des éditions, pour le format, pour le titre même des ouvrages, pour les époques de la naissance ou de la mort des auteurs. On ne tient point compte du tems qu’il faut passer, ni des recherches qu’il faut faire pour rectifier une date ; et, s’il n’était pas indigne d’un historien, et contraire à la probité, de se jouer de la crédulité d’autrui, l’ingratitude des lecteurs dispenserait d’être si scrupuleux et de prendre tant de soin. Je n’ose espérer, malgré toutes mes précautions, d’avoir atteint le but que je me suis proposé, et de ne mériter aucun reproche. Aussi j’invite tous ceux qui s’intéressent à la gloire de mon sexe, à relever les erreurs et les omissions qui peuvent : m’être échappées dans cet ouvrage. Je m’empresserai de les faire disparaître dans une deuxième édition.

Je voulais parler des avantages et des agrémens que la culture de l’esprit des femmes procurerait à la société, et sur-tout à elles-mêmes. J’avais encore le projet d’examiner quelle a été l’influence des femmes en France ; mais cette discussion et cet examen m’auraient peut-être obligée de passer les bornes que je me suis prescrites. Je vais transcrire ici deux lettres, où j’ai à-peu-près traité ces questions.


À MADEMOISELLE ÉLISE A…
Niort, le 1er  germinal, an 11.

Que faites-vous, chère Élise ? À dix-huit ans, avec des richesses et de la beauté, vous cultivez les lettres ! Trois années n’ont point encore épuisé votre constance ! Au contraire, à vous entendre, l’étude offre sans cesse de nouveaux charmes, et procure de nouveaux plaisirs :

    Du chagrin le plus noir elle écarte les ombres,
    Et fait des jours sereins de mes jours les plus sombres.

Racine.

Si je vous représente que certaines gens attachent du ridicule au savoir dans les femmes, dont ils regardent les vertus mieux en sûreté sous la sauve-garde d’une heureuse ignorance et d’une douce oisiveté ; vous me répondez avec La Fontaine :

    Laissons dire les sots, le savoir a son pris.

Vous ajoutez, d’après un ancien[1] : La vertu n’est point un don de la nature, mais de l’étude. L’ignorance et le désœuvrement enfantent la moitié des crimes.

Si je réplique : Une femme savante est triste et répand la tristesse ; elle perd ses grâces, et n’est qu’un homme de plus ; vous riez de mon objection, et vous m’écrivez : « Avec plus de connaissances, on est capable de plus de plaisirs ;

Qui possède un talent peut promettre un bienfait.

La Harpe.

» Les grâces se trouvent plus ordinairement dans l’esprit que dans le visage, et les femmes qui se distinguent dans les sciences ou dans les lettres, deviennent, non pas des hommes, comme le prétend le vulgaire, mais des femmes plus aimables : on ne dénature point le sexe en le perfectionnant. »

Je cède à vos raisons, et je me range de votre parti : aussi-bien, d’après mon goût pour la littérature, j’aurais mauvaise grâce de contrarier le vôtre, et il ne me conviendrait guères de ne pas faire cause commune avec vous.

La science, a dit Cornificie, est la seule chose au-dessus des révolutions de la fortune. Pourquoi cette ressource nous serait-elle interdite ? Ne sommes-nous pas appelées à partager avec les hommes les biens et les maux ? Et si, dans ce partage, la nature s’est montrée un peu marâtre à notre égard, pourquoi nous priver des consolations de l’étude ? L’étude sert d’aliment à une imagination souvent très-active chez les femmes ; elle accoutume avec soi, et rend la société plus agréable, parce qu’elle la rend moins nécessaire ; elle préserve de l’avilissement, et contribue aux bonnes mœurs ; elle prémunit contre un essaim de maux ou réels ou imaginaires, et fait échanger les heures d’ennui que l’on doit avoir dans le cours de sa vie, contre des heures délicieuses. Il est vrai, comme le dit Voltaire, il est vrai qu’une femme qui abandonnerait les devoirs de son état pour cultiver les sciences, serait condamnable, même. dans ses succès ; mais, ajoute-t-il, le même esprit qui mène à la connaissance de la vérité, est celui qui porte à remplir ses devoirs. La reine d’Angleterre, l’épouse de Georges II, qui a servi de médiatrice entre les deux plus grands métaphysiciens de l’Europe, Clarke et Leibnitz, et qui pouvait les juger, n’a pas négligé pour cela un moment les soins de reine, de femme et de mère.

La plupart des individus de l’espèce humaine sont malheureux, parce qu’ils ne savent pas s’approprier la partie du bonheur qui leur convient. L’ignorance n’est donc pas le remède à leurs maux. Les lumières, bien loin de nuire à l’accomplissement des devoirs, en facilitent la pratique. Le bon goût n’est-il pas un amour habituel de l’ordre, et cet amour, une vertu de l’ame qui prend le nom de goût dans les choses d’agrément, et qui retient celui de vertu lors qu’il s’agit de mœurs ? Le bon n’est que le beau mis en action.

Molière a rendu un très-grand service, en jetant à pleines mains le ridicule sur les pédantes et les précieuses : car l’affectation est un vice aussi contraire au goût dans la société, qu’il l’est dans les beaux-arts. Je regarde que la comédie des Femmes Savantes et celle des Précieuses Ridicules doivent encourager les femmes à cultiver les sciences et les lettres. C’est une mer sur laquelle on court moins de risque de faire naufrage, depuis qu’un habile pilote en a signalé les principaux écueils. En effet, dans ces deux comédies, Molière enseigne aux femmes qu’il ne faut rien outrer, et que la modestie est à la science ce que la pudeur est aux grâces.

Les hommes, a écrit Rousseau, seront toujours ce qu’il plaira aux femmes. Si les jeunes Demoiselles, au lieu de se livrer exclusivement à la danse et à la musique, s’adonnaient encore aux sciences ou aux lettres, elles exciteraient une heureuse émulation parmi les jeunes gens. Ceux-ci, pour leur faire la cour, abandonnent ou du moins négligent presque toujours l’étude, sans craindre que le défaut de connaissances ne les empêche de plaire : les ignorans des deux sexes ne font qu’une classe.

Vous avez lu, chère Élise, les Odes d’Anacréon. Ce poëte aimable, ce philosophe char mant, ce peintre, dont les grâces ont broyé les couleurs riantes, a caché des leçons sous les fleurs ; il débite d’excellentes maximes en cueillant des roses. Son ingénieuse allégorie de l’Amour enchaîné par les Muses, indique aux femmes un des moyens les plus puissans de s’attacher leurs, époux, et de rendre délicieuse la société conjugale, en dépit de cette maxime de Larochefoucauld : « Il y a de bons mariages ; mais il n’y en a point de délicieux. »

Un autre motif qui doit engager les femmes à cultiver leur esprit, c’est que l’éducation du premier age de la vie est confiée à leurs soins, à leurs lumières. N’est-ce pas à elles qu’il appartient de donner à leurs enfans les premières idées de courage, de grandeur d’ame ? N’est-ce pas à elles à leur inspirer les premiers sentimens de vertu, à les garantir des préjugés funestes à l’humanité ? Agricola dut à sa mère cette sobriété de sagesse si difficile et si rare, qui fait éviter l’excès, même dans le bien. Louis IX, François Ier et Henri IV, offrent de nouvelles preuves de l’importance de l’éducation donnée aux enfans par leurs mères : Louis IX fit régner la justice et l’humanité ; François Ier fut le père des lettres, et il ne lui manqua, pour être le premier prince de son tems, que d’être heureux ; Henri IV fut le père de ses sujets, et la France n’a point eu de meilleur ni de plus grand roi.

À voir l’espèce d’éducation que reçoivent les jeunes Demoiselles, on serait tenté de croire qu’elles ne doivent pas vieillir : car on ne leur apprend rien qui puisse répandre des agrémens sur le dernier age. Toute saison de la vie a ses épines, pour quiconque n’a aucune ressource en soi — même. Les lettres sont les meilleures armes de la vieillesse. Elles ont embelli les derniers jours de Madame Duboccagé. Plus que nonagénaire, elle avait encore une cour brillante ; sa conversation était agréable, et même pleine de graces ; peu de tems avant sa mort, j’ai écrit sous sa dictée des vers charmans. Pour une amie des lettres, la vieillesse est le soir d’un beau jour.

Si vous allez, dans ce mois, herboriser à la campagne, je vous engage d’observer exacte ment le tems de la fleuraison des plantes que vous mettrez dans votre corbeille. J’en ferai autant de mon côté. La communication de ces notes nous fera connaître la différence de la température des lieux que nous habitons. N’oubliez pas, dans vos promenades, de vous munir d’un crayon et de quelques feuilles de papier. L’air balsamique du printems, le doux chant des oiseaux, l’émail des prairies, et l’ombre des bois, inspirent d’heureuses pensées. Ne méprisez pas mon conseil, vous éprouverez que les Muses ne se plaisent pas moins dans les champs que Flore. Adieu, chère Élise, persévérez dans vos goûts pour les lettres et pour la botanique.

La Harpe me semble avoir écrit pour vous, lorsqu’il a dit :

     Les arts dont tu reçois une grâce nouvelle,
    Te rendront plus heureuse en te rendant plus belle.

À LA MÊME.
Niort, le 27 prairial an 11.

Lorsque l’on m’a remis votre dernière lettre, j’étais occupée à parer mon jardin d’une plante, nouvellement en fleur, que j’ai rencontrée dans mes promenades champêtres. C’est l’Ophrys ou Orchis mouche, ainsi nommée sans doute, parce que la fleur ressemble à une mouche qui vole. La campagne que vous habitez vous offrira cette belle plante, dans les terrains dont le sol est crayeux. Elle est de la vingtième classe de Linné ; la tige en est garnie de feuilles, et la lèvre du nectaire, légèrement divisée en cinq lobes… C’est assez s’occuper aujourd’hui de botanique. Je viens à la partie de votre lettre, où vous parlez de l’influence que les femmes ont exercée en France ; et, puisque vous l’exigez, je vais vous dire ce que je sais à ce sujet.

Les femmes des anciens Gaulois eurent pendant long-tems l’administration des affaires civiles et politiques. Elles jouissaient d’une si grande réputation de justice et de sagesse, que dans un traité d’Annibal avec leur nation, un des articles portait : Si quelque Gaulois a sujet de se plaindre d’un Carthaginois, il se pourvoira devant le sénat de Carthage établi en Espagne ; si quelque Carthaginois se trouve lésé par un Gaulois, l’affaire sera jugée par le conseil suprême des Femmes Gauloises. Sous le gouvernement des femmes, les Gaulois firent trembler l’Italie, et prirent même la ville de Rome. Cependant les Druïdes usèrent avec tant d’adresse de l’empire que la religion leur donnait sur les esprits, qu’ils parvinrent à s’emparer du souverain pouvoir. Ils ne laissèrent aux femmes qu’une petite partie de l’autorité qu’elles avaient exercée. Celles-ci, arbitres autrefois de la paix, de la guerre, et juges des différends survenus entre les Vergobrets, ou de ville à ville, n’eurent plus que le droit de juger les affaires particulières pour fait d’injures. Des fonctions du sacerdoce, elles ne retinrent que celles qui concernaient la divination ; encore les partagèrent-elles avec les Druïdes. L’étude les consola de ces pertes. Elles tinrent des écoles, et donnèrent aux femmes les mêmes leçons que les jeunes Gaulois recevaient de leurs prêtres. Il y avait des Druïdes dans les Gaules, à l’époque de l’invasion de ce pays par les Francs.

Subjugués par la force, les Gaulois eurent la gloire, à leur tour, de subjuguer leurs vainqueurs par de plus douces armes, celles de la persuasion. Cette révolution fut l’ouvrage d’une. femme :. Clotilde, épouse du roi Clovis 1er , lui fit embrasser la religion chrétienne. Les Francs, peuple idolâtre, s’empressent de suivre l’exemple de leur roi. Les Armoriques qui s’étaient soustraits à l’empire romain, se donnent à Clovis, ainsi que les Romains qui gardaient les bords de la Loire. La qualité de catholique rend ce prince cher au reste des Gaulois. La moitié de l’Europe, dit. Voltaire, doit, aux femmes son christianisme.

Au septième siècle, le monastère de Sainte Croix de Poitiers, qui avait été fondé par Sainte Radegonde, épouse de Clotaire Ier, conserva le souvenir précieux des études. Batilde, veuve de Clovis II, eut la régence pendant la minorité de son fils Clotaire III. Le gouvernement de cette princesse fut celui de la douceur, de la prudence et de la justice. Batilde garantit d’exactions arbitraires les pères de famille qui avaient plusieurs enfans, fit des lois sévères pour réprimer les abus,’travailla à la réformation des mœurs, et, après dix années d’une administration pleine de sagesse, elle se retira dans le monastère de Chelles qu’elle avait fondé. La réputation de ce monastère, pour les études, passa jusque dans la Grande-Bretagne, et l’on vit aborder de ce pays plusieurs personnes des deux sexes, qui venaient s’instruire dans les écoles de cette paisible retraite. Les rois de la Grande — Bretagne voulurent même établir dans leurs états des maisons, fondées sur ce modèle ; et, dans le dessein d’y faire régner le même esprit, ils firent demander à Bertille, première abbesse de Chelles, des sujets propres à remplir leurs vues. Bertille, ayant fait un choix parmi ses élèves, et les ayant munis de livres nécessaires à leur mission, les envoya dans une terre étrangère, qui nous donna depuis le savant Alcuin.

Les monastères de religieuses du huitième siècle s’occupaient à transcrire les livres anciens, quoique l’usage d’en faire des copies fût abandonné presque par — tout. Charlemagne mérita le titre glorieux de restaurateur des lettres ; il établit, jusque dans son palais, des écoles où il allait, avec les princes ses fils et les princesses ses filles, écouter les leçons des maîtres. Le goût du roi, dit le président Hénault, mit les sciences à la mode ; il n’y eut pas jusqu’aux femmes, parmi lesquelles on en vit une se distinguer dans l’astronomie. Giselle, sœur de Charlemagne, protégea les gens de lettres.

Les successeurs de ce monarque n’héritèrent point de son génie : aussi le neuvième siècle, au commencement duquel mourut ce prince, fut-il menacé de retomber dans les épaisses ténèbres de l’ignorance. Toutefois les monastères des deux sexes s’appliquèrent encore à conserver le précieux dépôt des connaissances humaines, en multipliant les copies des ouvrages des anciens.

Le dixième siècle vit naître la chevalerie, cette institution singulière, dont l’amour, la guerre et la religion formèrent la base. Chaque chevalier consacrait exclusivement à sa maitresse son cœur et ses hommages ; uniquement occupé de lui plaire, il aspirait à la gloire des armes et des vertus. Paré des couleurs de sa Dame, il la servait comme une divinité, et plein d’un respect religieux pour ses perfections, il se faisait un devoir d’exposer même sa vie pour leur assurer l’admiration publique. En tirant l’épée, il invoquait sa Dame, comme le poëte, en prenant la plume, invoque sa Muse. Une illustre naissance et de hauts faits d’armes ne suffisaient pas pour être admis dans l’ordre de la chevalerie ; il fallait être de plus sans reproche. L’amour s’accrut en s’épurant, et cette qualité morale rendit les deux sexes plus estimables. La chevalerie servit de contre-poids à la férocité générale des mœurs.

Les Troubadours suivirent de près cette institution. Constance d’Arles, qui épousa le roi Robert en 998, amena de Provence, à la cour de ce monarque, les Troubadours les plus célèbres de son tems ; elle y introduisit avec eux le goût de la rime, unique règle qui distingua pendant long-tems les vers de la prose.

Le roman, mélange informe de latin, de celtique et de tudesque, était devenu la langue vulgaire ; mais personne ne l’écrivait encore. Les Troubadours l’adoptèrent ; leurs chansons naïves mirent en faveur cet idiôme. Nous leur devons les premiers progrès d’une langue qui nous a donné une espèce de suprématie sur les autres peuples européens. :

On vit alors les Troubadours se disputer à qui enleverait les suffrages. Les Belles qui décernaient les prix aux vainqueurs dans les tournois, en réservaient pour les Poëtes qui réussissaient le mieux à chanter ces triomphes. Quelquefois ils exerçaient leur génie sur des sujets du choix de leurs Mécènes, et les Dames adjugeaient des prix à ceux qui se distinguaient dans des luttes poétiques. Les femmes elles —mêmes parurent souvent avec gloire dans cette carrière littéraire. Le tribunal auquel les Dames présidaient, se nommait le Parlement ou la Cour d’Amour. Il s’éleva, dans le treizième siècle, une dispute entre Simon Doria et Lanfranc Sygalle sur cette question : Qui est le plus aimable de celui qui est né libéral, ou de celui qui s’efforce de le devenir ? Ces deux Troubadours portèrent leur procès à la Cour d’Amour des Dames de Pierrefeu et de Signe ; mais n’ayant point été satisfaits de leur décision, ils en appelèrent à la souveraine Cour des Dames de Romanin. L’histoire nous a conservé les noms de celles qui composaient ce dernier tribunal : Phanette des Gantelmes, Dame de Romanin ; la Marquise de Malespine ; la Marquise de Saluces ; Clarette, Dame de Baulx ; Laurette de Saint Laurens ; Cécile de Rascasse, Dame de Caromb ; Hugonne de Sabran, fille du comte de Forcalquier ; Hélène, Dame de Mont-paon ; Ysabelle des Borrilhons, Dame d’Aix ; Ursine des Ursières, Dame de Montpellier ; Alaëthe de Meolhon, Damede Curban ; Elys, Dame de Meyrargues.

Le Monge des Isles-d’Or ou d’Hières parle d’une autre question qui fut portée au tribunal des Dames tenant cour d’Amour à Pierrefeu et à Signe. La voici : Qui aime plus sa Dame absente que présente, et qui induit plus fort à aimer, ou les yeux, ou le cœur ?

L’amante de Pétrarque, la belle Laure, fut de la seconde Cour d’Amour, qui s’assemblait, au 14e. siècle, dans le Comtat à Sorgues ou à l’Isle.

À la faveur de ces jeux d’esprit, l’humanité se fit jour en des cours encore barbares ; elle de vint bientôt l’apanage des Français, et cette révolution dans les mœurs fut en partie l’ouvrage de l’Amour.

Les femmes n’eurent pas seulement des Cours d’Amour, elles devinrent aussi magistrats, en possédant des seigneuries, et exercèrent la jurisdiction des fiefs dans toute son étendue : elles tinrent leurs Assises ou leurs Plaids, y présidèrent, et jugèrent dans la Cour de leurs suzerains.

Les Troubadours finirent au 14e siècle, et le génie poétique baissa beaucoup en France. Pour le ranimer, Clémence Isaure fonda les prix des Jeux floraux. Cette jeune et savante bienfaitrice de sa patrie, dit Lefranc de Pompignan,

… Annonce les jours célèbres,
Qui sous François et sous Louis,
Après des siècles de ténèbres,
Frapperont nos yeux éblouis.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Ses jeux entr’ouvrent la barrière
Aux arts plongés dans le sommeil.

Il y aurait de l’injustice à passer sous silence deux reines du treizième siècle, dont les noms sont chers aux lettres. L’une est Marie de Brabant, qui combla de bienfaits les favoris des Muses, et quimême aida un fameux poëte de son tems, nommé Ly Roix Adenez, à mettre en bon ordre le roman de Cléomadez. L’autre est Jeanne de Navarre, protectrice des savans, qui fonda, avec une magnificence vraiment royale, le collége qui porta son nom.

Les évènemens mémorables qui se passèrent sous Charles VII, sont des titres glorieux de l’influence des femmes. Jeanne d’Arc releva le courage abattu des Francais, et ramena la victoire sous leurs drapeaux. Marie d’Anjou, épouse de Charles, et même Agnès Sorel, son amante, contribuerent beaucoup par la sagesse de leurs conseils au rétablissement des affaires de ce prince, qui ne fut guère que le témoin des merveilles de son règne. Agnès Sorel imprima une galanterie décente à son siècle. Anne de Bretagne, épouse de Charles VIII et ensuite de Louis XII, eut le mérite encore plus grand de rendre la sagesse et la modestie si estimables, que les femmes du plus haut rang n’osaient paraître à la cour sans ces deux qua lités. Les savans eurent part aux libéralités d’Anne de Bretagne ; Jean Marot prenait le titre de poëte de la magnifique reine.

Le seizième siècle fut une époque très-brillante de l’influence des femmes. Louise de Sa voie, mère et institutrice de François Ier, avait protégé les gens de lettres ; leur reconnaissance couvrit de fleurs son tombeau. La gloire de protectrice des littérateurs et des savans fut héréditaire dans cette famille : on se rappellera toujours avec une vénération religieuse les noms de Marguerite de Valois, de Jeanne d’Albret sa fille, et de Marguerite de France. A l’exemple de ces Princesses, les Dames Desroches de Poitiers firent de leur maison le sanctuaire des Muses.

Anne de Bretagne avait commencé à attirer des femmes à la cour ; mais ce ne fut que sous Francois 1er  qu’elles y parurent avec éclat. Clément Marot puisa dans leur conversation cette naïveté dans les pensées, ce naturel dans l’expression, cette vivacité dans les tours, en un mot cet élégant badinage qui fait le charme de ses poésies.

Le règne de Henri II fut celui de Diane de Poitiers : elle protégea les lettres. Je trouve parmi les enfans de ce prince Diane d’Angoulême, qui, après la mort du duc de Guise, négocia le traité d’union entre Henri III et Henri IV. Vous ne voulez pas que je vous entretienne de l’épouse de Henri II, de cette femme d’un génie vaste et d’un caractère atroce, qui, sous le règne du second de ses fils, effraya par ses fureurs l’Amour et les Muses. Songez plutôt à l’heureuse influence des régences mémorables de la mère de Louis IX et de celle de François Ier. Vous donnerez quelques larmes à la sanglante catastrophe qui termina les jours infortunés de Marie Stuard, cette jeune et belle reine, pleine d’esprit et de grâces, qui fit des adieux si touchans à la France, où elle avait été élevée. La calomnie s’est attachée à sa mémoire ; et, pour enlever à cette princesse jusqu’aux regrets de la postérité sur sa fin tragique, elle a peint des couleurs les plus affreuses toutes les actions de sa vie. Marie Stuard n’avait pas encore épousé François II, lorsqu’elle prononça, avec l’applaudissement de toute la cour de France, un discours latin, où elle prouvait qu’il est bienséant aux femmes d’étudier et d’être savantes. Elle en fut elle-même la preuve, et les lettres adoucirent les horreurs de sa longue détention. Le mérite poétique de Ronsard pénétra jusque dans la prison de cette reine ; et, en 1583, elle lui envoya un buffet fort riche, représen tant le mont Parnasse, au haut duquel était un Pégase, avec cette inscription :

À Ronsard, l’Apollon de la source des Muses.

C’est ici le lieu de vous parler de la duchesse de Retz. Cette femme, d’une érudition étonnante, fit la fortune de son époux, sous les règnes de Charles IX, de Henri III et de Henri IV. Elle était la seule personne à la cour de Charles IX, qui possédât toutes les langues vivantes de l’Europe. Aussi ce prince la consultait sur toutes les affaires politiques où l’intelligence de ces langues était nécessaire. Elle répondit en latin aux ambassadeurs qui vinrent annoncer au roi l’élection du duc d’Anjou à la couronne de Pologne. Mère de dix enfans, elle consacrait une partie de la journée à leur éducation. La nuit la trouvait souvent occupée à cultiver les sciences et les lettres. Son fils, le marquis de Belle-Isle, après la mort de Henri III, se laissa gagner par les Ligueurs, et résolut de s’emparer du bien paternel. La duchesse assembla des soldats, se mit à leur tête, effraya les Ligueurs, dissipa leur faction, conserva l’héritage de ses pères, et maintint ses vassaux dans l’obéissance de Henri IV. Ce prince la combla de louanges et de bienfaits.

Le règne de Henri IV ne pouvait manquer d’être glorieux pour les femmes. Ce monarque avait les mœurs d’un preux chevalier ; il avait reçu de sa mère une éducation très-soignée ; de ses deux épouses, l’une fut savante ; l’autre, amie des beaux-arts, gratifia Malherbe d’une pension de 500 écus, fit bâtir le palais du Luxembourg, et chargea Rubens d’embellir une galerie de ce château.

Le cardinal de Richelieu, durant son ministère, érigea l’Académie Française, fonda l’Imprimerie Royale, établit le Jardin des Plantes, et prépara les merveilles du règne de Louis le Grand. Il dut son élévation à la marquise de Guercheville et à la maréchale d’Ancre qui la commencèrent, et à Marie de Médicis qui l’acheva, dirai-je pour sa gloire ou pour son malheur ? J’écris : pour l’une et pour l’autre.

L’influence des femmes ne fut peut-être jamais plus sensible que sous le règne de Louis XIV. Ce prince les aima toute sa vie, et finit par épouser sa maîtresse. Pendant sa minorité, elles prirent une part très-active à la guerre de la Fronde, dont elles se distribuèrent les principaux agens. Le duc de Beaufort échut à Madame de Montbazon, le duc de la Rochefoucault à Madame de Longueville, Nemours et Condé à Madame de Châtillon, le Coadjuteur à Mademoiselle de Chevreuse, le duc d’Orléans à Mademoiselle de Saujon, et le duc de Bouillon à la duchesse son épouse. Ces Dames joignirent à leur parure les écharpes qui distinguaient leur parti. Les Parisiens sortaient en campagne ornés de plumes, de devises et de rubans ; les troupes du Coadjuteur s’appelaient le régiment de Corinthe, et la cabale du prince de Condé portait le nom de cabale des Petits-Maîtres : On se croit retourné au tems de la chevalerie. La reine-mère mit fin à cette guerre ridicule, en renvoyant le cardinal Mazarin. Les femmes abandonnèrent les factions pour ne s’occuper que de littérature et de galanterie. Henriette d’Angleterre, élevée à la cour de France, y introduisit une politesse et des grâces inconnues au reste de l’Europe ; la cour, dit Racine, la regardait comme l’arbitre de tout ce qui se faisait d’agréable. C’est de cette princesse que Louis XIV apprit à mettre de la dignité dans ses plaisirs, et à couvrir même la volupté du voile de la décence. Le nom d’Henriette d’Angleterre doit être mis dans la liste brillante des protectrices des gens de lettres ; elle s’empressa de réparer l’oubli du monarque dont les bienfaits allèrent étonner les savans du nord, femmes réclament la gloire d’avoir été les bien faitrices du poëte qui place au Tartare

    Ceux dont les vers ont noirci quelque belle.

Je vous nommerai la duchesse de Bouillon, et sur-tout Madame La Sablière, dont le nom est devenu inséparable de celui de La Fontaine. Il n’est point d’hommede génie, dans ce siècle, qui n’ait eu sa providence : Quinault la trouva dans Mesdames de Thiange et de Montespan, Lulli dans Mademoiselle de Montpensier, Racine et Boileau dans Madame de Maintenon. L’hôtel de Rambouillet, celui de Madame la duchesse du Maine, la maison de Mademoiselle Ninon de Lenclos peuvent être désignés sous le nom de Volières des Muses et des Grâces.

On ne peut guères parler du siècle de Louis XIV, sans dire un mot du mérite des ouvrages des femmes de lettres qui l’ont illustré. Vous serez, charmée de l’esprit et de la fécondité de Mademoiselle de Scudéry, du style et du bon goût de Madame Lafayette, des grâces naïves de Madame Sévigné, le La Fontaine de la prose ; de la pureté de la morale de Madame Lambert, de l’érudition profonde de Madame Dacier, et de l’intérêt qui anime les Mémoires de Mademoiselle de Montpensier et de Madame de Motteville. Les Idylles de Madame Deshoulières vous offriront la peinture des mœurs de l’âge d’or.

Vous trouverez dans le règne de Louis XV de brillans souvenirs du règne précédent. Vous y remarquerez l’influence des femmes, non pas celle qu’elles exercèrent sous la régence, époque où le vice fut sans pudeur, la décence méprisée, le scandale en honneur, où le libertinage enfin détruisit l’amour. Vous arrêterez vos regards sur les jours que le crédit de Madame Pompadour rendit célèbres par un reste de politesse et de galanterie ; vous admirerez la conduite héroïquede Madame de Châteauroux, qui eut le courage de repousser de ses bras le monarque, et l’envoya se couvrir de lauriers à Fontenoi. Il est des noms chers aux lettres, qui viennent se placer sous ma plume : Madame Geoffrin, Madame du Deffand, Mademoiselle Lespinasse ; leurs maisons furent le rendez-vous des littérateurs les plus distingués. Vous avez entendu parler des ouvrages de la savante Duchâtelet ; vous ferez vos délices des Romans de Madame Riccoboni, la première femme dans ce genre d’écrire. Vous lirez avec plaisir la prose et les vers de Madame Duboccage ; elle conserva dans une carrière longue et glorieuse les mœurs du siècle de Louis le Grand ; sa société fut particulièrement composée de Clairaut, de Fontenelle. de Gentil-Bernard, d’Helvétius, de Condillac, de Bailli, de Condorcet, de l’abbé Barthélemi, de Pougens.

Les mœurs s’altérèrent de nouveau dans les dernières années de Louis XV ; l’hypocrisie fut le seul hommage que la vertu reçût à la cour. Le sceptre passa sans gloire entre les mains de Louis XVI, prince faible, qui n’eut que les vertus d’un simple particulier. Les femmes régnèrent encore, mais sans éclat : car le trône se démontait pièce à pièce ; et, à la révolution, il n’y avait déjà plus de roi. À cette époque, les femmes reprirent leur énergie. Sous la tyrannie des décemvirs, leur conduite fut héroïque. Pour ne citer ici qu’un exemple, quelle sublime abnégation de soi-même dans la démarche de cette femme supérieure à Brutus, Charlotte Corday, qui abattit la tête la plus hideuse de l’hydre de la terreur ! L’ouvrage commencé par une femme, une autre femme l’acheva : Madame Cabarus fut en partie la cause de l’évènement connu sous le nom de neuf thermidor. La postérité confirmera sans doute le jugement que nos contemporains ont porté sur le mérite littéraire des Dames Genlis, Staël, Flahaut, St-Léon, Cotin, Keralio-Robert, Beauharnais, Pipelet, Viot, Laférandière, Joliveau, etc.

Tel est, chère Élise, tel est à-peu-près l’aperçu que vous m’aviez demandé. Si mon esquisse est fidelle, vous devez y voir que, jusqu’à présent, les siècles où les femmes ont eu le plus d’empire, sont presque toujours

ceux qui ont jeté le plus d’éclat.

DICTIONNAIRE
HISTORIQUE,
BIBLIOGRAPHIQUE ET LITTÉRAIRE
DES FRANÇAISES ET DES ÉTRANGÈRES
NATURALISÉES EN FRANCE.

Connues par leurs écrits, ou par la protection qu’elles ont accordée aux Gens de Lettres.


A.


Agnès de poitiers, fille de Guillaume V, duc d’Aquitaine et comte de Poitiers, surnommé le Grand, et d’Agnès de Bourgogne, vit le jour en 1025. Elle épousa l’empereur Henri III, dit le Noir, fils de Conrad le Salique. Henri IV, le Vieil et le Grand, et Conrad, duc de Bavière, furent ses fils. Elle hérita des talens, du courage et de la sagesse de Guillaume V. Ses éminentes qualités lui donnent le premier rang parmi les femmes célèbres de son siècle. Après la mort de son époux, arrivée l’an 1056, elle prit pendant la minorité de son fils les rênes de l’état. ; Elle égala dans son gouvernement la sagesse de Théodora, fille de Constantin le jeune, morte la même année qu’Agnès monta sur le trône.

Quelques seigneurs, jaloux de l’autorité de l’impératrice et du crédit du chancelier Guibert et de Henri, évêque d’Augsbourg, lui enlevèrent son fils, l’an 1061. Affligée de cet évènement, elle abdiqua la régence en 1062. Son règne ne fut pas aussi long qu’il eût été à désirer pour la prospérité de l’empire. Elle fit un voyage en France, qui fut marqué par ses bienfaits, et bientôt renonçant au monde, elle prit le voile à Frutelles en Lombardie. En 1072, elle revint en Allemagne pour réconcilier Rodolfe, duc de Suabe, avec le roi son fils. Le but de cette démarche était de prévenir une guerre civile. Après avoir heureusement terminé cette affaire, elle retourna dans sa retraite. Elle mourut à Rome le 14 décembre 1077, et fut enterrée dans l’église de Sainte Pétronille.

Ce fut pour exécuter ses ordres, qu’Atton, son chapelain, homme de lettres, traduisit les ouvrages latins de Constantin son maître, surnommé l’Africain, moine du Mont-Cassin. Saint Pierre de Damien, cardinal d’Ostie, et Jean, abbé de Fécam, célèbrent sa mémoire dans leurs écrits. Celui-ci a composé, à sa demande, un Recueil de prières, tirées de l’Écriture et des Pères de l’Église.

Il nous reste deux lettres de cette impératrice. La première est écrite à André, abbé de Frutare, et la deuxième à Hagues, abbé de Cluny. Celle-ci se trouve dans le recueil de pièces de Don Luc d’Achéry, connu sous le titre de Spicilège, tome II, page 397. Dans l’une on remarque beaucoup d’érudition ; la mort de Henri III est le sujet de l’autre.

AIGREMONT, (Marguerite de Cambys, baronne d’) Languedocienne. Ses talens lui donnent une place parmi les savantes du seizième siècle. On a d’elle quelques traductions, entr’autres : les Devoirs du Veuvage, traité italien, de Jean-Georges Trissin ; Lyon, Guillaume Roville, 1554, in-16. — Une Lettre de Consolation, envoyée par Jean Bocace à Pino de Rossi, qui était en exil ; Lyon, Guillaume Roville, 1556, in-16.


AIGUILLON, (Anne-Charlotte Crussol, duchesse d’) eut dès sa jeunesse le goût le plus vif pour l’étude des sciences. Elle parlait différentes langues avec facilité. Son savoir lui mérita l’estime de plusieurs savans, et sur-tout celle de Montesquieu. Dans une lettre où elle fait le détail de la maladie qui enleva l’auteur de l’Esprit des Lois, on lit : « Les Jésuites qui étaient auprès de lui (Montesquieu), le pressaient de leur remettre les corrections qu’il avait faites aux Lettres Persanes ; il me remit son manuscrit, en me disant : Consultez avec mes amis, et jugez si ceci doit paraître. » On lui doit quelques bonnes traductions d’ouvrages anglais, aussi difficiles qu’intéressans. Elle mourut dans un âge très-avancé, le 15 juin 1772.


ALACOQUE, (Marguerite-Marie) naquit le 22 juillet 1645, à Lauthecourt ou Leuthecourt, paroisse de Véroure en Bourgogne. Elle dut le jour à Claude Alacoque et à Philiberte Lamyn. S’il faut en croire les historiens, sa vie fut un tissu de bizarreries superstitieuses et de vertus aimables. On distingua, dans son enfance, les qualités qui furent son apanage dans un âge plus avancé. À dix ans, elle avait, dit-on, des extases et des apparitions ; et ce fut alors qu’elle se dévoua au service de la Mère du Christ. À treize ans, elle passait souvent les nuits dans la contemplation. En 1671, elle entra au monastère de la Visitation de Sainte-Marie-de-Paray-le-Monial en Charolois. On l’admit au noviciat, après trois mois d’épreuve. Elle prit l’ordre monastique le 6 novembre 1672. De concert avec le père de la Colombière, elle établit la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Sainte Gertrude avait eu, quatre siècles auparavant, des visions semblables à celles de Marie Alacoque ; et celle-ci eut pour contemporaine une autre illuminée, nommée Mecthilde. L’archevêque de Sens, Languet, a la bonhommie d’avancer qu’elle avait beaucoup d’esprit, un jugement solide, fin et pénétrant : ce qu’il est difficile de concilier avec les pratiques minutieuses, qui emportaient la plus grande partie de ses momens. Malgré sa sagesse, sa soumission et sa patience, elle se vit long —tems l’objet des railleries, des critiques, et même desmépris de ses compagnes ; et, par un changement assez étrange, elle emporta dans le tombeau leurs regrets, leur estime et leur admiration. Elle mourut le 17 octobre 1690.

La vie de Marie Alacoque a été écrite par Languet, archevêque de Sens, 1729, in-4o. L’auteur y a joint quelques-uns des ouvrages ascétiques de cette femme célèbre ; Cantique à l’honneur du Saint-Sacrement ; Acte de consécration au Sacré Cour de Jésus-Christ ; Amende honorable au même ; autres Actes et Prières sur le même sujet ; Lettres choisies à différentes personnes.



ALBERT, (Mademoiselle d’) est auteur des Confidences d’une jolie Femme ; Paris, 1775, 4 parties in-12. Le but de ce roman est de montrer les maux qu’entraîne après soi une éducation négligée. On trouve dans cet ouvrage des caractères bien dessinés et bien suivis, des tableaux intéressans, des scènes touchantes, des détails utiles et agréables, et en général du style.

ALBRET, (voyez Jeanne d’).

ALÈS DU CORBET, (Mademoiselle) née à Blois dans le 18e. siècle, alla se fixer à Orléans, où elle publia un Abrégé de la vie de M. le Pelletier, mort en odeur de sainteté, 1960, in-12. Elle consacra ses jours à la piété, et la bienfaisance fut pour elle une douce habitude.

ALGASIE, vécut à Cahors dans le 5e. siècle. Elle s’adonna particulièrement à l’étude de la théologie. Cette savante écrivit à S. Jérôme une lettre dans laquelle elle lui propose onze questions sur divers points de morale ou de doctrine. S. Jérôme dans sa réponse (liv. Ier, épît. 42.) la compare à la reine de Saba.

ALISSANT DE LA TOUR, (Madame) vivait dans le 18e. siècle. Elle est auteur de deux Épitres en vers, imprimées dans quelques Recueils périodiques. L’une est adressée à M. Jéliote, et l’autre à Mademoiselle Duménil.

ALLART, (Mary-Gay) a traduit de l’anglais de M. Pratt, les Secrets de Famille, an 8. Ce roman, qui respire une saine morale, ne ressemble point à la plu part des productions, de ce genre, qui, en flattant les passions, n’ont d’autre résultat que celui d’égarer le cœur en séduisant l’imagination, et qui n’offrent d’autre mérite que la fécondité des écrits des Troubadours du onzième siècle. L’invraisemblance des incidens, un manque de connaissance des replis du cœur humain, et des longueurs, déparent l’original ; mais les talens et le goût du traducteur ont fait disparaître presque tous ces défauts. Mary-Gay Allart s’était déjà fait connaître avantageusement dans la Littérature, par la traduction d’un autre roman, intitulé : Éléonore de Rosalba.

ALLOIN, (Madame) de Tours, joint au savoir une très-grande modestie. Sa maison, il y a quelques années, était le rendez-vous des gens de lettres : on l’appelait la volière d’Apollon. Elle possède le latin, l’anglais et l’italien. Les morceaux qu’elle a traduits de ces langues mériteraient d’être imprimés. Elle a composé des mémoires sur différens sujets, entr’autres sur l’Agriculture ; et elle a fait des vers qui ont été insérés dans les journaux.

ALMUCS, (Domna) dite NALMUCS, née à Château-neuf. Son talent pour la poésie lui donne une place parmi les poëtes provençaux. On connaît d’elle une pièce de vers adressée à son amie Isée de Capion, qui courait la même carrière. Ce morceau se trouve au 46e feuillet d’un manuscrit provençal du Vatican, cotté 3207.

ALPHONSE *** (Madame). Elle a composé un ouvrage qui a pour titre : La Forêt de Livry, ou Erreur, Malheur et Bonheur ; an 8, 2 vol. in-18.

ALTOUVITIS ou ALTOVITI, (Marseille d’) fille de Philippe d’Altouvitis, premier consul d’Aix, et de Renée de Rieux, baronne de Castellanne et de Château-Neuf. Elle vit le jour à Marseille, l’an 1550. Son esprit, son savoir et ses poësies lui donnèrent de la célébrité. Ses talens ont été chantés par les poëtes les plus renommés de son siècle. Elle mourut à Marseille en 1606. Pierre de Saint-Romuald, Feuillant, a fait son épitaphe, qui se lisait encore vers le milieu du 18e siècle dans l’église des grands Carmes de Marseille.

Il ne nous est parvenu de ses poésies qu’une ode assez bonne pour le tems où elle a vécu. Cette pièce est à la louange des deux amis, Louis Bellaud de la Bellaudière, et Pierre Paul de Marseille, restaurateurs de la poësie provençale.

ANDELAU OU D’ANDLAU, (Mézières du Crest, d’abord marquise de Saint-Aubin et ensuite baronne d’) vivait dans le 18e siècle. Elle épousa en premières noces M. de Saint-Aubin, gentilhomme de Bourgogne ou du Nivernois ; et en deuxièmes noces, M. le baron d’Andelau, gentilhomme alsacien. Elle n’était plus jeune lorsqu’elle se fit connaître dans la Littérature. Le Danger des Liaisons, ou Mémoires de la baronne de Blémon, 1763, 5 vol. in-12, est le premier ouvrage qu’elle donna au public. Son début fut heureux : narration attachante, style agréable, pensées brillantes, sont les qualités qui caractérisent cette production. La littérature lui est redevable d’un autre roman, intitulé : Mémoires, en forme de Lettres, de deux jeunes personnes de qualité ; 1765, 4 part. in-12. Il est du petit nombre de ceux qu’on peut mettre sans danger entre les mains de la jeunesse : elle y trouvera tout-à-la-fois un délassement agréable ; et des préceptes qui peuvent servir de règle à sa conduite. On doit encore à Madame d’Andelau des Élémens historiques de géographie ; 1772, in-12.

ANDREINI, (Isabelle) naquit à Padoue en 1562. Elle dut la vie à des parens honnêtes. L’amour lui fit épouser Pierre-François Andreini, poëte et comédien. Depuis quelques années elle brillait sur les théâtres italiens, lorsque la cour de France la fit venir à Paris. Elle fut l’actrice la plus célèbre de son tems. L’académie des Intenti de Padoue se l’associa sous le nom d’Accesa. Elle excellait dans la musique vocale et instrumentale ; la philosophie ne lui était point étrangère ; elle entendait fort bien l’espagnol. On mit, au bas de son portrait, l’inscription suivante :

Hoc histricœ Eloquentiæ caput lector admiraris, quod si auditor scies ?

Lecteur, vous admirez cette tête de l’éloquence théâtrale ; que serait-ce, si vous l’entendiez ?

Elle mourut à Lyon d’une fausse couche, en juin 1604. Le corps municipal de cette ville honora la sépulture d’Isabelle par des marques de distinction. Son époux composa et fit placer sur son tombeau une épitaphe latine. Il y célèbre ses talens et ses vertus. Si les dernières poésies de Salmon Macrin avaient été les tendres dépositaires des chagrins que lui causa la perte de sa Gélonis ; Andreini ne cessa qu’avec la vie de regretter et de chanter sa chère Isabelle, « Samort, dit Bayle, mit en pleurs tout le Parnasse : ce ne fut que plaintes funèbres, en latin et en italien. On en imprima beaucoup à la tête de ses poésies, dans l’édition de Milan, 1605. »

On a d’elle plusieurs ouvrages écrits en langue italienne. Sa Mirtilla, pastorale en 5 actes et en vers, aurait suffi pour lui faire un nom dans la république des lettres. Cette pièce est dédiée à Lavinia de la Rovère, marquise de Vast. Elle est précédée d’un prologue entre Vénus et son fils. L’Amour veut se venger de Tircis et d’Ardélie, qui méprisent son pouvoir ; il veut faire brûler Tircis pour la nymphe Mirtille, qui n’a d’amour que pour Uranio. Le désespoir de n’être point aimé lui inspirera le désir de s’ôter la vie ; alors Mirtille deviendra sensible à ses tourmens. Il veut encore que l’insensible Ardélie, après avoir été amoureuse d’elle-même, réponde enfin aux tendres sentimens d’Uranio. On ne sait pourquoi cette pièce porte le nom de Mirtille : car il paraît, par le prologue, que les principaux personnages sont Tircis et Ardélie. On serait tenté de croire que la troisième scène du troisième acte de cette pastorale a fourni à Gessner l’idée de son idylle charmante, intitulée : l’Amour mal récompensé ; mais on ne doute point qu’Isabelle n’ait eu le dessein d’imiter la troisième Églogue de Virgile, dans la dernière scène du même acte, où Mirtille et Philis se disputent leur amant dans un combat de chant. Le style de cette pastorale porte l’empreinte de la délicatesse, de la douceur et des grâces. On y remarque quelques concetti ; mais,

Quelques traits négligés n’ôtent rien à sa gloire.

Allacie, dans sa Dramaturgie, dit, contre toute vraisemblance, que cette pièce était d’abord en prose. Il ne fait point mention de l’édition de Milan, 1610, ni de celle de Venise, 1620. Voici les éditions qu’il indique : Vérone, 1588, in-8°. ; Ferrare, 1590, in-8°. ; Venise, 15yo, in-8°. ; Véronne, 1599, in-8°. ; Venise, 1602, in-8°. ; Milan, 1605, in-12 ; Venise, 1616, in-12. Ses poésies ont été recueillies à Milan et publiées dans la même ville en 1601, par les libraires Jérôme Bordone et Pierre-Martyr Locarni, sous le nom de Canzoniere. Ericius Puetanus fait l’éloge d’Isabelle, dans la préface de cet ouvrage. On trouve dans ce Recueil des sonnets, des madrigaux et des odes anacréontiques remplies d’images gracieuses. Sa cantate d’Héro et Léandre n’est point caractérisée comme celle de Marini par un style sec et ampoulé ; elle est écrite avec feu et sensibilité. Elle composa aussi des lettres qui furent imprimées à Venise, 1610.

ANGELUCIE, et sa sœur, vivaient vers le milieu du 120. siècle. Elles furent élevées et prirent le voile dans l’abbaye de Fontevrault. Elles joignirent le talent de l’érudition à l’amour des lettres. Il ne reste de leurs ouvrages que la Vie de l’aînée, écrite par la cadette.

ANNE DE BRETAGNE, reine deFrance, fille et héritière de François II, duc de Bretagne, et de Marguerite de Foix, naquit à Nantes, le 26 janvier 1476. Elle n’avait que cinq ans lorsqu’elle fut promise à Édouarel, prince de Galles, fils aîné d’Édouard IV, roi d’Angleterre ; mais, deux ansaprès cette promesse de mariage, la mort mois sonna les jours du jeune prince. Anne fut l’objet de toute la tendresse de François II, qui se voyait sans enfans. mâles. Il confia l’éducation de cette fille chérie à Françoise de Dinant, dame de Laval. L’élève répondit aux soins de la gouvernante, par une grande pénétration d’esprit et beaucoup de facilité. À 13 ans, le don de sa main fut recherché des plus grands princes de l’Europe. En 1490, elle épousa par procureur, Maximilien d’Autriche. La politique forma cette alliance, et la politique la rompit dès la même année, pour la marier à Charles VIII, qui renvoya à Maximilien d’Autriche sa fille Marguerite qu’il avait fiancée. Dans cette conjoncture, Maximilien éprouva un double affront, en perdant tout-à-la-fois et son épouse et son gendre. Les grâces de son corps répondaient aux agrémens de son esprit. Il n’en fut pas de même des qualités de son caractère et de celles de son cœur. Elle était d’une figure agréable ; sa taille était moyenne et noble. Elle n’avait d’autre défaut que d’être un peu boîteuse ; mais le soin qu’elle mettait dans sa chaussure et dans sa démarche, empêchait qu’on ne s’en apperçût. Elle s’exprimait avec beaucoup de dignité ; elle était naturellement éloquente, judicieuse, sensée, généreuse et sensible. Il est à regretter que ses bonnes qualités fussent ternies par ses caprices, son opiniâtreté et son penchant à la vengeance. Charles, en partant pour la conquête du royaume de Naples, laissa les rènes de l’état entre les mains de son épouse, à peine âgée de dix-huit ans. Anne gouverna avec une prudence et une sagesse peu communes. La mort de Charles VIII, arrivée le 7 avril 1498, la plongea dans une grande affliction. Les deux premiers jours qui suivirent cette perte, elle ne voulut d’autre lit que la terre, et d’autres alimens que ses larmes. Elle est la première reine de France qui ait porté le deuil en noir. Le 8 janvier 1499, Anne de Bretagne épousa Louis XII, qui venait de faire divorce avec Jeanne de France, fille de Louis II. Ainsi le chagrin d’Anne de Bretagne ne cessa, qu’en plongeant dans le deuil une princesse aussi vertueuse qu’infortunée. On a de la peine à pardonner à cette reine l’acharnement avec lequel elle poursuivit Pierre de Rohan. Personne avant cette princesse, n’avait fait élever à la cour des filles de qualité, que l’on a depuis appelées Filles de la Reine ou Filles d’honneur de la Reine. Sa maison était une excellente école : elle leur offrait le modèle des vertus, et leur donnait l’exemple du travail. Elle les occupait à différens ouvrages de broderie et de tapisserie. Sa conduite introduisit à la cour la modestie et la sagesse, Les femmes du rang le plus distingue n’osaient y paraître sans être ornées de ces deux qualités. C’est ainsi que, peu d’années auparavant, Agnès Sorel avait imprimé une galanterie décente à son siècle. Elle fit plusieurs fondations, et fit éclater son amour pour les pauvres, en donnant son ancien hôtel de Bretagne à François de Paule, pour y établir une maison de son ordre. Les reines de France lui durent plusieurs prérogatives, entr’autres, celles d’avoir leurs gardes et de donner audience aux ambassadeurs. Elle conserva toujours beaucoup d’amour pour la Bretagne sa patrie : aussi sa garde était-elle uniquement composée de Bretons. Elle mourut au château de Blois, le 9 janvier 1514. Brantôme, dans la vie de cette reine, rapporte une magnifique relation de ses obsèques. Elle fut portée à Saint-Denis. François Ier lui fit construire un superbe tombeau de marbre, sous lequel elle repose avec Louis XII.

Elle répondait savamment à ceux qui la haranguaient. Mais, par une affectation puérile, lorsqu’elle recevait les ambassadeurs, elle ne manquait jamais, pour leur donner une haute idée de ses connaissances, de mêler dans son discours quelques notes ou quelques phrases de leur langue, quoiqu’elle ne la connût point. Elle était la dispensatrice des graces et des récompenses, et les décernait à ceux qui servaient l’état ou par leur courage ou par leur mérite. Elle estimait les savans et les comblait de bien faits. Jean Marot, père de Clément, prenait la qualité de poëte de la magnifique reine Anne de Bretagne.

ANTRAIGUES, (Madame d’) a fait : Ernesta, nouvelle allemande, 1799, i vol. in-12. Ce roman est bien écrit et respire l’amour de la vertu. — Suite du Diable boiteux, ou le Fils d’Asmodie, sous presse.

ARCHAMBAULT, (Mademoiselle) née à Laval, vivait dans le 18e. siècle. Ses talens et la reconnaissance de son sexe mettent son nom dans la galerie de ceux qu’on doit présenter à la postérité. Elle a publié une dissertation sur cette question : Lequel de l’homme ou de la femme est plus capable de constance ? Paris, 1750, in — 12. Le mérite de cet ouvrage aurait dû terminer ce débat si souvent renouvelé, et également injurieux pour l’un et l’autre sexe.

ARCONVILLE, (Madame THIROUX D’) vécut vers la fin du 18e siècle. Elle joignit à l’étude de la physique et de la chimie, celle de la morale, de la littérature et des langues. Le mérite des ouvrages qu’elle composa, lui donne des droits à l’estime de ses semblables. Ses écrits parurent anonymes. Elle avait dit, en parlant des femmes : « Affichent-elles la science ou le bel esprit ? si leurs ouvrages sont mauvais, on les siffle ; s’ils sont bons, on les leur ôte ; il ne leur reste que le ridicule de s’en être dites les auteurs n. Il paraît que Madame d’Arconville n’avait d’autre but, en écrivant, que celui de se rendre utile.

On lui doit : Avis d’un Père à sa Fille, traduit de l’anglais, d’Halifax, 1956, in-12. Le style de cette traduction est élégant et facile. — Leçons de Chimie, traduites de l’anglais, de M. Shaw, 1959, in-4o. Elle releva les erreurs qui sont dans l’original,’et elle ajouta aux expériences du docteur anglais, les découvertes qui se firent depuis l’époque où ces leçons avaient été publiées en Angleterre, jusqu’à celle où parut la traduction qu’elle en donna en français. Le discours préliminaire qu’elle a mis à la tête de cet ouvrage, lui fait beaucoup d’honneur. Elle y décrit la naissance et les progrès de la chimie. — Pensées et réflexions morales sur divers sujets, 1760 1966, in-12. Il en est qui sont marquées au coin de la justesse. — De l’Amitié, 1961, in-8o. Non-seulement elle traita de l’amitié en général ; mais elle sut y attacher un nouvel intérêt, en caractérisant les différentes sortes d’amitié. — Romans, traduits de l’anglais, de M. Littleton et de madame Behn, 1761, in-12. — L’amour éprouvé par la mort, ou Lettres modernes de deux amans de Vieille Roche, 1763, in-12. Le but moral de ce roman est de faire voir dans quels égaremens les passions nous entraînent, et quelles en sont les suites funestes. — Des passions, 1964, in-8°. — Mélanges de Poésies Anglaises, traduits en français, 1764, in-12. — Essai pour servir à l’histoire de la putrefaction, 1966, in-8°. — Traité d’ostéologie, grand in-folio, publié sous un autre nom que le sien, quoiqu’elle en soit véritablement l’auteur. Ce traité est très-estimé des gens de l’art. — Mémoires de Mlle  de Valcourt, 1967, in-12. On trouve dans ces Mémoires une heureuse simplicité et des situations vraies et touchantes. — Estentor et Thérisse. – Méditations sur les tombeaux. — Dona Gratia d’Ataïde, comtesse de Ménesses, histoire portugaise, 1770, in-8°. — Vie du cardinal & Ossat, avec son Discours sur la Ligue, 1771, 2 vol. in-8°. — Vie de Marie de Médicis, princesse de Toscane, reine de France et de Navarre, 1774, 3 vol. in-8°. – Histoire de François II, roide France, suivie d’une dissertation, traduite de l’italien, de M. Suriano, ambassadeur de Venise, sur l’état de ce royaume à l’avénement de Charles IX au trône, 1783, 2 vol. gr. in-8°, — Histoire de Saint-Kilda. Les Samiens, conte. — Les Malheurs de la jeune Émilie. – Vie de Catherine de Médicis. Les productions qui sont sorties de la plume de Madame d’Arconville sont écrites avec beaucoup de pureté.

ARMANCAT, (SABATTIER, marquise d’) fille de M. de Sabattier, gentilhomme de Provence, vivait sur la fin du 17e siècle. Elle est auteur d’une pièce de vers, adressée à M. le duc de Chartres, depuis duc d’Orléans et régent de France, où les quatre saisons de l’année par lent à ce prince. Il nous reste encore d’elle, dans le Mercure de juillet de l’année 1684, une lettre mêlée de prose et de vers à Madame Royale. Malgré l’esprit et le goût de Madame d’Armançai pour la poésie et pour la prose, on ne peut s’empêcher de trouver un peu d’exagération dans les vers de M. de Vertron, à l’occasion de cette épitre :

Tout est charmant, et tout est vrai
Dans ce que cette Muse expose.
On retrouve dans d’Armançai,
Soit pour les vers, soit pour la prose,
La Vigne, la Suze, et Gournai.



ARNAULD, (MARIE-ANGÉLIQUE), fille du célèbre Antoine Arnauld et de Catherine Marion, fut abbesse de Port-Royal-des-Champs. À onze ans, si l’on en croit les historiens, elle mit la réforme dans son abbaye, et à dix-sept, elle y fit revivre l’esprit de St. Bernard. Elle exécuta ce dessein avec tant de douceur, de sagesse et de prudence, que les religieuses les plus anciennes ne s’y opposèrent même pas. À peine ce qu’elle avait établi pour son monastère fut-il connu, que le général de l’ordre la chargea d’en faire autant à Maubuisson. Ses soins ne furent point inutiles pendant les cinq années qu’elle habita ce dernier cloître : car il cessa d’être un sujet de scandale. De retour à son abbaye, elle la transféra à Paris. Toujours occupée de la prospérité de sa : maison, elle prévit que la régularité qui y régnait, s’altérerait aisément par le changement de conduite que pourraient y introduire les abbesses qui viendraient des monastères étrangers. Pour obvier à cet inconvénient, elle demanda au roi que l’abbesse fût élective et triennale. Louis XIII lui accorda l’objet de sa sollicitude. Aussi-tôt elle se démit de sa dignité. On élut à sa place une religieuse qu’elle avait reçue à profession, et à laquelle elle se soumit comme si elle fût tout nouvellement entrée dans le cloître. Douze ans après, ses compagnes l’élevèrent à la place d’abbesse, et la continuèrent quatre triennaux de suite. Elle et ses sœurs furent toutes attaquées de l’espèce d’épidémie dont les esprits étaient alors travaillés : elles prirent parti dans les disputes sur la Grace. On ne dit point si Marion, qui se fit religieuse après la mort de son époux, dans le même monastère que ses filles, fut en ce point plus sage qu’elles ; mais les ames sensibles n’ont point oublié qu’elle eut le bonheur de finir sa vie au milieu de ses filles et de plusieurs de ses petites-filles qui étaient aussi consacrées au service divin. Angélique mourut à l’âge de soixante-dix ans, le 6 d’août 1661.

On a d’elle des Lettres sur différens sujets, tom. I et II, Utrecht, 1742, in-12 ; tom. III, Utrecht ; 1744, in — 12 ; tom. IV, Extraits de ces Lettres, divisés en 2 part., Leyde, Willem de Groot.


ARNAULD, (CATHERINE-AGNÈS) sœur de la précédente, et sa coadjutrice à Port-Royal-des-Champs, n’avait que cinq ans lorsque ses parens lui firent donner le voile religieux. C’était décider de bonne heure sa vocation.’ Elle était encore au noviciat, que son mérite la fit choisir par Angélique Arnauld pour être maîtresse des novices. Peu d’années après, elle gouverna la maison. Elle fut chargée de cette pénible et honorable tâche dans l’absence de l’abbesse sa sœur. Angélique ne put obtenir de lui résigner son abbaye. Agnès eut le rare talent de se faire aimer et respecter de ses compagnes. Une fluxion de poitrine termina sa carrière, le 19 février 1671, à 77 ans.

Son esprit égala ses vertus. Elle composa dans sa retraite les ouvrages dont voici les titres : Le Chapelet secret du Saint Sacrement, Paris, 1663, in-12. — Avis pour la persécution qu’essuya son couvent en 1664. — L’Image de la religieuse parfaite et imparfaite, Paris, 1665, in-12. — Les Constitutions de l’abbaye de Port-Royal, 1665, in-12. — Instructions religieuses. — Des Éloges, dans le Nécrologie de Port — Royal. La première de ces productions fut le signal d’un combat d’opinions entre les prélats. L’écrit fut censuré par M. Hallier et quelques autres docteurs de Sorbonne. Mais l’évêque de Langres, alors supérieur de Port-Royal, fit revoir cet écrit par d’autres docteurs qui lui donnèrent leur approbation. Les avis étant ainsi partagés, l’affaire fut portée au tribunal du souverain pontife. Les juges déclarèrent que l’ouvrage ne serait ni censuré, ni mis dans l’expurgatoire, mais qu’il serait supprimé, pour empêcher les personnes peu instruites d’en faire un mauvais usage. En voyant tant de troubles pour si peu de chose, on serait tenté de désirer que le confesseur d’Agnès eût été aussi ignorant, et eût eu autant d’empire sur l’esprit de sa pénitente que celui de Sainte Thérèse. On peut se rappeler, en effet, que Sainte Thérèse, pour obéir à son confesseur, brûla son commentaire sur les cantiques de Salomon, dont il fut scandalisé avant de l’avoir lu et même vu.


ARNAULD, (MARIE-ANGÉLIQUE DE SAINT-JEAN) nièce des deux précédentes, et seconde fille d’Arnauld d’Andilly, naquit en 1624. Elle entra, dès l’âge de six ans, au monastère de Port-Royal. Ses tantes prirent soin de son éducation, et lui inspirèrentles heureuses qualités dont elles étaient douées. Elle s’énonçait et écrivait avec beaucoup de facilité et de pureté. Après avoir été, pendant vingt ans, maîtresse des novices, elle fut élue abbesse en 1678. Elle mourutdansla dernière année de son second triennal, le 29 janvier 1684.

On lui doit : Conférences sur la règle de Saint Benoît, 2 vol. — Discours appelés Miséricordes, I vol. — Réflexions sur les avis que la mère Agnèsavait écrits pour la persécution qu’essuya son couvent en 1664, in —12 ; Paris, 1737. — Des Éloges. — Des Mémoires, des Relations édifiantes de la vie de ses sæurs.


AUBIN, (Madame) née à Londres, était fille d’un officier français. Réduite à l’indigence, elle n’eut d’autre ressource que de s’adonner à l’étude. D’abord elle essaya les forces de son esprit, par différentes petites brochures qu’elle fit paraître sous le voile de l’anonyme ; enfin elle publia un roman, à la tête duquel elle mit son nom. Dans les premiers instans, cette production eut quelques succès ; la froideur du public pour les volumes qui suivirent, lui fit briser ses pinceaux.

Madame Aubin, dans l’espoir de sortir de l’indigence, voulut courir une autre carrière. Elle composa des sermons. Ne pouvant trouver de prédicateur qui voulut les acheter, elle prit le parti de les prêcher elle-même. Une foule de personnes de l’un et l’autre sexe s’empressaient de lui apporter leurs trente sols, pour entendre un discours qui durait environ trois quarts d’heure. Comme l’attrait de la nouveauté faisait le principal mérite de ses sermons, les auditeurs disparurent avec elle : cependant le succès se soutint assez long-tems, pour lui donner les moyens de se mettre au-dessus du besoin. À peine jouissait-elle des douceurs de l’aisance, que la mort vint terminer ses jours. Madame Aubin n’est pas la seule qui ait fait des prédications. Deux autres femmes se sont acquis, dans le même genre, beaucoup de célébrité : Madame de Brinon, première supérieure de la maison de Saint-Cyr, et Virginie de Negri, milanaise du 16e siècle.



AUBRY, (Olympe de Gouges, Dame) naquit à Montauban en 1755. Son éducation fut extrêmement négligée ; mais la nature la doua d’un esprit facile et d’une imagination ardente. Sa beauté et ses succès dans la car rière des lettres, la placèrent parmi les femmes les plus intéressantes de son tems. À l’époque de la révolution, en 1989, elle se jeta dans le tourbillon de la politiqne. Bientôt l’enthousiasme de la liberté caractérisa ses écrits. Les sociétés populaires de femmes lui durent leur institution. Malgré son amour pour l’indépendance, elle demanda à la convention nationale qu’il lui fût permis de s’adjoindre au vertueux Malesherbes pour défendre Louis XVI. Le masque de vertu dont Marat et Robespierre se couvraient pour cacher leurs crimes, ne put lui en im poser. Elle se déclara ouvertement contre leur faction, et elle rendit publique l’horreur que ce parti lui inspirait. Avec cette courageuse conduite, elle ne pouvait échapper à la catastrophe qui termina sa vie. Le 12 brumaire an 2, elle fut traduite devant le tribunal révolutionnaire de Paris pour y subir son jugement. Le même jour elle monta à l’échafaud.

Elle a publié, sous le nom d’Olympe de Gouges, les ouvrages suivans : Le Mariage de Chérubin, 1785, in-8°. Cette comédie fut bien accueillie du public. — L’Homme généreux, drame en 5 actes et en prose, Paris, 1986, in-8°. — Molière chez Ninon, ou les Siècles des Grands Hommes, pièce épisodique, en 5 actes et en prose. — Lettre au Peuple, ou Projet d’une caisse patriotique, Vienne, 1788. — Remarques patriotiques. — Mes vœux sont remplis, ou le Don patriotique, dédié aux états-généraux. — Discours de l’Aveugle aux Français. — Séance royale : Motion de Monseigneur le duc d’Orléans, ou les Songes patriotiques, 1789. — Lettre aux Représentans de la Nation, in-8°, — L’Esclavage des Nègres, pièce représentée pour la première fois sur le théâtre de la nation, le 27 décembre 1790. Cette production n’est pas sans mérite. — Ses Œuvres, 3 vol. — Adieux de Madame de Gouges aux Français et à M. Necker, 1790, in-8°. — Mirabeau aux Champs Élysées, in-8°. Dans ce drame épisodique elle a consacré son admiration pour Mirabeau. – L’Entrée de Dumourier à Bruxelles, pièce de théâtre. – Olympe de Gouges, défenseur officieux de Louis Capet, au président de la convention, 1792, in-8°. — Quelques pièces de théâtre et différens écrits relatifs à la révolution. — Les Trois Urnes, ou le Salut de la Patrie, 1793.



AUCHI, (Charlotte des Ursins, vicomtesse d’) fille de Gilles Juvenal des Ursins, épousa Eustache de Conflans, vicomte d’Auchi. Elle est auteur d’une paraphrase sur l’épître de Saint Paul aux Hébreux. Cette production n’a point été imprimée. Madame d’Auchi est morte vers l’an 1650.


AUNOY, (Marie-Catherine Jumelle de Berneville, comtesse d’) née en Normandie l’an 1650, était nièce de la savante Des Loges. Un heureux caractère et un esprit agréable firent rechercher sa société. Elle mourut à Paris au mois de janvier 1905..

Contemporaine de Madame La Fayette, et son imitatrice, elle ne l’a cependant pas égalée. Semblable à ces peintres, qui adoptent la manière d’un maître, et qui ne peuvent s’élever à la hauteur de celui qu’ils ont pris pour modèle, quoiqu’on leur doive des ouvrages estimables, Madame d’Aunoy a composé : Hippolyte, comte de Duglas, Paris, Barbin, 1690, 2 vol. in-12. Ce roman estmarqué au coin de l’imagination et de la sensibilité. — Relation d’un voyage d’Espagne, Paris, Barbin, 1691, 3 vol. in-12 ; Paris, veuve Claude Barbin, 1699, 3 vol. in-12. Cette relation est écrite avec beaucoup de naturel et d’enjouement. Des détails charmans et bien narrés, à cela près d’un petit nombre que leur peu d’intérêt aurait dû faire supprimer ; des portraits peints agréablement, des notions curieuses sur l’histoire, les lois, les mœurs et les coutumes du pays que parcourt Madame d’Aunoy, en rendent la lecture, attachante. Les auteurs de l’Encyclopédie ont puisé dans cet ouvrage plusieurs observations dont ils ont enrichi leur dictionnaire. — Mémoires de la cour d’Espagne, Paris, Barbin, 1692, 2 vol. in-12. Le style de cette production est correct. Les faits qu’elle y raconte peuvent intéresser ceux qui étudient les nations jusques dans les bagatelles. — Nouvelles Espagnoles, avec des Lettres galantes, Paris, 1692, 2 vol. in — 12. — Jean de Bourbon, prince de Carency, Paris, 1692, 2 vol. in — 12. Cet ouvrage nemanque pas d’intérêt ; mais l’unité d’action n’y est point exactement observée, et d’ailleurs on y trouve, comme dans les romans de ce tems-là, des longueurs et même quelques invraisemblances. — Nouvelles, ou Mémoires historiques, Paris, Barbin, 1693, 2 vol. in-12. — Mémoires de la cour d’Angleterre, Paris, 1695, 2 vol. in-12. Ses Mémoires ne présentent que des aventures galantes et romanesques. On s’aperçoit, en les lisant, qu’elle écrivait dans un tems où la manière des auteurs espagnols était quelquefois substituée à celle du bon goût. — Les Contes des Fées, Paris, Barbin, 1698, 8 tom. en 4 vol. in-12. Ces contes ont eu plusieurs éditions. S’il est vrai qu’Homère ait emprunté pour plaire la ceinture de Vénus, on peut dire que les Fées ont prêté à Madame d’Aunoy leur baguette, pour enchanter ses lecteurs. « On peut mettre de l’art et du goût jusques dans ces frivolités puériles. Madame d’Aunoy, ajoute Laharpe, est celle qui paraît y avoir le mieux réussi ; elle y a mis l’espèce d’intérêt dont ce genre est suspeptible, et qui dépend, comme dans toute fiction, d’un degré de vraisemblance conservé dans le merveilleux, et d’une simplicité de style convenable à la petitesse du sujet. » — Le comte de Warwick, Paris, 1903, 2 vol. in-12. Ce roman a le double mérite d’instruire en amusant, Quoique les évènemens soient de l’invention de l’auteur, le fond de l’histoire est conservé avec assez d’exactitude. — Quelques vers français. On lui attribue un recueil en 5 volumes, appelé le Recueil de Barbin.



AURORE. (Mademoiselle) Ce nom rappelle une jeune personne de l’académie de musique, qui, à l’âge de 14 ans, fit paraître dans le Mercure, en 1779, une épître en vers, pleine de gråce et de fraicheur. On trouve dans le même journal ( 1782) une autre épitre, et une pièce de vers de sa composition. La légèreté de son pinceau, et la délicatesse avec laquelle elle exprime le sentiment, font le charme de ses poésies. Plusieurs de ses pièces ont paru dans les ouvrages périodiques du tems.



AUTREVAL, (Madame d’) vivait au 17e siècle. On a conservé quelques-unes de ses lettres, entr’autres, deux écrites à M. de Vertron. Dans l’une de ces dernières on lit le passage suivant : « J’ai cru, Monsieur, que je devais me faire justice, puisque vous neme la faisiez pas, et qu’il ne fallait point prendre le parti de mon sexe, pour le mettre au-dessus du vôtre, comme vous vouliez que je fisse. La chose, quoique nouvelle, n’aurait pas trouvé quantité d’approbateurs ; et je vous réponds que si je me métamorphosais en orateur, je fuirais ces manières d’abaisser l’un pour élever l’autre. Je condamne donc, s’il m’est permis de condamner, votre manière d’écrire trop flatteuse »



B.

BALETTI, voyez RICCOBONI.



BANDONIVIE, ou BAUDONIVIE, religieuse de Sainte-Croix, à Poitiers, fut élevée dans ce monastère auprès de la savante Radégonde. Il paraît que l’éducation qu’on lui donna, ne fut point une semence jetée dans un terrain sec et aride. Les fruits, il est vrai, ne furent pas nombreux ; mais ils furentdignes du sujet quiles fit éclore. Après la mort de Sainte Radegonde, elle écrivit, à la prière de ses compagnes, la vie de cette abbesse. Bembi, religieuse dans le monastère fondé par Sainte Catherine de Boulogne, fut, ainsi que Bandonivie, une des compagnes de la fondatrice du couvent qu’elle habitait, et ainsi. que Bandonivie, elle écrivit la vie de cette même fondatrice. L’ouvrage composé par Bandonivie a été inséré dans le Recueil de Surius, et a reçu l’approbation du savant cardinal Baronius, qui en parle sous l’année 566. Il se trouve aussi dans les Annales des Saints de l’ordre de Saint Benoît, page 326. Il est intitulé : Vita Sanctv Radegundis, regino Francorum, etmonachæ Pictaviensis, autore Venantio Fortunato episcopo Pictaviensi, liber secundus, autore Bandonivia Moniali cequali. Catherine Baat, savante suédoise du 17e. siècle, rectifia, dans ses Tables généalogiques des Familles Suédoises, les fautes que Jean Messenius avait commises dans son Théâtre de la noblesse de Suède, et Bandonivie recueillit les faits que Fortunat avait omis dans la vie de Sainte Radégonde ; mais elle ne fait point mention des miracles qui répandent de l’incertitude sur les récits de Fortunat. Son style est plus simple, plus naturel et beaucoup moins embarrassé que celui de ce prélat. Elle mourut abbesse de Sainte-Croix, l’an 607.



BARBIER, (Marie-Anne) née à Orléans, est morte à Paris, dans un âge avancé, en 1745. Son goût pour la poésie se développa de bonne heure. Encouragée par les premiers succès qu’elle obtint, elle fixa sa résidence à Paris.

On lui doit : Saisons littéraires, ou Mélanges de poésie, d’histoire et de critique. Ce volume est le premier et le dernier de l’ouvrage périodique qu’elle avait entrepris. — Théâtre de l’Amour et de la Fortune. — Arrie et Pœtus, tragédie, mise sur la scène le 3 juin 1702 ; Paris, Michel Brunet, 1702. in-12. Cette pièce eut seize représentations. Elle est dédiée à Mme la duchesse de Bouillon, par une épître en vers. Dans la préface, l’auteur se plaint qu’on veut lui ôter la gloire de son ouvrage, en l’attribuant à un autre. Voici l’approbation de Fontenelle : « J’ai lu, par ordre de Monseigneur le Chancelier, Arrie et Pœtus, et j’ai cru que l’impression en pourrait être aussi agréable au public, que la représentation l’a été. » Ceux qui ont reproché à Mademoiselle Barbier d’avoir défiguré l’histoire dans cette tragédie, ont sans doute oublié qu’elle n’a fait que mettre à profit les prérogatives que se sont arrogées les auteurs dramatiques. Elle est la seconde personne qui ait mis au théâtre l’intéressant sujet d’Arrie et de Pœtus. — Cornélie, mère des Gracques, tragédie, jouée le 5 avril 1703, Paris, Pierre Ribou, 1703, in-12. Cette pièce, reçue avec de grands applaudissemens, eut six représentations. L’auteur la dédia à S. A. R. Madame, par une épître en vers. Quoique cette tragédie ne soit pas sans défaut, elle tient le premier rang parmi celles de ce nom, composées tour-à-tour par Garnier, Hardy et Fuzelier. – Thomiris, tragédie, mise sur la scène le 23 novembre 1706, Paris, Pierre Ribou, 1707, in-12. Cette pièce eut six représentations. Elle est dédiée à Madame la duchesse du Maine, par une épitre en vers. Le choix du sujet de cet ouvrage décèle une femme qui n’était occupée que de traiter des faits qui pussent honorer son sexe. Cependant on ne peut s’empêcher de convenir qu’il eût été possible de faire un choix plus heureux ; car, si Thomiris est célèbre par ses victoires, elle l’est aussi par sa cruauté, et si Mademoiselle Barbier, en mettant cette princesse sur la scène, eût pu ne l’envisager que sous le premier point de vue, elle n’eût point manqué son but. La barbarie qui règne dans cette pièce l’a empêchée de faire fortune dans l’esprit du public. On serait tenté de croire que depuis cette époque, la sensibilité a diminué de quelques degrés chez les Français, et augmenté chez les Anglais ; la tragédie de Dubelloy, intitulée : Gabrielle de Vergy, n’a point eu l’improbation du public, malgré l’affreux spectacle du cinquième acte ; et Miss More, dans sa tragédie de Percy, dont le sujet est le même que celui traité par Dubelloy, n’a point cru devoir adapter à sa pièce le dénouement atroce de Gabrielle de Vergy. — La Mort de César, tragédie, jouée le 26 novembre 1709, Paris, Pierre Ribou, 1710, in-12. Cette pièce eut six représentations. Elle est dédiée, par une épitre en vers, à d’Argenson, conseiller d’état. Mademoiselle Barbier est le cinquième auteur qui ait donné au théâtre la Mort de César. La conduite de ces tragédies est assez régulière, et l’enchaînement des scènes assez bien lié. Le désir de faire paraître ses héroïnes grandes et généreuses, lui a fait négliger ses héros. Il y a dans ces pièces quelques situations touchantes, et une versification aisée et naturelle. — Les Fêtes de l’Été, ballet avec un prologue, représenté par l’académie royale, le 12 juin 1716, musique de Mouret, Paris, Pierre Ribou, 1716, in-4o. — Le Jugement de Pâris, pastorale héroïque en 3 actes, avec un prologue, représentée par l’académie royale, le 14 juin 1718, musique de Bertin, Paris, P. Ribou, 1718, in-4o. Dorneval et Pierre Biancolelli, en société avec Lellio père, firent paraître la même année une pièce de ce nom en un acte. — Les Plaisirs de la campagne, ballet avec un prologue, représenté par l’académie royale, le 10 août 1719, Paris, veuve Pierre Ribou, 1719, in-4o. — Le Faucon, comédie en un acte et en vers, jouée le Ier septembre 1719, Paris, Pierre Ribou, 1719, in-12. — Cette comédie eut 12 représentations. Elle a le mérite d’être passablement versifiée. Le sujet en est tiré de Bocace. Il a été traité par plusieurs auteurs dramatiques : Palaprat, avant Mademoiselle Barbier ; Fuzelier, dans le même tems ; la Drevetière, quelques années après, et De Théis en 1773. Son théâtre a été réuni en un volume in-12. Elle fit deux tragédies qui sont restées manuscrites. L’une est Panthée, et l’autre Joseph. Il est assez remarquable que cette dernière tragédie soit la cinquième de ce nom, et qu’il n’y ait eu d’imprimée que celle qui parut sous les auspices de Madame la duchesse du Maine.

Plusieurs personnes ont prétendu que Mademoiselle Barbier n’avait point fait de pièces dramatiques, et qu’elle n’était que le prête-nom de l’abbé Pellegrin. D’autres ont dit avec plus de raison que l’abbé Pellegrin ne fut jamais que son conseil et son censeur. Ceux qui veulent lui ravir la gloire d’avoir composé ses pièces dramatiques, pour la donner à l’abbé Pellegrin, n’ont qu’à se rappeler, pour lui rendre la justice qui lui est due, que Boileau corrigeait les pièces de Racine, et que l’on n’a point dit que Boileau fut l’auteur des Œuvres de l’Euripide Français. Écoutons à cet égard ce qu’en écrivit l’abbé Pellegrin à Mademoiselle Barbier, le 24 mai 1704 :

« Mademoiselle, je ne sais par quel endroit j’ai pu m’attirer une lettre aussi désagréable que celle qu’on vient de me rendre de vostre part : on dirait que vous voulez que je sois complice de la fausseté qu’avance l’auteur[2] du livre intitulé, Pièces fugitives. Je ne crois pas que jusqu’icy vous m’ayez connu assez peu de probité pour me croire capable de vous dérober vostre gloire ; cependant vous voulez bien que je vous avertisse que plus vous serez sensible au larcin qu’on veut vous faire, plus vos ennemis s’obstineront à vous chagriner ; au reste vous ne voyez presque point d’ouvrage qui ait quelque succès, dont les auteurs n’éprouvent la même injustice que celle dont vous vous plaignez. Vous n’ignorez pas qu’on ayt, voulu donner l’Andrienne à un homme dont le caractère et la solidité sont tout-à-fait incompatibles avec ces sortes d’occupations, quoique celui qui a donné cette pièce en son nom soit très-capable de l’avoir faite : c’est pourquoi, Mademoiselle, soyez un peu moins vive sur un accident qui vous est commun avec presque tous les auteurs qui se distinguent ; et contentez-vous de la justice que vous rendent ceux qui ont l’honneur de vous connoistre. Vous me dites, dans vostre lettre, que, par un sentiment d’amour-propre, je ne suis pas tout-à-fait fâché qu’on m’attribue vos ouvrages. Je réponds à cela, Mademoiselle, que je n’ay jamais donné lieu à ce reproche, et que d’ailleurs un homme de mon caractère ne doit regarder cette sorte de gloire que comme une honte. Ainsi ce qu’on a avancé m’est pour le moins aussi injurieux qu’à vous. Je vous prie d’être persuadée que, malgré l’injustice que vous me faites, je suis, avec beaucoup d’estime, vostre, etc. »



BARENTIN, (Madame de) a publié : Pensées morales, divisées en deux parties, vol. in — 12. Dans cet ouvrage, que Madame Barentin a fait pour sa fille, elle a cherché à donner une définition juste des choses, et à renfermer l’essence de la morale et de l’instruction sous des idées simples, souvent reproduites, et propres à laisser dans l’ame de solides impressions.

BARRAS, (Marie-Thérèse, Quiqueran Beaujeu, Dame) née à Salon en Provence, le 17 octobre 1753, compte parmi ses aïeux Hugues de Santcyre, troubadour du douzième siècle, et Clermonde de Quiqueran, native d’Arles, dont Jean de Nostredame loue le sens et la bonté. Madame Barras est membre du Lycée des Arts de Paris. Elle a composé : Mémoire sur l’Éducation des Abeilles, reçu au Lycée des Arts, le 30 vendémiaire an 7, Paris, Fuchs, an 8. Sans doute elle a regardé que l’être qui possède un talent, doit l’employer pour ajouter au bonheur de ses semblables. C’est ainsi qu’en 1783 Lady Moria se rendit utile à ses concitoyens, en enseignant à faire de la toile avec des objets dont pour l’ordinaire on ne tire aucun parti. On trouve dans l’ouvrage de Madame Barras des maximes générales sur l’éducation des abeilles, l’indication des soins qu’exige un rucher dans chaque mois de l’année, et le titre des livres les plus estimés qui concernent les mouches-à-miel. Ce mémoire est absolument élémentaire. Il est écrit avec précision. On regrette seulement que le style n’en soit pas plus soigné.

BASTIDE, (Mademoiselle) fille de Bastide, l’un des auteurs de l’Homme du Monde éclairé par les Arts. On trouve dans l’Almanach des Muses, des années 1767 et 1768, des pièces de vers de sa composition. Elle a fait quelques petits ouvrages en prose.

BAZINCOURT, (Mademoiselle Thomas de) pensionnaire du roi à l’abbaye de Long-Champ, fit paraître un Abrégé de la Bible, en vers français, 1768, in-12. Cet ouvrage est dédié à la reine. La clarté, la fidélité et une rapide précision, sont les qualités qui le caractérisent. Il y a plusieurs endroits rendus assez heureusement.

BEATRIX de Savoie, épouse de Raymond-Bérenger IV, se rendit recommandable, dans le 13e siècle, par la protection qu’elle accorda aux gens de lettres. Un littérateur écrivait en 1789 que la mémoire de Béatrix était encore chère aux Provençaux. Les troubadours, ses contemporains, célébrèrent dans leurs vers ses grâces et son esprit. On voyait encore sa statue, en 1789, dans l’église de Saint-Jean de la ville d’Aix.

BEAUFORT, voyez HAUTPOULT.

BEAUHARNAIS, (Fanny Mouchard, Dame de) est née à Paris vers le milieu du 18e siècle. Elle annonça de bonne heure un goût décidé pour la poésie. À dix ans, elle fit un poème. Les religieuses du couvent où elle était le lui enlevèrent. Le feu dévora sa production ; mais le talent lui resta. Quelques années après, elle se fit connaître par des vers agréables, ingénieux et faciles. La société patriotique bretonne, les académies de Lyon, des Arcades de Rome, et de Villefranche, s’empressèrent de l’admettre dans leur sein. En l’an 8, le Lycée de Toulouse la reçut au nombre de ses associées ; l’Athénée de Lyon lui envoya, en l’an 9, un diplôme d’associée-littéraire. Elle a publié : Œuvres de madame la comtesse de Beauharnais, édition a paru sous le titre de Mélange de poésies fugitives et de prose sans conséquence. On y trouve deux féeries en prose, dont l’une est intitulée : la Haine par amour ; et l’autre, le Rosier parlant. Ces comédies sont fort agréables, – À tous les penseurs, salut, 1773, in-8°. Cette production est écrite avec toute la gaîté et toute la légèreté dont le sujet est susceptible. Elle y fait une critique fine et délicate de quelques travers des hommes, et de leur injustice envers les femmes. Cet ouvrage n’est pas le seul de sa composition où elle défende les personnes de son sexe. Cependant elle ne s’est point bornée à peindre les ridicules des hommes ; ceux des femmes n’ont point échappé à son pinceau. – Lettres de Stéphanie, roman historique, 1778, 3 vol. in-12. Ce roman offre une intrigue naturelle et toujours vraisemblable, des caractères bien soutenus et bien contrastés, un style plein de chaleur. — L’Abailard supposé, ou le Sentiment à l’épreuve, Amsterdam, 1780, in-8° ; Paris, 1981, in-8° ; Lyon, 1791, in-12. Un style vif, animé et rapide, caractérise ce roman. — L’Aveugle par amour, 1781, in-8°. Cet ouvrage est précédé d’une épître en vers, à Madame la Fayette. Il est écrit avec pureté, élégance et même énergie. — Volsidor et Zulménie, vrai conte de fées, d’une très — jeune personne. — Les lettres de femmes, qui sont dans deux romans de Dorat, l’un intitulé : les Malheurs de l’inconstance ; et l’autre, les Sacrifices de l’amour. – Mélanges de poésies, ou les Amans d’autrefois, 1987, 3 vol. in-12. — La Fausse Inconstance, ou le Triomphe de l’honnêteté, comédie en 5 actes, en prose, 1787, in-8°, traduite en anglais par M. Robinson. Madame de Beauharnais ne se laissa point rebuter par le mauvais succès que cette pièce eut au théâtre ; elle la fit imprimer, et l’approbation qu’elle obtint lui prouva que le bon goût n’avait eu qu’une fausse inconstance. Cette comédie rappelle celle de la Sœur, par Miss Lennox. La pièce de cette Anglaise n’eut qu’une représentation, et le succès n’en fut pas heureux. Elle retira son œuvre, et la confia à l’art typographique. Les applaudissemens du public lecteur la dédommagèrent du froid accueil d’une cohue spectatrice. — L’Isle de la Félicité, ou Anaxis et Théone, poëme philosophique en trois chants, précédé d’une épître aux femmes, suivi de quelques poésies fugitives, Paris, Masson, an 9, in-8°. Un épisode d’Hippolyte, comte de Duglas, roman de Madame d’Aunoy, a fourni le sujet de l’Isle de la Félicité. Ce poëme ajoute encore à la réputation de son auteur. — À la mémoire de madame Duboccage, Paris, an 11, in-8°. Cet ouvrage est une nouvelle preuve de la sensibilité de Madame de Beauharnais. On trouve de ses poésies dans un grand nombre de recueils périodiques. Plusieurs poëtes distingués l’ont célébrée dans leurs vers. Le distique placé sous son portrait est de Madame Toustain. Le voici :

    Muses, grâces, vertus, en mélangeant vos traits,
À mes regards charmés vous peignez Beauharnais.

Georgelin, secrétaire de la société patriotique bretonne, a traduit ce distique de la manière suivante :

Ingenio, illecebris, ecce Minerva, Venus.

Le portrait de Madame de Beauharnais a été dessiné à Paris, en 1785, par Thornton, Anglo-Américain ; gravé à Londres la même année par Bartolozzi, et gravé de nouveau, à Paris, en l’an 10, par Gaucher. Cette dernière gravure est celle qui se trouve à la tête du premier volume du nouvel Almanach des Muses.

La chronique attribue à Dorat et à Cubières-Palmézeau, les vers de Madame de Beauharnais :

Ces vers pleins de delicatesse, Que les Grâces et les Amours Lisent et relisent sans cesse.

Serait-il vrai de dire, avec Madame Saint-Chamond : Les hommes accordent assez légèrement de l’esprit aux femmes qui leur plaisent ; celles qui écrivent, sont jugées plus sévèrement ; ils supposent toujours qu’un d’eux a dicté l’ouvrage ? »


BEAUMARETS. ( Madame de) On trouve dans le Mercure de juin, 1982, une Epitre de sa composition,’ à M. Bardin l’aîné, à Sens. Cette pièce de vers est écrite avec facilité. La versification en est naturelle…


BEAUMER, ( Madame de) fut privée de ce qu’on appelle ordinairement le mérite des femmes, les dons de la fortane, et les agrémens de la figure ; elle ent le bon esprit d’y suppléer par l’étude. On n’a aucune notion sur sa vie, si ce n’est qu’elle fit un long séjour en Hollande ; qu’elle vécut dans la pauvreté, et qu’elle mourut dans la misère, en 1766.

On a de sa composition un volume d’œuvres mêlées, 1760, in-12. On y distingue les Caprices de la Fortune, nouvelle historique, des allégories et deux odes. L’une de ces odes est intitulée : La Mort des Héros ; l’autre est tirée du cantique que les Israëlites chantèrent en action de graces de leur délivrance. Le mérite de ces deux pièces fait regretter qu’elle n’ait pas écrit dans ce genre un plus grand nombre de morceaux. Madame de Beaumer prit au mois d’octobre 1761 la direction du Journal des Dames ; ce fut M. de la Louptière qui lui céda ce droit.


BEAUMONT, (Madame LE PRINCE DE) née à Rouen, le 26 avril 1711. L’emploi qu’elle fit de ses connaissances est glorieux pour sa mémoire et précieux pour la société. Elle passa une partie de sa vie à Londres, où elle se consacra à l’éducation des jeunes personnes de son sexe. Au talent d’instruire, elle joignit l’art de faire aimer l’instruction. Ses préceptes étaient agréables, et ses conseils étaient sages sans pédantisme. On retrouve ce mérite dans ses ouvrages. En voici les titres : Le Triomphe de la vérité, on Mémoires de M. de la Villette, 1748, 2 vol. in-12. - Lettres diverses et critiques, 1750, 5 vol. in-12. Le Nouveau Magasin Français, ou Bibliothèque Instructive, 1750, in-8°, journal littéraire qu’elle a donné au public pendant son séjour en Angleterre. — Éducation complette, ou Abrégé de l’Histoire universelle, 1753., 3 vol. in-12 ; Amsterdam, 1785, 3 vol. in-12. — Civan, roi de Bungo, histoire japonaise, 1754, 2 vol. in-12. — Lettres de Madame du Montier, Lyon, 1556, in-12 ; trad. en Allemand, Francfort, 1759, in-8°. Ces lettres ne sont point de Mae, de Beaumont ; mais elle les retoucha, et termina le roman : alors on les publia en deux volumes sous son nom. Magasin des Enfans, 1757, 4 vol. in-12 ; Yverdon, 1780, 4 vol. in-8º. Liége, 1780, 4 vol. in-12 ; la Haye, 1786, 4 vol. in-12 ; Nimes, 1791, 2 vol. in-12 ; trad. en Allemand, Leipsick, 1758, in-8°. Anecdotes du 14. siècle, pour servir à l’histoire des femmes illustres de ce tems ; Londres, 1758 ou 1759, in-12. Lettres curieuses, instructives et amusantes, 1759, 4 part. in-8. — Magasin des Adolescentes, Londres, 1760, 4 vol. in-12 ; trad. en Hollandais, la Haye, 1769, 2 vol. in-8°. ; la Haye, 1767, 4 vol. in-12 ; Lyon, 1708, a vol. in-12 ; Neuchatel, 1780, in-12 ; Yverdon, 1781, 4 vol. in-8°. Paris, 1784, 4 vol. in-8°. Cette dernière production a peut-être donné au P. A. Alletz l’idée de faire paraitre, en 1764, le Magasin des Adolescens. Principes de l’Histoire Sainte, 1761, 3 v. in-12. Instructions pour les jeunes Dames qui entrent dans le monde et se marient ; Londres, 1764, 4 vol. in-12 ; la Haye, 1767, 4 vol. in-12. — Lettres d’Emerance à Lucie, Lyou, 1765, 2 vol. in-12 ; Leyde, 1766, 2 vol. in-12. — Mémoires de Madame la baronne de Batteville, Lyon, 1766, in-8°. — Nouvelle Clarisse roman, Lyon, 1767, 2 vol. in-12. — Magasin des pauvres artisans, domestiques et gens de la campagne, Leyde, 1769, 2 vol. in-12 ; Lyon, 1775, 2 vol. in-12. Les Américains, ou la Preuve de la religion chrétienne par les lumières naturelles, Lyon et Paris, 1770, 6 vol. in-12. — Le Mentor moderne, ou Instructions pour les garçons et pour ceux qui les élèvent, 1770, 6 vol. in-12 ; 1776. — Manuel de la Jeunesse, ou Instructions familières en dialogues, Paris, 1773, 2 vol. in-12. Contes moraux, Lyon et Paris, 1773, 2 vol. in-12. — Nouveaux Contes moraux, ib. ; 1776, 2 tomes en un vol. in-8°. Œuvres mêlées, extraites des journaux et feuilles périodiques qui parurent en Angleterre pendant le séjour qu’elle fit à Londres, Maestricht et Paris, 1775, 6 vol. in-12. La Dévotion éclairée, ou Magasin des Dévotes, 1779, in-12. Madame de Beaumont a su, dans ses ouvrages, se mettre à la portée de ceux pour qui elle écrivait. Son style est simple et naturel ; cependant il est quelquefois négligé. On lui reproche d’avoir donné comme auteur les histoires et les contes qui se trouvent dans le Magasin des Enfans, le Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/82 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/83 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/84 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/85 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/86 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/87 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/88 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/89 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/90 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/91 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/92 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/93 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/94 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/95 enfin le siècle est aussi éclairé que corrompu. En assurant que le cadre de cet écrit a été bien rempli, il sera facile aux personnes qui ne l’ont pas lu, de se faire une juste idée de son mérite. L’Exorde est un modèle de modestie, de délicatesse et de goût. Ce discours fut imprimé en 1762, in-8°. Le portrait de Mademoiselle Bermann fut placé dans la Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy. En 1763, elle obtint, avec M. l’abbé Jacquet, de Lyon, le second prix d’éloquence à l’académie de Besançon. Le sujet proposé était : Combien les mœurs donnent de prix aux talens.


BERNARD, (Mademoiselle) de Lyon, vivait vers la fin du 17e siècle. En 1694, elle prononça, avec un applaudissement général, en présence des personnes les plus distinguées de la ville de Lyon, le Panégyrique de Sainte Catherine.


BERNARD, (Catherine) née à Rouen en 1662, de parens protestans, était de la famille des Corneille, et marcha sur leurs traces. Après avoir quitté la religion de ses pères, elle fut établir sa résidence à Paris. L’Académie française la couronna trois fois. Elle obtint le même nombre de prix aux Jeux floraux de Toulouse. L’académie des Ricovrati de Padoue la reçut parmi ses membres. Tant qu’elle vécut, Louis XIV la gratifia annuellement de 200 écus. Sur la fin de sa vie, elle supprima plusieurs pièces de vers, qu’elle avait composées dans sa jeunesse, et qui lui parurent trop libres. On lui en offrit une somme considérable, mais elle ne voulut jamais les communiquer. Elle mourut à Paris en 1712.

Il serait à désirer pour la république des lettres, que tous ceux qui écrivent, eussent un guide aussi instruit que celui de Mademoiselle Bernard. Les liens de l’amitié, plus encore que ceux du sang, lui attachaient Fontenelle, et il contribua par ses conseils au succès de sa fortune littéraire ; mais l’intérêt qu’il prenait à ses ouvrages, fit présumer qu’il y avait beaucoup de part. Elle a publié : Éléonor d’Yvrée. « C’est, dit Fontenelle, un petit sujet peu chargé d’intrigues, mais où les sentimens sont traités avec toute la finesse possible… Le style du livre est précis : les paroles y sont épargnées, et le sens ne l’est pas… » — Le comte d’Amboise, 2 parties in-12. Ce second roman n’a pas autant de mérite que le premier. — Inès de Cordoue, nouvelle espagnole, in-12. La même légèreté de style, la même délicatesse de sentimens, la même adresse dans le développement des passions, le même intérêt dans les situations que dans Éléonor d’Yvrée. — Histoire d’Abenamar et de Fatime. — Edgar, roi d’Angleterre, histoire galante. — Relation de l’isle de Bornéo. Mademoiselle Bernard a pour but, dans ses romans, de combattre le penchant qu’on a pour l’amour. Aussi n’y trouve-t-on que des amans malheureux. — Laodamie, tragédie, jouée le 11 février 1689, eut 20 représentations ; imprimée en 1689, in-12. — Brutus, tragédie, mise sur la scène le 18 décembre 1690, Paris, veuve Gontier, 1691, in-12 ; Paris, veuve Pierre Ribou, 1730, in-12. Cette tragédie eut 25 représentations. Quoique médiocre, elle l’emporte néanmoins sur Laodamie. Ces deux pièces furent applaudies dans leur tems. Quarante ans après que Mademoiselle Bernard eut donné au public sa tragédie de Brutus, Voltaire fit paraître une tragédie du même nom. On croit que le Brutus de Mademoiselle Bernard donna à Voltaire l’idée de faire le sien ; on a même été plus loin : on a prétendu que la pièce de Mademoiselle Bernard avait été d’un grand secours à Voltaire ; enfin, contre toute vraisemblance, on inséra dans une parodie, que Voltaire avait dérobé plusieurs vers de la tragédie de Mademoiselle Bernard. — Bradamante, tragédie, représentée au mois de novembre 1695, Paris, 1695, in-12. Si l’on en croit l’auteur des Tablettes dramatiques, la Bradamante, que Beauchamps met sous le nom de Mademoiselle Bernard, est la même que celle de Thomas Corneille. Il ajoute qu’elle fut représentée en novembre 1665, et imprimée en 1696. Les pièces de Mademoiselle Bernard, qui ont obtenu des prix à l’académie des Jeux floraux de Toulouse, et à l’Académie française, se trouvent dans les recueils de ces sociétés littéraires. Voici les sujets sur lesquels elle a composé les morceaux de poésie qui ont été couronnés à l’Académie française, en 1671, 1693 et 1697 : Le roi seul, en toute l’Europe, défend et protège les droits des rois. — Plus le roi mérite les louanges, plus il les évite. — Le roi, par la paix de Savoie a rendu la tranquillité à l’Italie, et a donné à toute l’Europe l’espérance de la paix générale. On a d’elle plusieurs autres pièces de vers, répandues dans différens recueils, où il y a de la légèreté, et quelquefois de la délicatesse. On y distingue un placet adressé à Louis XIV pour se faire payer de sa pension, et un apologue intitulé : L’Imagination et le Bonheur. Voltaire attribue cette fable à M. de la Parisière, évêque de Nîmes ; mais elle a toujours été imprimée sous le nom de Mademoiselle Bernard.


BERNIER, (Madame) a remporté, en l’an 11, le prix de littérature de la Société des sciences et des arts du Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/99 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/100 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/101 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/102 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/103 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/104 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/105 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/106 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/107 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/108 Page:Briquet - 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La nature l’avait douée d’une grande beauté, et de beaucoup d’esprit. Elle fut l’une des protectrices du bon La Fontaine. La duchesse de Mazarin a donné ses Mémoires ; Cologne, 1675, in-12. Ils ont été insérés dans les Œuvres de Saint-Évremont, ainsi que ceux qu’elle opposa aux factums de son époux.

MAZEL, (Madame) vécut dans le 17e. siècle. Elle s’adonna à l’étude des belles-lettres. On lui doit des Pièces fugitives, parmi lesquelles on remarque celle qu’elle a composée sur le siège de Mons, fait par Louis XIV. Vertron dans sa Pandore fait l’éloge de Madame Mazel.

MEHEUST, (Madame) a donné au public : Histoire d’Émilie ou les Amours de Mademoiselle de *** ; Paris, 1732, in-12. Ce roman inspire beaucoup d’intérêt.

MENARD, (Madame) a publié : Les Veillées d’une Femme sensible ; Paris, 1796, 2 vol. in-18. Ce recueil contient des Discours sur différens sujets, des Contes Moraux, des Épitres, des Romances, et plusieurs autres Pièces fugitives. Quelques-uns de ces morceaux sont écrits agréablement. On y trouve beaucoup de sensibilité et quelquefois des traits de génie. En parlant de Voltaire et de Rousseau elle dit : pour toute pompe funéraire le goût pleure sur leur tombeau. Cependant toutes ses productions sont loin d’être parfaites : il en est même qui n’étaient pas dignes de l’impression. — Les Malheurs de la Jalousie, ou Lettres de Murville et d’Eléonore Melcour ; Paris, 1798, 4 vol. in-18. Ce roman n’est pas sans mérite. Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/280 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/281 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/282 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/283 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/284 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/285 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/286 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/287 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/288 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/289 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/290 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/291 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/292 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/293 de Valentin Conrart, par Jean Daillé) Leyde, Elzevir, 1647. Madame de Mornay mourut, le 15 mai 1606, à l’âge de 57 ans.


MORTEMART. (Madame de) a donné : Amusemens du Jour, ou Recueil de petits Contes, dédiés à la reine, Paris, 1780, in-80. On trouve, dans ces légers opuscules, des descriptions riantes, de sages réflexions, des traits de morale heureusement exprimés, et des portraits agréable- ment touchés.


MORVILLE, (Mademoiselle FATNÉ DE) a traduit différens morceaux, insérés dans le Parnasse des Dames.


MOTTE, (Mademoiselle de la) a donné : Célide, ou les Mémoires de la Marquise de Bléville ; Paris, 1775, 2 vol. in-12. — Histoire de Zulmy Warthey ; Paris, 1776, in-12. Ce roman est écrit avec sensibilité ; le style en est pur. Cependant l’ouvrage n’est pas sans défauts. — Lettres du Marquis de Sézannes au Comte de Saint-Lys ; Paris, 1777, 2 vol. in-12.


MOTTEVILLE, (FRANÇOISE BERTAUD, Dame de) fille d’un gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, nièce du poète Bertaud, naquit en Normandie en 1615. Elle apprit les langues italienne et espagnole en même-tems que la langue française. Son esprit et son amabilité engagèrent Anne d’Autriche à la garder auprès d’elle. Quoique très-jeune, elle se trouva enveloppée dans la disgrace des favorites de cette princesse. Retirée en Normandie avec sa mère, elle épousa Nicolas Langlois, seigneur de Motteville, premier président de la Chambre des Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/295 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/296 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/297 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/298 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/299 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/300 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/301 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/302 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/303 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/304 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/305 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/306 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/307 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/308 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/309 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/310 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/311 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/312 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/313 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/314 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/315 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/316 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/317 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/318 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/319 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/320 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/321 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/322 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/323 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/324 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/325 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/326 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/327 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/328 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/329 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/330 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/331 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/332 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/333 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/334 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/335 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/336 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/337 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/338 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/339 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/340 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/341 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/342 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/343 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/344 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/345 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/346

SAINT-CHAMOND, (CLAIRE MAZARELLI, Marquise DE LA VIEUVILLE DE) naquit à Paris, en 1731. Elle n’avait pas encore 14 ans, lorsqu’elle fut promise à un homme de qualité, que la mort enleva au mois d’aout 1750. Il parait qu’elle fut son épouse avant d’être celle du marquis de Saint-Chamond. Au mois de septembre 1750, elle eut un procès, dans lequel ses adversaires attaquèrent vainement sa naissance, son caractère et ses mœurs. Ses juges et le public lui rendirent justice. Ce procès se termina vers l’année 1753. Son esprit fit pressentir de bonne heure, cette force et cette énergie qui se trouvent dans ses écrits. Elle ne s’adonna décidément à l’étude des lettres, et ne composa des ouvrages, que par le désir de plaire à son époux, le marquis de Saint-Chamond. Ainsi lorsqu’on la félicitait de ses succès littéraires, elle eut pu répondre par ces vers de Laharpe :

Plaire à celui que j’aime est ma seule victoire,
Et mes talens pour lui sont de nouveaux tributs.
Je len ai cultivés sans prétendre à la gloire ;
J’ai cherché pour l’amour un langage de plus.

Les productions sorties de la plume de Madame Saint-Chamond, honorent son cœur et son esprit. On lui doit : son Portrait, inséré dans le Mercure de 1751. — Lettre à J.J. Rousseau, publiée dans l’Année littéraire, 1763. Depuis elle a été imprimée séparément in-12. - Éloge de Sully ; Paris, Duchesne, 1764, in-8°. L’Académie française avait proposé, en 1763, ce sujet pour prix d’éloquence. Madame Saint-Chamond recueillit, sinon le prix de l’Académie du moins les suffrages des académiciens et ceux du public. Camedris, roman ; 1765, in-12. Cette fiction ingénieuse, n’est point une lecture de pur amusement ; la morale y est adroitement semée, on y reconnaît la main des Gráces. Eloge de René Descartes ; 1765, in-8. Cet éloge qu’un philosophe ne désavouerait pas, est accompagné de notes, où la doctrine de Descartes est éclaircié et développée. Les Amans sans le savoir, comédié en 3 actes et en prose ; 1771, in-12. Cette production est estimée. Madame Saint-Chamond est auteur de plusieurs autres pièces de théâtre, que le public a reçues favorablement.


SAINT-GERMAIN, (Madame DE) née à Paris, vécut dans le 18. siècle. On ne sait aucune particularité de sa vie, si ce n’est que sa société était composée de gens de mérite, et que le désir de s’occuper lui fit embrasser la carrière littéraire. Le public lui doit les Lettres d’Henriette et d’Émilie. Cet ouvrage, quoique traduit de l’anglais, ap- partient en partie à Madame de Saint-Germain, d’après les changemens qu’elle y a faits en le traduisant. Ces lettres font aimer la vertu et hair le vice. Il y a de l’intérêt, de la naïveté et de ce naturel qui annonce dans l’auteur an esprit sage et un cœur sensible.


SAINT-HYACINTHE, (Madame CHARIÈRE DE) est née en Hollande. Elle a composé : Lettres Neufchate Loises. Lettres de Lausanne, ou de quelques Dames Suisses. Ses ouvrages ont du mérite.


SAINT-MARTIN, ( Madame DE) vécut dans le 17. siècle. Elle s’adonna à l’étude des lettres. On lui doit : la Reine de Lusitanie ; Paris, 1698, a vol. in-12. Cet ouvrage est imparfait ; la mort enleva Madame de Saint-Martin, au milieu de son travail, Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/349 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/350 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/351 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/352 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/353 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/354 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/355 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/356 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/357 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/358 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/359 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/360 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/361 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/362 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/363 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/364 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/365 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/366 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/367 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/368 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/369 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/370

Dans le roman de Clélie, de Mademoiselle de Scudéri, Hésiode endormi sur le Parnasse, voit les Muses’en songe, et Calliope lui montre les poètes qui naîtront dans la suite des tems Regarde » lui dit Calliope, en parlant de Madame de la Suze, cette femme qui : t’apparaît ; elle a, comme tu vois, la taille de Pallas, et sa beauté je ne sais quoi de doux, de languissant et de passionné, qui ressemble assez à cet air charmant que les peintres donnent à Vénus ; cette illustre personne sera d’une si grande naissance, qu’elle ne verra presque que les maisons royales au-dessus de la sienne ; sache qu’elle naîtra encore avec plus d’esprit que de beauté, quor- qu’elle doive, comme tu vois, posséder mille charmes ; elle aura même une bonté généreuse qui la rendra digne de toutes les louanges, sans te parler de tant d’autres admirables qualités que le ciel lui prodiguera : apprends seulement qu’elle fera des Élégies si belles, si pleines de passion, et si précisément du caractère qu’elles doivent avoir, qu’elle-surpassera tous ceux qui l’auront précédée, et tous ceux qui la voudront suivre ». Titon du Tillet l’a mise dans son Parnasse. Elle termina sa carrière à Paris, le 10 mars 1673.

On lui doit : Poésies ; Paris, Charles de Sercy, 1668 ; in-12 ; 1684, vol. in-12. On les réimprima avec plusieurs pièces de Pélisson, et de quelques autres, en r695, et en 1725, en 5 vol. in-13. Les Poésies de Madame de la Suze sont des Élégies, des Odes, des Chansons, et des Madrigaut. Ses Élégies qui sont d’an agrément infini, dit Boileau, lui donnèrent une grande célébrité. Les pensées en sont ingénieuses, et les sentimens délicats.

T.


TARDIEU, (Madame) a publié : Encyclopédie de la jeunesse, ou Nouvel Abrégé élémentaire des Sciences et des Arts, seconde édition, corrigée et augmentée, ornée de deux cartes géographiques coloriées, et de figures ; Paris, Tardieu, an 11, 2 vol. in-12.


TENCIN, (CLAUDINE-ALEXANDRINE GUÉRIN DE) fille d’Antoine Guérin, président à mortier au parlement du Dauphiné, naquit à Grenoble, en 1681. Sa famille l’engagea, à se faire religieuse ; cinq ans après avoir pris le voile, elle se dégoûta de la vie monastique. Elle abandonna son couvent et se retira à Paris. Foutenelle charme de lesprit de Madame de Tencin, sollicita le rescrit du pape, qui la releva de ses vœux. Ce bref ne fut pas fulminé ; mais son obtention suffit pour qu’on ne l’inquiétât pas sur la liberté dont elle jouissait. Liée avec le fameux Law, elle s enthousiasma pour sa banque, et le jeu des billets. Elle ne s’engagea pas avec moins d’ardeur dans les que- relles des Jansénistes et des Malinistes. La plupart de ces derniers se rassemblaient dans sa maison. Elle leur parlait avec feu, et les animait par ses discours. Les évêques, les jésuites, en sortaient pleins de colère et de courage contre leurs adversaires. Pour calmer les orages qu’elle formait, on lui envoya l’ordre de se retirer à Orléans. Son frère qui commençait à jouir de la faveur du cardinal de Fleury, la fit rappeler. Revenue de son, exil, elle s’entoura des hommes les plus aimables de la cour, et des savans les plus goûtés de la capitale. Leur commerce épura son goût et tourna ses idées du côté de l’étude. Depuis sa sortie du cloître, sa vie avait été orageuse ; du moment où elle cultiva les lettres, elle entra pour ainsi dire dans le port. Ses jours devinrent plus paisibles et plus heureux. Son esprit et sa facilité pour exprimer ce qu’elle sentait, la faisaient paraître avec avantage partout où elle se montrait. Les grands, les ministres, se plaisaient à l’entendre ; elle se servit habilement de l’ascendant qu’elle avait sur eux, pour l’élévation de son frère. Sa célébrité fut assez grande pour qu’on recueillit ses décisions, et le sujet même de ses entretiens. Ce fut elle qui commença à rendre hommage à l’Esprit des Lois. Dès qu’il parut, elle en prit un grand nombre d’exemplaires, qu’elle distribua à ses amis. Cette femme de mérite mourut à Paris, le 4 décembre 1749. On lui doit : Le Siège de Calais, in-12. Quelqu’un prétendit que les romans qui avaient paru jusqu’alors, commençaient tous par une déclaration d’amour, et finissaient par le mariage. Madame de Tencin promit d’en ébaucher un, dont le commencement serait la conclusion des autres, et elle composa le Siège de Calais. C’est d’après cet écrit que du Rozoy a fait sa tragédie des Décius français, et que Dubelloy a donué sa tragédie du Siège de Calais. Mémoires de Comminges, in-12. Ce roman, dit Laharpe, peut être regardé comme le pendant de la princesse de Clèves. Il a fourni à Dorat le sujet d’une lettre en vers, et à Darnaud le sujet d’un drame. — Les Malheurs de l’Amour, 2 vol. in 12. Ses romans sont consacrés à peindre l’amour. Ils sont écrits avec délicatesse, et les passions y parlent le langage qui leur est propre. Anecdotes d’Édouard II, 1776, in-12, ouvrage posthume, fini par Madame Élie de Beaumont. — Ses Eures, Paris, 1786 vol. in-12. Delandine a mis à la tête de ce recueil des observations sur les romans, et en particulier sur ceux Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/374 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/375 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/376 in-12. Mademoiselle Clairon mourut au mois de pluviose an 11. Elle conserva, jusqu’à sou dernier moment, le sou- venir des preuves d’estime que lui avait données sa nation. Voici une des clauses de son testament : « Je n’attribue qu’à l’indulgence de ma nation, l’espèce de célébrité dont j’ai joui : je la réclame en ce moment pour qu’elle daigne accepter le don que je lui fais de mon buste en marbre, exécuté par l’aimable et savant ciseau de Lemoine, et la médaille d or que des protecteurs et des amis respectables ont fait frapper pour moi. Le ministre qui préside aux arts, en accordant un prix à mes études, peut en faire un objet d’émulation pour d’autres ».


U.


ULRIC, (Mademoiselle) est auteur de la folle Enchère, comédie en un acte et en prose, 1771.


UNCY, (Mademoiselle) s’est fait connaître par des Contes moraux, qui ont paru en 1763.


URSINS, (CLAUDE JUVENALE DES) religieuse à l’abbaye de Poissy, vécut dans le 16e, siècle. Elle composa un Traité de l’instruction pour les Novices, avec des Exhortations spirituelles aux religieuses.


USSÉ, (Madame D’) vécut dans le 18e. siècle. Elle est auteur de quelques Vers de société, insérés dans les Amusemens du cœur et de l’esprit.

V.


VACHER, (Madame S. M. LE) est auteur de Nella ou la Carinthienne, Paris, an 8, 3 vol. in-12. — Minna, on Lettres de deux jeunes Vénitiennes. Paris, an 10, 2 v. ia-12.


VALINCOURT, (Madame DE) a publié : Ode sur la vie et le dévouement héroïque du Prince de Brunswick, 1787, in-8°.


VALLIÈRE, (LOUISE-FRANÇOISE DE LA BAUME LE BLANC, Duchesse DE LA) fille d’honneur d’Henriette d’Angleterre, première épouse de Philippe d’Orléans, naquit à Tours au mois d’août 1644. Elle devint favorite de Louis XIV, eu 1665. Ce prince érigea pour elle, en mai 1667, les terres de Vaujour et de Saint-Christophe en duché-pairie sous le nom de la Vallière. Sa figure était charmante ; on croit volontiers, dit l’auteur des mémoires de Madame de Maintenon, qu’elle fit naître à La Fontaine l’idée de ce vers :

Et la grâce plus belle encor que la beauté..

Son caractère était vrai, bon, doux et naïf ; son cœur fait pour aimer, était incapable de toute autre passion ; un goût exquis sur tout ce qui appartenait au sentiment, la caractérisait encore. Elle ne mit point la France à ses genoux, elle n’entra point dans les intrigues des courtisans, elle ne sut qu’aimer. L’inconstance de Louis XIV ne put faire changer les sentimens qu’elle avait pour lui. Elle préféra d’entrer aux Carmélites, plutôt que d’épouser Lausun, ou d’accepter les vœux du duc de Longueville. En 1675, elle fit profession sous le nom de Sœur Louise de la Miséricorde. Pendant qu’elle était à la cour, le célèbre Mignard la Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/379 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/380 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/381 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/382 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/383 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/384 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/385 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/386 qualités du Panégyrique de Trajan, sans en avoir les défauts.

Madame Viot avait une bonté de cœur parfaite, et une facilité de caractère charmante. C’est à ses soins que Madame Duboccage dut la pension qu’elle obtint du Gouvernement sur la fin de sa vie. Madame Viot est morte lo 19 thermidor an 10, à la Ramière, près Bagnols.


VOLLANGE, ( Madame DE) a publié : le Génie, épître ; 1774, in-8⁰. — Le Bonheur des Peuples, poëme au Roi ; 1774, in-8º. — Les Beaux-Arts, poëme qui a concouru pour le prix de l’Académie Française ; 1775. in-8⁰.


W.


WARENS (DE LATOUR, Baronne DE) naquit `en 1699 dans le pays de Vaud, et mourut à Chambéry en 1759. Elle dut presque tous ses malheurs à une trop grande sensibilité. Ses parens` n’approuvèrent point le choix que son cœur avait fait d’un époux ; ils la forcèrent de se marier avec un homme qu’elle n’aimait pas, et qu’elle abandonna. Étant allée habiter Annecy, elle y embrassa la religion catholique, en 1726. L’activité de son esprit lui fit faire plusieurs entreprises qui la ruinèrent ; mais l’infortune n’altéra point sa gaîté. Elle était d’un caractère doux, et d’une sensibilité excessive pour les malheureux. Un inconnu arrivait-il chez elle avec l’ombre de quelque talent, elle s’intéressait à lui : écrivains, poëtes, artistes, tous étaient également accueillis. Ses bienfaits firent souvent des ingrats ; on regrette de trouver sur cette liste le nom de J. J. Rousseau : il Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/388 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/389 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/390 Page:Briquet - Dictionnaire historique littéraire et bibliographie des francaises.pdf/391 Phénix, ensuite celui de Chrysalide, et qui reprit enfin le nom de Phénix. On lui doit différens morceaux de Poësie, insérés dans la Mouche, recueil périodique, an 6. — Essai sur l’opinion publique ; fragmens de poésies fugitives, dédié à Madame Bonaparte, an 8, in-12. — Mémoires de Babiole, dédiés à la duchesse de Devonshire ; Paris, Buisson, an 11, 3 vol. in-12.


FIN.


ERRATA.


PAGE 10, ligne 21, pour la marier à, lisez pour marier Anne avec, etc.

P. 27, l. 2, ce qu’en écrivit, lisez ce qu’écrivit.

P. 79, ligne 3, la mêmedont, lisez la même que celle dont.

P. 86, l. 7, née, lisez naquit.

P. 130, l. 21, supprimez Zilia, roman pastoral.

P. 144, 1. 2, la retrouvaient, lisez la trouvaient.

P. 194, 1. 16, lisez 1636.

P. 198, 1. 6, deux mille, lisez dix mille.

P. 209, ligne 2, célébrées, lisez célébrés.

P. 214. 1. 9, plue, lisez plu.

P. 230, 1. 16, Bénédictines, lisez Bénédictins.

P. 236, 1. 2, paraissaient, lisez paraissent.

P. 252, 1. 20, cette production, lisez ce recueil.

P. 275, l. 23, Saugrain, lisez Sangrain.

P. 292, 1. 8, allait, lisez devaient.

P. 299, I. 22, la critique y remarque, lisez la critique remarque.

P. 305, 1. 8, Schoenauge, lisez Schonangie.

P. 311, l. 27, conduisit, lisez conduisirent.

P. 313, lignes 24 à 28, au lieu de quelqu’un qui, etc ; lisez : quelqu’un qui, dans sa jeunesse, n’aurait vu, n’aurait admiré que l’auteur de Cinna, ne serait-il pas excusable d’avoir pensé que personne n’égalerait ce poëte ? Les réputations en imposent. D’ailleurs l’enthousiasme de Madame de Sévigné pour Corneille ne lui fit point illusion, etc.

TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)


ALBRET, (voyez Jeanne d’) 
 5
 5
B
BALETTI, voyez RICCOBONI. 
 1
BEAUFORT, voyez HAUTPOULT. 
 29

… …


M
S

  1. Horace, Épître à Lollius.
  2. Il avança que l’abbé Pellegrin avait fait les tragédies de Cornélie, d’Arrie et de Pœtus.