Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Saducéens


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SADUCÉENS[* 1], secte qui se forma parmi les juifs, deux cents ans ou environ avant la naissance du Messie (A). On croit que Sadoc, disciple d’Antigonus Sochæus, en a été le fondateur. Lui et Baithus, qui était aussi disciple de ce même Antigonus, prirent mal le sens d’une doctrine que leur maître leur inculquait : ils conclurent qu’il n’y avait ni paradis ni enfer, de ce qu’il les exhortait à honorer Dieu, non comme des mercenaires qui n’agissent que par l’espérance du gain, mais comme ces domestiques généreux qui s’acquittent ponctuellement de leurs fonctions envers leurs maîtres sans aucun motif de récompense. Une maxime si belle, n’ayant pas été bien interprétée par ces deux disciples d’Antigonus, les rendit chefs de parti[a]. Ils fondèrent deux sectes pernicieuses (B), qui renversaient de fond en comble la religion ; et comme ils prévirent qu’on les tuerait s’ils se hasardaient à déclarer publiquement toute la suite de leurs principes, ils n’osèrent point rejeter l’autorité de l’Écriture ; ils se contentèrent de rejeter les traditions. Ceux qui embrassèrent la secte de Sadoc furent appelés Saducéens[b]. Ils faisaient déjà beaucoup de figure au temps de Jonathas, frère de Juda Machabée, c’est-à-dire environ l’an 600 de Rome ; car Josèphe nous apprend qu’il y avait alors trois sectes parmi les Juifs, celle des pharisiens, celle des saducéens et celle des esséniens[c]. Il ajoute[d] que les saducéens rejetaient le dogme de la prédestination, et qu’ils enseignaient que l’homme est la seule cause de sa prospérité, ou de son adversité, selon qu’il use bien ou mal de son libre arbitre. Il dit ailleurs[e] que la secte des pharisiens et celle des saducéens s’entre-querellèrent beaucoup, et que les gens riches favorisèrent les saducéens, mais que les pharisiens eurent pour eux le menu peuple. Ceux-ci prescrivaient beaucoup d’observances comme venues de leurs ancêtres, et conservées de main en main, encore qu’elles n’eussent pas été couchées par écrit dans la loi de Moïse : les saducéens au contraire décréditaient tous les dogmes et tous les usages qui n’étaient point contenus dans l’Écriture. Nous apprenons, dans le même endroit de Josèphe, que le grand sacrificateur Hyrcan[f], qui avait été disciple des pharisiens, les abandonna et les maltraita, s’étant déclaré pour la secte des saducéens à l’instigation de son favori Jonathas, qui en faisait profession. On voit ailleurs, dans le même historien[g], que cette secte ne croyait pas que l’âme fût immortelle[h], ni que Dieu se mêlât du mal, soit pour le faire, soit pour y prendre garde (C). Il observe[i] que le nombre des saducéens n’était point grand, mais qu’ils possédaient pour l’ordinaire !es plus hautes dignités, ce qui n’empêchait pas que leur crédit ne fût médiocre : presque rien ne se faisait selon leur avis ; il fallait que ceux d’entr’eux qui exerçaient les magistratures se conformassent, malgré qu’ils en eussent, aux décisions des pharisiens, car sans cela ils n’eussent pas été tolérés par la populace. On peut, ce me semble, donner un grand jour à ceci par les deux observations qu’il a faites, l’une que les pharisiens n’usaient point de sévérité quand il s’agissait de punition[j], l’autre, que les saducéens étaient fort sévères dans les fonctions de judicature[k]. Enfin il dit[l] que la concorde ne régnait point parmi eux, qu’ils vivaient comme des bêtes farouches, et que les amis ne trouvaient pas moins de rudesse à leur conversation que s’ils avaient été étrangers. On a de la peine à voir quelque liaison entre cela et ce qu’il observe en un autre endroit, que cette secte n’était point favorisée du menu peuple, mais des gens riches ; car ces gens-là s’accommodent peu des humeurs sauvages et misanthropes, et ils introduisent les incommodités et les douceurs de la vie partout où leur commerce se peut étendre. Il faudrait peut-être s’imaginer que ce qu’il dit touchant la discorde des saducéens, et touchant le caractère rustique de leurs conversations, ne signifie autre chose sinon qu’ils regardaient comme une vertu la liberté de disputer contre leurs maîtres[m]. C’était une suite presque inévitable de leurs principes, puisqu’ils rejetaient fièrement l’autorité des traditions, et qu’ils ne se mettaient point en peine si les anciens avaient ainsi expliqué ou non les textes de l’Écriture. Dès lors le droit du disciple pour contrecarrer son maître était aussi grand que l’avait été celui du maître pour contredire son prédécesseur, et ainsi des autres en remontant jusques au point du partage, ou en descendant à l’infini. La Sainte Écriture fait souvent mention des saducéens ; mais encore qu’elle nous apprenne[n] qu’ils niaient la résurrection des morts, et l’existence des anges et des esprits, et que les pharisiens croyaient l’une et l’autre, elle ne laisse pas de représenter les pharisiens comme de plus malhonnêtes gens que ne l’étaient les saducéens. Nous examinerons ce que l’on a dit des mauvaises mœurs de ceux-ci (D), et nous montrerons qu’on en a parlé sans de bonnes preuves. Il serait moins étrange qu’ils eussent été d’honnêtes gens, qu’il ne l’est qu’un sectateur d’Épicure ait été sage et vertueux ; car la partie qu’ils retenaient de la religion pouvait influer sur leur conduite par les motifs de la crainte et de l’espérance (E). C’est néanmoins un juste sujet d’étonnement qu’ils n’aient pas été excommuniés (F), et qu’ils aient fait un même corps de religion avec le reste des Juifs, comme le font aujourd’hui les jansénistes et les molinistes avec les autres chrétiens de la communion de Rome. Les saducéens ne paraissent point sous ce nom-là dans le Talmud ; on ne les y trouve que sous la notion d’hérétiques et d’épicuriens[o]. C’est sans beaucoup de raison que l’on prétend qu’ils n’admettaient que les cinq livres de Moïse (G), et que de là vint que Jésus-Christ, dans sa dispute avec eux, ne leur cita que le Pentateuque[p]. Arnobe est le seul auteur qui nous ait appris qu’on leur ait attribué de donner à Dieu un corps organique. Il rapporte cela d’une manière qui est un peu censurable {(H)

  1. * Joly ne fait aucune remarque sur cet article. Leclerc se contente de dire : « Bayle y suppose plusieurs fois que la religion influe beaucoup sur les mœurs ; il a raison. Mais il a eu tort de soutenir aussi souvent le contraire. »
  1. Pirke Avoth, cap. I, num. 3, et Maimonides, Commentar. in Pirke Avoth, folio 25, cap. I, apud Joh. Helvicum Wallemerum, in Dissertat. philologicâ de Sadducæis, pag. 20, 22.
  2. Maimon., ibid.
  3. Joseph. Antiquit. Judaïc. lib. XIII, cap. IX.
  4. Idem, ibid. et lib. II de Bello Judaïco, cap. XII (aliàs, cap. VII).
  5. Idem, Antiq. lib. XIII, cap. XVIII, sub fin.
  6. Il mourut vers l’an de Rome 649.
  7. Joseph. Antiq. lib. XVIII, cap. II.
  8. Idem, de Bello Judaïco, lib. II, cap. XII, (aliàs cap. VII).
  9. Idem, Antiq. lib. XVIII, cap. II.
  10. Idem, ibid. lib. XIII, cap. XVIII.
  11. Idem, ibid. lib. XX, cap. VII. Voyez la remarque (D).
  12. Joseph. de Bello Jud. lib. II, cap. XII (aliàs VII).
  13. Joseph., Antiq. lib. XVIII, cap. II.
  14. Évangile de saint Matthieu, chap. XXII, vers. 23 ; de saint Marc, chap. XII, vers. 16 ; et de saint Luc, chap. XX, vers. 27, Act. des Apôtres, chap. XXIII, vers. 8.
  15. Marsham, Chron. Can. Ægyp., sæc. IX, pag. m. 159.
  16. Évang. de saint Matthieu, de saint Marc, et de saint Luc, ubi suprà, citation (o).

(A) Secte qui se forma deux cents ans ou environ avant la naissance du Messie. ] L’opinion la plus probable est que Sadoc, disciple d’Antigonus Sochæus, fut le fondateur de la secte saducéenne. Or cet Antigonus succéda à Simon-le-Juste, dans la chaire du sanhédrin[1]. Ce Simon mourut l’an du monde 3662, ou selon d’autres 3690. On peut donc croire que l’innovation de Sadoc commença à se montrer l’an du monde 3700, c’est-à-dire 248 années avant Jésus-Christ. C’est ainsi que raisonne M. Willemer dans une thèse qu’il fit soutenir à Wittemberg, le 28 de septembre 1680. Quelques savans s’imaginent que l’hérésie des saducéens est plus ancienne, et qu’elle naquit du mauvais sens qu’on donna au chapitre XXXVII d’Ézéchiel, pendant que les prophètes Zacharie et Malachie vivaient encore. Lightfoot, qui avait suivi cette opinion dans son commentaire sur saint Matthieu[2], la quitta dans son commentaire sur les Actes des apôtres, et suivit un sentiment fort opposé ; car il soutint que l’hérésie saducéenne ne s’éleva que long-temps après que Sadoc fut mort[3]. Notez que Josèphe, la première fois qu’il parle de cette secte, ne la représente point comme un parti pleinement formé[4]. Le temps auquel se rapporte son discours est celui de Jonathas, frère de Juda Machabée : mettons donc cela cent cinquante-trois années avant Jésus-Christ. Il parla encore de cette secte environ cent ans après, et la représente très-ancienne[5]. Les Juifs, dit-il[6], avoient desja des long tems auparavant divisé leur sapience ou philosophie en trois sectes et bandes, assavoir, esseneens, saduceens, et pharisiens. Luc de Bruges a débité un sentiment bien hardi. Il croit que le collége des scribes, fondé par Esdras, devint florissant sous les Machabées, et qu’alors ces scribes commencèrent à examiner les questions du paradis et de l’enfer, parce qu’ils apprirent ce que les Grecs disaient là-dessus. Cet examen fit naître deux sectes, celle des saducéens, et celle des pharisiens ; ceux-ci prirent l’affirmative, et les autres la négative. Il prétend que le peuple juif se bornait aux récompenses et aux peines de cette vie, les seules que leur législateur eût proposées ; et que si les patriarches et les prophètes avaient été plus éclairés, ils n’avaient pas pourtant étalé le dogme d’une vie à venir comme un article de foi. Selon cette hypothèse, ce seraient les Grecs qui auraient appris aux Juifs l’immortalité de l’âme, les peines et les récompenses de l’autre monde, au lieu qu’on croit ordinairement que les païens ont tiré de l’Écriture ce beau système. Voici les paroles de ce docteur : Quùm tempore Macchabæorum plures florerent scribæ quorum collegium ab Esdrâ exordium sumserat, qui sapientiæ studerent, et ut jugo Græcorum subjacebant, nonnunquàm audirent Græcorum de his rebus (animæ humanæ immortalitate, corporis resurrectione æternis bonorum præmiis, et malorum suppliciis) fabulas, factum est ut cœperint quæstiones de his rebus in medium afferre, et inter se ventilare, atque à se mutuò dissidere, aliis ista adstruentibus, qui vocati fuêre pharisæi, aliis negantibus, qui saducæi. Ante hæc tempora non videtur popalus Israël quidquam de his rebus doctus fuisse, aut quidquam de istis publicè prædicatum, eò quòd lex harum rerum disertam mentionem non faceret, terrenas duntaxat spes minasque bonis malisque ob oculos ponens. Fuit quidem patriarcharum et prophetarum non dubia hic fides, quod vel undecimum caput epistolæ ad Hebræos testatum facit : sed multa à patriarchis et prophetis credita prædictaque fuêre quæ ut non proposita atque enarrata, ita ne credenda necessariò populo fuére, ut virginitas matris Messiæ, paupertas, passio, mors, resurrectio Messiæ. Videtur clara publicaque hujusmodi rerum æternarum doctrina Messiæ reservata fuisse : interim dum Messias expectaretur, quò paratiores forent animi ad excipiendam fidem de rebus hujusmodi invisibilibus, futuris et æternis, permiserat Deus varias de his opiniones oriri et sapientum synagogas inter se altercationibus discuti.[7] Le sieur Willemer trouve fort mauvaise cette pensée[8], et veut qu’on recoure aux théologiens orthodoxes, qui ont réfuté les sociniens, etc., touchant la foi du peuple juif

(B) Ils fondèrent deux sectes pernicieuses. ] Tout le monde n’avoue pas que chacun de ces deux disciples d’Antigonus ait fondé une faction ; il y a de forts savans hommes qui prétendent que la secte des saducéens et celle des baithuséens n’était qu’une seule secte, que l’on désignait indifféremment tantôt sous le nom de Sadoc, l’un de ses deux fondateurs, tantôt sous le nom de Baithus, l’autre fondateur ; mais comme Sadoc fut plus ardent que son collègue à soutenir le parti qu’ils avaient formé, son nom servit plus souvent que celui de Baithus à désigner leurs sectateurs. Ceux-ci même aimèrent mieux être saducéens que baithuséens, parce qu’ils craignirent que comme Baithus était un bâtard, cela n’attirât sur eux quelque tache et quelque reproche désagréable. Vous trouverez plus au long cette opinion dans un ouvrage de M. Carpzovius[9]. Elle est d’autant plus vraisemblable, qu’il y a de fort habiles docteurs qui avouent qu’ils n’ont jamais pu découvrir en quoi les saducéens différaient des baithuséens. Ignosce ignorantiæ nostræ, ce sont les paroles de Lightfoot[10], si fateamur nescire nos penitùs quid intererat inter sadducæum et baithusæum, an convenirent in eodem, an dissentirent in aliquibus : de baithusæum apud sacras paginas altum silentium, apud judaïcas mentio frequentissima, et videntur in quibusdam distingui à sadducæis, ast in quibus obscuriùs. Le docte Maimonides insinue clairement que ce n’étaient que deux noms d’une seule chose[11]. Il y a eu néanmoins quelques rabbins qui ont trouvé là une différence notable ; car ils ont dit que le dogme de la résurrection n’a jamais été nié dans la secte des baithuséens[12], et que les saducéens étaient beaucoup plus méchans, et tout-à-fait infidèles[13]. Quelques-uns même prétendent que les baithuséens étaient une branche des esséniens[14] ; mais on réfute invinciblement cette hypothèse[15].

(C) Cette secte ne croyait pas… que Dieu se mêlât du mal, soit pour le faire, soit pour y prendre garde. ] Josèphe leur attribue cette impiété. Rapportons ses paroles : Σαδδουκαῖοι… τὴν μὲν εἱμαρμένην παντάπασιν ἀναιροῦσι, καὶ τὸν Θεὸν ἐξω τοῦ δρᾷν τι κακὸν ἢ ἐϕορᾷν τίθονσαι : Sadducæi… fatum omninò negant, et Deum extra omnem mali patrationem inspectionemque constituunt[16]. Il n’y a point d’apparence que Josèphe ait bien compris ni bien rapporté leur sentiment ; car nous verrons ci-dessous[17] qu’ils enseignaient que Dieu récompense les gens de bien dans ce monde, et qu’il y punit les méchans. Ils allèrent, aussi bien que les pharisiens, trouver saint Jean pour se faire baptiser, lorsqu’ils apprirent qu’il prêchait la repentance dans les déserts de Judée[18]. L’Écriture leur rend ce témoignage, qu’ils voulaient se garantir des maux dont ils se croyaient menacés[19]. Peut-on donc nier qu’ils ne crussent que le baptême de repentance, administré par saint Jean, était propre à apaiser Dieu, ou à leur procurer quelque avantage ? Ils ne croyaient donc pas, comme veut Josèphe, que Dieu ne se mêlât point de la punition du mal. M. Saldénus a tort de trouver mauvais que Vossius les justifie sur ce point-là. Ex philosophis gentium hanc saducœorum opinionem (animam non esse immortalem) amplexi sunt epicurei ; imò longè deteriorem. Nam saducœi agnoscebant Deum curare res humanas, quippè eum cum bonis benè facere in hâc vitâ. Epicurei autem in totum tollebant providentiam divinam[20]. J’ignore, dit M. Saldénus[21], ce qui a pu rendre digne d’un tel honneur, auprès du grand Vossius, une secte aussi infâme ; car ayant consulté plusieurs auteurs qui ont fait des livres touchant les sectes des Hébreux, j’ai vu partout que l’on attribue nettement aux saducéens la rejection de la providence divine. Je me contenterai de choisir, entre plusieurs témoignages, celui de Josèphe. Ayant parlé de la sorte, il allègue ce qui se trouve dans le chapitre IX du XIIIe. livre des Antiquités judaïques, touchant l’opinion des saducéens à l’égard de la prédestination et du franc arbitre. Il aurait mieux fait de choisir ce que j’ai cité au commencement de cette remarque ; car de ce qu’un homme rejette la fatalité de la prédestination, et qu’il donne à la liberté de l’homme une pleine indifférence au bien ou au mal, il ne s’ensuit point du tout qu’il nie la providence divine. Les pélagiens, les sociniens, ceux en un mot qui ont le plus combattu la nécessité des actions humaines, ont soutenu en même temps que Dieu gouvernait le monde, et qu’il punissait le mal et récompensait le bien. Notez que Grotius a prétendu que le texte grec de Josèphe que j’ai allégué n’est point correct.

(D) Nous examinerons ce que l’on a dit des mauvaises mœurs des saducéens. ] M. Willemer les accuse de cruauté[22], et pour soutenir cette accusation il dit qu’ils poussèrent le roi Jean Hyrcan[23] à persécuter fort violemment les pharisiens. Il nous renvoie au chapitre XVII du XIIIe. livre des Antiquités judaïques. J’ai consulté cet endroit-là, et n’y ai trouvé que ceci : Hyrcan, disciple des pharisiens, et fort aimé d’eux, perdit tout à-fait leur amitié. Ils conçurent pour lui une grande haine ; et comme ils lui donnèrent dans une certaine rencontre un grand sujet de se fâcher, il abandonna leur secte, et embrassa celle des saducéens, à l’instigation de Jonathas son favori. Il abolit les ordonnances des pharisiens, et il en punit sévèrement les observateurs. Enfin il apaisa la sédition que ces deux sectes avaient allumée et passa le reste de ses jours en paix et félicité. M. Willemer ajoute qu’Alexandre Jannée, applaudi et incité par la secte des saducéens, fut plus cruel qu’Hyrcan son père ; et qu’étant venu à bout de mille embarras à quoi les Juifs l’avaient exposé, il fit crucifier 800 des principaux pharisiens, et qu’avant qu’ils expirassent, il fit égorger à leur vue leurs femmes et leurs enfans. Il donnait, pendant ces exécutions, un grand repas à ses concubines et aux principaux des saducéens. Cet auteur nous renvoie au chapitre XXII du XIIIe. livre des Antiquités judaïques. Je l’ai consulté sans y trouver aucune mention petite ni grande des saducéens. Quant à l’auteur de la Cabale historique qu’il a citée, je n’ai pu le consulter ; mais qu’il dise tant qu’il voudra ce que M. Willemer rapporte, le faudra-t-il croire ? Un homme aussi éloigné que lui de ces temps-là est-il un témoin valable quand on lui peut opposer le silence de Josèphe ? L’écrivain allemand continue de cette façon. La reine Alexandra réprimant enfin par la voie des châtimens, selon le conseil de son mari, et avec le secours des pharisiens, l’esprit turbulent du saducéisme, ne fut pas pourtant capable de le mettre à la raison, ni d’empêcher les nouvelles brouilleries qu’il excitait dans l’état entre Hyrcan et Aristobule ; et après qu’Hérode se fut défait des ces deux princes, les saducéens abusèrent de sa faveur pour commettre toutes sortes d’attentats[24]. Josèphe, au chapitre XVII du XVIe livre des Antiquités judaïques, croit qu’Hérode fut poussé par les conseils des saducéens et par leur doctrine impie sur la nécessité fatale de toutes choses, à exercer la barbarie qu’il commit lorsqu’il fit étrangler ses fils, et lapider trois cents capitaines. Voilà ce que M. Willemer débite, et il conclut qu’on a donc dit que les mœurs des saducéens étaient très-mauvaises ; que c’étaient des pourceaux d’Épicure, et des hérétiques entièrement pernicieux. Ex vero igitur dictum est, sadducæos fuisse moribus pessimis, et Epicuri de grege porcos : ita quâ doctrinam perniciosos omninò hæreticos[25]. Mais il est certain qu’il tire mal cette conséquence ; car, en premier lieu, les faits qui lui servent de principe ne se trouvent point en Josèphe, qu’il nous donne pour témoin ; et en second lieu, quand ces faits-là seraient véritables, ils ne prouveraient point que cette secte se vautrât dans les plaisirs sensuels, comme le font ceux qu’on nomme Epicuri de grege porcos. Cela prouverait tout au plus qu’elle abusait de son crédit auprès des puissances pour opprimer la faction des pharisiens, dont elle avait tout à craindre, puisqu’elle la voyait animée d’un zèle superstitieux, et appuyée de la faveur de la populace. J’avoue que cette conduite est injuste ; mais on la trouve dans tous les partis, ou dans toutes les factions d’état et de religion. Celles qui enseignent le dogme du paradis et de l’enfer n’ont pas été moins actives à se servir des conjonctures favorables pour accabler leurs rivales. Les conseils de rigueur et de cruauté leur sont familiers : ainsi l’on ne verrait rien d’exquis, ni nul caractère de distinction dans les procédures du saducéisme, quand même les faits que l’écrivain allemand rapporte seraient véritables. Que sera-ce donc si l’on lui montre qu’ils sont faux ou incertains ? La chose ne sera pas malaisée.

Il est sûr que l’historien des Juifs ne parle pas plus des saducéens que du grand Mogol, dans le chapitre où il narre comment Hérode fit mourir ses fils et les trois cents capitaines. Il se serait rendu le plus ridicule de tous les hommes, s’il avait dit que la doctrine de ces gens-là touchant la fatalité des événemens poussa Hérode à ces cruautés[26] ; car il était notoire qu’ils rejetaient pleinement le dogme de la prédestination, et il n’a jamais parlé d’eux sans observer qu’ils faisaient dépendre de notre franc arbitre notre destinée. Je ne nie point que Josippe ne raconte que les saducéens furent cause du soulèvement du peuple juif contre Alexandre Jannée, et de la cruauté de ce prince envers ce peuple, parce qu’ils lui conseillèrent de persécuter les pharisiens et les fauteurs des pharisiens[27] : mais le témoignage d’un tel auteur[28] est bien peu chose, et surtout quand nous le pouvons combattre par le silence d’un historien tel que Josèphe, qui ne s’est jamais montré tant soit peu partial en faveur des saducéens. Le rabbin Abraham de Salamanque est trop moderne pour donner du poids à des faits d’ailleurs incertains ; ainsi l’on n’est point obligé de croire sur sa parole ce qu’il affirme touchant les mauvaises mœurs de ces hérétiques[29]. Encore un coup, si leurs débauches et leurs mauvaises actions les eussent mis dans le décri, il ne paraît pas possible que Josèphe, qui a tant de fois parlé d’eux, eût supprimé constamment tout cet article, et que la seule chose qu’il a touchée de leurs mœurs fût si capable de persuader qu’ils ne vivaient pas sensuellement. Il les représente comme des personnes dont la conversation était rustique et sauvage, et qui ne s’humanisaient pas plus envers leurs amis qu’à l’égard des étrangers. - Σαδδουκαίων δὲ καὶ πρὸς ἀλλήλους τὸ ἦθος ἀγριώτερον αἵτε ἐπιμιξίαι πρὸς τοὺς ὁμοίους ἀπηνεῖς ὡς πρὸς ἀλλοτρίους. Sadducæi verò et inter se feris moribus discrepantes, et conversatio eorum circa exteros inhumana[30]. Ce n’est point le propre des voluptueux ; car au contraire ils ont une grande complaisance les uns pour les autres, ils ne travaillent qu’à multiplier les douceurs de leur commerce, ils en bannissent tout ce qui en peut diminuer les agrémens. M. Willemer[31] se fonde beaucoup sur ce que saint Jean-Baptiste donna l’épithète d’engeance de vipères aux saducéens[32]. Il remonte jusques au premier serpent qui séduisit Ève. Qu’il dise ce qu’il voudra, il me suffit de lui répondre que cette épithète fut également donnée aux pharisiens ; c’est pourquoi tout ce que l’on en voudrait conclure touchant les mauvaises mœurs de ceux qui niaient l’immortalité de l’âme, enfermerait également les mauvaises mœurs de ceux qui croyaient un paradis et un enfer. Faites la même remarque sur le levain dont Notre-Seigneur voulut que l’on se gardât[33]. Cela concerne autant les pharisiens que les saducéens.

Notez qu’une infinité d’auteurs prétendent que les saducéens prirent ce nom à cause qu’il dérivait d’un mot qui signifie Justice. Ἐπονομάζουσι δὲ οὗτοι ἑαυτοὺς Σαδδουκαίους, δῆθεν ἀπὸ δικαιοσύνης τῆς ἐπικλήσεως ὁρμωμένης. Σεδὲκ γὰρ ἑρμηνεύεται δικαιοσύνη. Sadducæos se à justitiâ nominant ; Sedec enim justitiam significat[34]. Ceux qui admettent cette étymologie observent que ces hérétiques furent appelés saducéens à cause qu’ils ambitionnaient l’éloge des justes, et que les autres le leur donnaient[35]. M. Willemer cite[36] pour ce sentiment Isidore, Béatus Rhénanus, Bernard de Breitenbach, et Richard de Montaigu. Il dit qu’on dispute de quelle espèce était la justice qui donnait le nom à ces sectaires. C’était, selon saint Jérôme, la justice inhérente ; car ils se glorifiaient de l’avoir acquise parfaitement par l’observation de la loi. Plusieurs approuvent cette pensée de saint Jérôme. D. Hieronymus in Matthæum XXII, tom. VI Oper. allegat propriam inhærentem justitiam, de cujus perfectione, ex lege à se observatâ fuerint gloriati. Sequuntur eum multi patrum, plurimique scholasticorum, ut et Matthias Flaccius, part. I, Clav. Script., pag. 1064. Georgius Fabricius, Histor. sacr., lib. X, num. 432, pag. 584 ; atque Gregor., Lex S., pag. 236[37]. D’autres recourent à la justice distributive, et se partagent encore ; car les uns prennent celle qui consiste à récompenser, et les autres celle qui consiste à punir. Ceux-là prétendent que selon les saducéens toute la justice s’accomplissait en ce monde ; les bons y étaient récompensés, les méchans y étaient punis. Il ne restait rien à faire après cette vie. Ceux-ci disent que ces hérétiques étaient fort sévères dans les tribunaux, et qu’à cause de cela ils furent nommés saducéens. Nonnemo… ob remunerativam justitiam eos justos appellatos statuit, quòd existimârint in hâc vitâ omnem compleri justitiam, h. e. justis benè fieri, malis evenire mala, mortuo autem homine nullum super esse judicium justitiæ. Punitivam verò justitiam eligit Nicolaüs de Lyra Comment. in act. V. ita inquiens : Dicuntur sadducæi à Sadec, quod est justitia in hebræo : nam sadducæi inter alios judæos erant in judiciis et punitionibus acerrimi, ut dicitur in scholasticâ historiâ[38], proptereà sibi nomen justitiæ usurpabant[39]. Si les faits sur quoi l’on fonde cette étymologie sont véritables, il n’y a plus lieu de douter que la secte saducéenne ne se piquât de tout l’extérieur des bonnes mœurs, et qu’ainsi elle ne s’éloignât soigneusement de la manière de vivre des gens débauchés. En tout cas, nous avons ici bien des auteurs qui sont obligés de croire qu’elle se tenait dans la régularité. Voilà donc, au pis aller, des témoins contre des témoins, et après ce que j’ai dit ci-dessus il ne sera pas difficile de juger quels sont les meilleurs. Notez qu’on peut se persuader sans peine que ces gens-là étaient de grands justiciers ; car comme ils ne croyaient pas qu’un malfaiteur fût puni après cette vie, il était naturel qu’ils estimassent, qu’il le fallait condamner à des peines très-sévères dans ce monde.

Disons quelque chose contre M. Lloyd. Je pense qu’il s’est abusé quand il a dit, 1o. que la description que Josèphe nous a laissée de l’austérité de leur humeur se doit rapporter aux arrêts sévères qu’ils prononçaient en rendant justice ; 2o. que, selon le même Josèphe, la nation les haïssaït à cause de cette rigueur de leurs tribunaux, et avait plus d’inclination pour les pharisiens, naturellement modérés quand il s’agissait de punir. Erant enim in maleficos acerbiores ; in judiciis, et pœnarum mulctis exactores rigidi, quemadmodùm ex hist. scholasticâ citat Barradius, non dissentiente Josepho. Hùc enim referimus illius illud elogium, quo morosos, difficiles, omninò intractabiles pronunciat : adeò ut ab illorum moribus durioribus abhorreret populus, et ad pharisæos potiùs propenderent, qui ϕύσει, quod ille dixit, ἐπιεικεῖς πρὸς τὰς κολάσεις essent.[40]. Je remarque, sur la première ces deux choses, qu’on a recouru mal à propos à la description des manières rudes des saducéens. Josèphe en cet endroit-là ne les considère point comme des juges. Il aurait fallu citer ce qu’il observe dans le VIIIe. chapitre du XXe. livre des Antiquités[41]. C’est là que Barradius, Nicolas de Lyra et plusieurs autres devaient puiser, et non dans l’histoire scolastique. Je dis, quant à la seconde, que si M. Lloyd avait parlé de son chef, on ne pourrait pas le critiquer ; mais il impute à l’auteur juif une liaison des matières, un raisonnement, ou une proposition causale, qu’on ne trouve point dans ses livres. Une telle proposition est quelquefois fausse, encore que ses parties considérées séparément soient vraies, car cela ne suffit pas ; il faut que la particule qui leur sert de lien n’amène pas une fausseté[42]. M. Lloyd n’a point pris garde à cela : une infinité d’auteurs ont la même négligence.

(E) La partie qu’il retenaient de la religion pouvait influer sur leur conduite par les motifs de la crainte et de l’espérance. ] Tout bien compté, je ne vois point que je doive rétracter ce que j’ai dit dans un autre livre[43] : « Il y a eu parmi les Juifs une secte qui niait tout ouvertement l’immortalité de l’âme, c’étaient les saducéens. Je ne vois pas qu’avec une opinion si détestable ils aient mené une vie plus corrompue que les autres Juifs, et il est au contraire fort vraisemblable qu’ils étaient plus honnêtes gens que les pharisiens, qui se piquaient tant de l’observation de la loi de Dieu. » Je dois seulement ajouter à ce passage une petite observation ; c’est que la bonne vie des saducéens aurait pu couler de la doctrine de la Providence ; car on prétend qu’ils croyaient que Dieu punit en ce monde les mauvaises actions, et qu’il récompense les bonnes. Voyez ci-dessous la remarque [[#ancrage Saducéens-(G)|(G)]][44]. Cette opinion paraît très-capable de servir de frein et d’éperon ; elle peut pousser au bien par l’espérance un bonheur terrestre, et réprimer par la peur des châtimens temporels le penchant au mal. Il semble même qu’elle puisse être plus efficace que l’autre doctrine ; car les biens et les maux présens ou prochains font beaucoup plus d’impression, quoiqu’ils soient petits, que de grands biens ou de grands maux que l’on n’envisage que d’une distance fort éloignée. Voilà ce que peuvent dire ceux qui examinent ceci superficiellement ; mais ceux qui approfondissent la chose en jugent d’une autre façon. Ils croient que, généralement parlant, la véritable et la principale force de la religion, par rapport à la vertu, consiste à être persuadé de l’éternité des peines et des récompenses, et qu’ainsi en ruinant le dogme de l’immortalité de l’âme, on casse les meilleurs ressorts de la religion. On peut fortifier cette pensée par deux remarques ; l’une, qu’il n’est presque pas possible de persuader aux gens qu’ils prospèreront sur la terre en vivant bien, et qu’ils seront accablés de la mauvaise fortune en vivant mal. Chacun croit voir tous les jours mille et mille exemples du contraire ; et où sont les docteurs assez éloquens pour persuader ce qu’on s’imagine être démenti par une suite continuelle d’expériences ? Ils pourront bien éluder nos objections en nous assurant que nous ne connaissons guère en quoi consiste la vraie prospérité et la vraie adversité[45], et que les méchans sont assez punis par les remords de leur conscience au milieu de leurs richesses et de leurs pompes[46], pendant qu’un honnête homme est dignement récompensé par la seule possession de la vertu, et par le bon témoignage qu’il se peut rendre à soi-même[47]. Ils nous diront là-dessus cent belles choses ; ils nous étourdiront, et ils formeront en nous une espèce de persuasion ; mais ils ne bâtiront pas à demeure ; ce ne sera qu’une foi intermittente : ils auront à craindre que dans les mauvais intervalles nous ne les nommions de faux docteurs, et ne leur fassions les mêmes reproches que Brutus fit à la vertu[48]. Si vous m’objectez qu’il y a dans le cœur des hommes une certaine impression qui se réveille souvent, et qui est assez active ; elle fait croire, en dépit des expériences, que la piété jouira du temporel, et que l’inobservation de la loi de Dieu sera punie dans ce monde ; si vous me faites, dis-je, cette objection, je vous répondrai que les orthodoxes se feront cette ressource tout comme les saducéens, et qu’ayant, de plus la ressource de l’éternité, ils seront plus en état de faire influer la religion sur leur morale pratique. C’est ma seconde remarque.

Pour finir, je dis qu’on ne peut nier qu’en cas qu’un homme soit fortement persuadé que la justice divine distribue les peines et les récompenses seulement dans cette vie, et que toute notre destinée se termine là, il ne puisse s’abstenir du mal, et se tourner vers le bien par un motif de religion ; mais en même temps il faut dire qu’il y a si peu d’apparence qu’un tel sentiment ait quelque force contre la dépravation de notre nature, que l’on est fondé à soutenir que la secte saducéenne détruisait les vrais appuis de la religion, et que la bonne vie d’un saducéen peut passer pour une espèce d’exemple de la combinaison de l’honnêteté morale et de l’impiété. M. Willemer l’avouera, puisqu’il dit qu’un saducéen, ne croyant point l’immortalité de l’âme, ne pouvait pas s’abstenir du crime. Qui verò à turpissimis quibusque vitiis gravissimisque sceleribus temperarent sibi qui per negatam animæ immortalitatem arctissimè conjuncta huic dogmata corporum resurrectionem, omnium dijudicationem, sempiternam bonorum glorificationem, ac improborum condemnationem affirmare non poterant, sed perinaciter inficiabantur[49]. On donne dans ce latin la preuve d’un fait par une raison de droit. Cela est quelquefois illusoire, vu que les hommes ne sont pas accoutumés à vivre selon leurs principes. En général l’ordre veut que dans les questions de fait on consulte l’expérience beaucoup plutôt qu’un raisonnement spéculatif. Prenez bien garde à ces paroles de Moréri, empruntées de M. Godeau[50] : Il est vrai que si en leurs dogmes les saducéens étaient plus impies que les pharisiens, au moins il n’y avait ni tant de vanité, ni tant d’hypocrisie en leurs mœurs ; et ils ne se montraient pas si cruels ennemis de Jésus-Christ. Vous trouverez la même remarque dans le Dictionnaire de M. Hofman.

(F) C’est un juste sujet d’étonnement qu’ils n’aient pas été excommuniés. ] Commentons cela par un passage qui contient une observation de Luc de Bruges. Mirum igitur videri queat qui, ubi scribit Lucas Brugensis anaotation. in Matth. III, vers. 7, quanquam errarent sadducæi, et quidem graviter, nunquàm tamen à veteri synagogâ declarati sint hæretici, h. e. desertores fidei, aut legis à Deo traditæ, vel ut populi seductores, synagogæ communione ejecti quemadmodùm samaritani Joh. 4, 9. Imò promiscui versabantur etiam ipsi pharisæi et sacerdotes cum sadducæis tam in sacris quàm prophanis locis Act. 4, 1, c. 23, 6, et communia non rarò inibant consilia adversùs Christum ejusque discipulos Matth. 16, vers. 1, Actor. 5, 1. Denique licebat cuivis, utri vellet parti adhærere. Verùm id tribuendum corruptissimis seculi illius moribus[51]. Il faut avouer qu’une telle tolérance était excessive ; car enfin les erreurs des saducéens ne regardaient pas des vérités indifférentes, mais les points les plus fondamentaux de la religion : des modernes qui écrivent pour la tolérance ne la demandent pas aussi étendue que l’était alors celle des Juifs ; ils ne demandent pas qu’elle soit ecclésiastique pour toutes sortes de sectes ; ils se contentent qu’elle soit civile ou politique. Vous avez vu que M. Willemer impute cette tolérance de la synagogue pour la secte saducéenne aux mœurs corrompues de ces siècles-là ; vous allez voir qu’il en donne d’autres raisons particulières, et nommément l’exactitude avec quoi ces hérétiques pratiquaient tous les actes extérieurs du culte public : Magnoperè impediebat ejectionem promeritum favor magnatum planè singularis erga sadducæos. Adjuvabat ingens sadducæorum, quæ invaluerat, potentia, ac ingeniosa quâ abominandam hæresim tegebant astutia : crebra item sacrificia, atque reliqua levitici cultûs onera, quæ pro salute populi se suscipere gloriabantur[52]. Il est certain que la plus énorme diversité de sentimens à l’égard des dogmes spéculatifs de la religion trouve plus de tolérance que la plus petite dispute à l’égard du culte. Faites quant à l’extérieur tout ce que la religion dominante prescrit, vous serez plus supporté dans vos hérésies capitales que si dans ces hérésies vous combattiez l’extérieur.

Notons qu’un théologien réformé, qui est devenu grand défenseur de l’intolérance[53], avait réfuté le dogme du supplice des hérétiques, entre autres raisons par la conduite de Jésus-Christ envers les saducéens. Il observa que Jésus-Christ agit avec eux avec beaucoup de clémence, et ne blâme point les magistrats qui les toléraient. Voyez les Pensées diverses sur les Comètes à l’article CLXXXV.

(G) C’est sans beaucoup de raison que l’on prétend qu’ils n’admettaient que les cinq livres de Moïse. ] Tertullien assure qu’ils adoptèrent l’hérésie de Dosithéus, qui avait rejeté les prophètes, et qu’ils y joignirent une autre impiété, ce fut de nier la résurrection : Taceo… Dositheum qui primus ausus est prophetas quasi non in Spiritu Sancto locutos repudiare. Taceo sadducæos qui ex hujus erroris radice surgentes, ausi sunt ad hanc hæresim etiam resurrectionem carnis negare[54]. Origène[55], saint Jérôme[56], et une infinité d’autres écrivains assurent le même fait ; je veux dire que cette secte n’avait retenu du canon de l’Écriture que le Pentateuque. Je l’ai débité aussi dans un autre ouvrage[57] ; mais j’avoue ici que ce sentiment ne me paraît pas bien fondé. Il est combattu par un argument négatif que je trouve tout-à-fait bon. L’Écriture Sainte ne dit jamais en parlant des saducéens et de leurs erreurs, qu’ils rejetassent les prophètes. Ce silence, je l’avoue, n’est pas une raison convaincante ; mais que dirons-nous de Josèphe, qui ne leur a point imputé cette rejection ? Il n’est pas possible de s’imaginer qu’il eût omis un tel article, si éclatant ; qu’il l’eût, dis-je, omis lors même qu’il a observé que cette secte rejetait les traditions. Voici quelque chose de plus fort : non-seulement il n’a point dit en cet endroit-là, où il n’y avait pas moyen de se taire, qu’il rejetassent une partie de l’Écriture ; il a même dit positivement que lorsqu’ils niaient l’autorité des traditions non écrites, ils en donnaient cette raison : Il faut seulement tenir pour légitime ce qui est écrit[58]. Un historien qui parlerait de la sorte touchant une secte qui rejetterait presque toute l’Écriture ne serait-il pas insensé ? Je sais bien qu’en chicanant on peut prétendre[59] que les paroles de Josèphe ne se rapportent qu’aux lois écrites, et par conséquent qu’au Pentateuque ; mais je sais aussi que c’était une occasion inévitable de faire mention du mépris que ces hérétiques auraient eu pour tout le reste du canon des Écritures. M. Simon s’est déclaré hautement contre le parti qui assure qu’ils n’admettaient que le Pentateuque, et il s’est servi du témoignage de l’historien des Juifs. Cette secte, dit-il[60], retint tout le corps de l’Écriture, selon le témoignage de Josèphe, qui assure que les saducéens recevaient πάντα τὰ γεγραμμένα[61] toute l’Écriture, et qu’ils rejetèrent seulement les traditions. Ceux-là donc se trompent qui croient que les saducéens ne conservèrent que les cinq livres de Moïse, à l’imitation des samaritains. On trouve dans le Talmud de Babylone, et dans les écrits des rabbins[62], plusieurs passages qui témoignent que les saducéens reconnaissaient pour divins les livres hagiographes et prophétiques de l’Écriture, et qu’ils se contentaient de mépriser les explications des docteurs. Il y a des gens qui croient qu’on a confondu les samaritains avec les saducéens, et que par-là l’on s’est figuré que ceux-ci, tout comme les autres, ne reconnaissaient que les livres de Moïse[63] ; mais il est certain qu’il faut distinguer ces deux sectes l’une de l’autre ; car les Juifs n’avaient aucune communication avec les samaritains, et ils ne rompirent pas la communion ecclésiastique avec les saducéens. Ils eurent même quelquefois un saducéen pour leur grand sacrificateur[64], et il y a quelque apparence que le grand sacrificateur Caïphe faisait profession de cette secte[65].

On raisonnerait contre l’ordre si l’on se servait de cet argument. Les saducéens choisirent dans l’Écriture les livres qui ne combattaient pas formellement leurs erreurs ; ils reconnurent ceux-là pour canoniques, et secouèrent le joug des autres parce qu’ils y trouvaient nettement l’immortalité de l’âme et le doctrine de la résurrection. Ce fut la voie abrégée de disputer que la paresse leur fit prendre. Sadducæi compendio studentes et otio, imò etiam ut effugerent plurimùm confutationes ; abjectis et abolitis omnibus prophetarum libris solos quinque Mosis receperunt[66]. Je dis que cette manière de preuves est illusoire : les matières de fait demandent des preuves de fait, et non pas des vraisemblances appuyées sur des raisons spéculatives. Outre que de semblables raisons ne nous manquent pas ; car l’esprit humain est si fertile en subterfuges, en gloses et en distinctions, qu’il ne lui est pas nécessaire de rejeter la divinité d’un livre pour se défaire des argumens que l’autre parti en emprunte. Les sociniens ne font-ils pas profession de reconnaître pour canonique tout le Nouveau Testament, et néanmoins on y trouve plus de passages contre leurs erreurs, que dans le Vieux Testament contre celles des saducéens ? Chose plus surprenante : beaucoup de chrétiens sans cesser reconnaître la divinité de l’Écriture se moquent de la magie, et soutiennent que les démons n’ont aucun pouvoir[67]. Notons qu’un rabbin moderne révoque en doute ce qui est dit dans l’Écriture, que les saducéens ne croyaient pas l’existence des esprits. Cela, dit-il, serait une preuve qu’ils rejetaient le Pentateuque, qui fait mention des anges en divers endroits. De eo quòd sadducæi dicantur (Act. 23, 8.) negâsse spiritus, non disputo. Sanè, ut multi putant, sic sequeretur eos negâsse legem mosaïcam quæ variis in locis angelorum mentionem facit[68]. Il raisonne mal. Ces gens-là recouraient à des distinctions afin d’éluder la force de ces passages. Voyez Willemer[69], et les écrivains qu’il cite, et nommément Grotius[70]. Consultez aussi Vossius[71] qu’il ne cite pas. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils pratiquaient les rites des Juifs, et qu’ils faisaient profession d’espérer par-là les faveurs que Dieu a promises à ceux qui observeront sa loi, et d’éviter les malédictions que les infracteurs avaient à craindre. Promissionibus legis inhiabant, eoque nomine Deum sibi sacrificiis, precibus, jejuniis, aliisque cultûs levitici ceremoniis placare conabantur, ne iratum numen promissiones amplissimas à populo tolleret[72]. L’auteur qui me fournit ce latin montre à Lightfoot, que le passage de Malachie[73] ne convient point à cette secte, vu qu’elle n’a jamais cru ni qu’il fallût mépriser la loi, ni que l’observation de la loi fût inutile. Nequè sadducæorum doctrinæ et moribus convenit locus Malach. III, v. 14 ; nunquàm enim professi sunt sadducæi, Dei non esse observandam, aut observantiam logis esse frustraneam. Contrarium docet ipse Lightfoot Hor. Hebr. in Act. apost. p. 122, quænam, inquiens, religio sadducæi ? Orat, jejunat, sacrificat, observat legem, et tamen non expectat resurrectionem aut vitam æternam. Quorsùm hæc religio ? Ut obtineat scilicet bona temporalia quorum solùm promissionem observat ille factam in lege, nihil rimans ultra litteram[74]. Notez que le passage de Malachie conviendrait admirablement à certains saducéens, qui prenant garde à l’expérience auraient reconnu la fausseté des maximes de leurs docteurs.

(H) On leur a attribué de donner à Dieu un corps organique. Arnobe rapporte cela d’une manière qui est un peu censurable. ] Pesez bien toutes ses paroles. Neque quisquam judaïcas in hoc loco nobis opponat et sadducæi generis fabulas, tanquam formas tribuant atque os Deo. Hoc enim putatur in eorum litteris dici, et ut vel re certâ, atque auctoritate firmari : quæ aut nihil ad nos attinent, nec ex aliquâ portione quicquam habent commune nobiscum : aut si sunt, ut creditur, sociæ, quærendi sunt vobis altioris intelligentiæ doctores, per quos possitis addiscere, quibus modis conveniat litterarum illarum nubes, atque involucra relaxare[75]. Voici comment l’un de ses commentateurs l’a censuré : Nimis confusè Arnobius, dit-il[76], atque etiam periculosè. Nam de libris Veteris Testamenti tantâ temeritate loqui impium planè et horrendum. Hoc igitur ait quia rabbinorum scripta infinitis fabulis jam scatebant.......... Summam imperitiam prodit loco Arnobius. Atqui meliùs Numenius pythagoreus qui libro de summo bono primo Judæos in iis nationibus numeravit quæ Deum incorporeum existimabant, citatis etiam prophetarum testimoniis atque troporum enodatione, si quando contraria sententia videbatur effici posse adhibita. Cette censure n’est pas tout-à-fait sans fondement, mais elle aurait dû être moins sévère ; car voici le sens d’Arnobe. Nous ne sommes pas responsables des rêveries des juifs ; mais dans les choses qui pourraient nous être communes avec eux, il n’y a rien de mauvais quand on a l’intelligence du sens mystique. Il ne pouvait pas nier que, selon le sens littéral de l’Écriture, Dieu n’ait des mains et des pieds, une bouche et des yeux. Il fallait donc qu’il avertît les païens que ces expressions sont une nue et une enveloppe qui cachent la vérité. Ce fut en lui une adresse d’habile rhétoricien de n’insister pas sur cette objection, et de se contenter de quatre ou cinq lignes pour déclarer aux adversaires que les chrétiens ne donnent à Dieu aucune figure ni aucune composition organique. S’il eût voulu discuter plus exactement cette matière, comme avait fait Numénius, il eût énervé son ouvrage ; car comme il faisait une invective contre les païens, il ne fallait pas qu’il perdît du temps à leur répondre. Il valait mieux qu’il fût toujours attaquant ; il faut être le moins qu’on peut sur la défensive dans cette sorte d’ouvrages. Au reste, nous savons par Origène ce que fit Numénius en faveur des juifs[77] ; et cela nous montre que les païens n’ont point négligé les prétendus avantages qu’ils espéraient tirer des endroits de l’Écriture qui semblent attribuer à Dieu quelque imperfection. Les chrétiens avaient recours au sens figuré, et opposaient à ces passages ceux qui traitaient nettement de la perfection de Dieu. Mais l’ouvrage d’Arnobe ne souffrait guère cette diversion ; elle fournissait un prétexte de répondre qu’il fallait aussi expliquer les uns par les autres les passages des poëtes, et donner un sens de figure à quelques-uns. Ce n’était point là le lieu de réveiller cette idée. Le commentateur qui censure Arnobe n’y a pas pris garde.

  1. Hujus Simeonis justi discipulus ac in cathedrâ synedrali successor fuit Antigonus Socharus, Johan. Helvicus Willemerus, in Dissert. philologicâ de Sadducæis, pag. 23, edit. Wittemb. 1680.
  2. Lightfoot, Hor. Hebraic., in Matth. III, 7, pag. 236, edit. Carp., apud Johan. Helvic. Willemer. ubi suprà, pag. 24.
  3. Idem, Hor. hebr. in Actus Apost., p. 123, apud sund., ibid., pag. 25.
  4. Joseph., Antiq., lib. XIII, cap. IX.
  5. Ἐκ τοῦ πάνυ ἀρχαίου τῶν πατρίων. Jam indè a multis retrò sæculis. Joseph., Antiquit., lib. XVIII, cap. II, pag. 617.
  6. Josèphe, traduit par Génebrard, t. XVIII, chap. II.
  7. Lucas Brugensis, Annotat. in Matth. III, 7, apud Willemerum, Dissert. de Sadducæis, pag. 28.
  8. Hactenùs Brugensis mirum in modum cumulans ϕορτικὰ ἀκούσματα homine theologo indigna contra fidem fidelium V. et N. Test. essentialiter eandem. Willemer., ibidem.
  9. Joh. Benedictus Carpzovius, Lipsiensis professor linguæ hebraïcæ, in Introduct. ad Raymundi Martini Pugionem Fidei, cap. III.
  10. Lightfoot, in Horis hebr. in Act. Apostol., pag. 128, apud Willemerum, ubi suprà, p. 8.
  11. Maimonides, Comment. in Pirke Avoth, cap. I, folio 25, apud Willemerum, Diss. de Sadduc., pag. 8.
  12. R. Asarias Idumæus, apud eund., pag. 7.
  13. R. Gedalias Ben-Jéchaja, apud. eund., ibidem.
  14. R. Asarias, R. Manasse Ben-Israël, lib. I de Resurrect. Mort., cap. VI. Fullerus, lib. II Miscellan. sacror., cap. III, apud eund., ibid.
  15. Voyez Waltherus, Captur. Miscell. theol., pag. 479.
  16. Joseph., de Bello jud., lib. II, cap. VII, sub fin., pag. m. 788.
  17. Dans la remarque (E).
  18. Évangile de saint Matthieu, chap. III vs. 7.
  19. Là même.
  20. Vossius, de Orig. et Progress. Idolol., lib. I, cap. X, pag. m. 70.
  21. Quod santo apud magnum virum favore propudiosum hoc hominum genus dignum fecerit, fateor me ignorare. Salden., Otia theolog., pag. 559.
  22. Willemer., Dissert. philol. de Sadducœis, pag. 44.
  23. C’est ainsi qu’il le qualifie, Johanni Hyrcano regi autores fuerunt. Cependant Josèphe, Ant., lib. XIII, cap. XIX, dit qu’Aristobule, fils de cet Hyrcan, fut le premier qui prit le titre de roi.
  24. Redigere tamen in ordinem et impedire non poterat novas, quas excitabant in republicâ turbas inter Hyrcanum et Aristobulum fratres. Quibus ò medio sublatis, favore Herodis M. quo potissimùm nitebantur ad turpia quævis facinora sunt abusi. Willemer., de Sadduc., pag. 45.
  25. Idem, ibidem, pag. 45.
  26. Ipse Herodes M. ad immanem sævitiam… pessimis sadducæorum consiliis ac impiâ doctrinâ de necessecitate omnium fatali impulsus creditur Josepho, lib. XVI. A. J., cap. XVII, pag. 465. Willemer., Diss. de Sadduc., pag. 44.
  27. Voyez la note marginale de Génebrard sur le chap. XXI du XIIIe livre de Josèphe, folio m. 464 verso.
  28. Voyez dans Vossius, de Hist. græc., lib. II, cap. VIII, pag. 197, combien il est méprisable.
  29. Sadducæi fuerunt improbi pessimique moribus præditi. R. Abraham Salmanticensis, apud Willemer., pag. 44.
  30. Joseph., de Bello jud., lib. II, cap. VII, sub fin., pag. m. 788, 789.
  31. Willemer., pag. 17.
  32. Évangile de saint Matthieu, chap. III, vs. 7.
  33. Là-même, chap. XVI, vs. 6.
  34. Epiphan., hæresi XIV, pag. m. 31.
  35. Eò quòd justitiæ laudem tùm ipsi appelerent, tùm alii iis tribuerent. Willemerus, p. 5.
  36. Idem, pag. 6.
  37. Idem, ibidem.
  38. Il eût fallu citer Josèphe. Voyez ci-après citation (41), page 22.
  39. Willemer., de Sadduc., pag. 6.
  40. Nicolaüs Lloydius, in Diction. histor. et poetic., voce Sadducæi.
  41. Αἵρεσιν δὲ μετήει τὴν Σαδδουκαίων͵ οἵπερ εἰσὶ περὶ τὰς κρίσεις ὠμοὶ παρὰ πάντας τοὺς Ἰουδαίους. Sectâ sadducæus, quod hominum genus apud Judæos in judicando est severissimum. Joseph., Antiquit., lib. XX, cap. VIII, pag. m. 628.
  42. Voyez l’Art de penser, IIe. part., chap. IX, pag. m. 176.
  43. Pensées diverses sur les Comètes, p. 336.
  44. Citations (72) et (74).
  45. Neque mala vel bona, quæ vulgus putet : multos qui conflictari adversis videantur, beatos ; ac plerosque, quamquam magnas per opes, miserrimos ; si illi gravem fortunam constanter tolerent, hi prospera inconsultè utantur. Tacit., Annal., lib. VI, cap. XXII.
  46. Neque frustrà protestantissimus sapientiæ firmare solitus est, si recludantur tyrannorum mentes, posse aspici laniatus et ictus ; quando ut corpora verberibus, ita sævitiâ, libidine, malis consultis, animus dilaceretur. Idem, ibidem, cap. VI.
  47. Ipsa quidem virtus pretium sibi, solaque latè, etc. Claudian., de Consul. Mallii, init.
  48. Citation (5) de l’article Brutus (Marc. Junius), tom. IV, pag. 188.
  49. Willemer., Diss. philol. de Sadducæis, pag. 41.
  50. Godeau, Histoire ecclésiast. tom. I, pag. 126 de l’édition in-folio, à Paris, 1674.
  51. Willemer., Diss. philol. de Sadducæis, pag. 14, 15.
  52. Idem, ibidem, pag. 15.
  53. Jurieu, Apologie pour la Réformation, tom. II, pag. 254, édition in-4o.
  54. Tertullian., de Præscript. adversùs Hæretic., cap. XLV.
  55. Origenes, tractat. XXI in Matt.
  56. Hieronymus, in Matthæum, cap. XXII.
  57. Dans les Pensées diverses sur les Comètes, pag. 580.
  58. Ἐκεῖνα δεῖν ἡγεῖσθαι νόμιμα τὰ γεγραμμένα, τὰ δ᾽ ἐκ παραδόσεως τῶν πατέρων μὴ τηρεῖν. Oportere eas tantùm servari quæ scripto continentur. Joseph., Antiq., lib. XIII, cap. XVIII, pag. 454.
  59. Sérarius et Pétau le prétendent. Voyez les Notes de Pétau, in Epiphan. ad hæres. XIV, pag. 28.
  60. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, liv. I, chap. XVI, pag. m. 93.
  61. Je crois que M. Simon aurait de la peine à trouver ce grec dans Josèphe.
  62. Voyez la Dissertation de Jean Helvicus Willemer, pag. 33, 34.
  63. Voyez la même Dissertation, pag. 10 et 11.
  64. Voyez Josèphe, Antiquit., lib. XX, cap. VII.
  65. Voyez le chapitre V des Actes des Apôtres, vs. 17.
  66. Centur. Magdeburg., cent. I, lib. I cap. V.
  67. M. Becker, ministre à Amsterdam, a soutenu avec la dernière chaleur cette doctrine dans les livres en langue vulgaire. Il fut déposé pour cela : il prétendait ne rien dire qui fût combattu par l’Écriture.
  68. Manasse Ben-Israel, lib. I de Resurrect. Mortuor., cap. VI, pag. 43, apud Willemer., Dissert. de Sadducæis, pag. 38.
  69. Willemerus, pag. 38, 39.
  70. Grot., in Matth., cap. XXII, vs. 23.
  71. Vossius, de Orig. et Progr. Idol., lib. I, cap. VI.
  72. Willemer., pag. 41.
  73. Vous avez dit, c’est en vain qu’on sert à Dieu : et qu’avons-nous gagné d’avoir gardé ce qu’il a commandé de garder, et cheminé en pauvre état à cause de l’éternel des armées ? Malachie, chap. III, vs. 14.
  74. Willemer., pag. 25.
  75. Arnob., lib. III, pag. m. 106, 107.
  76. Desid. Heraldus, in Arnobium, p. m, 134.
  77. Orig. contra Celsum, lib. I, Héraldus rapporte le passage en grec.

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