Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Pézélius


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PÉZÉLIUS (Christophle), théologien protestant, naquit le 5 de mars 1539, à Plauen dans le Voitgland en Allemagne[a]. Il enseigna pendant cinq ans dans le collége de sa patrie, et il fut ensuite professeur en théologie et ministre à Wittemberg [b] : mais comme il se trouva dans le nombre des docteurs qui combattaient sourdement le luthéranisme, et qui voulaient introduire le calvinisme, il fut privé de ses charges, et mis en prison, l’an 1574, avec plusieurs autres de ses collègues ; et on ne les mit en liberté qu’à condition qu’ils sortiraient du pays de Saxe, et qu’ils n’écriraient quoi que ce fût contre l’électeur, ni contre ses académies et ses églises[c] (A). Il se retira à Égra, et après y avoir fait un assez petit séjour il fut attiré à Sigen pour la régence de l’école, par le comte Jean de Nassau, frère de Guillaume de Nassau, prince d’Orange. Il fut appelé quelque temps après pour être ministre à Herborn [d] ; et c’est de là qu’il date l’épître dédicatoire de l’un de ses livres[e], au mois de septembre 1580. Il était professeur en théologie à Brême, l’an 1588, et il y fut aussi surintendant des églises jusques à sa mort, qui arriva le 25 de février 1604[f]. Il publia quantité de livres (B). Il était à Heidelberg l’an 1599, et il assista à l’assemblée de la faculté de théologie devant laquelle Conrad Vorstius rendit raison de sa foi[g]. Il est bien étrange que ni Melchior Adam, ni Paul Fréher, n’aient point donné sa vie.

  1. Christoph. Pezelius., epist. dedicator., VII part. Argumentor. Melanchth.
  2. Idem, ibidem.
  3. Idem, epist. dedicat., II part. Argumentor. Melanchth.
  4. Idem, ibidem.
  5. Secundæ partis Argumentor. Melanchth.
  6. Witte, in Diario Biograph.
  7. Voyez la Vie de David Paréus, pag. m. 56, 58. Voyez aussi la remarque (C) de l’article Vorstius (Conrad), tom. XIV.

(A) On ne mit en liberté Pézélius..…. et ses collègues, qu’à condition...... qu’ils n’écriraient quoique ce fût contre l’électeur, ni contre ses académies, et ses églises. ] Ils se réservèrent néanmoins la liberté de déclarer leurs sentimens. Sic autem Deus Opt. Max. eventus posteà rexit, ut à tristi servitute atque obligatione priùs nobis impositâ unà cum collegis liberatus, duris quidem conditionibus (ut patriâ totâ excederemus, nec adversùs illustriss. Electorem Saxoniæ ejusque scholas et ecclesias stylum stringeremus, confessione tamen veritatis et conscientiæ nostrâ ratione integrâ et liberâ nobis, ut verbi ministri, relictâ) in exilium ire juberemur[1]. J’ignore comment Pézélius concilia sa promesse avec les écrits qu’il publia contre le dogme des luthériens sur l’Eucharistie, je sais seulement qu’il eut de gros démêlés de plume avec les plus chauds docteurs de l’autre parti, tels qu’étaient un Nicolas Selneccérus, un Daniel Hoffman, un Gilles Hunnius, et un Philippe Marbachius. Le titre seul d’un ouvrage qu’il fit imprimer à Brême, l’an 1591, peut faire juger qu’il écrivait avec chaleur ; voici ce titre : Defensio contrà vanissimas calumnias quas N. Selneccerus evomuit in Responsione Christophori Pezelii Confutationis quatuordecim causarum Selnecceriarum de condemnationibus calvinistarum[2]. Le titre d’un autre livre qu’il publia l’an 1593, contient ceci entre autres choses, quam (Pezelii explicationem) Hermannus Hamelmannus libello, cui titulum fecit, de depravatione, fraudulentiâ, imposturâ, et falsitate D. Christophori Pezelii et omnium sacramentariorum, temerario ac stolido conatu oppugnare ausus fuit[3]. Hospinien en fait mention de quelques autres ouvrages de Pézélius, publiés pendant la guerre sacramentaire, et il donne[4] l’analyse de celui-ci, qui fut publié à Brême, l’an 1589 : Tractatus Christophori Pezelii propositus in gymnasio Bremensi, in explicatione Examinis Philippi Melanchthonis de Cœnâ Domini, etc.

(B) Il publia quantité de livres. ] Car outre ceux dont je viens de faire mention, il fit imprimer à Wittemberg, en 1565, une harangue de Generatione hominis ; et en 1571, Apologia veræ Doctrinæ de Definitione Evangelii opposita thrasonicis præstigiis Johan. Wigardi[5]. Son Commentaire sur la Genèse fut imprimé à Neustad, l’an 1599, in-8o., et son Exposition des premiers chapitres de l’Évangile de saint Jean, l’an 1586, in-8o. Il serait trop long d’articuler tous les autres. Je me contenterai de dire que son Mellificium Historicum est un ample commentaire du Traité de Jean Sléidan, de quatuor Monarchiis, qu’il s’étend jusques à l’empire d’Héraclius ; qu’il fut imprimé à Marpourg, en II parties, in-4o., l’an 1610 ; et que l’année suivante, Lampadius y ajouta une troisième partie, qui s’étendait jusques à son temps. Je dirai aussi que Pézélius a publié des Extraits des Œuvres de Mélanchthon, dans lesquels il a mis en fort bon ordre les objections et les réponses touchant les matières théologiques, et qu’il y a entrelacé des scolies. Cet ouvrage comprend sept ou huit volumes in-8o., qui ont été imprimés ce divers temps à Neustadt. Le premier tome parut l’an 1578.

  1. Christ, Pezelius, epist. dedicator., IIe. part. Argument. Melanchth. folio 65.
  2. Voyez l’Historia Sacram. d’Hospinien, tom. II, pag. 670.
  3. Hospin., Historiâ sacram., tom. II, p. 80.
  4. Ibidem, pag. 662.
  5. Epit. Biblioth. Gesneri, pag. 146.
FIN DU ONZIÈME VOLUME.
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