Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Marets


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MARETS (Samuel des), en latin Maresius, ministre et professeur en théologie, a été l’un des plus célèbres théologiens du XVIIIe. [* 1] siècle. Il naquit à Oisemond en Picardie, le 9 d’août 1599, et fit paraître dès son enfance une forte inclination pour l’étude [a]. À l’âge de treize ans il fut envoyé à Paris, où il profita beaucoup dans les belles-lettres et dans la philosophie. Trois ans après on l’envoya à Saumur, où il étudia en théologie sous Gomarus, et en hébreu sous Louis Capel. Il retourna chez son père l’an 1618, et puis il s’en alla à Genève pour y achever ses études de théologie. Il revint en France l’année suivante ; et pour se former aux prédications il s’en alla à Paris. Les propositions qu’il rendit chez M. Durant, l’un des plus grands prédicateurs de ce temps-là, plurent beaucoup à ce ministre, qui lui conseilla de se faire recevoir bientôt au saint ministère. Sa jeunesse et sa petite taille (A) lui donnaient de la répugnance pour ce conseil ; mais néanmoins il le suivit, et se présenta au synode de Charenton au mois de mars 1620. Quoique l’examen fût alors un peu bien sévère, il y satisfit pleinement. L’église qu’on lui donna fut celle de Laon. Les circonstances du temps et du lieu rendaient très-pénibles les fonctions de son ministère ; néanmoins il s’en acquitta très-bien. La réponse qu’il fit à la lettre d’une dame qui avait changé de religion, irrita de telle sorte les adversaires, qu’on a cru que le père d’Anbigni, jésuite, suborna un assassin qui lui donna un coup de couteau, le 13 de décembre 1623 (B). Quelque dangereuse que fut la blessure, il en guérit néanmoins en peu de temps ; mais on trouva bon de le dégager d’une église qu’il ne pouvait plus servir sans de grands dangers, et de le prêter pour un an aux fidèles de Falaise [b]. C’est ce qu’on régla dans le synode de l’Île de France, au mois de mars 1624. Un peu après il accepta la vocation de l’église de Sedan, et il fut installé à la place de Jacques Capel, au mois d’octobre de la même année. Il devait être ministre, et professeur en théologie ; mais on le dispensa des fonctions de cette dernière charge jusqu’à ce qu’il eût rappelé les idées de ses études scolastiques [c]. Il obtint même la permission d’aller en Hollande, pour s’y faire graduer docteur en théologie. Cela fut exécuté à Leyde, le 8 de juillet 1625. Ayant fait un petit tour en Angleterre, il s’en retourna à Sedan ; et y commença l’exercice de sa profession en théologie, le 24 de novembre de la même année. Il ne le continua point sans y trouver beaucoup d’épines. Il eut à essuyer quelques bourrasques contre lesquelles il se soutint fermement par la faveur du duc de Bouillon, et par l’affection de l’église. Mais l’une des plus fortes barrières qu’il crut devoir opposer à ses ennemis, ce fut de se marier (C). Il épousa donc une veuve qui s’était réfugiée à Sedan pour la religion avec son premier mari, l’an 1622. Les noces furent célébrées le 2 de mai 1628. Ce fut aussi en cette année qu’il publia son premier livre [d], auquel dans la suite il a donné une infinité de successeurs (D). Il suivit le duc de Bouillon en Hollande, l’an 1631, afin d’être son ministre à l’armée. L’année suivante il retourna au même pays avec la mère de ce prince, et s’engagea au service de messieurs les États, qui le donnèrent pour ministre à l’église de Maestricht. Il repoussa et de vive voix, et par écrit, les efforts que firent les ecclésiastiques de Liége, pour empêcher l’établissement des églises réformées dans ce pays-là ; et il eut d’ailleurs mille peines à dévorer, depuis que le duc de Bouillon eut épousé une femme catholique (E). Il tâcha, mais inutilement, de le retenir dans la profession de l’église réformée, et par ce moyen il encourut la haine de la duchesse ; ce qui, joint à d’autres ennuis, lui fit regarder comme une bonne fortune la vocation que l’église de Bois-le-Duc lui adressa l’an 1636. Il n’eut garde de la refuser. L’année suivante il devint professeur dans l’école illustre de la même ville ; et il remplit cette charge avec tant d’application et de succès, qu’on le souhaita à Franeker, l’an 1640, et à Groningue, l’an 1642. Il refusa la première vocation et accepta la seconde. Il fit sa harangue inaugurale à Groningue, le 20 janvier 1642 [e] : et depuis ce temps-là jusqu’à sa mort il rendit de si grands services à cette université, qu’elle passa pour l’une des plus florissantes du Pays-Bas. Messieurs de Berne, bien informés de ses talens, lui offrirent en 1661, avec beaucoup d’avantages, une chaire de professeur en théologie à Lausanne, dont il les remercia. L’académie de Leyde le demanda pour une semblable profession au mois de mars 1673 [f]. Il l’avait acceptée ; mais il n’eut pas le temps d’en aller prendre possession : il mourut à Groningue, le 13 de mai de la même année, laissant deux fils dont je parlerai ci-dessous (F). Je dirai aussi quelque chose de ses ancêtres (G). Il ne faut pas oublier qu’en l’année 1652, il fut donné pour seul ministre à l’église wallonne de Groningue, où jusqu’alors il avait prêché une fois tous les dimanches, pour soulager le pasteur de cette église, et sans y être obligé [g]. L’académie de Montauban eut envie de l’appeler après la mort de Garissoles ; et celle de Marpourg aussi, quand on commença à la rétablir [h]. Dans le grand nombre de querelles où il s’est vu engagé, il n’y en a point de plus longue, ni de plus ardente, que celle qu’il eut avec M. Voëtius (H). Il en eut une qui fut bien chaude, mais non pas de longue durée, contre M. Daillé. J’en parle ailleurs [i]. Si je ne me trompe, le dernier adversaire qu’il ait combattu fut M. Wittichius, grand cartésien, et professeur en théologie. On ne saurait assez louer notre des Marets de sa vigueur contre les enthousiastes et contre les annonciateurs de grandes révolutions. On a pu voir comment il poussa Coménius [j]. Il ne fit pas plus de quartier à Labadie ni au millénaire Sérarius. Les extraits que je donnerai du livre où il réfuta ce millénaire seront agréables aux gens de bon sens (I). Il fit beaucoup de tort aux jansénistes sans y penser (K), en déclarant que leurs opinions étaient les mêmes que celles des réformés. Sa réputation lui fit avoir une grande autorité jusques dans les pays étrangers : de sorte qu’un homme, qui avait composé en Allemagne un livre fort désobligeant contre lui, reçut ordre de le supprimer (L).

  1. * Leclerc se contente de dire que tout ceci est un : « article de flatterie pour des Marets et pour le parti calviniste, et rempli de traits malins et sans preuve contre les catholiques. » Leclerc s’excuse de passer rapidement sur beaucoup d’articles, parce que les libraires ne lui laissèrent guère que deux mois et demi pour chaque volume. Joly, sans avoir les mêmes excuses à donner, a fait comme Leclerc.
  1. Voyez la remarque (A), vers la fin.
  2. Sur les frontières de Champagne.
  3. Petito tamen quoad professionen spatio aliquo ad studia sua scholastica recolligenda. quo paratior illam capesseret. Vitæ professorum Groning., pag. 142.
  4. Intitulé Préservatif contre la révolte. Notez qu’en 1623 on imprima à son insu et sans y mettre son nom, un de ses Sermons de la prédestination, sur la IIe. à Timothée, c. II, vs. 12. Il a été réimprimé plusieurs fois.
  5. Tiré de sa Vie, imprimée dans l’ouvrage qui a pour titre : Effigies et Vitæ professorum academiæ Groningæ, imprimé à Groningue, l’an 1654.
  6. Et non pas l’an 1675, comme l’assure M. Hofman, et après lui Konig.
  7. Vitæ professor. Groning., pag. 153.
  8. Ibidem, pag. 152.
  9. Dans l’article Daillé, tom. V, pag. 353 et suiv., remarques (K) et (L).
  10. Dans les remarques (F) et (G) de l’article Coménius, tom. V, pag. 264 et suiv.

(A) Sa jeunesse et sa petite taille. ] Il y a bien peu de personnes qui à l’âge de vingt ans n’aient la taille aussi grande que la nature la leur destiné. M. des Marests n’a pas été de ceux-là : il était un vrai Zachée à l’âge de vingt et un ans, et on ne l’appelait que le petit proposant. Mais il crût depuis jusqu’à sa vingt-cinquième année, et fut d’une taille bien raisonnable. Maresius qui cùm (Durantium) sibi maximè imitandum delegerat, nonnullas in ipsius œdibus habuit propositiones, quæ ipsi adeò placuêre, ut hic author fuerit operam suam ecclesiis offerendi ; à quo alias consilio ut abhorreret duo efficiebant, nempè et quòd ætate valdé juvenis esset ; et quòd staturâ et vultu majorem adhuc præ se ferret juventutem : Etsi enim nunc satis sit procerus, tamen ita parvus mansit usquè ad annum 21 suæ ætatis, quo demùm usquè ad 25 celerrimè crevit, ut vulgò parvi proponentis nominè designaretur [1]. Je remarquerai une autre chose assez singulière, et qui pourra consoler les pères et mères dont les enfans sont infirmes : ce n’est pas toujours une preuve que ces enfans ne parviendront pas jusqu’à la vieillesse, et qu’ils ne seront jamais robustes. Voici Samuel des Marests, qui était si faible dans son enfance, qu’il fallait le nourrir de lait et de beurre, et le laisser dans le lit plusieurs jours de suite, à cause que ses jambes ne le pouvaient soutenir. Il a pourtant vécu à peu près soixante et quatorze ans, et il a été si vigoureux, que les plus robustes auraient de la peine à résister aux fatigues et aux exercices à quoi il a résisté, sans être jamais malade. Lorsqu’il commença à se porter mal à Groningue, il y avait trente ans qu’il y exerçait une profession très-laborieuse, et qu’il publiait incessamment plusieurs livres [2]. Le latin que l’on va lire, donnera un plus grand détail des infirmités de son enfance. Infantiam habuit imbecillem et ita teneræ constitutionis, ut ferè lacte et butyro fuerit educandus ; puer carne elixâ vesci non poterat, nec jure, nec ullis oleribus : et semper occulti quâdam antipathiâ, poma, pyra, cerasa, fraga, et id genus, delicias puerorum, ita est adversatus, ut in hunc diem nihil ex illis queat degustare. Quamvis autem pueritiam haberet languidam et valetudinariam, ex quâ eum non fore vitalem augurabantur plurimi, sæpiùs ex oculis, aliisque fluxionibus laborans, aliquandò ex genuum debilitate per 15 dies affixus lecto ; undè metuebant parentes, eum si vir fieret, futurum podagricum, licet hùc usquè nihil tali Dei beneficio sit expertus ; non semel ex lapsu aliisque casibus puerilibus in præsens vitæ discrimen adductus ; tamen animo erat erecto, tenacis memoriæ, et ad studia tam proclivis, ut antè septennium exactum, non modò legere posset et litteras accuratè pingere, ac jam rudimentis linguæ latinæ operam daret, sed etiam bis universa Biblia à capite ad calcem evolvisset : ut difficiliùs ferè ab ullis occupationibus abduceretur lusus ergò, quàm alii solent à lusu ad illa magis seria revocari [3]. Vous voyez dans ces dernières paroles la preuve de ce que j’ai dit, concernant l’inclination qu’il fit promptement paraître pour les études. Il les quittait plus malaisément pour s’amuser aux jeux de l’enfance, que les autres ne quittaient le jeu pour étudier. C’est une preuve que l’application de l’esprit ne nuit pas toujours aux faibles tempéramens, et un exemple consolant pour ceux qui craignent que leurs fils studieux et infirmes ne meurent bientôt.

(B) Un assassin lui donna un coup de couteau le 13 de décembre 1623. ] Des Marests ayant ouï dire que la femme du gouverneur de la Fère avait changé de religion, à l’exemple de son mari qui s’était fait catholique pour conserver son gouvernement [4], lui écrivit une lettre remplie d’exhortations à rentrer dans la bergerie. Elle lui répondit amplement pour justifier sa conduite, et lui envoya un imprimé contenant l’histoire de sa conversion. Cette histoire fourmillait de faussetés : il crut donc qu’il la devait réfuter et satisfaire en même temps aux raisons que cette dame avait alléguées. Les jésuites avaient été employés à la gagner : ils trouvèrent trop hardie la réponse du ministre, et le menacèrent de l’en punir. Voilà pourquoi on s’imagina que la blessure qu’il reçut quelque temps après fut l’effet de cette menace ; et si les soupçons tombèrent principalement sur le père d’Aubigni, ce fut à cause qu’il avait été le convertisseur de cette dame, et qu’il prêchait alors l’Avent à Laon. Nec dubitatum redemptum fuisse sicarium, ob litteras suprà commemoratas, à monachis, præsertim ab Albinio jesuitâ, illo eodem, qui duodecennio antè Ravaillaci parricidæ Henrici IV confessarius fuerat, et coràm amplissimo senatu dixerat, se dono oblivionis pollere post auditas confessiones, excusaturus quòd regii parricidæ confessionis non ampliùs meminisset. Is enim et Hurtebizianæ defectioni fuerat obstetricatus, et tum Laoduni solemnes Adventûs habebat conciones. Nec aliud totâ urbe, maximè inter reformatos, persuasum fuisse, universa Laodunensis ecclesia comprobavit adhuc non ita pridem, solemni suo testimonio, conscripto à R. et doct. viro D. P. Georgio illius pastore, anno 1647, 18 Augusti, paullò priusquàm ad Deum evocaretur [5]. L’assassin se sauva, et la justice ne se mit pas en devoir d’approfondir cette affaire. Il attendit dans les rues M. des Marests qui s’en retournait à son logis, après avoir soupé chez son oncle, et lui enfonça son couteau dans la poitrine. Par bonheur le coup n’offensa point le poumon [6].

(C) L’une des plus fortes barrières, qu’il crut devoir opposer à ses ennemis, ce fut de se marier. ] Il crut qu’il n’était exposé à la tempête que parce qu’il n’avait point de femme, et qu’il en avait refusé une. Cette pensée l’obligea de se marier, et tout aussitôt la tempête fut apaisée : la bonace succéda à l’orage ; il vécut dans une grande concorde avec tous ses collègues. Cùm hos fluctus decumanos sibi videretur pati, quòd cœlebs esset, et nonnullis, ut credebatur, maneret

............ altâ mente repostum
Judicium Paridis spretæque injuria formæ,


vitâ cœlibe relictâ tandem vitæ sociam sibi adscrivit Abigaëlem le Grand, natam Aquisgrani honestissimo loco, patre Jaspare le Grand, Tornacensi, Mercatore magnario..... Ab eo tempore Maresius Alcyonia Sedani obtinuit, et cum reverendis suis collegis omnibus, in suo munere, tranquillè et pacificè versatus est [7]. Il y a dans ce récit une chose aisée à comprendre, et une chose très-obscure. On comprend sans aucune peine qu’un homme, qui a refusé un parti, s’expose aux mauvais offices des parens de la personne qu’il n’a pas voulu épouser. C’est une injure que la belle ne pardonne pas ; et si elle a du crédit, si elle est capable d’intrigues, elle peut causer bien des chagrins à un professeur et à un ministre. Ces messieurs-là ont des partisans et des envieux : et de là naissent des factions et des discordes, dont une famille, qui est indignée du mépris de l’alliance qu’elle avait voulu contracter, se peut servir pour satisfaire son ressentiment. Il ne sert donc pas étrange que Samuel des Marets eût essuyé à Sedan plusieurs fâcheuses persécutions, après avoir irrité une famille par un jugement en quelque façon semblable à celui de Pâris,

..... spretæque injuria formæ.


Mais il est étrange, qu’en se mariant avec une veuve qu’il n’avait jamais refusée, il ait fait cesser l’orage, et se soit réconcilié avec tous ses ennemis. Voilà ce qu’on ne comprend point. Le mariage avec cette veuve était un nouveau sujet de colère pour le parti méprisé. Si des Marets eût toujours vécu garçon, on eût pu croire que son refus avait pour cause une indifférence générale ; cela porte avec soi une espèce de consolation pour la belle refusée : mais dès qu’on le voit marié, on ne considère en lui qu’une indifférence particulière, qu’un mépris pour une telle. C’est ce qui désole, c’est ce qui doit augmenter l’indignation, les traverses, les mauvais offices. Il y a donc ici quelque chose qui est trop enveloppé : la narration n’est point exacte ; il y manque beaucoup de faits que je ne rapporterais pas quand même je les saurais. J’en sais une partie.

(D) Il publia son premier livre, auquel il a donné une infinité de successeurs. ] Vous trouverez une liste chronologique de ses ouvrages à la fin de son Système de Théologie [8]. Le nombre en est prodigieux : la variété des sujets témoigne que ce n’était pas un esprit borné. On peut dire, et qu’il était fort laborieux, et qu’il écrivait facilement et avec beaucoup de feu et d’érudition. Il avait dessein de rassembler en un corps tous ses ouvrages ; tant ceux qui avaient été imprimés, que ceux qui ne l’avaient pas été. Il les revit pour cela et les augmenta. Il y en eût eu pour quatre volumes in-folio. Sa mort empêcha l’exécution de ce projet. Le Ier. volume aurait contenu tout ce qu’il avait donné au public avant que d’aller à Groningue. On y eût vu en latin plusieurs pièces qui n’avaient paru qu’en français. Le IIe. volume aurait contenu les Opera Theologica Didactica. Le IIIe, les Opera Theologica Polemica. Le IVe. aurait eu pour titre Impietas triumphata. Il était destiné à l’Hydra Socinianismi expugnata, et au Biga Fanaticorum eversa, et au Fabula Præadamitarum refutata. Ce sont trois ouvrages qui avaient été imprimés en divers temps. Le Système de Théologie de cet auteur fut trouvé si méthodique, qu’on s’en servit dans les autres académies, et qu’il le fallut réimprimer plusieurs fois [9]. La dernière édition fut augmentée d’un très-grand nombre de notes où l’auteur explique ses sentimens, et réfute avec son feu ordinaire les censures de ses ennemis. Elle parut à Groningue, l’an 1673. Si je remarque que Grotius est l’un de ceux qu’il a attaqués, c’est pour avoir lieu de détromper ceux qui, ayant lu les Acta Eruditorum, s’imagineraient qu’il n’osa le faire à visage découvert. On trouve dans le journal de Leipsic, que M. Ittigius a censuré Matthieu Polus, qui avait dit que Claude Saumaise, sous le nom de Simplicius Vérinus, réfuta Hugues Grotius sur l’explication de quelques passages du Nouveau Testament qui se rapportent à l’antechrist. M. Ittigius prétend que ce fut notre des Marets qui, sous le nom de Johannes Simplicius, réfuta cette explication de Grotius. Lapsum deprehendit in Matthæo Polo, qui Hugonis Grotii commentationem ad loca quædam Novi Testamenti à Salmasio sub Simplicii Verini nomine refutatam scribit, cùm tamen à Maresio sub Johannis Simplicii nomine refutata fuerit[10]. J’ai trois choses à dire contre cela. 1o. Il est très-certain que Saumaise a pris le nom de Simplicius Verinus dans deux ouvrages qu’il publia contre Grotius, l’an 1646 : mais ces ouvrages ne regardent point le Traité de l’Antechrist : l’un regarde la Discussion de l’Apologie d’André Rivet, avec qui Grotius avait été long-temps en guerre sur la réunion des chrétiens : l’autre traite de la Transsubstantiation. Voici le titre du premier : Simplicii Verini ad Justum Pacium Epistola, sive Judicium de Libro posthumo H. Grotii. 2o. M. des Marets ne déguisa point son nom, lorsqu’il écrivit contre Grotius au sujet de l’antechrist ; car il mit au frontispice de son livre tout ceci : Dissertatio de Antichristo, quâ expenditur et refutatur nupera commentatio ad illustriora eâ de re Novi Testamenti Loca, Il. V. Hugonis Grotii creditæ ; simulque ecclesiarum reformatarum sententia de Antichristo Romano defenditur et confirmatur ; authore Samuele Maresio, SS. theol. doctore et professore, in scholâ illustri Sylvæducensi, nec non ibidem ecclesiæ Gallo-Belgicæ pastore[11]. 3o. Le socinien Jonas Schligtingius se déguisa sous le nom de Joannes Simplicius pour écrire contre le Traité de Grotius de Antichristo. Cela paraît par la Bibliothéque des Antitrinitaires, à la page 128. Voilà sans doute l’origine de l’erreur de Matthieu Polus, qui n’a pas été bien censurée par M. Ittigius. Vous remarquerez en passant que l’ouvrage de cet auteur socinien a été mis dans la vaste compilation qu’on appelle les grands critiques. Notez que Grotius ne garda pas le silence par rapport à des Marets. Il publia un Appendix ad Interpretationem locorum Novi Testamenti quæ de Antichristo agunt aut agere putantur, où il le traita assez mal. Il ne daigna pas le nommer ; il se contenta de le désigner sous le mot injurieux de Borborita, par allusion au mot français bourbe, qui a une grande convenance avec les marais. Cet Appendix fut vigoureusement réfuté par un ouvrage qui fut imprimé en deux volumes in-8o., l’an 1642, et qui a pour titre : Concordia discors et Antichristus revelatus : id est Ill. Viri Hugonis Grotii Apologia pro Papâ et Papismo : quàm prætex tu Concordiæ inter Christianos sarciendæ, exhibet illius Appendix ad Interpretationem Locorum Novi Testamenti de Antichristo, modestè refutata duobus libris, per Samuelem Maresium S. theol. doctorem et professorem in scholâ Buscoducensi et eccl. Gallo-Belgicæ ibidem ministrum. On reprocha entre autres choses à Grotius dans cette réplique, qu’il n’avait pas assez ménagé les droits des rois[12]. Ceci sans doute est singulier ; car Grotius est réfuté tous les jours, sur ce qu’il a trop soumis les peuples à la puissance royale[13]. Qu’on nous vienne dire après cela que les luthériens sont les seuls qui approuvent les maximes de Grotius[14] : voici un ministre calviniste qui ne trouve pas que Grotius ait parlé assez favorablement de la monarchie. M. de Meaux[15] a trouvé la même chose, et bien des inconséquences dans les hypothèses de Grotius.

(E) Il eut mille peines à dévorer depuis que le duc de Bouillon eut épousé une femme catholique. ] Ce mariage jeta M. des Marets dans mille embarras[16]. Le duc s’était engagé à l’abjuration quand il épousa mademoiselle de Berghes[17] ; mais plusieurs raisons l’obligeaient à différer l’accomplissement de sa promesse. Or, afin de faire croire qu’il voulait changer par des motifs de conscience, il proposait mille doutes à son ministre ; il traîna ainsi quatre ou cinq ans. M. des Marets dressa une relation de cette affaire : je ne sais pourquoi il ne l’a point publiée ; on y trouverait des choses curieuses. Dum altiùs in consilia et astutias jesuitarum penetrat, quàm voluissent, sibi accersivit novæ conjugis odium satis vehemens, et sensit Ducem pedetentim ad publicam pontificiorum communionem gradum sibi struere ; in quo moliendo per mille fraudes jesuiticas, annus 1634 et 1635 transacti sunt. Interesset ecclesiæ, specialem historiam istius defectionis à Maresio diligenter collectam, publici juris fieri : ut constaret quibus artibus egregius aliàs ille princeps, reformatam communionem deseruit, et ab illo tempore, non sinè occulto Dei judicio, in illas incidit calamitates continuas ; quibuscum quoad vixit, luctatus est [18]. M. de Puységur nous apprend que ce duc se fit catholique au mois de janvier 1636, et que pendant quelque temps cela ne fut su que de très-peu de personnes [19].

(F) Il laissa deux fils dont je parlerai. ] L’aîné naquit à Sedan, et fut présenté au baptême par Élisabeth de Nassau, duchesse de Bouillon, qui lui fit donner le nom de Henri, qui était celui du prince dont elle était veuve [20]. Il étudia en droit, et après y avoir pris ses licences, il commença à se préparer aux études du barreau, chez Charles des Marets son oncle, avocat célèbre au parlement de Paris. Il plaida même quelque cause avec beaucoup de succès, et néanmoins il abandonna tout d’un coup cette profession, pour se consacrer à l’étude de la théologie, et au ministère de la parole de Dieu. Voici le discours que lui tient son père dans une épître dédicatoire : Tu quidem, Henrice, tyrocinia posueras sacræ facundiæ in augustissimo parisiensi foro, ubi post licentiæ in utroque jure gradum susceptum, cœperas advocati munere defungi, sub auspiciis consultissimi et amplissimi fratris mei ; et bellè tibi prima illa publicè dicendi initia processisse, audivi ipse ex ore illustrissimi præsidis Belleuræi, cùm ad celsissimos Ordines Generales legatum extraordinarium regis christianissims ageret, siquidem ipso præside et judice in aliquâ causâ peroraveras et triumphaveras : adeòque postquàm tuopte nutu, nec sinè numine, me ab initio ob causas sæculares (quid dissimulem ?) dissuadente, et domino patruo tuo tandem consentiente, animum appulisti ad sacra studia, et corpus juris cum corpore scripturarum permutâsti, exemplo plerorumque virorum magnorum in veteri et renascente ecclesiâ, omnia faciliora expertus es [21]. Il fut reçu ministre l’an 1652, et il eut pour premier emploi celui de prêcher en français dans le temple académique de Groningue. La même année il fut appelé à Cassel, pour y être ministre de l’église française. Il fut appelé l’année suivante par l’église wallonne de Bois-le-Duc, et accepta cette vocation, quoiqu’il fût très-satisfait de la cour de Hesse, où il reçut de grands témoignages de bonté et de considération. Sylvæducenses… te, Henrice, ad se evocârunt Cassellis, ubi in aulâ serenissimi principis lantgravii (à quo et ægrè dimissus es, nec sinè specialibus benevolentiæ et beneficentiæ suarum serenitatum testimoniis) linguâ gallicâ fungebaris ministerio sacro, fermè à tempore tuæ hîc ad illud ordinationis [22]. Il servit église de Bois-le-Duc, jusques à ce qu’il accepta la vocation de celle de Delft l’an 1662. Depuis ce temps-là jusques à présent [23] il s’est attaché à Delft, et s’y est acquis l’estime de tout le monde. Il refusa en 1669 la vocation que l’église wallonne de Leyde lui adressa. Daniel des Marets, son cadet, naquit à Maestricht l’an 1635. Avant été reçu ministre, il fut collègue de son père dans l’église française de Groningue jusqu’en l’année 1656 ; après quoi il fut appelé à Middelbourg, et y servit l’église française jusques à ce que celle de la Haye l’eût appelé l’an 1662. Son esprit, son éloquence, son habileté, en un mot un grand mérite lui aquirent tant de considération à la cour de leurs altesses d’Orange, qu’on pouvait appeler cela proprement être en faveur. Le trône d’Angleterre, où cette cour fut élevée l’an 1689, donne un nouveau lustre à la faveur que ce ministre a continué de posséder, et dont il jouit encore aujourd’hui dans la glorieuse et agréable retraite de Hontslaerdijk. Sa santé ne lui ayant point permis de continuer les fonctions du ministère, il s’est retiré dans cette belle maison, où il prend des soins utiles et agréables à S. M. B. Ces deux messieurs ont eu part à l’édition de la Bible que l’on appelle de des Marets, où le libraire Elzévier n’épargna rien de ce qui concerne la beauté des caractères et du papier. M. des Marets leur père s’engagea de son côté à un grand travail pour orner de notes cette édition, et se fit aider par ses deux fils. J’ajoute qu’ils publièrent [24] l’Histoire curieuse de la vie, de la conduite, et des vrais sentimens du sieur Jean de Labbadie, avec la modeste réfutation de la déclaration en forme de manifeste, publiée par Jean de Labbadie pour justifier ses desseins, ses résolutions schismatiques, qui lui ont attiré une juste déposition.

(G) Je dirai quelque chose de ses ancêtres. ] Ils ont eu des charges considérables en Picardie. Maresii inter suos majores, depenses præfectos, gamachiensesque castellanos, possunt numerare ; nec ita pridem Davidis patruelis, Brestæ in Armoricâ, Sardinio gubernatore, propræfectum egit : Vaucquetiorum verò familia totâ Picardiâ nota est. Verùm in eo potissimùm solet Maresius gloriari, quòd ex parentibus sit ortus piis et probis, ac religioni puriori ἀπὸ βρέϕους addictissimis [25]. Voici les titres et les charges de David des Marets père de Samuel. Pater ei fuit ampliss. et consultissimus David des Marets, dominus du Feret, Avimontii ejusque commendæ prætor sive juridicus ordinarius, baronatus item Chepiensi, sancti Maxentii aliorumque pagorum judex civilis et criminalis ; in regiâ præfecturâ Vimacensi jurisconsultus et causarum actor eximius, et notarius regius, regisque christianissimi, rerum maritimarum in Occiduo Mari commissarius ; eoque nomine : gaudens eâdem immunitate à tributis ordinariis quâ nobiles [26]. Il se maria l’an 1588 avec Madeleine Vaucquet, fille d’un homme considérable, et bien zélé pour l’église réformée [27], et mourut l’an 1649. Sa veuve vivait encore l’an 1654. Lambert des Marets, père de David, fut touché de ce même zèle. Lambertus Davidis pater, civis Blangiacensis honoratus et opulentus, senior fuit in ecclesiâ domesticâ principis Porciani, sub auspicis reformationis [28].

(H) La querelle... qu’il eut avec M. Voetius. ] Elle commença l’an 1642, M. Voétius avait publié des thèses de idololatriâ indirectâ, où il blâmait la conduite des magistrats de Bois-le-Duc, touchant une confrérie de la Vierge, établie dans leur ville depuis quelques siècles. Ils avaient obligé les catholiques romains à y admettre les protestans, après avoir retranché les cérémonies que l’église réformée n’aurait pu souffrir [29]. M. Voétius soutint que les magistrats protestans ne doivent tolérer de semblables confréries, et que les particuliers qui s’y enrôlent font fort mal. M. des Marets, qui était en ce temps-là professeur de l’école illustre de Bois-le-Duc, fut chargé de composer une apologie pour les magistrats qui toléraient la confrérie de la Vierge, et qui s’y enrôlaient. Son ouvrage fut imprimé l’an 1642, sous le titre de Defensio Pietatis et Sinceritatis Optimatum Sylvæducensium, in negotio sodalitatis quæ à B. Virgine nomen habet, testibus veritate et charitate [30]. Bientôt après on vit paraître un livre de M. Voët intitulé, Specimen Assertionum partim ambiguarum aut lubricarum, partim periculosarum, ex tractatu nuperrimè scripto pro sodalitatibus B. Mariæ inter reformatos erigendis aut interpolandis, titulo : Defensio pietatis et sinceritatis, etc. Ce furent là les premiers actes d’hostilité de part et d’autre, et après cela il n’y eut plus moyen de s’en dédire ; non-seulement les gladiateurs avaient été appariés, mais il y avait déjà du sang répandu.

..........Ubi sanguine bellum
Imbuit, et primæ commisit funera pugnæ,
Deserit Hesperiam, et cœli convexa per auras,
Junonem victrix affatur voce superbâ :
En persecta tibi bello discordia tristi :
Dic, in amicitiam coëant, et fœdera jungant :
Quandoquidem Ausonio respersi sanguine Teucros [31].


Le combat s’échauffa, et l’on revint souvent à la charge. M. des Marets, qui n’avait fuit que des escarmouches [32] pendant les années 1643 et 1644, donna bataille l’an 1645. Voici le titre du livre qu’il publia. Samuelis Maresii Theologi ultima patientia tandem expugnata à D. G. Voetio ultrajectino professore et quibusdam illius assecclis, sive modesta et necessaria defensio tripartita, tum sui ipsius, tum eâ occasione causæ procerum Silvæducentium et decretorum synodicorum circà illam, ipsi extorta variâ ac longâ contumeliarum serie, ac præsertim nupero libello famoso, belgicè edito, et inscripto ; Kort ende oprecht verhael, etc. Le professeur d’Utrecht ne paraissait guère sur le champ de bataille [33] ; il y envoyait ou son fils ou ses amis ; mais le professeur de Groningue ne se laissait pas donner le change ; il frappait toujours le père directement, vous comprendrez où ils en étaient, après avoir fait durer la guerre autant que dura le siége de Troye ; vous le comprendrez par l’ouvrage que des Marets publia l’an 1652 ; en voici le titre : Auctrarium primum bibliothecæ theologicæ D. Gysberti Voetii nuper recusæ cum virulentâ prefatione ; continens 1°. Summariam deductionem litis decennalis quæ ipsi cum Samuele Maresio, licet pacem et amnestiam semper deprecante, hactenùs intercessit ; 2°. Vindicias conditionum amnestiæ et reconciliationis partibus oblatarum, à R. R. deputatis synodi Groning. omlandicæ, ab hoc admissarum et ab illo rejectarum ; 3°. Conditiones iniquissimas et impraticabiles, ab ipso D. Voetio pro imperio præscriptas ; ad ejus pertinax odium et animum invincibiliter irreconciliabilem toti Belgio demonstrandum. C’est un livre in-8o. On croit que cette querelle, qui dura encore dix-huit ans, n’aurait fini que par la mort des parties, si un intérêt commun ne les eût portées à s’accorder, afin de réunir toutes leurs forces contre un parti de théologiens [34] qui était aussi odieux au professeur de Groningue qu’à celui d’Utrecht. Ce qui y eut de remarquable dans cette dispute fut que d’un côté les curateurs de l’académie de Groningue, et de l’autre le magistrat d’Utrecht, offrirent leur médiation aux parties, qui ayant été acceptée, on régla d’abord qu’il y aurait une cessation de tous actes d’hostilité pendant le traité de paix. Ensuite on travailla aux préliminaires ; les médiateurs se dépêchaient les uns aux autres courrier sur courrier, pour convenir du temps et du lieu où se tiendraient les conférences, et du choix des députés plénipotentiaires. Tout cela devint inutile, parce que, pendant ces préliminaires le parti d’Utrecht rompit la trêve, ayant publié un livre très-injurieux à des Marets. L’enlèvement du prince de Furstemberg ne dissipa pas davantage les conférences de la paix générale qui se traitait à Cologne l’an 1674, que ce livre dissipa le projet de paix entre ces deux professeurs. Si l’on veut voir mes preuves en original, on n’a qu’à lire ce qui suit [35] : Caduceum injicere conati sunt nobilissimi et amplissimi hujus academiæ p. t. curatores… Scripserunt cum in finem Ultrajectum, et stipulati sunt ut interim dum ipsi convenirent cum de legatis quibusdam ex N. N. et A. A. illo magistratu ad totum negotium componendum, armistitium bonâ fide servaretur, nec quicquam directè vel indirectè, mediatè vel immediatè ultra emitteretur. Sed vix dum in has conditiones N. N. et A. A. magistratus ultrajectinus, re communicatâ cum D. Voetio et suis bonâ fide consenserat, et adhuc de loco, tempore, et personis conventus præliminariter agebatur per tabellarios hinc indè inter proceres utrosque missos, cùm ecce novus interim libellus, convitiosus et famosus, sub nomine Chabænai, contra fidem publicam in me Ultrajecti prodiit.

Cette querelle [36], étant l’une des plus remarquables que l’on ait vues entre deux théologiens protestans, et ayant été féconde en livres plus qu’on ne saurait se l’imaginer, j’avais dessein d’en donner toute l’histoire, avec la liste chronologique de tous les écrits qu’elle produisit ; mais j’ai trouvé que cette entreprise demandait plus de lumières et plus de recherches que je n’en pouvais apporter, et qu’elle tiendrait trop de pages. Je la laisse donc à ceux qui travaillent aux annales ecclésiastiques, ou à l’histoire littéraire du dix-septième siècle, et je finis cette remarque par un éclaircissement que je ne saurais assez bien circonstancier. J’avais ouï dire en France à bien des gens, qu’un jésuite [37] publia un livre qui ne contenait autre chose que les injures que ces deux célèbres professeurs ont divulguées l’un contre l’autre, et qu’il a donné ses conclusions en cette manière : Quand même on supposerait que les deux tiers des accusations seraient fausses de part et d’autre, l’autre tiers étant véritable rend dignes de punition corporelle ces deux écrivains, qui ont néanmoins protesté durant le cours de la querelle qu’ils souhaitaient une bonne réconciliation. Je n’avais trouvé en Hollande aucune personne qui eût connaissance d’un tel livre ; et des gens qui me semblaient dignes d’être crus en ces matières m’avaient dit qu’il n’avait jamais existé : mais enfin M. Grævius m’a fait voir qu’un jésuite du Pays-Bas a publié un recueil de cette nature.

Si M. Grævius n’avait en vue que le Munus adventitium publié par un jésuite, sous le faux nom de W. Gutherthoma, l’an 1643, il ne prouvait nullement que le livre dont j’avais nié en quelque façon l’existence ait vu le jour ; car ce Munus adventitium ne contient que les injures que M. Voët avait dites dans son premier ouvrage contre M. des Marets. Celui-ci ne répondit à cette satire qu’en l’année 1645. Ce fut sans doute une chose bien désagréable pour lui que d’être dépeint par un jésuite avec les noires couleurs que l’on empruntait de l’ouvrage d’un théologien réformé. Voici ce qu’il en dit dans un livre publié l’an 1652. Quin etiam cum eâdem illi ætate prodiisset in ipsum satira quædam jesuitica sub titulo Muneris adventitii quam author corraserat ex specimine Voetii, et illo autore laudato ac speciminis paginis citatis verbisque recitatis, Maresium describebat et traducebat, tanquàm falsarium, vulneratæ existimationis hominem, scandalosarum scriptionum autorem, heterodoxum, pseudologum, calumniatorem, mendacem, pietati et religioni contumeliosum, pacis ecclesiæ et reip. turbonem, veritate, charitate, et prudentiâ destitutum, etc. (his enim jam elogiis à Voetio fuerat insignitus Maresius priusquâm vel vocula durior inipsum illi excidisset) nihil ei voluit reponere Maresius [38].

(I) Le millénaire Sérarius. Les extraits que je donnerai... seront agréables aux gens de bon sens. ] Pierre Sérarius [39] publia un livre, l’an 1663, où il annonça que la conjonction des planètes au signe du sagittaire présageait de grandes révolutions. Plusieurs autres livres latins et flamands annoncèrent la même nouvelle. M. des Marets réfuta cette prétention dans quelques thèses qu’il fit soutenir. Sérarius écrivit contre ces thèses, ce qui obligea M. des Marets à mettre au jour [40] un ouvrage qu’il intitula, Chiliasmus enervatus, et qui contient, outre ces thèses, trois dissertations contre une partie des réponses de Sérarius. Il dédia ce livre à son adversaire, et lui représenta sagement que la doctrine des chiliastes rendait odieuse aux puissances la religion réformée : car, comme ils prétendent que la prospérité de l’église dépend de la destruction de toutes les souverainetés temporelles, ils portent les peuples à se soulever, afin de faire venir le siècle d’or du christianisme, ou le règne de mille ans. Il lui représente les séditions dont l’Angleterre fut agitée ensuite du dogme de la cinquième monarchie, et la mortification que les chiliastes avaient eue depuis peu, en voyant évanouir, par la paix de Pise, les espérances qu’ils avaient fondées sur les démêlés de la France avec le pape. L’affront fait au duc de Créqui dans Rome, l’an 1662, irrita beaucoup sa majesté très-chrétienne. On faisait passer des troupes en Italie : les âmes crédules, et surtout les millénaires, ne doutèrent point que la bête de l’Apocalypse ne dût périr ce coup-là, et ils ne purent s’abstenir de publier leurs espérances. Ainsi le traité de Pise qui, sans nulle effusion de sang, et sans aucun vrai dommage pour la cour de Rome, termina ce démêlé, fut un coup de foudre pour eux. M. des Marets ne manqua point de renouveler à son adversaire le souvenir de cette terrible mortification. Il remarque qu’on avait publié dans Londres, l’an 1656, que Rome serait détruite l’an 1666, et que le jour du jugement arriverait l’an 1711. Bien des gens s’étaient flattés que la guerre qui se préparait en France contre Alexandre VII, pour venger l’affront du duc de Créqui, ambassadeur de cette couronne, vérifierait le premier article de la prédiction. Jugez si la paix de Pise leur fut agréable. Ce qu’il dit touchant la conjonction des planètes au sagittaire est curieux : elle se fit le onzième décembre 1662. Un livre flamand assura, suivant les observations de l’astrologue Theodorus Hoen, qu’on n’avait point vu de semblable conjonction depuis celle qui se fit au signe d’Aquarius, lors du déluge de Noé [41]. Sérarius, appuyé sur cet écrit et sur un autre qui avait paru en allemand, fit une dissertation latine pour montrer que la conjonction des planètes au sagittaire, le dernier signe du trigone igné, igneæ triplicitatis, étant bien considérée avec toutes ces circonstances antécédentes et concomitantes, prédisait le prochain avénement de Jésus-Christ pour la conversion des juifs, pour la ruine du pape, et pour l’établissement de la monarchie millénaire. M. des Marets le réfute solidement, et observe que selon Alstédius, cette monarchie commencera l’an 1694, et que, selon Théodore Hoen, la conjonction au Sagittaire devait produire l’embrasement de l’univers. Il se moque de cela, et dit que le sagittaire ne peut passer pour un signe igné, qu’à cause qu’il contraint les gens à faire un grand feu chez eux pour se garantir du froid : et il remarque qu’au temps de la conjonction, il gela horriblement plusieurs semaines. Et sur ce que Sérarius disait que la conjonction qui se fit au même signe, le 9 octobre 1603, exerçait encore ses mauvais effets, des Marets lui répond fort plaisamment qu’il est bien étrange qu’elle n’ait pas déchargé encore toute sa colère, mirum est ejus virus nondùm deferbuisse. L’on ajoute que Sérarius était bon ami de Paul Felgenhawer, qui fit imprimer un livre l’an 1655 [42], où il s’attribue plus d’une fois les lumières prophétiques, et où il promet aux Juifs toutes sortes de bonnes nouvelles. Mais il ne s’accorde pas avec l’auteur d’un écrit intitulé : Judæorum excitabulum matutinum, sive judæus redux, où l’on assurait que la conversion des juifs commencerait l’an 1664, et qu’elle serait suivie bientôt de leur retour dans la Palestine, où ils vivraient le plus délicieusement du monde.

En considérant cette multitude de docteurs chrétiens qui prédisent depuis tant de siècles une grande révolution de foi, j’ai été curieux de savoir si l’on trouve de semblables gens dans les autres religions, et j’ai trouvé entre autres choses qu’il y a des mahométans qui laissent des legs à un prophète inconnu, qui doit venir délivrer le monde de la tyrannie de l’antechrist [43] ; et que les Perses croient que Mahomet Mahadi fils d’Hossen, second fils d’Ali, n’est point mort, et qu’il se tient dans un lieu caché, d’où il sortira un jour pour réfuter toutes les erreurs, et pour réunir tous les hommes à une même créance. Il prêchera à cheval, et commencera à le faire dans la ville de Mazadelle, où on lui tient toujours un cheval prêt [44]. Cela ressemble en quelque chose à l’opinion de plusieurs chrétiens touchant le prophète Élie. Il ne faut pas être surpris que l’on persuade de telles chimères aux mahométans, car le prince de Bassora peut leur faire accroire qu’il est le premier des favoris de Mahomet, et que son crédit est si grand auprès du prophète, que sur ses lettres de change on donne aux porteurs telle ou telle place dans le paradis. Il y a une banque chez lui pour l’expédition de ces lettres : il signe une police selon laquelle on acquiert la possession d’un certain endroit du ciel, plus ou moins avantageux, à proportion de la somme qu’on lui compte. Il principe di Bassora pretende esser de’ confidenti di Mahometto, ed haver maggior autorità degl’ altri, in virtù della quale concede a gente simplice pezze di cielo, segnando polize di cambio di tanto e tal sito nel paradiso, secondo il dinaro che ne riceve [45].

Disons en peu de mots qui était ce Pierre Sérarius, ou Serrurier, contre lequel M. des Marets écrivit. Je trouve à la page 297 d’un ouvrage [46] imprimé l’an 1670, qu’il était mort depuis peu, et qu’il y avait plus de quarante ans qu’il avait été déposé du ministère, pour les erreurs fanatiques de Swenchveldius dont il était tout cousu : qu’il publia un livret en faveur de Labadie l’an 1669, et l’intitula : Examen Synodorum, et l’adressa au synode wallon ; et qu’à la tête de ce livre il se qualifiait ministre de l’évangile de l’église universelle ; et que c’était un homme qui ne communiquait avec aucune église.

(K) Il fit beaucoup de tort aux jansénistes sans y penser. ] L’an 1651, il publia un ouvrage in-4o., dont voici le titre : Synopsis veræ catholicæque doctrincæ de gratiâ et annexis quæstionibus ; proposita partim libello qui anno superiori à jansenitis in communione romanâ gallicè prodiit sub hoc titulo, Catechismus gratiæ, et posteà recusus fuit sub isto, elucidationes quarundam difficultatum de gratiâ ; partim brevibus ad illam scholiis theologicis. Dès l’année suivante, on vit paraître à Paris un petit livre composé par les jésuites, et intitulé Les jansénistes reconnus calvinistes par Samuel des Marets, docteur et premier professeur en théologie en l’université de Groningue, et ministre ordinaire du temple académique, dans sa version latine du Catéchisme de la grâce des jansénistes, imprimée à Groningue l’an 1651. On emploie dans ce livret la préface que M. des Marets a mise au-devant de sa Synopsis, et l’on se prévaut de tout ce qu’il a remarqué, pour faire voir que dans les matières de la grâce et dans leurs annexes, les sentimens des jansénistes sont les mêmes que ceux de Calvin. Depuis ce temps-là, il paraissait peu de livres contre les jansénistes, où l’on ne leur reprochât la sympathie que le professeur de Groningue avait reconnue entre eux et sa secte. Comme cela fit beaucoup de chagrin et beaucoup de tort à ces messieurs, ils écrivirent violemment contre lui. M. Daillé l’en fit souvenir dans l’Apologie de l’Apologie des Synodes nationaux d’Alençon et de Charenton [47]. Hoc ne nesciat, narra illi istos, quos tantoperè prædicat, jansenianos, quos cordatos dicit, quos gravissimos argumentatores censet ; hos inquam ipsos narro jam antè quadriennium tres libellos longè sacerrimos ac nequissimos, convitiis et malediciis prodigiosis refertos, contrà ipsum edidisse ; in quibus, quod credo, ausus esset iis malè palpari, ita ferociter recalcitrant, ut nihil mitius cogitâsse videantur, quàm ut laudatorem hunc suum miserè discerperent ac laniarent. Scin’ tu quas ei pro suis laudibus grates reddant ? Quibus clogiis virum talibus pro meritis exornent [* 1] ? Virulentissimum scriptorem vocant ; artis diabolicæ multoties convictum, hominem frontis ad omne mendacium prostitutæ, theologastrum, sophystam, sycophantam dirâ calummiandi libidine citrà modum ac legem efferatum, protervum, ominosum convitiatorem, audacissimum impostorem, fanaticum vatem. Piget plura de teterrimis istorum convitiatorum venenis dicere. Hos suos rabiosissimos ac maledicentissimos obtrectatores, pro laudibus, quibus immerentes affecerat, turpissima probra rependentes, et plenis in eum plaustris effundentes habet tamen epicrita pro cordatis, gravibusque disputatoribus [48]. La même apologie nous apprend [49], 1°. que David Blondel écrivit à des Marets pour le blâmer de s’être mêlé dans les querelles des jansénistes et des jésuites ; 2°. que le janséniste [50] qui avait tant maltraité M. des Marets avait forgé un roman ; c’est que les ministres de Charenton avaient poussé celui de Groningue à reconnaître pour orthodoxes les disciples de Jansénius, afin de les rendre odieux aux jésuites, et de se venger des injures que les jansénistes avaient publiées contre Labadie. M. Daillé répond que ceux qu’on accuse de cet article en sont si innocens, qu’ils auraient conseillé de très-bon cœur à leur confrère de Groningue de n’entrer pas dans cette querelle, mais de laisser battre ces deux partis. Quæ quàm falsò, quamque mendaciter conficta sint, nemo scire vel testari meliùs atque certiùs potest, quàm Epicrita, qui sui in edendâ illâ jansenianæ catecheseos censurâ consilii unus sibi optimè conscius est. Nos quidem, quos fabulator totius rei auctores fuisse fingit, tantùm ab eo quod iste comminiscitur, abfuisse novit Deus, ut Epicritam, si nos ille consuluisset, etiam à scribendo deterrituri fuerimus, suasurique ut benè compositos cum suis bitis bacchios inter se digladiari, dignisque utrimque romano supercilio iris ac ictibus bacchari sineret ; neve quos certandi rixandique æstus atque libido tam commodè commiserat, eos intempestivo alloquio divulsos in se provocaret, atque converteret [51].

(L) Un homme qui avait composé un livre fort désobligeant contre lui, reçut ordre de le supprimer. ] Il était intitulé Ismaël Gallus. L’auteur, nommé Steinbergius, vivait à Herborn, sujet des comtes de Nassau, qui l’obligèrent à supprimer son ouvrage [52].

  1. (*) Hier. ab Angelo forti. epist. 1, a. D. 1654. edita. pag. 14, 15.
  1. Effigies et Vitæ professorum Groning., pag. 138.
  2. J’ai lu cela dans son Oraison funèbre manuscrite.
  3. Effigies et Vitæ professorum Groning., pag. 135.
  4. Uxor nobilis cujusdam cui Hurtebizio nomen erat, et qui ut sibi conservaret Feræ præfecturam, jam antè biennium defecerat, maritum suum tandem sequuta fuerit, circà finem anni 1622. Ibid., pag. 140.
  5. Ibidem, pag. 140, 141.
  6. Vulnus erat profundum et quod in thoracis capacitatem, illæso tamen pulmone, penetraret. Ibid., pag. 140. Quamvis autem vulnus periculosum valdè fuerit, et ex quo candelam ei objectam poterat Maresius extinguere, brevi tamen tempore ex eo convaluit. Ibidem, pag. 141.
  7. Vitæ professor. Groning., pag. 144.
  8. Elle n’est pas dans la dernière édition, ni dans les deux premières. Elle est, jusqu’en 1654 dans les Vies des professeurs de Groningue.
  9. Hinc primùm mihi nata est hæc Synopsis theologica, non tam aliis, quàm mihi et meis discipulis primitùs destinata : etsi favorabiliùs publicè excepta fuerit quam putassem, adeò ut sæpiùs recudi debuerit, et in omnibus scholis reformatis vel publicè explicari, vel privatim proponi sibi à viris clarissimis in cynosuram suorum collegiorum mos ferè constans fuerit. Mares., in præfat., edit. 1673.
  10. Acta Eruditor., Lips., 1690, pag. 313.
  11. Cet ouvrage fut imprimé l’an 1640, in-8o.
  12. Id præsertim tolerari non potest in Grotio, quòd satis apertè negat reges esse institutionis divinæ, quandòquidem judicibus illis eximiis, quorum institutio à Deo, ut apparet num. XI, 16, opponit reges, quos voluntas primum populi reperit. Sam. Marestus, in Antichristo revelato, tom. I, pag. 345.
  13. Voyez l’Histoire des Ouvrages des Savans, mois de novembre 1695, pag. 127.
  14. Avis important aux réfugiés, p. 216, 217.
  15. Voyez son Ve. avertissement contre M. Jurieu.
  16. Ex conjugio ducis Bullionæi cum Berghensi comitissâ, exumiæ formæ et sublimis ingenii fœminâ, sed supra modum pontificia, nova fuerunt certamina illi sustinenda. Vitæ professor. Groning., pag. 148.
  17. Quam deserturum harum nuptiarum gratiâ jam antè clam receperat. Ibidem.
  18. Vitæ professor. Groning., pag. 149.
  19. Puységur, Mémoires, tom. I, pag. 135, édition de Hollande.
  20. Sam. Maresius, epist. dedicatoria 3 editionis Systematis theologici.
  21. Ibidem.
  22. Idem, ibidem.
  23. On écrit ceci le 4 de février 1696.
  24. À la Haye, l’an 1670, in-12.
  25. Vitæ professor. Groning., pag. 134.
  26. Ibidem.
  27. Johannes Vaucquetius Magdalenæ pater, Prætor Sanmauvizii Fontiumque, et juris patrii consultissimus in præfecturâ Vimacensi, atque regius notarius, itidem columen fuit inter suos ecclesiæ reformatæ ; quem Maresius recordatur se admodùm puerum vidisse, venerandâ canitie senem, natum 93 vel 94 annos, integris mentis et corporis viribus sacra nostra frequentantem. Ibidem.
  28. Ibidem.
  29. Voyez la Vie de M. Descartes, composée par M. Baillet, tom. II, pag. 180 et suiv.
  30. C’est un in-quarto.
  31. Virg., Æn., lib. VII, vs. 541.
  32. Voyez-en la liste dans l’Appendix du Tribunal iniquum, pag. 151, 152.
  33. Il fut en personne, l’an 1648, à la tête du premier volume de ses Disputes théologiques, (voyez la longue préface de ce volume), et l’an 1651, dans la préface de la seconde édition du Bibliotheca studiosi theologiæ.
  34. Ceux qu’on nomme cocceïens. M. Des Marets, de Statu afflicto studii theologici, pag. 3, l’appelle Factionem Cartesio Lovesteniam remonstranticam.
  35. Maresius, in præfatione Theologi paradoxi retecti et refutati. Ce livre fut imprimé à Groningue, l’an 1649.
  36. Touchant son origine, voyez la CDLXIIIe. lettre de Vossius.
  37. Quelques-uns disaient qu’il se nommait Jacques Tirinus ; mais cela est faux : il était mort avant le commencement de cette querelle. Ceux qui me disaient celà se fondaient apparemment sur ce qu’ils trouvaient probable que des Marets, ayant publié deux volumes contre Jacques Tirinus, l’avait irrité.
  38. Sam. Maresius, Auctario primo Biblioth. theol. Gisb. Voëtius, pag. 6.
  39. Je dirai quelque chose de lui à la fin de celle remarque.
  40. L’an 1664.
  41. Selon Sérarius, qui se fonde sur le même Hoen, et sur les tables des conjonctions, elle se fit dans le signe des poissons.
  42. À Amsterdam. Il est intitulé : Bonus Nuncius Israëli.
  43. Ne testamenti a fanno legati à certo profeta incognito, che dee venir liberar il mondo dalla tirannide del Antichristo. Giornale de’ Letterati, du 31 de mars 1673, pag. 33, dans l’Extrait del Viaggio all’ Indie Orientali del P. F. Vincenzo Maria di S. Caterina da Siena, procuratore generale de’ carmelitani scalxi.
  44. Ibidem.
  45. Ibidem.
  46. Intitulé : Modeste Réfutation de la Déclaration en forme de manifeste publié par Jean de Labadie
  47. Dallæus, in Vindicis apologiæ pro duabus Synodis, part. I, cap. VI, pag. 130, 131.
  48. M. Daillé, à la page 428 du même livre, parle ainsi : Ex his suis laboribus nihil ad eum pro exspectatis triumphis rediisse vidimus, quam a Romanis quidem librorum censoribus eam notam, de quâ non erat, quod hic tantoperè gloriaretur, Jansenianis verò tria convitiorum et maledictorum plaustra, quæ in eum ab Hieronymo ille personato, de quo alibi suprà diximus, totâ plaudente Lutetiâ effundi inviti ac dolentes spectavimus.
  49. Pag. 428.
  50. C’est M. Hermant. Il se déguisa sous le nom de Hieronymus ab Angelo forti.
  51. Dallæus, in Vindiciis apologiæ pro duabus Synodis, part. I, cap. VI, pag. 133, 134.
  52. Voyez le Ve. tome des Œuvres de Jacques Alting, pag. 393.

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