Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Méthydre


◄  Métellus (Lucius)
Index alphabétique — M
Métrodore  ►
Index par tome


MÉTHYDRE, en grec Μετόδριον, Methydrium, ville du Péloponnèse, dans l’Arcadie, fut ainsi nommée à cause de sa situation entre deux rivières [a]. Orchomène, qui en fut le fondateur, la bâtit sur une éminence. Il avait proche de Méthydre un temple de Neptune équestre, et une montagne que l’on appelait Thaumasie (A), c’est-à-dire, miraculeuse, où l’on prétendait que Cybèle enceinte de Jupiter, se réfugia, et qu’Hoplodamus et les géans de sa suite se préparèrent à la secourir, en cas que Saturne son mari lui voulût faire quelque violence (B). On ne niait pas qu’elle ne fût accouchée sur le mont Lycéus ; mais on soutenait qu’elle trompa son époux sur la montagne de Thaumasie (C), en lui donnant une pierre au lieu de l’enfant. On montrait sur le sommet de cette montagne, la caverne de Cybèle, où il n’était permis à personne de mettre le pied, hormis les femmes consacrées à cette déesse [b]. Méthydre n’était qu’un village au temps de Pausanias, et appartenait aux Mégalopolitains [c]. Cet article déplaira à bien des gens, parce qu’il témoigne qu’il y avait dans le paganisme certains lieux de dévotion dont la prétendue sainteté n’était fondée que sur des contes ridicules. Il y a bien des conformités que l’on n’aime point. Pausanias est un auteur incommode. Il eût mérité la revue des commissaires librorum expurgandorum.

  1. L’une s’appelait Malata, et l’autre Mylaon.
  2. Tiré de Pausanias, lib. VIII, pag. 266.
  3. Idem, ibidem, pag. 246.

(A) Il avait proche de Méthydre un temple.... et une montagne... appelée Thaumasie. ] Je ne fais cette remarque que pour corriger un mot dans le texte de Pausanias. Cet auteur dit que la ville de Méthydre était située entre la rivière de Malœta et la rivière de Mylaon [1] ; et qu’il y avait un temple sur celle de Mylaon, et une montagne sur celle de Molotte. Il est visible qu’il y a là une rivière de trop, et que ce passage de Pausanias a été gâté par les copistes. Rapportons le grec ; Ἐςι δὲ ἐν Μεθυδρίῳ· Ποσειδῶνός τε Ἱππίου ναὸς, οὗτος μὲν ἐπὶ τῷ Μυλάοντί ἐςι· τὸ δὲ ὄρος τὸ Θαυμάσιον καλοὐμενον κεῖται μὲν ὑπὲρ τὸν ποταμὸν τὸν Μολοττόν. Est Methydrii Neptuni equestris ædes ad Mylaontem fluvium : mons verò Thaumasius dictus suprà Molottum amnem est. Je crois qu’au lieu de Μολοττόν, il faut lire Μολοιτάν, qui est le nom de l’autre rivière dont Pausanias avait parlé peu auparavant. Notez qu’en relisant ceci longtemps après l’avoir composé, j’ai cru que je devais consulter le Pausanias imprimé à Leipsic, l’an 1696, et qui n’est en ma puissance que depuis quelques mois. J’y ai trouvé une note qui m’apprend 1°. qu’Étienne Niger reconnaît pour deux rivières différentes le Malœta et le Molotte ou le Molosse de Pausanias, mais que d’autres croient que la faute des copistes tombe sur Μαλοιτᾶ ; 2°. que M. Kuhnius ne décide rien, et ne sait que faire de certains noms que l’on ne rencontre qu’une fois.

(B) Hoplodamus et les géans de sa suite se préparèrent à secourir Cybèle, en cas que Saturne... lui voulût faire... violence. ] Natalis Comes n’a rien entendu dans le passage de Pausanias ; car il suppose que les géans appelèrent au secours de la déesse la montagne Thaumasie : Qui mons fuit ab Hoplodamo, aliisque illius sociis gigantibus in auxilium accitus, si fortè Saturnus illi vim inferre paravisset [2].

(C) On ne niait pas qu’elle ne fût accouchée sur le mont Lycéus ; mais on soutenait qu’elle trompa son époux sur la montagne de Thaumasie. ] C’est le véritable sens des paroles de Pausanias ; et, s’il n’est pas assez clair par leur construction grammaticale, il l’est assez par la suite du raisonnement, ou par l’intention de l’auteur. Voyez néanmoins ce que c’est que de s’exprimer d’une manière équivoque par l’arrangement des termes ; on fait égarer les plus savans hommes. Je viens de lire un commentaire qui est rempli d’une très-profonde érudition, et j’y ai vu [3] que l’on attribue à Pausanias d’avoir dit que la caverne de Rhéa [4] se voyait sur la croupe du mont Lycéus, et qu’il n’était permis d’y entrer qu’aux femmes qui sacrifiaient à cette déesse. Pausamias ne dit cela que de la montagne de Thaumasie ; car il affirme deux choses du même mont : l’une que Saturne y fut trompé, prenant une pierre pour l’enfant dont sa femme était accouchée ; l’autre, que l’on y voyait la caverne de cette déesse. Or, ce fut sur la montagne de Thaumasie que Saturne fut ainsi trompé : Étienne de Byzance le rapporte [5] ; donc, etc. Je sais bien que Pausamias raconte plusieurs merveilles du mont Lycée : que Jupiter y fut élevé ; qu’on y voyait une fontaine qui faisait pleuvoir quand une trop grande sécheresse obligeait à recourir à ce remède avec les cérémonies requises ; qu’on y voyait aussi un lieu consacré à Jupiter, dont l’entrée était interdite à toutes sortes de personnes ; et que si quelqu’un, au mépris de la religion, avait la hardiesse d’y entrer, il mourait infailliblement l’année même ; et que les bêtes, aussi-bien que les hommes, qui entraient en ce lieu-là, ne [6] faisaient plus d’ombre [7] : mais cela ne fait point de préjudice aux merveilles de l’autre montagne.

  1. Μαλοιτᾶ τε ποταμοῦ καὶ Μυλάοντος μεσος. Medio loco inter Malœtan et Mylaontem flumina. Pausanias, lib. VIII, pag. m. 266.
  2. Natalis Comes, Mythol., lib. IX, cap. V, pag. m. 950.
  3. Ezechiel Spanhemius, Observat. in Callimachum, pag. 5. Frischlin est dans une pareille erreur. Not. in Hymn. Callim. in Jovem, pag. 372, edit. Græv.
  4. C’est la même que Cybèle.
  5. Stephan. Byzantinus, in Θαυμάσιον.
  6. Οὐ παρέχεσθαι σκιάν. Nullas è corporibus suis umbras reddere. Pausanias, lib. VIII, pag. 269.
  7. Tiré de Pausanias, lib. VIII, p. 268, 269.

◄  Métellus (Lucius)
Métrodore  ►