Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Ier Éclaircissement


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Ier. ÉCLAIRCISSEMENT.

La remarque l’on a faite sur les bonnes bonnes mœurs de quelques personnes qui n’avaient point de religion ne peut faire aucun préjudice à la véritable foi, et n’y donne aucune atteinte.


Ceux qui se sont scandalisés de ce que j’ai dit qu’il y a eu des athées et des épicuriens qui ont surpassé en bonnes mœurs la plupart des idolâtres, sont priés de bien réfléchir sur toutes les considérations que je m’en vais proposer. S’ils le font, leur scandale s’évanouira et disparaîtra entièrement.

I. La crainte et l’amour de la divinité ne sont point l’unique ressort des actions humaines. Il y a d’autres principes qui font agir l’homme : l’amour de la louange, la crainte de l’infamie, les dispositions du tempérament, les peines et les récompenses proposées par les magistrats, ont beaucoup d’activité sur le cœur humain. Si quelqu’un en doute, il faut qu’il ignore ce qui se passe chez lui, et ce que le train ordinaire du monde lui peut mettre sous les yeux à chaque moment. Mais il n’y a point d’apparence que personne soit assez stupide pour ignorer une telle chose. On peut donc mettre parmi les notions communes ce que j’établis touchant ces autres ressorts des actions humaines.

II. La crainte et l’amour de la divinité ne sont pas toujours un principe plus actif que tous les autres. L’amour de la gloire, la crainte de l’infamie, ou de la mort, ou des tourmens, l’espérance des charges, agissent avec plus de force sur certains hommes que le désir de plaire à Dieu, et que la crainte de violer ses commandemens. Si quelqu’un en doute, il ignore une partie de ses actions, et ne sait rien de ce qui se passe journellement sur la terre. Le monde est rempli de gens qui aiment mieux commettre un péché que de déplaire à un prince qui peut faire ou renverser leur fortune. On signe tous les jours des formulaires de foi contre sa conscience, afin de sauver son bien, ou d’éviter la prison, l’exil, la mort, etc. Un homme de guerre qui a tout quitté pour sa religion, et qui se voit dans l’alternative, ou d’offenser Dieu s’il se venge d’un soufflet, ou de passer pour un lâche s’il ne s’en venge pas, ne se donne point de repos qu’il n’ait eu raison de cette offense, au hasard même de tuer, ou d’être tué dans un état qui sera suivi de sa damnation éternelle. Il n’y a point d’apparence que personne soit assez stupide pour ignorer de tels faits. Mettons donc parmi les notions communes cet aphorisme de morale : La crainte et l’amour de la Divinité ne sont pas toujours le principe le plus actif des actions de l’homme.

III. Cela étant, il ne faut point considérer comme un paradoxe scandaleux, mais plutôt comme une chose très-possible, que des gens sans religion soient plus fortement poussés vers les bonnes mœurs par les ressorts du tempérament accompagnés de l’amour des louanges, et soutenus de la crainte du déshonneur, que d’autres gens n’y sont poussés par les instincts de la conscience.

IV. Le scandale devrait être beaucoup plus grand lorsqu’on voit tant de personnes persuadées des vérités de la religion, et plongées dans le crime.

V. Il est même plus étrange que les idolâtres du paganisme aient fait de bonnes actions, qu’il n’est étrange que des philosophes athées aient vécu en honnêtes gens : car ces idolâtres auraient dû être poussés vers le crime par leur propre religion ; ils auraient dû croire qu’afin de se rendre les imitateurs de dieu, ce qui est le fin et la moelle de la religion, il fallait qu’ils fussent fourbes, envieux, fornicateurs, adultères, pédérastes, etc.

VI. D’où l’on peut conclure que les idolâtres, qui ont vécu honnêtement, n’étaient dirigés que par les idées de la raison et de l’honnêteté, ou par le désir des louanges, ou par le tempérament, ou par tels autres principes qui se peuvent tous rencontrer dans des athées. Pourquoi donc s’attendrait-on à trouver plus de vertu sous l’idolâtrie païenne que sous l’irréligion ?

VII. Remarquez bien, s’il vous plaît, qu’en parlant des bonnes mœurs de quelques athées, je ne leur ai point attribué de véritables vertus. Leur sobriété, leur chasteté, leur probité, leur mépris pour les richesses, leur zèle du bien public, leur inclination à rendre de bons offices à leur prochain, ne procédaient pas de l’amour de Dieu, et ne tendaient pas à l’honorer et à le glorifier. Ils en étaient eux-mêmes la source et le but ; l’amour propre en était la base, le terme, toute l’analyse. Ce n’étaient que des péchés éclatans, splendida peccata, comme saint Augustin l’a dit de toutes les belles actions des païens. Ce n’est donc point blesser en nulle manière les prérogatives de la véritable religion, que de dire de quelques athées ce que j’en ai dit. Il est toujours vrai que les bonnes œuvres ne se produisent que dans son enceinte. Eh ! que lui importe que les sectateurs des faux dieux ne soient pas plus sages dans les actions de leur vie que ceux qui n’ont point de religion ? Quel avantage lui reviendrait-il de ce que les adorateurs de Jupiter et de Saturne ne seraient pas aussi engagés dans la voie de perdition que les athées ?

VIII. Si ceux qui se sont scandalisés ont prétendu qu’on ne peut louer les bonnes mœurs d’Épicure sans prétendre que par rapport à la bonne vie c’est toute la même chose, n’avoir point de religion, ou professer une religion, quelle qu’elle soit ; ils ont ignoré l’art des conséquences, et n’ont nullement compris de quoi il était question. Je n’ai jamais mis en parallèle l’athéisme qu’avec le paganisme. Ainsi la vraie religion est hors de pair et hors d’intérêt. Il ne s’agit que des religions introduites et fomentées par le démon ; il s’agit de voir si ceux qui ont professé un culte aussi infâme dans son origine et dans ses progrès que celui-là, ont été plus réguliers dans la pratique des bonnes mœurs que les athées. Je suppose comme un point indubitable et pleinement décidé, que dans la vraie religion il y a non-seulement plus de vertu que partout ailleurs, mais que hors de cette religion il n’y a point de vraie vertu, ni point de fruits de justice. À quoi sert-il donc de faire paraître que l’on craint que je n’offense cette vraie religion ? Est-elle intéressée dans le mal que l’on peut dire de la fausse ? et ne doit-on pas appréhender que ce grand zèle que l’on témoigne ne scandalise les gens de bon sens, qui verront que c’est faire le délicat en faveur d’un culte détesté de Dieu, et produit par le démon, ainsi que le reconnaissent tous nos docteurs en théologie ?

IX. Je ne pourrais pas justement trouver mauvais que l’on murmurât, si j’avais fait un roman où les personnages fussent vertueux et sans religion ; car, comme j’aurais été le maître de leurs actions et de leurs paroles, il m’aurait été libre de les peindre selon le goût des lecteurs les plus scrupuleux : mais mon Dictionnaire est un ouvrage historique, je n’ai point le droit d’y représenter les gens comme on voudrait qu’ils eussent été, il faut que je les représente comme ils étaient ; je ne puis supprimer, ni leurs défauts, ni leurs vertus. Puis donc que je n’avance touchant les mœurs de quelques athées que ce qu’en rapportent les auteurs que j’ai cités, on n’a pas raison de se choquer de ma conduite. Il ne faut, pour faire rentrer en eux-mêmes les censeurs, que leur demander s’ils croient que la suppression des faits véritables est du devoir d’un historien. Je m’assure qu’ils ne signeraient jamais une telle proposition.

X. Ce n’est pas que je ne croie qu’il y a des gens assez ingénus pour avouer qu’une vérité de fait doit être étouffée par un historien, lors qu’elle est capable de diminuer l’horreur de l’athéisme, et la vénération que l’on a pour la religion en général. Mais je les supplie très-humblement de trouver bon que je continue de croire que Dieu n’a pas besoin de ces artifices de rhétorique, et que si cela peut avoir lieu dans un poëme ou dans une pièce d’éloquence, il ne s’ensuit que j’aie dû l’adopter dans un Dictionnaire historique. Ils me permettront de leur dire qu’il suffit de travailler pour la bonne religion ; car tout ce que l’on ferait pour la religion en général servirait autant au paganisme qu’au christianisme.

XI. J’aurais été d’autant plus blâmable de supprimer les vérités dont on se plaint, qu’outre que j’aurais agi contre les lois fondamentales de l’art historique, j’aurais éclipsé des choses qui sont au fond très-avantageuses au vrai système de la grâce. J’ai fait voir ailleurs [1] que rien n’est plus propre à prouver la corruption du cœur de l’homme, cette corruption naturellement invincible, et seulement surmontable par le Saint-Esprit, que de montrer que ceux qui n’ont point de part aux secours surnaturels sont aussi méchans sous la pratique d’une religion que ceux qui vivent dans l’athéisme. J’ajoute ici qu’on ne saurait faire plus de plaisir aux pélagiens que de dire que la crainte des faux dieux a pu porter les païens à se corriger de quelque vice : car, si de peur de s’attirer la malédiction céleste ils ont pu s’abstenir du mal, ils ont pu aussi se porter à la vertu par le désir des récompenses spirituelles, et afin de se procurer l’amour de Dieu ; c’est-à-dire, qu’ils auraient pu non-seulement craindre, mais aimer aussi la Divinité, et agir par ce bon principe. Les deux anses avec quoi l’on remue l’homme sont la crainte du châtiment, et le désir de la récompense : s’il peut être remué par celle-là, il le peut aussi être par celle-ci : l’on ne saurait bonnement admettre l’une de ces choses, et rejeter l’autre.

XII. Si quelques personnes plus équitables et plus éclairées qu’on ne l’est ordinairement alléguaient, comme la raison unique de leur scandale, l’affectation avec laquelle il leur semble que j’aie fait remarquer à mes lecteurs la bonne vie des athées, je les prierais de considérer que dans le cas dont il s’agit l’affectation est fort excusable, et qu’elle peut même passer pour un sujet d’édification. Il ne faut, pour bien entendre cela, que se souvenir d’un épisode de mon Traité des Comètes. Le véritable but de cet ouvrage était de réfuter par une raison théologique ce que l’on dit ordinairement sur les présages des comètes [2]. La nécessité de fortifier cette raison m’entraîna dans le parallèle de l’athéisme et du paganisme ; car sans cela ma preuve aurait été exposée à une objection qui l’eût rendue mal propre à persuader ce qu’il fallait que je démontrasse. Il fallait donc ou laisser une brèche ouverte, ou réfuter les raisons de ceux qui disent que l’idolâtrie des païens n’était pas un aussi grand mal que l’athéisme. Tout le succès du combat dépendait beaucoup de celui de cette attaque ; et ainsi dans l’ordre de la dispute, et par tous les droits qui appartiennent à un auteur, je pouvais et devais me prévaloir de tout ce que la logique et l’histoire étaient capables de me fournir pour repousser cet assaut. Ce ne fut donc point, ou de gaieté de cœur, ou par audace, que je débitai des faits qui tendaient à persuader que les athées ne sont pas nécessairement plus déréglés dans leurs mœurs que les idolâtres. Les lois de la dispute, et le droit que chacun a de repousser les objections à quoi il voit que sa thèse est exposée, m’imposaient indispensablement cette conduite. On a fort crié contre cet endroit de mon ouvrage, et l’on a tâché de le faire passer pour dangereux. J’ai donc été obligé de le soutenir autant que la raison et la vérité me l’ont pu permettre ; et par conséquent personne ne se doit choquer si j’avertis mes lecteurs, quand l’occasion s’en présente, que l’histoire nous apprend que telles et telles personnes qui niaient ou l’existence ou la providence de Dieu, ou l’immortalité de l’âme, n’ont pas laissé de vivre en honnêtes gens. Cette affectation, qui serait peut-être un juste sujet de scandale dans un autre livre, ne l’est point du tout dans le mien : au contraire, elle peut servir à l’édification de mes lecteurs, parce qu’elle montre que je n’ai point avancé un paradoxe par un principe de vanité, mais une remarque qui est au fond très-certaine, et qui ne paraissait fausse qu’à ceux qui ne l’avaient pas examinée. Rien n’est plus choquant qu’un homme qui, pour se donner quelque distinction, prend à tâche de s’éloigner témérairement du chemin battu ; et s’il y a des écrivains qui se soient rendus suspects de ce côté-là, non par leur faute, mais parce que les lecteurs ne connaissaient pas assez le fond de l’affaire, rien ne doit être plus édifiant que de voir que ces auteurs se justifient.

XIII. Pour ôter entièrement les soupçons d’une affectation vicieuse, j’ai eu soin de remarquer, toutes les fois que je l’ai pu, les mauvaises mœurs des athées [3]. Si je ne l’ai pas fait plus souvent, ce n’est qu’à cause que la matière m’a manqué. Le public a su que j’ai demandé qu’on m’indiquât des exemples [4] ; personne n’a pris cette peine, et je n’ai pu encore rien déterrer par mes recherches. Je ne prétends pas nier qu’en tout pays et de tout temps il n’y ait eu des personnes qui ont étouffé par leurs débauches, et par de longues habitudes criminelles, la foi explicite de l’existence de Dieu ; mais l’histoire n’ayant point conservé leur nom, il est impossible d’en parler. Il est probable qu’entre ces bandits et ces assassins à louage qui commettent tant de crimes, il y en a qui n’ont point de religion ; mais le contraire est encore plus probable, vu que de tant de malfaiteurs qui passent par les mains du bourreau il n’y en a point que l’on trouve athées [5]. Ceux qui les préparent à la mort les trouvent toujours assez disposés à souhaiter la félicité du paradis. Pour ce qui est de ces profanes plongés dans la goinfrerie, qui, au jugement du père Garasse et de plusieurs autres écrivains, sont de francs athées, je n’ai point dû les mettre en ligne de compte ; car il ne s’agissait point de ceux qu’on appelle athées de pratique, gens qui vivent sans nulle crainte de Dieu, mais non pas sans aucune persuasion de son existence. Il ne s’agissait que des athées de théorie, comme Diagoras, par exemple, Vanini, Spinosa, etc., gens dont l’athéisme est attesté, ou par les historiens, ou par leurs écrits. La question roule uniquement sur les mœurs de cette classe d’athées ; c’est à l’égard de ceux-là que j’ai souhaité que l’on m’indiquât des exemples de mauvaise vie. Si j’en avais trouvé, j’en eusse fait une ample mention. Il n’y a rien de plus facile que de rencontrer dans l’histoire certains scélérats dont les actions abominables font presque trembler les lecteurs : mais néanmoins c’étaient des gens dont même les impiétés et les blasphèmes sont une preuve qu’ils croyaient la Divinité. Voilà une suite naturelle de la doctrine constante des théologiens, que le démon, la plus méchante de toutes les créatures, mais incapable d’athéisme, est le promoteur de tous les péchés du genre humain ; car, cela étant, il faut que la plus outrée méchanceté de l’homme ait le caractère de celle du diable, c’est-à-dire, qu’elle soit conjointe avec la persuasion de l’existence de Dieu. Une maxime des philosophes confirme ce raisonnement [6].

XIV. Si ce que je viens de dire est capable d’édifier les consciences tendres, puisqu’elles y verront que la thèse qui les avait effarouchées s’accorde très-bien avec les principes les plus orthodoxes, elles ne trouveront pas un moindre sujet d’édification dans ce que je vais proposer. Que les plus grands scélérats ne soient point athées, et que la plupart des athées dont le nom est parvenu jusques à nous, aient été honnêtes gens selon le monde, c’est un caractère de la sagesse infinie de Dieu, c’est un sujet d’admirer sa providence. Elle a voulu mettre des bornes à la corruption de l’homme, afin qu’il pût y avoir des sociétés sur la terre ; et si elle n’a favorisé de la grâce sanctifiante qu’un petit nombre de gens, elle a répandu partout une grâce réprimante [7] qui, comme une forte digue retient les eaux du péché autant qu’il est nécessaire pour prévenir une inondation générale, qui détruirait tous les états monarchiques, aristocratiques, démocratiques, etc. On dit ordinairement que le moyen dont Dieu s’est servi pour parvenir à ce but a été de conserver dans l’âme de l’homme l’idée de la vertu et du vice, et le sentiment d’une Providence qui prend garde à tout, qui punit le mal, et qui récompense le bien. Vous trouverez cette pensée dans les lieux communs de théologie, et dans une infinité d’autres ouvrages orthodoxes. Quelle est la suite naturelle de cette proposition ? N’est-ce pas de dire que s’il y a des gens que Dieu n’abandonne pas jusques au point de les laisser précipiter dans le système d’Épicure, ou dans celui des athées, ce sont principalement ces âmes féroces dont la cruauté, l’audace, l’avarice, la fureur et l’ambition, seraient capables de ruiner bientôt tout un grand pays ? N’est-ce pas de dire que s’il abandonne de certaines gens jusques à permettre qu’ils nient, ou son existence, ou sa providence, ce sont principalement des personnes à qui les dispositions du tempérament, l’éducation, la vivacité des idées de l’honnêteté, l’amour de la belle gloire, la sensibilité pour le déshonneur, servent d’un frein assez fort pour les retenir dans leur devoir ? Voilà deux conséquences qui émanent naturellement du principe de théologie que j’ai rapporté ci-dessus. Or, comme, en avertissant mes lecteurs dans quelques endroits de ce Dictionnaire que les plus grands scélérats ont eu quelque religion, et que des personnes qui n’en avaient point du tout ont vécu selon les lois de l’honnêteté, je n’ai rien dit qui ne s’accorde avec ces deux conséquences, on ne pourra plus en être choqué raisonnablement.

XV. Il sera bien plus légitime de considérer en cela le doigt de Dieu, et les ménagemens admirables de sa providence : il parvient au même but par diverses voies : le principe réprimant si nécessaire pour la conservation des sociétés, comme l’enseignent les théologiens, exerce sa vertu par le frein de l’idolâtrie en certains pays et en certaines personnes ; et par le tempérament, ou par la vivacité des idées et du goût de l’honnêteté morale, en quelques autres. Les Grecs ingénieux et voluptueux, et par-là sujets à une suite épouvantable de crimes, ont eu besoin d’une religion qui les chargeât d’une infinité d’observances. Ils eussent eu trop de temps à donner au mal, si la multitude de cérémonies, de sacrifices, et d’oracles, ne leur eût causé bien des distractions, et si les terreurs superstitieuses ne les eussent alarmés. Les Scythes, peuple grossier, sans dépense ni en habits, ni en bonne chère, n’avaient besoin que de mépriser les voluptés, ou de ne les pas connaître [8]. Cela seul maintenait leur république, et les empêchait de faire du tort les uns aux autres. Ils étaient tournés d’une manière que chacun se contentait de ce qui était à lui. Il ne faut point de code ni de digeste à de telles gens [9].

Voilà quinze considérations qui me semblent suffisantes à ôter la pierre d’achoppement qu’on a cru trouver dans quelques endroits de mon Dictionnaire. Elles pourraient servir de sujet à un gros livre : je me suis contenté de les proposer légèrement ; car j’en ai traité ailleurs [10] avec un peu plus d’étendue, ou j’en traiterai amplement dans un ouvrage que j’ai promis [11].

  1. Voyez les Pensées diverses sur les Comètes, pag. 437, 490, 599 ; et les Additions à ces Pensées, pag. 58, 110.
  2. Voyez la préface de la troisième édition.
  3. Comme dans l’article de Bion Borysthénite, tom. III, pag. 445 et 448, et de Critias, tom. V, pag. 331.
  4. Voyez les Additions aux Pensées sur les Comètes, pag. 86. Voyez-y aussi p. 75.
  5. Je parle ainsi parce que je ne me souviens point d’avoir lu des Relations touchant l’athéisme final de ces gens-là, ni d’en avoir entendu parler.
  6. Ἀεὶ δι´ ὃ ὑπάρχει ἕκαςον, ἐκεῖνο μᾶλλον ὑπάρχει. Propter quòd unumquodque est tale, illud semper est magis tale. Aristot., Analyt. Poster. lib. I, cap. II, pag. m. 105. Vide etiam Metaphys., lib. II, cap. I, pag. 645, F.
  7. J’ai su d’un théologien que c’est sous cette idée que l’on parle de la providence de Dieu, en tant qu’elle n’a point permis que les crimes se débordassent jusques à la destruction des sociétés.
  8. Aurum et argentum perindè aspernantur ac reliqui mortales appetunt ...... Hæc continentia illis morum quoque justitiam edidit, nihil alienum concupiscentibus. Quippe ibidem divitiarum cupido est, ubi et usus. Atque utinam reliquis mortalibus similis moderatio et abstinentia alieni foret... Prorsùs ut admirabile videatur, hoc illis naturam dare, quod Græci longâ sapientium doctrina, præceptisque philosophorum consequi nequeunt. Justin., lib. II, cap. 2.
  9. Justitia gentis ingeniis culta, non legibus. Idem, ibid.
  10. Dans les Pensées diverses sur les Comètes.
  11. Voyez la préface de la troisième édition de ces Pensées.
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