Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Féron


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FÉRON (Jean le), avocat au parlement de Paris, était de Compiègne. Il avait plus de soixante ans en 1564 ; et il mourut sous le règne de Charles IX. Il fut l’un des plus diligens et des plus curieux hommes de France pour la recherche des maisons nobles et des armoiries[a], comme il le montra par plusieurs volumes, dont quelques-uns furent imprimés (A). Les personnes de bon goût les méprisèrent, à cause d’une infinité de fictions et de puérilités dont il les remplit (B). M. le Féron, ancien prevôt des marchands à Paris, et président aux enquêtes, au XVIIe. siècle, était de cette famille[b].

  1. Tiré de la Croix du Maine, pag. 221, 222.
  2. Mercure Galant, février 1703, pag. 38.

(A) Il fit plusieurs volumes, dont quelques-uns furent imprimés. ] Il publia à Paris, en 1555, chez Vascosan, Catalogue des connestables, chanceliers, grandmaistres, admiraux et mareschaux de France, et des presvosts de Paris, contenant leurs erections et establissemens, le temps et exercice de leurs estats, mutation et variation d’iceux, leurs noms, surnoms, seigneuries et armoiries blasonnées : ensemble un abregé de leurs faicts ; in-folio[1]. La même année il fit voir le jour à son Traité de la primitive institution des rois, herauts et poursuivans d’armes, à Paris, chez Maurice Ménier, in-4o. Quant à son Histoire armoriale reduite en 12 volumes contenant les escussons, blasons, noms, surnoms, qualités et mémoire perpétuelle des rois, princes, seigneurs, gentilshommes et nobles de plusieurs royaumes chrestiens et infidelles, et principalement du royaume de France, et à plusieurs autres compilations de même nature, la Croix du Maine remarque qu’elle n’était pas imprimée[2].

(B) Les personnes de bon goût les méprisèrent, à cause d’une infinité de fictions..... dont il les remplit. ] Nous avons déjà fait connaître[3] ce que M. le Laboureur en pensait, et nous allons citer un passage d’Étienne Pasquier. Il se trouve dans une lettre qu’il écrivit à un avocat[4], qui travaillait à un ouvrage d’écussons et d’armoiries. « Bien vous diray-je, qu’entre ceux qui s’en sont meslez, le Feron, duquel m’escrivez, s’en voulut faire croire par dessus tous. Je vous en parleray comme d’un homme que j’ay de fois à autres frequenté sur mon moyen âge. Il estoit un ancien avocat en nostre palais, qui ne fit jamais grande profession de sa charge[5], aius seulement de blasonner les escussons et armoiries, comme mesmes vous avez peu voir par quelques livres qu’il fit imprimer sur ceste matiere. Et néantmoins il n’eut jamais la plume si desliée, comme quelques-uns qui luy ont succedé : car pour vous bien dire, il ne mendia pas l’usage des armoiries, ny des guerres, ni de la noblesse, ains dés le commencement de ce monde : voire assigna à nostre premier pere Adam les siennes. Si vous me demandez quelles ? C’estoient trois feuilles de figuier. Et comme je luy demandasse, pourquoy il les luy avoit attribuées, il me respondit, que c’estoit pour autant qu’après avoir mangé du fruit de science, Adam s’estoit couvert les parties honteuses d’une feuille de figuier. Et sur ce pied il bastit quatre ou cinq gros tomes en grand volume, figurez selon son opinion. Curiosité que j’oze aussi tost appeler inexcusable, comme inespuisable [6]. »

  1. Du Verdier Vau-Privas, Bibliothéque française, pag. 690.
  2. La Croix du Maine, Biblioth. française, pag. 222.
  3. Dans la remarq. (C) de l’article Pinet, tome XII.
  4. À M. Moreau, avocat au parlement de Bordeaux.
  5. Voyez les Opuscules de Loisel, pag. 525.
  6. Pasquier, Lettres, liv. XIX, pag. 455 du IIe. tome.

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