Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Changy


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CHANGY ( Pierre de), écuyer, vivait au XVIe. siècle [* 1]. Il mit en français le livre latin de Louis Vivès de l’Instruction de la femme chrétienne, tant en son enfance, que mariage et viduité ; aussi de l’Office du mari [a]. L’édition que j’en ai n’est ni la première ni la seconde : elle est de Paris, chez Jacques Kerver, 1543, in-8o., et n’a été connue, mi à la Croix du Maine, ni à du Verdier Vau-Privas [b]. On y ajouta de nouveau une très-briève et fructueuse institution de la vertu d’humilité ; avec une épître de saint Bernard touchant le négoce et gouvernement d’une maison. L’auteur était déjà mort. Il avait dédié ouvrage à sa fille Marguerite [* 2]. Il avait plus de soixante ans, lorsqu’il travailla à cette version, et il était fort maltraité de la goutte [c]. Il avait porté les armes dans sa jeunesse, et mis en français six livres de Pline (A), au milieu des embarras de la guerre. Il eut des fils qui furent hommes de lettres, comme je le dis dans la remarque.

  1. * Il était né à Dijon, dit Joly.
  2. * Papillon, dans sa Bibliothéque de Bourgogne, I, 129, distingue et reproche à Bayle de n’avoir pas distingué l’Institution de la femme chrétienne, traduite de Vivès (qu’il avait sous les yeux) d’avec un autre ouvrage de Changy intitulé : Instruction chrétienne pour femmes et filles mariées et à marier. C’est ce dernier ouvrage que cite du Verdier sous la date de 1545 (et non 1544 comme dit Bayle).
  1. Voyez à la fin de la remarque (M) de l’article Sainte-Aldegonde le jugement de Plantin sur cette version, tome XIII.
  2. La Croix du Maine n’a connu aucune des éditions. Du Verdier Vau-Privas ne fait mention que de celle de Poitiers, en 1544, in-16. ; et de celle de Paris, 1579, in-16.
  3. Voyez au-devant du livre les vers latins de Simonis Romyglæi Andegavensis.

(A) Il a... mis en francais six livres de Pline. ] Voici comment on le fait parler dans quelques vers [1] qui sont au-devant de sa traduction de l’ouvrage de Louis Vivès.

Me miserum (ajebat) qui bella ferocia gessi,
Pro patriâ, corpus dum juvenile foret ;
Qui Plini bis tres in gallica verba libellos,
Mars, verti in castris sanguinolente tuis.


La Croix du Maine, ni du Verdier Vau-Privas ne disent rien de la version de ces six livres de Pline [* 1], mais ils observent que son sommaire des XVI premiers livres de Pline fut imprimé à Lyon, par Jean de Tournes, l’an 1551, in-16. Ce fut Blaise de Changy, l’un de ses fils, qui le publia [2]. Il était curé d’Espoysse, comme me l’apprend un dizain qui est au commencement de la traduction du livre de Vivès. Pierre Pesselière, natif d’Auxerre, en est l’auteur. Jacques de Changy, autre fils de notre écrivain, était avocat. Je crois que la terre de Changy est en Bourgogne ; car voici le commencement de l’épître dédicatoire de ce traducteur :

A Marguerite ma fille.

De la librairie du seigneur Sainct Anthot, conseiller en nostre Souveraine court à Digeon, ton frère maistre Jaques, docteur ès droictz, n’a apporté à Changy ung livre en latin, composé par un homme éloquent, contenant honeste érudition de la Femme Chrestienne.

Du Verdier attribue à Jacques de Changy, docteur ès droicts, et avocat à Dijon, une traduction française du livre de Jean-Louis Vivès, Institution de la Femme Chrétienne, etc. [3]. Il dit qu’elle fut imprimée à Lyon, in-16, pour Sulpice Sabon, et que Loys Torquet [4] a fait aussi une autre plus nouvelle traduction du même livre. On voit bien qu’il donne au fils dans la page 597, ce qu’il donne au père dans la page 1000. Pourquoi ne marque-t-il pas l’année de l’édition de Lyon ?

  1. * Joly croit que l’auteur des vers cités se trompe, et qu’il s’agit du Sommaire des Singularités de Pline : extrait des seize livres de sa naturelle histoire, etc. L’éditeur B. de Changy dédia l’ouvrage au cardinal de Meudon qu’il tutoye dans son épître dédicatoire.
  1. Simonis Romyglæi Andegarvensis.
  2. La Croix du Maine, Biblioth. française, pag. 389.
  3. Du Verdier, Bibliothèque française, pag. 597.
  4. Il fallait dire, Turquet, comme dans la page 821.

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