Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Baudouin


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BAUDOUIN [a] (François), en latin Balduinus, célèbre jurisconsulte, naquit à Arras le premier de janvier 1520. Il étudia pendant six années dans l’académie de Louvain ; après quoi, il fut quelque temps à la cour de Charles-Quint, chez un grand seigneur[b], et puis il alla en France, où il acquit l’amitié des plus savans[* 1][c], et entre autres celle de Charles Du Moulin, chez qui il logea[d]. La curiosité de connaître les plus célèbres ministres le fit voyager en Allemagne (A) : il vit Calvin à Genève, Bucer à Strasbourg, et d’autres en d’autres lieux. Étant retourné à Paris, il fut appelé à Bourges, pour la profession en jurisprudence (B) : et il l’exerça avec tant de gloire, qu’il donna de la jalousie à son collègue Duaren[e]. Il quitta cette charge au bout de sept ans, pour aller enseigner le droit à Tubinge[f], où on l’appelait ; mais ayant appris pendant son voyage, que Du Moulin avait dessein de retourner à cette université, il s’arrêta à Strasbourg, et y fit des leçons de jurisprudence un an durant. Ensuite il alla à Heidelberg, et y fut professeur en droit et en histoire, près de cinq ans, jusqu’à ce qu’il fut attiré par Antoine de Bourbon, roi de Navarre (C), qui le fit précepteur de son bâtard. Il mena son disciple à Trente ; et ayant appris qu’Antoine était mort d’une blessure reçue au siége de Rouen, il revint en France avec son élève, et trouva ses biens et ses livres dissipés[g]. Il retourna en son pays où il était attiré pour enseigner la jurisprudence dans l’académie de Douai (D). On lui promettait de grands avantages ; et il fut reçu très-civilement par le duc d’Albe, la veille du jour qu’on emprisonna le comte d’Egmont : mais comme il craignit d’être choisi l’un des juges des personnes qu’on voulait faire mourir, il demanda un congé de quelques jours, sous prétexte d’aller chercher son épouse, et faire transporter sa bibliothéque ; et, quand il l’eut obtenu, il s’en retourna à Paris et s’y arrêta. Il y fit des leçons publiques sur quelques endroits des Pandectes avec l’applaudissement d’une foule d’auditeurs[h]. Il accepta la chaire de jurisprudence, qui lui fut offerte par l’académie de Besançon ; mais ayant appris, à son arrivée, que l’empereur Maximilien avait défendu à cette académie l’érection de cette chaire, il ne voulut point faire de leçons, quoiqu’on l’en sollicitât. Il retourna à Paris, et prêta l’oreille à Philippe de Hurault[i], qui lui conseilla de faire fleurir la jurisprudence dans l’académie d’Angers. Il le fit près de quatre ans, et jusqu’à ce que le duc d’Anjou, proclamé roi de Pologne, le fit venir à Paris, au temps que l’on y reçut l’ambassade polonaise[j] (E). Il fut destiné à la profession en jurisprudence dans l’académie de Cracovie[k] ; et l’on croit qu’il aurait suivi en ce pays-là le nouveau roi, si la mort ne l’eût prévenu. Il mourut entre les bras de sa fille unique (F), dans le collége d’Arras à Paris, le 24 d’octobre 1573[l] (G). Voilà à quoi se réduit ce que Papyre Masson, Valère André, Aubert le Mire, Bullart, et Plusieurs autres racontent de lui. C’est une chose bien étrange, qu’ils aient si hardiment supprimé tout ce qui concerne ses changemens de religion[m]. À peine peut-on recueillir de leur narré qu’il ait vécu une fois dans la communion protestante. M. Moréri, ou par ignorance, ou par dissimulation, a omis ces mêmes fautes. En récompense, il s’est étendu sur la querelle de Calvin et de Baudouin. Elle fut très-rude (H) : Bèze y entra avec un peu trop d’aigreur, au jugement même de plusieurs personnes de son parti (I). On ne saurait nier qu’il n’y eût beaucoup d’inconstance, et beaucoup de bizarrerie dans la tête de Baudouin. Il était, à l’égard des académies, ce que sont en fait de maîtresses certaines gens, qui courent de belle en belle, et les mers d’amour de rivage en rivage. Il y a bien de l’apparence que lorsqu’il vivait à Bourges dans la communion romaine, il avait plus d’affection pour les protestans, que lorsqu’il communiait avec eux dans Heidelberg. On peut soupçonner aussi qu’il n’était content, ni du papisme, ni du calvinisme, ni du luthéranisme, et qu’il eût voulu les refondre, et peut-être bien d’autres sectes ensemble, pour en faire une nouvelle. Ce qu’il y a de certain est qu’il se mêla de la réunion des religions[n]. On ne peut nier d’autre côté qu’il n’eût de fort beaux talens, une science très-étendue, une mémoire admirable[o], et une éloquence d’autant plus persuasive qu’il était bien fait de sa personne[p], et que sa voix avait de la force et des agrémens[q]. Ne croyons donc pas qu’il y ait de l’hyperbole dans ce qu’on a dit de son auditoire (K). Il mangeait et buvait peu, et il travaillait beaucoup[r]. Il n’approuvait point le supplice des hérétiques[s], et il fit de grands reproches à Calvin à l’occasion de Servet[t]. Il n’a pas été collègue de Cujas, comme quelques-uns l’assurent (L). Je dirai quelque chose de ses écrits, et du plagiat dont on l’accusa (M). Notez que Théodore de Bèze raconte qu’il mourut, ou à la poursuite d’un procès, ou de chagrin de ce qu’un autre lui avait été préféré pour suivre en Pologne le duc d’Anjou[u]. Il y aurait bien des réflexions à faire sur la bizarrerie de sa fortune (N).

  1. * Bayle, dans sa note (c), nommant Budé, Leclerc remarque que Budé était mort en 1540, époque à laquelle Baudouin étudiait encore à Louvain.
  1. On le nomme aussi Bauduin, Balduin, Baudoin. Voyez la Cabale chimériq., pag. 250 de la 2e. édition. Il signale en français Balduin.
  2. Le marquis de Bergue.
  3. De Budé, de Baïf, etc.
  4. Ex Valer. Andreâ, Bibl. belg., pag. 221 : cela se trouve aussi dans la IIIe. Rep. de Baud. e Calvin, folio B 5.
  5. Ex Papyr. Massone, Elog., parte II, pag. 256, 257.
  6. C’est ainsi qu’il faut dire, et non pas Turingiam, comme a fait Valère André.
  7. Ex Valerio Andreâ, Bibliot. belg, pag. 231, 222.
  8. Voyez la remarque (K).
  9. Chancelier du duc d’Anjou.
  10. Tiré de Papyre Masson, Elog., part. II, pag. 258 et seqq.
  11. Thuan., Historiæ, lib. LVII, p. 47.
  12. Papyr. Masso, Elog., part. II, p. 261.
  13. Voyez la remarque (A).
  14. Voyez les remarques (C), (D) et (M).
  15. Papyr. Masso, Elogior. part. II, pag. 261.
  16. Staturâ fuit justâ, formâ eximiâ, et per omnes ætatis gradus venustâ. Idem, ibidem.
  17. Vocem canoram, firmissima latera, ut docens, Periclis instar, fulminare videretur. Masso, Elogior. parte II, pag. 261.
  18. Vini cibique parcissimus.... nunquàm otiosus. Idem, ibid.
  19. Voyez la remarque (D).
  20. Voyez sa IIe. Apologie contre Calvin.
  21. Beza, in Vitâ Calv. ad ann. 1561, pag. 381.

(A) La curiosité de connaître les plus célèbres ministres le fit voyager en Allemagne. ] Voilà toute la faute que les catholiques romains aient pu lui reprocher, si l’on s’en rapporte à son élogiste Papyre Masson. J’ai cherché diligemment dans cet écrivain si Baudouin abandonna quelquefois la profession extérieure de l’église romaine ; et je n’ai rien pu trouver qui me l’ait persuadé : car qu’il ait fait connaissance avec Calvin et avec Bucer, pour entendre d’eux les causes de leur séparation, ce n’est pas un signe qu’il ait été protestant. C’est une simple curiosité, c’est tout au plus une espèce de défiance qui ne signifie rien, à moins qu’on ajoute qu’ayant ouï les raisons de ces gens-là, il les reconnut pour si bonnes, qu’il prit leur parti. Or, bien loin que Masson le fasse, il dit au contraire que Baudouin désapprouva leurs raisons. In Germaniam profectus à defensoribus novæ sectæ intelligere voluit quas ob causas à romanâ et veteri ecclesiâ discessissent... quorum opiniones non probans, Bucerum tamen et Melancthonem aiebat sibi ob modestiam placuisse : Calvinum displicuisse propter nimiam vindictæ et sanguinis sitim quam in eo deprehendisset[1]. Je ne nie pas qu’il ne dise qu’il y avait eu autrefois de la familiarité entre Calvin et Baudouin[2]. Mais, en conscience, cela signifie-t-il que ce dernier avait été huguenot ? Le lecteur ne peut-il pas s’imaginer qu’ils s’étaient connus au collége, avant que Calvin se fût érigé en chef de parti ? La chronologie ne le souffre pas, me direz-vous ; et moi je vous répondrai que vous êtes très-blâmable, si vous ne voulez être entendu que de ceux qui savent l’année natale de plusieurs personnes, et qui voudront prendre la peine de tirer des raisonnemens. Votre devoir est de marquer en termes si clairs l’abjuration de Baudouin, que tout lecteur la puisse connaître par votre seul livre, sans avoir besoin de réminiscence, ni de réflexion. Je passe plus avant, et je soutiens que ceux-mêmes qui se souviendraient que Calvin fut chef de secte avant que Baudouin sortît des classes, ne trouveraient point d’abjuration dans le familiaris quondam sui ; car, en expliquant cela par l’autre passage de Papyre Masson, ils se fixeraient à cette pensée : Baudouin, ayant fait connaître à Calvin qu’il cherchait sincèrement la vérité, eut avec lui plusieurs conférences dans lesquelles son esprit, sa docilité et son adresse, charmèrent tellement Calvin, qu’il gagna les bonnes grâces de cet hérétique, avant même qu’il eût pleinement acquiescé à l’instruction. Leur commerce dura longtemps ; car deux années ne sont pas trop longues pour satisfaire aux difficultés que Baudouin pouvait proposer. Calvin, qui espérait de le gagner, et qui le souhaitait passionnément, lui fit cent caresses, et cent ouvertures de cœur. Enfin cette proie lui échappa : Baudouin, n’ayant pas trouvé que l’on satisfît solidement à toutes ses objections, ne voulut point embrasser la nouvelle église. Voilà le sens qu’on pourrait donner aux termes de Papyre Masson. Il a donc eu tort de s’exprimer d‘une manière si trompeuse.

M. Moréri est encore plus blâmable ; car il ne peut point se justifier par les priviléges de l’éloge. Il déclare par le titre de son livre, qu’il soutient le caractère d’historien : il n’a donc point pu se permettre toutes les fraudes que Masson a pu couler sous le titre favorable d’Elogium Francisci Balduini. Masson pouvait dire « Ayant voulu faire l’éloge d’un fameux jurisconsulte, j’ai cru qu’il fallait envelopper ce qui pouvait rendre odieuse la personne de mon héros. » Mauvaise excuse, source continuelle d’illusions et de faussetés ; mais enfin on la reçoit mieux d’un panégyriste que d’un historien. Que dirons-nous donc de M. Moréri, qui s’est contenté de ces paroles : Il avait eu la curiosité de voir Calvin et les autres chefs des protestans. On dit même qu’il avait eu du penchant à se jeter dans leur parti ; mais que la lecture d’un ouvrage de George Cassander l’en empêcha [3]. Il avait fait amitié avec Calvin : ce ne fut pas pour longtemps. Bien loin de trouver dans ces paroles l’abjuration du papisme, on y trouve clairement que Baudouin n’abjura jamais l’église romaine. Où est donc la bonne foi historique, et la netteté de récit, qui demandent que, quand tous les autres livres du monde seraient brûlés, la seule histoire d’un homme apprît clairement à tous les lecteurs s’il a dit ou s’il a fait une telle chose ? La faute que je censure est donc très-grande, s’il est vrai que François Baudouin ait changé de religion : elle paraîtra donc énorme à ceux qui savent qu’il en changea pour le moins sept fois[* 1]. Voyons le reproche qu’on lui en fit publiquement : il n’est point vague ; il est muni de circonstances. Ejectum te, Balduine, et excommunicatum ab omnibus piis, quicumque in Galliâ aut Germaniâ nomen tuum audierunt, negare non potes. Septies his viginti annis religionem mutâsti. Non sæpiùs ferè serpentes pellem mutant. Educatus es apud tuos in Flandriâ papisticè. Posteà Genevæ christianam religionem professus es : eoque nomine aliquoties ad corporis Christi communionem accessisti. Indè Lutetiam profectus papisticum habitum recepisti. Mox Genevam reversus, et in Calvini contubernio, mensâ, familiaritate, menses multos commoratus, iterùm evangelici nominis factus es. Posteà Biturigibus ad papisticam idololatriam, et tanquam canis ad vomitum, rediisti. Indè Argentoratum profectus, evangelicum te professus es : cum Petro Martyre vixisti. Cœnam dominicam in Gallorum ecclesiâ ampliùs decies participâsti. Mox Heidelbergam delatus confessioni gallicarum ecclesiarum, sub quâ paulò ante cœnam dominicam duodecies sumpseras, hostis factus es, et hessussianis te partibus dedisti. Tandem in Galliam reversus, quartùm papista factus es. Horum si quid falsum aut fictum sit, volo ut mihi oculos eruas : aut, ut calumniatorium tuum supplicium imitemur, crura mihi suffringas[4]. Ces paroles sont tirées d’une longue lettre, qui fut écrite à Baudouin l’an 1564. On lui avait déjà étalé la même supputation l’an 1562, et avec des circonstances qui sont curieuses ; car on le fit souvenir, 1o. qu’ayant demandé d’être reçu à la sainte cène dans l’église française de Strasbourg, il avait fait une longue déclaration de sa foi, en présence de l’assemblée ; 2e., que pendant qu’il séjourna à Genève, il avait fait des discours publics sur les matières de religion. Verbosissimam fidei tuæ confessionem publicè in templo non infrequenti hominum conventu magnâ at confidenti voce pronuntiâsses, ut ad sacræ cænæ et corporis Christi communionem recipereris.... in publicâ (ut vocant) congregatione consessuque pastorum et doctorum hominum tanquàm Saul inter prophetas verba de rebus sacris faceres[5]. J’ai lu cela dans une lettre dont François Hotman passe pour l’auteur. Notez qu’il se trompe dans la circonstance du temps ; car il suppose que Baudouin fit à Strasbourg sa première abjuration du papisme. Cela est faux, il n’y fit que la troisième. Les protestans lui donnèrent le surnom d’Éceholius, pour signifier qu’il changeait de religion comme de chemise ; et ils lui en tirent la guerre si souvent dans leurs écrits, que personne n’en peut prétendre cause d’ignorance[6]. voyez le IIe. volume des Disputes de Voetius, à la page 780.

(B) Il fut appelé à Bourges, pour la profession en jurisprudence. ] Nous allons toucher un second défaut des écrivains qui parlent de lui : ils ne marquent presque jamais en quel temps il fut pourvu de telle ou de telle charge. M. Ménage, qui a évité ce défaut, observe qu’il fut professeur en droit à Bourges, depuis 1549 jusqu’en 1556 : (il fallait dire depuis 1548 jusqu’en 1555), et qu’il y reçut le bonnet de docteur de la main d’Éguinarius Baro[7]. La cérémonie de cette réception fut faite le 13 de mars 1549, comme M. Catherinot nous l’apprend[8]. Il ajoute, qu’en 1553, les gages de François Duaren montaient à 920 livres, ceux de notre Baudouin à 350, ceux de Hugues Doneau à 230. J’observe cela, afin de convaincre de mensonge Papyre Masson, qui a dit que les gages de Baudouin ne furent pas moindres que les gages de ses collègues. Accersitur à Biturigibus ad docendi munus suscipiendum futurus collega Baronis et Duareni jurisconsultorum, accepturusque de publico honorarium Quantum illis daretur[9] Je lui montre ailleurs[10] un autre mensonge. M. Catherinot remarque sous l’an 1549, que Balduin fut pendant un temps suspect d’hérésie, comme disciple de Jean Calvin à Genève, et commensat de Charles du Moulin à Paris. Il dit aussi qu’en 1556, Balduin écrivit contre Duaren sur le sujet des bénéfices, et que Duaren le nommait par mépris Balbin. Voyez, continue-t-il, son portrait chez Duaren, dans une lettre du 13 juin 1555. Je donne ailleurs[11] quelques extraits de cette lettre. Notez qu’il entretint commerce de lettres avec Calvin pendant son séjour à Bourges, et qu’il lui témoignait qu’au fond de l’âme il était bon protestant[12]. On lui reprocha d’avoir suborné à Bourges une riche veuve[13], et d‘avoir quitté cette académie sans dire adieu à son hôte[14]. Je ne rapporte ces choses qu’afin qu’on voie quelques circonstances de la profession que notre Baudouin exerça dans l’académie de Bourges. M. Ménage assure qu’il y fit en 1556[15] l’oraison funèbre d’Éguinarius Baro, dont il avait été ennemi, si l’on en croit Duaren[16]. Duarenus tantam juvenis (Balduini) gloriam non ferens, nunquàm se Balduino satis æquum præbuit[17]. Au reste, la date de sa vocation à la chaire de jurisprudence à Bourges nous fait connaître une méprise de M. Bullart. Il dit que cet habile homme était passé à Genève, pour apprendre de la bouche même de Calvin et de Bèze la raison qui les avait obligés à quitter l’église romaine[18]. Il reconnaît que ce voyage précéda le temps auquel Baudouin fut fait professeur à Bourges : il doit donc tomber d’accord que Baudouin le fit avant l’année 1549, et par conséquent lorsque Bèze n’était pas encore un sujet à consulter sur ces matières. Il est sûr, 1o. que Bèze était encore papiste, et à Paris, lorsque Baudouin prônait dans les compagnies les lettres de Calvin et de Bucer[19] ; 2o. que Baudouin s’était retiré de Genève avant que Bèze y allât[20]. Ceci nous fournit une forte preuve de la fausseté que Varillas a debitée dans ces paroles : Calvin, qui prétendait le pousser par les mêmes voies que Bèze s’était accrédité dans le parti, l’avait appelé à Genève, reçu dans sa maison, mis dans l’intrigue du consistoire, et s’en était servi plusieurs années en qualité de secrétaire. Mais, soit que l’humeur de Baudouin fût extraordinairement inconstante, comme les calvinistes lui reprochèrent depuis, ou qu’il eût reconnu que le calvinisme n’était qu’une hypocrisie raffinée, comme il le publia dans une piquante apologie, il se retira de Genève à Heidelberg[21]. Bèze n’était pas encore de la religion, quand Baudouin reçut de Calvin tant de marques d’amitié. Baudouin, après les avoir reçues, ne s’en alla point à Heidelberg : il s’en retourna en France, et fut professeur à Bourges pendant sept ans. J’avoue qu’après cela il fut retrouver Calvin à Genève[22], mais il s’y arrêta peu : il y essuya une rude réprimande ; il y témoigna son repentir, et se transporta bientôt à Strasbourg, par le conseil de Calvin, et il n’enseigna le droit à Heidelberg, qu’après l’avoir enseigné dans Strasbourg. Quùm illa bituricensis conditio eum gravaret (ostentatio enim, quâ solâ pollet, evanuerat, ut spei et votis minimè satisfaceret) non dubitavit huc se recipere : et quùm undique liberis eum convitiis exagitârint qui priùs amici fuerant, humaniter à me impetratâ veniâ admissus fuit. Feci quidem quod necesse erat, ut severâ objurgatione correctus lapsus sui fœditatem agnosceret. Serviliter assensus est, et adulatoriè meis se consiliis regendum permisit. Argentinam profectus nomen dedit apud pastorem et seniores gallicanæ ecclesiæ[23]. Voilà comment M. Varillas s’instruisait des choses dont il se mêlait de parler.

(C) Il fut attiré par Antoine de Bourbon, roi de Navarre. ] Les uns disent qu’il était alors en Lorraine, à la suite du prince Casimir, fils de Frideric comte palatin[24] ; les autres, qu’il était revenu en France avec l’héritier du comte palatin, qui venait saluer Charles IX, à son avénement à la couronne[25]. Mais tout cela n’effleure pas même l’écorce de l’intrigue que Théodore de Bèze a racontée. Il dit qu’après la mort de François II, ceux qui craignirent de perdre leur autorité à la cour de France, travaillèrent principalement à faire rentrer dans la communion romaine le roi de Navarre[26]. Ils l’engagèrent à envoyer un ambassadeur à la cour de Rome, sous l’espérance, ou de recouvrer son royaume, ou d’en obtenir un autre du roi catholique, par les bons offices du pape. Ils lui firent espérer d’un autre côté, par des personnes apostées, que les protestans d’Allemagne se pourraient unir en sa faveur pour lui faire recouvrer la couronne de Navarre, et surtout si l’on pouvait moyenner une concorde de religion. Ils lui parlèrent d’un professeur d’Heidelberg, nommé Baudouin, qui serait propre à négocier de telles affaires. Il le fit venir en France : il conféra avec lui ; et le jugeant propre à trouver des voies d’accommodement de religion, il le mit en œuvre : et après quelques ébauches préparées à Paris, il le renvoya en Allemagne, et le chargea nommément de consulter avec Cassander. Cette intrigue destinée à rompre le colloque de Poissy ne le rompit point. Les ministres y avaient déjà comparu deux fois, lorsque Baudouin fut de retour, chargé d’un projet de concorde imprimé à Bâle[27]. On le gronda d’être revenu trop tard : il trouva changé l’évêque de Valence, qui lui avait promis une profession en droit. Tout ce qu’il put obtenir fut la charge de précepteur du fils naturel du roi de Navarre. Il s’en alla à Paris, et se fit valoir par des leçons où il joignit le droit civil avec l’histoire ; mais il perdit sa réputation, quand on eut lu le livre qui fut publié contre l’accommodement des religions qu’il avait apporté d’Allemagne. Il prit le parti de se défendre, et d’écrire contre Calvin. Cela eut des suites, comme on le verra ci-dessous.

M. Varillas peut confirmer quant au fond ce récit de Théodore de Bèze. Il dit que Baudouin « se retira de Genève à Heidelberg, où il professa la jurisprudence, jusqu’à ce que, Cassander lui ayant inspiré la passion de réunir toutes les religions, il crut qu’il fallait commencer par la France, où il s’attendait de trouver moins d’opposition. Il vint à Paris où il porta et communiqua au cardinal de Lorraine, la fameuse consultation que le même Cassander avait composée pour l’achèvement de son projet. Le cardinal de Lorraine lu reçut avec d’autant plus de joie qu’il prévoyait qu’encore qu’elle ne produisît pas tout l’effet que son auteur avait prétendu, elle commettrait du moins les protestans les uns contre les autres, et diviserait les ministres de l’assemblée de Poissy, par les ouvertures d’accord qu’elle suggérait aux plus modérés d’entre eux[28]. » M. Varillas venait de dire que Baudouin par cette aventure devint précepteur du fils naturel du roi de Navarre. Il raconte ensuite la manière dont les ministres se tirèrent « du mauvais pas où Baudouin les avait engagés. Mais, ajoute-t-il[29], ils n’eussent pas démêlé avec autant de facilité la seconde difficulté de Baudouin, si la fortune ne les eût secondés. Il avait persuadé le cardinal de Lorraine, de mander les plus fameux professeurs luthériens du Palatinat et du duché de Virtemberg, pour les introduire dans la conférence, où il était assuré qu’ils s’emporteraient avec plus de chaleur contre les calvinistes, que contre les Catholiques, et que par cet artifice, outre le plaisir qu’il y aurait de voir les hérétiques aux mains les uns contre les autres, leur opposition les rendrait ridicules à la cour, où leur doctrine était auparavant admirée : et le peuple, qui les croyait uniformes, apprenant qu’ils s’entre-déchiraient, changerait si promptement en mépris son ancienne estime pour eux, qu’on ne verrait plus de Français sortir de la communion de l’Église. Il faut avouer que les catholiques ne reçurent jamais de conseil plus salutaire que celui de Baudouin ; et, s’il eût été exécuté avec autant de diligence qu’il en était besoin pour le succès d’une intrigue si délicate, on eût prévenu tous les maux qu’on vit depuis naître de la conférence de Poissy. Et de fait, les ministres, qui n’ignoraient aucune des plus secrètes maximes de leurs adversaires, ayant su ce que Baudouin avait proposé à leur désavantage, s’emportèrent contre lui dans tous les excès que l’indignation, le dépit, la jalousie et la fureur, peuvent inspirer, lorsqu’elles sont animées par le faux zèle, et qu’elles se cachent sous une si spécieuse couverture. »

Notez que M. Varillas se trompe, quand il dit que la consultation de Cassander fut portée par Baudouin au cardinal de Lorraine. Elle ne fut faite que trois ans après[30]. Je donnerai ci-dessous[31] le titre de l’ouvrage dont il fut porteur, et je dirai[32] qu’on l’employa auprès du prince de Condé, pour moyenner un accord ecclésiastique.

(D) On le voulut avoir, pour enseigner la jurisprudence dans l’académie de Douai. ] Le marquis de Bergue, et plusieurs autres grands seigneurs du Pays-Bas, engagèrent Maximilien de Bergue, archevêque de Cambrai, à faire en sorte qu’on procurât à Baudouin cette chaire de jurisprudence. Ils souhaitaient de se servir de ses conseils dans les affaires d’état et de religion[33] ; car ils savaient qu’il était d’avis que l’on modérât les ordonnances contre les sectaires[34]. Nam Balduinus in eâ erat sententiâ, ut veterem edictorum severitatem leniendam profiteretur, affirmaretque, retinere eâ ratione ecclesiæ auctoritatem neque veteres consuêsse, neque iis, quæ tunc erant, temporibus diù posse[35]. On a donc sujet de croire qu’il s’en retourna à Paris, pour n’être point engagé par le duc d’Albe dans les procédures cruelles qui se préparaient. Ac ne fortè quæsitor reis datus, capitalibus sententiis provincialium suorum subscribere cogeretur[36]. Les mécontens du Pays-Bas se promirent bien des choses de ses conseils, puisqu’outre les principes que je viens de rapporter, il avait beaucoup d’adresse à manier les esprits, et beaucoup de science du monde : Ut in Belgium venit, magnum sui exspectationem omnibus fecit. Solers animo, obsequendi gratiâ, et civili congressu, nec minus officii comitate, ad ingenia principum vitam instruxerat. Nec enim novorum hominum deliramenta sectabatur, et rursùs in religione scrupulum oderat. Humaniusque credebat, iniquitati temporum cedere, pietatisque integritatem in paucis violare, quam vim adferre turbatis conscientiis, quas in contaminatis hominibus nulla unquàm supplicia eluunt[37]. L’auteur que je cite venait d’observer que Baudouin avait été fort connu de Louis de Nassau à Heidelberg. La troisième apologie de ce jurisconsulte nous apprend que le prince de Nassau, qu’il avait eu à Strasbourg pour auditeur, lui avait fait depuis peu beaucoup de caresses dans les Pays-Bas[38]. Ajoutons qu’il fut estimé de Guillaume, prince d’Orange. Francisco Balduino, jurisconsulto egregio, pacis ecclesiasticæ studioso, magni facto à principe Arausionensi Wilhelmo aliisque Belgarum proceribus qui et opera ejus usi sunt, cur credi non debeat, nihil causæ est[39]. C’est Grotius qui parle ainsi, et qui assure que ce prince et les autres grands seigneurs du Pays-Bas se servirent de Baudouin. Ce fut dans leurs premières démarches contre l’Espagne. Il se trouva à leurs premières assemblées de Breda, et ils lui firent dresser l’écrit par lequel ils demandaient à la duchesse de Parme le libre exercice de la religion. Il montre qu’une religion ne peut subsister sans l’exercice extérieur, et qu’elle demande cela comme un appui et un aliment nécessaire[40]. L’auteur qui m’apprend cela, observe que Baudouin avait été rappelé de son exil par l’archevêque d’Arras. Ab exilio per archiepiscopum Atrebatensem (il fallait dire, episcopum Atrebatensem) revocatus[41]. Afin d’entendre cela, il faut savoir que, se voyant déféré comme hérétique, il sortit de sa patrie, et qu’après sa fuite on prononça contre lui une sentence de proscription[42]. Elle fut révoquée lorsqu’on le fit venir pour le consulter sur l’état du Pays-Bas. Notez que l’auteur qui parle de l’archevêque d’Arras ne rapporte point le fait comme il faut : la Chronique de Jean-François le Petit, à laquelle il nous renvoie, nous en dira mieux les circonstances : « François Bauduin....., ayant auparavant été banni de la ville d’Arras pour la religion, fut mandé par ledit seigneur prince d’Orange, de France, pour l’ouïr sur les difficultés qui s’y représentaient ; lequel, après son ban révoqué par la chambre d’Arthois, à l’instance de l’archevêque de Cambrai, s’en alla trouver ledit seigneur prince en la ville de Brusselles, où, ayant communiqué avec lui et avec les seigneurs ci-dessus, il dressa un discours en forme d’avis sur le fait du trouble apparent pour le fait de la religion, lequel fut envoyé au roi en Espagne, adressé en ses mains propres, auquel est montré le vrai moyen qu’il faudrait tenir pour obvier à toutes émotions, et pour extirper les sectes et hérésies[43]. » On trouve ce discours-là tout entier dans la chronique de Jean-François le Petit. Il est beau et fort sensé. Baudouin, à ce que dit ce chroniqueur, atteignit quant au remède des troubles le vrai neud de la besogne, que le roi et son conseil ont depuis peu avoir cognu estre véritable.

Notons en passant que les écrivains qui parlent de lui disent à tort que du Pays-Bas il s’en alla à Paris. Ils devaient dire qu’il n’alla à Paris qu’après s’être réfugié à Genève, où il se fit de la religion[44]. Il se vantait que, pour faire profession de l’Évangile, il avait souffert l’exil et la privation de tous ses biens, mais quelques-uns assuraient que sa mère lui fit tenir tout ce qu’il pouvait prétendre de patrimoine. Fortunis exutum fuisse negant conterranei et familiares : quia extra Cæsaris ditionem à matre et cohæredibus permissum fuit sumere quantum ex hæreditate, si integra fuisset ejus conditio, pervenire ad eum poterat : ut ne quidem assis jacturam fecerit. Et aliquandò coram homini gratulatus sum, quòd tam facilè recuperâsset quod sibi credebat periisse[45]. Observez, je vous prie, un défaut d’exactitude dans Papyre Masson. Il ne dit rien du voyage que notre Baudouin fit au Pays-Bas, à la sollicitation des grands seigneurs qui voulaient remédier aux désordres que la trop grande sévérité des lois pénales contre les sectaires produisait de jour en jour. Il n’a parlé que d’un voyage fait sous le gouvernement du duc d’Albe. C’est avoir oublié le principal : c’est réduire toute cette affaire à une petite partie. Ce que j’ai cité de Valère André, et de Nicolas Burgundius, et de quelques autres, et qui est fort considérable dans la vie de Bauduuin, se doit rapporter à l’an 1564, sous le gouvernement de la duchesse de Parme. Ce fut cette année-là que Cassander et Baudouin furent attirés par les mécontens. L’un, savoir Cassander, fut indiqué par le comte de Horne ; et l’autre, par le comte Louis de Nassau[46]. On crut que c’étaient deux hommes qui pourraient pacifier les différens de religion. Le prince d’Orange combla de promesses François Baudouin, et le destina, non-seulement à une chaire de professeur dans l’université de Louvain, ou dans l’université de Douai, mais aussi à une charge au conseil privé. Baudouin, retournant en France pour revenir dans le Pays-Bas en temps et lieu, reçut de ce prince beaucoup de présens. Le comte Louis de Nassau le sollicita plusieurs fois à tenir parole, et tâcha de l’éblouir par l’éclat d’une dignité prochaine, imminentium honorum blanditiis allicere[47], mais Baudouin ne crut pas trouver son compte dans l’affaire qu’il avait promise : tous ses amis lui déconseillèrent de s’y engager, et il espéra plus de récompenses de la peine qu’il prenait à mettre d’accord les Bourbons avec les Guises[48]. Voilà des choses qui méritaient bien d’être touchées par Papyre Masson : et cependant il n’en a pas dit un mot ; et au lieu de cela il nous raconte que les Espagnols le demandèrent pour la profession en droit civil dans l’université de Douai, qu’ils lui promirent six mille florins de gages par an, et une portion de cinquante mille florins aux confiscations des gens proscrits, et que le duc d’Albe le reçut civilement, etc. Il paraîtrait fort étrange, que les Espagnols eussent honoré de cette manière un homme qui avait favorisé les desseins du prince d’Orange, si l’on perdait de vue la mobilité de Baudouin, je veux dire son extrême facilité à prendre un nouveaux parti. L’historien que je cite, ayant rapporté un beau discours du prince d’Orange, ajoute que c’était le fruit des conversations de Baudouin. Nemini mirum videri debet, tantam in illo principe eluxisse cognitionem philosophiæ, ex Balduini colloquiis hauserat[49].

Je dirai ailleurs[50] ce qu’il fit au sujet de la Saint-Barthélemi.

(E) Le duc d’Anjou.... le fit venir à Paris au temps que l’on y reçut l’ambassade polonaise. ] Baudouin était maître des requêtes de ce prince[51] : il s’acquit les bonnes grâces des ambassadeurs de Pologne par les conversations qu’il eut avec eux, et il publia un discours de Legatione Polonicâ, dédié à Jean Zamoski[52] : on croit qu’au printemps suivant il eût été en Pologne, s’il ne fût pas mort. Voilà tout ce que Papyre Masson raconte de cette affaire. Prenons donc pour des hyperboles fabuleuses la plupart des faits que M. Bullart nous va conter. Ce fut pendant le séjour de Bauduin à Angers, qu’arrivèrent en France les seigneurs polonais, qui venaient offrir leur couronne à Henri, duc d’Anjou. On avait besoin d’un habile homme pour recevoir cette superbe ambassade, et pour y répondre. Il était important de faire des remercîmens de celle offre, sans abaisser la dignité royale qui était offerte : il fallait parler en roi, et en homme reconnaissant : on ne trouva personne en France plus capable de l’entreprendre que le sage Bauduin. Le duc d’Anjou l’ayant fait venir à Paris, ce grand homme parut dans les salles du Louvre entre les premières personnes de l’état : il fut l’interprète de cette fameuse légation : il n’eut pas moins d’acclamation par l’excellence de sa réponse, que le fameux Zamoski par celle de sa harangue ; et il se rendit si considérable à ces illustres ambassadeurs, qu’on résolut de l’envoyer en Pologne, pour affermir cette couronne sur la tête du nouveau roi, et pour disposer ces peuples à le recevoir ; mais sa dernière maladie, qui lui survint au même temps, le frustra de cet honneur, et le duc d’Anjou de l’espérance qu’il avait de rétablir l’université de Cracovie par son moyen[53]. Il ne pouvait guère rien arriver d’aussi glorieux que cela à un professeur d’Angers : d’où vient donc qu’un de ses meilleurs amis n’en parle point dans l’éloge qu’il lui consacre ? On ne saurait en donner de bonnes raisons, à moins qu’on ne dise que cela est faux, car il est contre toutes les apparences qu’il eût ignoré une telle chose, si elle fût arrivée. Il doit être permis aux faiseurs d’éloges de se servir d’un langage plus figuré et plus flatteur que s’ils faisaient une histoire, mais la menterie ni les amplifications capables de faire changer l’espèce d’une aventure ne leur doivent pas être plus permises qu’aux historiens : ainsi l’on peut dire que M. Bullart s’est jeté dans des excès inexcusables. M. de Thou, qui a raconté exactement ce qui concerne les ambassadeurs de Pologne, leurs harangues, et les réponses qui leur furent faites, ne dit rien de notre Baudouin[54]. C’est toujours l’évêque de Posnanie qui harangue : c’est toujours un chancelier qui lui répond : Birague, chancelier de France, répondit quand ils haranguèrent Charles IX. Chiverni, chancelier du duc d’Anjou, repartit quand ils haranguèrent ce duc, et quand ils lui lurent l’acte de son élection. Si quelque autre prend aussi la parole, c’est Nicolas-Christophle Radzievil de la part des Polonais[55], c’est Paul de Foix de la part de Charles IX[56]. Ma remarque serait plus faible si absolument M. de Thou n’avait fait aucune mention ni de Zamoski ni de Baudouin, mais il se trouve qu’il parle d’eux, et voici comment. Il assure qu’on vit imprimée une harangue de Zamoski, mais que l’on ne savait pas qu’elle eût été récitée : In eandem rem edita an habita sit incertum oratio luculenta a Joanne Zario Zamoscio[57] : et il ajoute que Baudouin fit imprimer une autre harangue adressée à Zamoski. N’est-ce pas clairement nous faire entendre que Baudouin ne fut pas choisi pour interpréter la harangue de ce Polonais, et pour y répondre en présence de toute la cour ? Quoi de plus fort contre le narré de M. Bullart ?

(F) Il mourut entre les bras de sa fille unique. ] Elle se nommait Catherine, et fut « mariée en premières noces à Jean de Sauzay, sieur de Sainte-Ouanne en Poitou ; et en secondes à Adam le Changeur, sieur du Cotau en Berri[58]. » Elle naquit à Heidelberg[59]. Sa mère s’appelait Catherine Biton, et était de Bourges. Elle était veuve de Philippe Labbe, bisaïeul du père Labbe, jésuite, quand elle épousa Baudouin[60]. Elle avait de son premier mari quelques enfans qui, non moins que leur aïeul, furent ruinés par leur parâtre, à ce que conte Calvin. Ipsum minimè ςοργικὸν esse clamant Bituriges qui suos privignos simul cum eorum aviâ spoliaverit[61]. Le jurisconsulte aimait mieux laisser une fille qu’un fils, parce qu’il craignait le destin de Cicéron, dont le fils ne tenait rien de l’éloquence du père. Percontanti mihi mallet ne filiam quàm filium habere, « Minimè [62], inquit, Roma enim Ciceronis filium non agnoscebat loquentem [63]. »

(G) ...... le 24 d’octobre 1573. ] Et non pas l’onzième de novembre 1572 comme dit Valère André. M. de Thou met sa mort à l’onzième de novembre 1573. M. Ménage la met au 24 d’octobre 1574, et néanmoins il ne lui donne que cinquante-trois ans, neuf mois et vingt-quatre jours de vie, quoiqu’il eût mis sa naissance au 1er. janvier 1520. Ces deux fautes ont été prises de la Croix du Maine.

(H) La querelle de Calvin et de Baudouin.... fut très-rude. ] J’en ai rapporté l’origine[64] quand j’ai dit que François Baudouin distribua un livret sur la réunion des religions, pendant la tenue du colloque de Poissy. C’était un discours latin anonyme que Cassander avait composé, et qui avait pour titre, De officio pii ac publicæ tranquillitatis verè amantis viri in hoc Religionis dissidio. Quand on sut à Genève le préjudice que Baudouin voulait causer aux réformés avec ce livret, on crut qu’il fallait faire connaître au public ce personnage. C’est pourquoi Calvin, en réfutant cette pièce, qu’il attribuait à Baudouin, le piqua et le fouetta un peu rudement. Sa réfutation est intitulée, Responsio ad versipellem quendam Mediatorem, qui pacificandi specie rectum euangelii cursum in Galliâ abrumpere molitus est. Elle est dans le volume des opuscules de Calvin, pag. 351 et suivantes. Baudouin se défendit, en publiant un ouvrage pour lequel il avait obtenu un privilége dès l’an 1557 : il le retoucha, il y joignit un appendix[65]. Ce fut en un mot son Ad leges famosis libellis, et de calumniatoribus, Commentarius, imprimé à Paris, chez André Wechel, l’an 1562, in-4o. La réplique de Calvin[66] fut en campagne bientôt après, avec de très-bons renforts : car elle fut accompagnée de plusieurs pièces composées par de bonnes plumes : et sur le tout on fit imprimer les lettres que ce déserteur avait écrites en divers temps à Calvin. Respondit quoque Joannes Crispinus eius conterraneus, et perpetuus, quoad ejus fieri potuit, amicus. Adjuncta sunt quorundam insignium virorum scripta, quibus perpetua istius improbitas, summa impudentia, et extrema inscitia ita manifestè redarguitur, ut ne nunc quidem possit ignorantiam suam diffiteri. Additæ sunt denique ipsius litteræ variis temporibus ad Calvinum scriptæ, ut horrenda ista defectio, ipsius apostatæ testimonio apud omnes bonos sanciretur[67]. On connaîtra plus exactement la nature de ce recueil, si j’en donne ici le titre : le voici donc, Joannis Calvini responsio ad Balduini Convicia ; Ad leges de transfugis, desertoribus et emansoribus, Francisci Balduini Epistolæ quædam ad Joannem Calvinum pro commentariis ; Francisci Duareni J.-C. ad alterum quemdam jurisc. Epistola, de Francisco Balduino ; Antonii Contii J.-C. Admonitio de falsis Constantini Legibus ad quendam qui se hoc tempore jurisconsultum christianum profitetur ; De officio tum in Religione tum in Scriptionibus retinendo Epistola ad Franciscum Balduinum jurisconsultum ; Ad legem III C. impp. de apostatis, Joannis Crispini commentarius ad jurisconsultos. Ce recueil de pièces fut imprimé l’an 1562, in-4o : il contient 117 pages. Baudouin composa une seconde Réponse, qui fut imprimée à Paris et à Cologne, l’an 1562. Calvin, ne jugeant pas à propos de la réfuter, se contenta de mettre au jour une page d’écriture, où il apprenait au public qu’il ne voulait plus répondre à cet adversaire[68]. C’est là qu’il lui reproche d’avoir violé les droits d’hospitalité, en dérobant des papiers qui fussent propres à un coup de perfidie. Antequàm respondeo, dit-il[69], monendi sunt lectores nihil hâc monedulâ esse furacius, ut hâc parte fratrem suum patruelem Antonium Balduinum superet, cui ob furandi solertiam, cognomen ablativi à condiscipulis inditum fuit. Tanta fuit mea erga ipsum facilitas, ut quicquid erat in bibliothecâ meâ chartarum liberè, me absente, excusserit. Subripuisse quæ in rem suam fore putabat, non aliundè petenda est luculentior probatio, quàm ex ejus scripto, in quo se belle prodidit. Certè fides ejus et hospitalitas hìc deprehenditur. Bèze prit sa place, et répliqua au second écrit de Baudouin, qui leur opposa assez promptement une troisième Apologie. Elle parut l’an 1564, et a pour titre : Pro Fr. Balduino responsio ad Calvinum et Bezam ; cum refutatione Calvini de Scripturâ et Traditione[70]. On pourrait compter pour une quatrième pièce de Baudouin la Préface qu’il composa sur Optat, l’an 1563. Elle fut traduite de latin en français par Pierre Viel, qui la mit au-devant de sa traduction française d’Optat, imprimée à Paris l’an 1564.

Tirons de tout ce récit une petite censure d’un écrivain protestant. Il rapporte les intrigues touchant l’écrit de Cassander, et il ajoute que Baudouin n’ayant point été appelé au colloque de Poissy, ni par les catholiques, ni par les réformés, déchargea tout son dépit sur les ministres[71], et publia des libelles contre Calvin et contre Bèze, et que ceux-ci lui répondirent. Publicis scriptis insectatus est Calvinum et Bezam, qui edito responso ad illius probra respondent, et illum mendacii, perfidiæ, atque impietatis reum esse instituunt demonstrare[72]. C’est déclarer qu’il fut l’agresseur ; or cela est faux : on ne voit donc point là-dedans la fidélité et l’exactitude qui devraient y être.

(I).....[* 2] Bèze y entra avec un peu trop d’aigreur, au jugement même de plusieurs personnes de son parti. ] L’ouvrage qu’il fit là-dessus, est au IIe. tome de ses œuvres[73]. Voici un petit extrait de la lettre que Sainte-Aldegonde lui écrivit l’an 1566. Statueram prætereà certiorem facere te quàm hîc sinistrè plerique interpretentur libellos isthic ultro citroque tum in Balduinum tum in Heshusium scriptos, ex eoque homines malevolos gravem evangelicæ veritati conciliare invidiam. Sed quoniam audivi te harum rerum ab aliis esse factum certiorem, volui ab hoc argumento supersedere. Rogo tamen, observande in Christo parens, ut vel in harum regionum gratiam in quibus non modò cum hypocritis eo nomine nobis est colluctandum, verumetiam ab apertis hostibus gravia multa perpetienda (qui suam tyrannidem in contentiones nostras derivant) non graveris stylum quàm modestissimè in evangelicæ veritatis apostatas ac adversarios temperare. Non quidem quòd parcendum illis censeam, qui nullum non lapidem movent, quo nos in invidiam graviorem vocent, sed ne (dum illis pro merito respondetur) quod suis illi vanissimis erga nos maledictis atque calumniis nequeunt consequi (neque ut Evangelii lucem obruant, ejusque sectatores apertis veritatis hostibus excarnificandos tradant) idipsum nostris etsi justissimis ac verissimis, non tamen, uti plerique existimant, evangelicâ mansuetudine dignis vel accusationibus vel responsionibus adeptos se esse glorientur. Id si feceris, uti omninò statuisse te audio, et nos magnâ invidiâ levaris, et illis ipsis perfidis apostatis turpem maledicentiæ notam inustam reliqueris. Itaque ut facias, vehementer hîc omnes Evangelii studiosi (qui te plerique ut parentem amant et colunt, reverenturque ut præceptorem) etiam atque etiam te rogant[74]. Vous voyez là, 1o. que d’autres personnes avaient déjà donné des avis à Théodore de Bèze, sur le préjudice que faisait aux réformés l’emportement des écrits qui avaient paru contre Baudouin ; les personnes malintentionnées s’en prévalaient pour rendre odieuse la réformation ; 2o. qu’on le supplie très-humblement d’émousser à l’avenir la pointe trop acérée de sa plume, quand ce ne serait qu’en faveur des réformés du Pays-Bas, qui avaient à dos, à cette occasion, non-seulement les hypocrites[75], mais aussi des ennemis déclarés et violens ; 3o. qu’il était à craindre que des réponses véritables et très-justes, mais éloignées de la douceur évangélique, ne fissent ce que l’impudence des calomniateurs tâchait en vain d’obtenir : c’est que la lumière de la vérité fût étouffée, et que ceux qui la suivaient subissent une cruelle persécution ; 4o. que si Théodore de Bèze déférait à cet avis, comme on disait qu’il y était résolu, il déchargerait d’une grande haine l’église de Jésus-Christ, et laisserait aux apostats la flétrissure de l’esprit de médisance. Il répondit à Sainte-Aldegonde que s’il n’eût été question que des injures qu’on lui avait dites, il ne s’en serait non plus ému que d’entendre un chien qui eût aboyé aux Indes ; mais que, s’agissant des intérêts de la religion, il avait cru qu’il fallait traiter selon son mérite l’infâme apostat qui l’avait calomniée, et qu’il se mettait peu en peine des scrupules des gens modérés. Il faudrait, dit-il, que les impudens mensonges de ce calomniateur les touchassent autant que la vigueur de nos réponses. Chacun comprend qu’il est nécessaire que je rapporte ces paroles ; car plusieurs se pourraient imaginer que j’en pervertis le sens. Les voici donc : Superest ut ad extremam tuam epistolam paucis respondeam. Balduinum et Heshusium nonnulli vellent moderatiùs à me fuisse reprehensos. Ego verò cuperem istos æquè affici impudentissimis eorum conviciis in homines innoxios contortis, ac justis nostris defensionibus. Quid non enim in optimum illum et innocentissimum Dei servum jaculatus est fœdus ille apostata ? in me verò quid non dixit ? Et tamen Deus mihi testis est in animam meum, non multò magis me, si res mea privata ageretur, istâ petulantiâ commoveri potuisse, quàm si in his regionibus versans audivissem canes in Indiâ latrare. Sed quùm per nostrum latus viderem gallicas omnes ecclesias ab isto conductitio rabulâ confodi, et tanquam seditiosos accusari, quotcumque istorum latronum telis corpora sua non objecerunt, ut facere necesse fuit, nisi et Christi causam et regiam majestatem prodere maluissent, peccavi scilicet, quòd ejus calumniis sic respondi, ut et ipsum sycophantam suis coloribus depingerem, et causæ nostræ bonitatem probarem. Itaque quod ad illum attinet, non dissmulo me nullum peccatum agnoscere, et moderatos istos nihil morari. De Heshusio, quoniam aliud argumentum tractabam, fateor causam illam potuisse aliter agi. Sed singularis illa istius hominis et inscitia et audacia in hos veluti scopulos me adegit, ubi tamen spero me naufragium non fecisse[76].

Je ne ferai que deux réflexions sur cette réponse. 1o Je dirai premièrement qu’on ne peut nier que les lecteurs ne donnent quelque sujet de croire qu’ils se scandalisent plus de l’aigreur d’un apologiste, que de celle de l’agresseur. Qu’il y ait un écrivain qui déchire toute la terre, les morts, les vivans, les souverains, les sujets, ses confrères de religion, les adversaires de son parti ; qu’il exerce ce métier plusieurs années de suite : qu’il devienne plus fécond en médisances, et plus piquant, à mesure qu’il vieillit : on a des yeux, je l’avoue, on s’aperçoit de cela, et on le blâme ; mais si enfin cet homme est fort mal traité par ceux qu’il a provoqués, vous entendez cent fois plus de plaintes contre eux que contre lui. Ses ennemis mêmes trouvent étrange qu’on ne l’ait pas traité avec plus de ménagement. Ils auront lu avec joie ce qui a été publié à son désavantage, et ils ne laisseront pas de dire qu’il le fallait épargner. C’est un effet de l’inclination énorme que l’on a pour la censure. On se plaît à n’approuver rien. Mais ne jugeons pas ainsi des personnes modérées dont Sainte-Aldegonde rapportait les sentimens. Elles étaient sans doute choquées de l’audace satirique de Baudouin, encore plus que des invectives de ceux qui le réfutèrent ; mais elles eussent voulu que la médisance eût été un caractère affecté aux ennemis de la vraie religion, et que ceux qui la justifiaient se signalassent par la sagesse et par la modération du style. Elles voulaient haïr l’esprit satirique, qui fait un mélange de diffamations et de raisons, dans lequel les injures personnelles sont la partie prédominante ; et elles ne pouvaient le haïr tort à leur aise, pendant qu’il était commun à leurs ennemis et à leurs amis. C’est pourquoi elles souhaitaient, tant à cause de cette raison, que pour quelques autres, qu’on le laissât en propre aux écrivains catholiques, et qu’on ne lui ôtât pas, en l’adoptant, cette note d’infamie dont elles voulaient qu’il fût marqué. 2o. Je dis, en second lieu, que Théodore de Bèze lâcha un peu trop la bride à son imagination, car si le livre qu’il a fait contre Baudouin était le seul qui nous restait, nous prendrions ce jurisconsulte, non-seulement pour un fripon très-infâme, mais aussi pour un auteur sans esprit, sans érudition, sans aucun mérite. Il en a donc fait une description trompeuse, puisqu’on ne saurait nier en lisant ce que Baudouin a écrit, et ce que d’autres disent de lui, que ce ne fût un très-habile homme. On peut excuser sur l’infirmité de la nature un auteur qui n’avoue pas que son ennemi soit docte, éloquent, ingénieux. Mais s’il lui est permis de taire ces vérités-là, il doit du moins s’abstenir de les nier. L’emportement qu’un auteur témoigne dans les ouvrages qu’il compose contre les ennemis de sa religion, peut quelquefois venir d’un grand zèle : c’est pour cela qu’on doit dire que la colère est équivoque entre le tempérament et la dévotion ; mais je ne vois pas comment on pourrait réduire à un principe évangélique la fierté d’un écrivain. J’appelle fierté les airs dédaigneux qu’il se donne, et l’affectation de parler de son adversaire comme du plus méprisable de tous les auteurs ; et cela, contre la notoriété publique, contre les preuves que fournissent les emplois et les écrits de cet adversaire. Je voudrais n’avoir pas trouvé dans l’histoire des églises, que Baudouin est mort misérable pédant[77]. Un tel mot ne devait jamais couler de la plume de Théodore de Bèze, professeur alors en théologie, et autrefois professeur en grec. Il fallait laisser aux cavaliers l’incivilité de nommer ainsi par mépris les personnes qui enseignent la jeunesse. Il ne fallait point qu’il déshonorât une profession qui était du même genre que la sienne. Si l’on dit qu’il établissait la pédanterie de Baudouin, non dans la charge de professeur, mais dans les défauts personnels, on ne dira rien qui vaille, puisque ce jurisconsulte ne manquait point de politesse d’esprit, et qu’il savait vivre avec les grands, et entrer dans leurs intrigues[78]. L’envie de le traiter avec mépris obligea Bèze à débiter, que lorsqu’on proposa au roi de Navarre, en 1561, de l’employer, ce prince ne savait pas qu’il y eût au monde un personnage nommé Baudouin[79]. Voilà l’une de ces choses que les auteurs avancent à tout hasard, et sur lesquelles ils ne peuvent dans la suite se justifier. Baudouin assura qu’il avait été recommandé à ce prince par la reine de Navarre[80], à laquelle il avait eu l’honneur de faire la révérence le jour des noces de la fille de cette reine avec ce prince[81]. Il assura que la faveur et la bonne volonté de cette princesse confirmèrent le choix que l’on fit de lui pour la profession en droit à Bourges. Cela est bien apparent ; car comme elle était duchesse de Berri, et qu’elle prenait à cœur l’intérêt des sciences, on ne parvenait pas aux charges de cette université sans sa participation. Comment était-il possible à Théodore de Bèze de réfuter sur cela François Baudouin ? Quelqu’un me dira peut-être que le zèle de religion porte quelquefois les théologiens à traiter de haut en bas, et comme un chétif auteur, celui qu’ils réfutent ; car ils croient qu’il est utile à la vraie église que ses sectateurs soient persuadés qu’il n’y a que des ignorans qui la combattent. Je réponds qu’un zèle qui ferait tenir une conduite si opposée à la bonne foi, à la raison, à la justice, et plus encore à la morale sévère de Jésus-Christ, ne pourrait jamais passer que pour un zèle très-aveugle. Je passe sous silence l’inconvénient de cette conduite. Il est aisé de défendre votre cause, pourraient dire bien des gens, puisque vous reconnaissez qu’elle est si mal attaquée : vos triomphes ne sont pas un signe que vous combattez pour la vérité.

Il faut que je fasse encore une observation. Sainte-Aldegonde ne donna point tous les avis nécessaires : il en oublia un qui était très-important ; il n’avertit pas qu’il fallait répondre à la troisième apologie de François Baudouin. Je sais bien que sur les matières de droit il ne faut point se piquer de ne laisser sans répartie aucun ouvrage de ses adversaires : on peut dès la seconde réplique mettre les choses dans le plus beau jour qui leur puisse être donné ; et l’on peut après cela se promettre que les lecteurs intelligens ne trouveront point mauvais qu’on ne rentre plus en lice. Mais dans les matières de fait, où il s’agit d’accusations personnelles et diffamantes, il ne faut jamais que l’agresseur soit le premier à se taire ; car s’il ne réplique point aux apologies de l’accusé, c’est un signe qu’il manque de preuves, et qu’on le contraint de s’arrêter dès qu’on lui oppose une simple négative. La troisième réponse de Baudouin est toute pleine de démentis et de récriminations, et contient même des faits à la décharge de l’accusé. Il ne fallait donc point que Théodore de Bèze la laissât sans répartie : il fallait donc l’avertir que la première réponse devait être soutenue d’un nouvel écrit justificatif du précédent. Dans les querelles de cette nature, qui quitte la partie la perd : le demandeur et le défendeur sont obligés de répondre à toutes les nouvelles raisons qu’on leur oppose, fallût-il pousser jusques au vingtième factum. Prenez garde à l’épithète de nouvelles, dont je me sers ; car si l’accusateur, par exemple, multipliait sans fin et sans cesse les écritures, ou par lui-même, ou par ses amis, répétant les mêmes choses avec quelque petit changement de forme, et ne répondant jamais ni aux faits ni aux raisons de l’accusé, celui-ci pourrait garder un profond silence : sa première apologie pourrait lui suffire, jusqu’à ce que parmi la multitude des factums que son adversaire ferait éclore, il s’en trouvât un qui alléguât quelque chose de nouveau.

(K) Il n’y a point d’hyperbole dans ce qu’on a dit de son auditoire. ] On y voyait des évêques, et des conseillers, et des gens d’épée. Sainte-Marthe l’assure comme l’ayant vu. Homo, dit-il[82], facundissimus, ipsoque oris ac totius corporis habitu non injucundus, ex historiarum et civilis disciplinæ conjunctione, suis prælectionibus gratiam et venerem afferebat. Ac eum quidem sæpè vidimus hoc splendido summæ doctrinæ apparatu, Lutetiæ profitentem, cùm ad ejus auditorium, permulti primæ notæ homines, episcopi, senatores, equites, libenter et maximâ frequentiâ confluerent.

(L) Il n’a pas été collègue de Cujas, comme quelques-uns l’assurent. ] Bèze est de ceux-là. « Il vous est honteux, lui dit-il[83], de reprocher à Calvin un naturel incompatible avec les autres, naturam ἀκοινωνητὸν ; vous, qui vous êtes rendu insupportable à tous vos collègues partout où vous avez mis le pied. Si vous le niez, Duaren, le Conte, Cujas, Hotman, etc., vous convaincront du contraire. » Baudouin répondit que Cujas avait été son successeur à Bourges, mais non pas son collègue, et qu’ils ne s’étaient jamais vus. Cujacius Balduino in eâ scholâ successit : collega nunquàm fuit, imò alter alterum nunquàm vidit. Per litteras aliquando collocuti sunt, sed tam amicè ut nihil magis. Imò Cujacius Balduinum rogavit in illud suum collegium ut rediret. Si nobis non credit, Cujacium interrogato[84].

(M) Je dirai quelque chose de ses écrits et du plagiat dont on l’accusa. ] Courant sa vingt-troisième année, il mit son nom dans la matricule des auteurs imprimés ; car il publia à Louvain, en 1542, Leges de re rusticâ, item novella Constitutio prima de Hæredibus et lege Falcidiâ Justiniani, qu’il avait traduites du grec, et accompagnées de scholies[85]. Cela fut imprimé l’année suivante[86], à Bâle, par Oporin, avec un gros livre d’Antoine Garron. Il publia à Paris en 1545, Prolegomena de Jure Civili ; et en 1546, Commentarii in libros IV Institut. Juris civilis Justiniani imperatoris. Son Commentaire sur les lois des XII Tables fut imprimé plusieurs fois. La troisième édition est de Bâle, en 1557, in-8o., chez Oporin, qui imprima en même temps son Juris Civilis Catechesis, et son Commentarius ad Edicta veterum, principum romanorum de Christianis, ouvrage qui prêche la tolérance, et qui, à cause de cela, fut blâmé par Claude de Sainctes[87]. Je laisse plusieurs autres livres de jurisprudence publiés par cet auteur ; mais voici une chose qui ne doit pas être omise, et que je trouve dans M. Ménage : « À la prière du prince de Condé, il fit un Traité des moyens de parvenir à une bonne réformation, touchant la religion. Ce traité, ayant été publié par un carme défroqué, qui y ajouta beaucoup du sien, Balduin se plaignit de ce procédé au prince de Condé. Le prince chassa le moine de sa cour, et permit à Balduin de se défendre. Balduin, ensuite de cette permission, fit en latin, et après en français, son Avis sur la réformation de l’Église : et il fit en français sa Réponse à un Prédicant calomniateur[88]. » On voit dans la IIIe. réponse de Baudouin, que par l’ordre de la reine-mère il fut voir en prison M. le prince de Condé, et qu’il conféra avec lui sur l’accord des religions, et qu’on lui commanda de faire un écrit touchant cette conférence qui avait été renouvelée depuis que ce prince eut été remis en liberté. La composition de cet écrit l’empêcha d’aller trouver le duc de Guise, et de lui porter une lettre[89]. Je ne dois pas non plus oublier que son Constantinus, sive de legibus Constantini imperatoris, imprimé à Bâle, l’an 1556, a été mis dans l’Index Librorum expurgandorum, et qu’il passe pour l’auteur d’un livre qui fut imprimé à Strasbourg, sub Christianorum jurisconsultorum nomine contra Duarenum, l’an 1556 ; mais qu’il le désavoua[90]. On lui donne dans l’Épitome de Gesner un ouvrage qui est d’un autre Baudouin. Non hujus, sed Petri Balduini sunt[91] : ce sont des notes sur les Offices de Cicéron. Ce fut lui qui mit en français une Histoire de Pologne faite en latin par Jean Herburt de Fulstin, castellan de Sanoc. Cette traduction française fut imprimée à Paris, en 1573, in-4o. sans le nom du traducteur[92]. Il se masquait quelquefois sous le nom de Pierre de la Roche, Petrus Rochius[93], et se nommait Atrébatius, par allusion au jurisconsulte Trébatius, et à sa patrie[94].

Pour ce qui regarde les pilleries qui lui furent reprochées, vous n’avez qu’à lire ce qui suit. Pudendum est, et nimiùm illiberale illud plagium, quod ipse inficiari non potest de annotationibus in Justiniani Institutiones Brecthano præceptori sua surreptis. Omitto quæ non modò Ferretus et Othomanus, quorum fortassis familiaritate tum abutebatur ex vetere illâ formulâ τὰ τῶν φίλων κοινά, sed etiam maximi ipsius inimici Baro, et Duarenus, optimo jure ex istius centonibus repetunt. Omitto etiam turpissimorum erratorum Centurias, quas Contius et ipse juris interpres in istius Constantino, quamvis exiguo libello, annotavit[95]. Ce Contius, dont Bèze parle, était professeur en droit à Bourges, et s’appelait Antoine le Conte. On fait aussi mention d’Hotman dans ce passage. Ce fut l’un des adversaires de Baudouin, et il le traita avec le dernier mépris[96] : il l’appela même hermaphrodite, et il semble qu’il prenne ce mot au propre, quoiqu’ailleurs il le prenne, au figuré[97]. Uxor (inquis), il s’adresse à Papyre Masson, mihi nulla est, nec unquàm fuit. Nec mirum, Massone, siquidem Balduini præceptoris tui similis es, quem omnes dicebant esse hermaphroditum[98]. Il se fait un plaisir de dire que Cujas méprisait Baudouin : Cùm omnes sciant quòd prædictus Cujacius non fecerit unquàm numerum de Balduinuo plus quàm de suis veteribus ocreis[99]. M. Ménage remarque avec étonnement que Cujas n’a jamais parlé de Baudouin[100]. Nous avons vu qu’il lui écrivit des lettres fort obligeantes[101].

(N) Il y aurait bien des réflexions à faire sur la bizarrerie de sa fortune. ] Il avait de l’esprit, du savoir, de l’éloquence, de l’adresse : il était bien fait de sa personne ; il entendait le manége de la cour. Quelques-unes des qualités que je viens de spécifier se trouvaient en lui dans un degré éminent. Il fut employé diverses fois par de grands princes à des affaires importantes : cela le mettait en passe d’un glorieux avancement ; et néanmoins il ne s’avança jamais beaucoup, et je pense qu’il ne mourut guère riche. Combien y a-t-il de gens, inférieurs en toutes choses à cet habile jurisconsulte, qui montent bien haut, qui parviennent à de grandes charges, qui s’y maintiennent, qui s’y acquièrent un beau nom, beaucoup de richesses, beaucoup d’autorité ! Ils ne brillent par aucun endroit : ils n’excellent en rien : point de qualités éminentes : on cherche vainement en eux ce qui excite l’admiration : et on le trouve bientôt en d’autres personnes, qu’on voit néanmoins demeurer toujours dans un état médiocre, quelque souvent qu’elles aient eu sous la main une occasion favorable. La plupart de ceux qui font attention à ce train des choses humaines y trouvent de quoi murmurer, de quoi se fâcher, et ils déchargent leur dépit sur ce qu’ils appellent injustice ou aveuglement de la fortune. Ils vont rarement au fait : ils ne s’avisent guère d’une autre cause qui produit cela bien plus souvent qu’ils ne pensent. Ils devraient savoir, qu’afin que des qualités éminentes portent un homme à l’élévation qu’elles semblent lui promettre, elles doivent être secondées par certaines autres qualités, ou n’être pas traversées par certains défauts : car n’étant pas secondées, ou étant traversées, elles sont une cause insuffisante ; et ainsi, selon les lois de la mécanique, il faut qu’elles manquent leur effet. Or voilà ce qui arrive à plusieurs de ceux dont les talens ont de l’éclat : il leur manque certaines choses, avec quoi ces grands talens feraient des merveilles, et sans quoi ils ne peuvent, ni les avancer, ni les soutenir. Les qualités de ces gens-là ne sont pas bien assorties ; il n’y a point entre elles le concert et la proportion qui devrait y être : au lieu donc de s’entr’aider les unes les autres, elles s’entre-nuisent. Il ne faut donc pas s’étonner si l’on ne s’élève pas, et même si l’on échoue avec un tel équipage. Pour ce qui est de certaines gens, qui parviennent à une grande fortune, et qui s’y soutiennent, sans qu’on puisse remarquer en eux rien qui ne soit médiocre, il ne s’en faut pas étonner. Il y a un tel concert, ou une telle proportion entre leurs bonnes et leurs mauvaises qualités, qu’elles se servent d’appui réciproquement ; et par-là elles forment un principe complet, et suffisant à la production de mille aventures profitables. Il en est de ceci comme des machines ; car quelque grossièrement qu’elles soient faites, elles feront mieux leur jeu, si leurs parties sont placées et proportionnées comme il faut, que la plus admirable machine ne ferait le sien, si l’on en ôtait quelques pièces, ou si l’on y en plaçait quelques-unes qui ne correspondissent pas avec les autres. « Ce n’est pas le tout que de joindre avec la science du monde celle des livres, beaucoup d’esprit, beaucoup d’éloquence, plusieurs autres dons éclatans ; si d’ailleurs vous êtes brusque, capricieux, indiscret, paresseux, timide, intéressé, sujet à de basses jalousies, présomptueux, incapable de suivre une affaire qui traîne en longueur, inconstant, plus propre à commencer cent nouveaux projets qu’à résister au dégoût de manier quelque temps la même affaire : si, dis-je, vous êtes frappé à tels et semblables coins, et que vos grandes qualités ne vous fassent point faire fortune, ne vous en prenez point à l’injustice du sort, à l’iniquité du siècle, à la malignité de votre prochain ; prenez-vous-en à vous-même : attribuez-en la cause aux disproportions des qualités que vous avez eues en partage. » Je compte François Baudouin parmi ceux que l’on peut apostropher de la sorte. Notez qu’entre les personnes de cette trempe quelques-uns se font justice : ils connaissent le mélange qui rend inutiles leurs beaux talens ; et s’ils murmurent, ce n’est pas contre leur prochain, c’est contre leur propre tempérament, c’est contre la nature qui a mis des contre-poids à tout ce qu’elle leur avait donné de plus propre pour une grande élévation. Au reste, je ne prétends point enfermer dans cette hypothèse mille et mille cas particuliers, où les causes de la mauvaise et de la bonne fortune sont tout-à-fait externes : c’est-à-dire, que ceux qui, avec des qualités fort capables de les élever, sont demeurés dans l’obscurité, n’ont eu aucune occasion favorable ; et que ceux qui, sans nul mérite, sont montés bien haut, se sont trouvés dans un tourbillon de circonstances si actif, qu’ils n’ont eu aucun besoin de le seconder, et que leur incapacité ne lui servait point d’obstacle. Mais souvenez-vous que Baudouin n’a point manqué d’occasions : il a été mis souvent sur les voies.

  1. * L’incertitude du nom de l’accusateur paraît à Leclerc un motif de douter de l’accusation, mais « le vrai est, dit la Biographie universelle, que Baudouin qui avant très-bien étudié l’antiquité ecclésiastique, convenait qu’il y avait de grands abus à réformer dans la religion catholique. » Depuis Baudouin on est loin d’avoir rien réformé.
  2. * Cette remarque (I), dit Leclerc, peut servir à faire récuser avec raison la plupart des écrivains que Bayle a copiés dans cet article.
  1. Papyr. Masso, Elogior. parte II, pag. 156, 157.
  2. Familiaris quondam sui. Idem, ibidem, pag. 26.
  3. Comparez ceci avec les paroles de M. de Thou rapportées dans l’article de (Pierre) Charpentier, un peu au-dessus de la citation (5), vous trouverez bien de l’abus.
  4. Antonius Guærinius (C’est ainsi qu’il est nommé dans Rivet, tom. III, pag. 1127, col. 1 ; mais dans l’Epitome de Gesner on le nomme Guæimens aut Cynarus : ), Epist. ad Balduinum, pag. 56, apud Ruvetum, Oper., tom. III, pag. 1127, col. 1.
  5. Epist. ad Franc. Balduinum, de Officio tum in Religione, tum in Scriptionibus retinendo.
  6. Voyez le livre que Théodore de Bèze fit contre lui.
  7. Ménage, Remarques sur la Vie de Pierre Ayrault, pag. 157.
  8. Catherinot, Calvinisme de Berri, pag. 4.
  9. Papyr. Masso, Elogior. part. II, pag. 257. Vous trouverez dans Bullart, Acad. des Sciences, tom. I, pag. 238, la même faute.
  10. Dans l’article Duaren.
  11. Dans la remarque (I) de l’article Duaren.
  12. Voyez la Réponse de Bèze à Baudouin, Oper., tom. II, pag. 213, 214.
  13. Beza, ibid., pag. 214.
  14. Idem, ibid., pag. 213.
  15. Il fallait dire 1550. Voyez l’article Duaren, remarque (E).
  16. Ménage, Remarques sur la Vie de Pierre Ayrault, pag. 157.
  17. Papyr. Masso, Elogior. part. II, pag. 257.
  18. Bullart. Académie des Sciences, tom. I, pag. 228. La même faute est dans le Théâtre de Ghilini, tom. II, pag. 83.
  19. Beza, Respons. ad Balduin., pag. 206. Oper., tom. II. Notez que Baudouin, dans sa IIIe. Réponse, folio 80 verso, dit que cela appartient à l’an 1546.
  20. Balduin., ibid., folio 83 verso.
  21. Varillas, Hist. de Charles IX, tom. I, pag. 89, édition de Hollande, en 1686.
  22. Beza, Respons. ad Bald., Oper., tom. II, pag. 213.
  23. Calvin., Respons. ad Balduin, pag. 368. Tractat. Theolog.
  24. Valer. Andr., Bibl. belg., pag. 222. Cela est conforme au narré de Baudouin dans sa IIIe. Réponse, folio 91.
  25. Ménage, Remarques sur la Vie de Pierre Ayrault, pag. 157.
  26. Theod. Bezæ ad Francisci Balduini Ecebolii convicia Respons., init., pag. 201 et seq., tom. II Oper.
  27. On n’y mit ni le lieu de l’impression, ni le nom de l’imprimeur. Beza, ibid., pag. 202.
  28. Varillas, Histoire de Charles IX, tom. Ier, pag. 90, édition de Hollande. Voyez aussi M. de Thou, liv. XXVIII, pag. 567.
  29. Varillas, Histoire de Charles IX, pag. 91.
  30. Voyez Sponde, à l’ann. 1564, num. 27.
  31. Dans la remarque (H).
  32. Dans la remarque (M).
  33. Valer. Andreas, Biblioth. belgicæ pag. 222.
  34. Idem, ibidem.
  35. Idem, ibidem.
  36. Papyr. Masso, Elogior. part. II, pag. 259.
  37. Nicol. Burgund., Hist. belg., lib. II, pag. 67.
  38. Balduinus, in Respons. ad Calvin. et Bezam, folio 88 verso. Elle fut imprimée l’an 1564.
  39. Grotius, in Rivetiani Apologetici Discussione, pag. 23.
  40. Joh. Grevius, Epist. ad Bernhardum Brantium. C’est la CCCLXXVIe. des Epistolæ ecclesiast. et theologicæ, édit. d’Amsterdam en 1684. Il cite Jean Petit, tom. I.
  41. Idem, ibidem.
  42. Voyez Nicolas Burgund., Hist. belg., lib. II, pag. 66.
  43. Jean-François le Petit, greffier de Bethune en Artois, dans sa Grande Chronique du Pays-Bas, tom. II, pag. 75, édit. de Dordrecht, en 1601.
  44. Voyez ci-dessus, citation (4), les paroles d’Antonius Guærinius.
  45. Calvinus, Respons. ad Balduinum, sub fin., pag. 370 Tractatuum theologicor.
  46. Frère de Guillaume, prince d’Orange.
  47. Nicol. Burgund., Hist. belg., lib. II, pag. 68.
  48. Tiré de Nicolas Burgund., pag. 67, 68.
  49. Nicol. Burgund. Hist. belg., pag. 131, ad ann. 1564.
  50. Dans la remarque (A) de l’article de (Pierre) Charpentier.
  51. Ménage, Remarques sur la vie d’Ayrault, pag. 185.
  52. C’était l’un des ambassadeurs de Pologne.
  53. Bullart, Académie des Sciences, tom. I, pag. 229.
  54. Thuan., lib. LVII initio.
  55. Idem, ibid., pag. 47.
  56. Idem, ibid., pag. 49.
  57. Idem ibid., pag. 47. Notez que les pages sont ici très-mal marquées dans l’édition de M. de Thou, faite à Francfort, en 1625.
  58. Ménage, Remarques sur la vie d’Ayrault, pag. 158.
  59. Papyr. Masso, Elogior. parte II, pag. 261.
  60. Ménage, Remarques sur la vie d’Ayrault, pag. 158.
  61. Calvin, Tractat. theolog. pag. 370.
  62. Il fallait dire imò ; car minimè fait ici un sens contraire à la pensée de Mason.
  63. Papyr. Masso, Elogior. part. II, pag. 261, 262.
  64. Dans la remarque (C).
  65. Voyez Theodori Bezæ Respons. ad Balduinum, pag. 207, 209, et Calvini Respons. ad Balduin., initio.
  66. Intitulée : Responsio ad Balduini Convicia : elle est au même volume des Opuscules, pag. 365 et suiv.
  67. Beza, Respons. ad Balduin., pag. 202.
  68. Elle a été mal placée dans le volume de ses Opuscules : car on l’a mise à la tête du second écrit qu’il publia contre Baudouin : et néanmoins, elle fut faite après ce second écrit.
  69. Calvinus, in Præf. Responsionis Theodori Bezæ ad Balduiui Convicia, pag. 200, tom. II Operum.
  70. Voyez Valère André, Bibliothec. belg., pag. 224.
  71. Commentarius de Statu Reipub. et Religionis in Regno Galliæ, tom. I, folio 169, ad ann. 1561.
  72. Idem, ibidem.
  73. Pag. 201 et suiv.
  74. Philippus Marnixius, Epist. ad Theodor. Bezam. C’est la VIe. parmi les Lettres de Bèze, pag. 206, 207, du tom. III de ses Œuvres.
  75. Je crois qu’il entend les anabaptistes.
  76. Theodor. Beza, Epist VII, pag. 208.
  77. Bèze, Histoire ecclésiast., liv. IV, pag. 645.
  78. Voyez ci-dessus les paroles de Burgundius, la remarque (D), citation (37).
  79. Beza, in Respons. ad Balduin., pag. 203.
  80. Balduinus, in tertiâ Responsione, folio 84.
  81. C’est-à-dire, le 20 d’octobre 1548.
  82. Sammarthanus, Elogior. lib. II, pag. 86, edit. Ienens., ann. 1696. Voyez aussi Papyre Masson, Elogior. part. II, pag. 259.
  83. Beza, Respons. ad Balduin., pag. 208.
  84. Respons. pro Balduino III, folio 85.
  85. Valer. Andreas, Biblioth. belgicæ pag. 223.
  86. Et non pas l’an 1534, comme on le voit dans l’Epitome de Gesner, pag. 236 : une transposition de chiffre, faute ordinaire des imprimeurs, a fait mettre là 1534 pour 1543.
  87. Claud. de Sainctes, ad Edicta veterum Principum, folio 6 verso.
  88. Ménage, Remarques sur la Vie d’Ayrault, pag. 158.
  89. Ex Balduini Responsione ad Calvinum et Bezam, fol. 101 verso, et 102.
  90. Valer. Andreas. Biblioth. belg., pag. 225.
  91. Idem., ibidem.
  92. Voyez Du Verdier Van-Privas, Biblioth. française, pag. 365.
  93. Il signait ainsi les lettres qu’il écrivait à Calvin.
  94. Catherinot, Calvinisme de Berri, vers la fin.
  95. Beza, Respons. ad Balduini Convicia, pag. 203, 204.
  96. Voyez le livre intitulé : Strigilis Papyrii Massonis per Matagonidem de Malagonibus, pag. 269.
  97. Tu es hermaphroditus in negotiis statûs, sicut fuit Balduinus in negotiis religionis. Id., ibid., pag. 281.
  98. Idem, ibid., pag. 281.
  99. Idem, ibid., pag. 269.
  100. Ménage, Remarques sur la Vie d’Ayrault, pag. 158.
  101. Ci-dessus, citation (84).

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