Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Arétin 6


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ARÉTIN (Pierre), natif d’Arezze, renommé par ses écrits sales et satiriques, vivait au XVIe. siècle [* 1]. Ceux qui voudront savoir ce que c’est qu’une médaille qu’on prétend qu’il fit frapper, pour apprendre à toute la terre la peur que les plus grands princes avaient eue de ses satires, le trouveront dans le Dictionnaire de M. Moréri. L’Arétin se vantait dans cette médaille d’avoir mis sous contribution ceux à qui les autres hommes payent des tributs et des impôts. Cette tradition est si générale, qu’il n’est pas moins connu sous le titre de Fléau des princes, que sous le nom de l’Arétin, ou sous celui de Pierre Arétin (A). On lui donne un autre titre fort glorieux : c’est le même dont toute l’antiquité honora le grand mérite de Platon, c’est celui de divin, il divino Aretino (B) : il a été qualifié sur des médailles divus Petrus Aretinus [a]. Quelques-uns ont dit que peut-être il se donnait cette qualité, pour signifier qu’il faisait les fonctions de Dieu sur la terre, par les foudres dont il frappait les têtes les plus éminentes (C). Il se vantait que ses libelles faisaient plus de bien au monde, que les sermons (D). On lui écrivait que sa plume lui avait assujetti plus de princes, que les plus grands rois n’en avaient soumis par leurs armes (E), et on l’exhortait à continuer sur ce ton-là, afin que les monarques se corrigeassent (F). Notre siècle a des satiriques aussi envenimés et aussi hardis que l’Arétin l’ait pu être ; cependant je ne crois pas qu’aucun d’eux ait établi ses contributions dans le pays ennemi. Plusieurs écrivains mal informés le font passer pour l’auteur du livre de Tribus impostoribus (G). Je ne saurais croire que l’on ait gravé sur son tombeau, dans l’église de saint Luc à Venise, l’épitaphe rapportée par M. Moréri (H). L’auteur de cette épitaphe outra sans doute la chose. Si l’on avait raison de penser que l’Arétin n’aimait point Dieu, on n’en avait point de dire qu’il ne le connaissait pas : ses ouvrages de piété témoignent manifestement le contraire (I). Je ne crois pas que l’on trouve dans ses écrits aucun dogme d’athéisme ; mais comme plusieurs de ses libelles attaquent violemment les désordres du clergé, et décrivent d’un style profane et de débauche une infinité d’impuretés attribuées à la vie de couvent, il ne faut pas s’étonner qu’on l’ait fait passer pour athée. Joignez à cela, qu’un homme qui aurait eu quelque respect pour la religion, et pour l’honnêteté morale, n’aurait jamais fait des dialogues sur les matières que l’Arétin a choisies, et n’y aurait pas employé un langage si impudent. On voit bien que je parle de ses Ragionamenti (K). Ils furent imprimés pendant sa vie ; mais on a de la peine à déterrer quand ils le furent pour la première fois (L). Nous avons six volumes de ses Lettres, qui ne valent pas grand’chose (M). Ses ouvrages de dévotion n’ont pas eu beaucoup de débit [b] ; et néanmoins ils ont trouvé des approbateurs, qui leur ont donné beaucoup de louanges [c]. Les comédies, qu’il fit en prose, sont beaucoup meilleures dans leur espèce [* 2]. Il mourut environ l’an 1556 [* 3], à l’âge de soixante-cinq ans, plus ou moins (N).

On conte qu’il se mit si fort à rire, entendant des discours sales, qu’il renversa la chaise sur quoi il était assis, et qu’en tombant il se blessa à la tête, et mourut sur l’heure (O). Il se trouva mal d’avoir fait des vers contre Pierre Strozzi ; car ce brave homme le menaça de le faire poignarder jusque dans le lit : ce qui étonna tellement ce poëte, qu’il n’osait laisser entrer personne dans sa maison, et qu’il n’eut pas le courage de sortir, pendant que Strozzi séjourna dans les états de Venise. Je citerai mon auteur (P). Notez que ce poëte si satirique prodiguait les louanges avec les derniers excès. Nous trouvons les hyperboles les plus pompeuses, et les flatteries les plus rampantes, dans les lettres qu’il écrivait aux rois et aux princes, aux généraux d’armée, aux cardinaux, et aux autres grands du monde. Tant s’en faut que l’on voie là les airs d’un auteur qui fait craindre, ou qui exige des rançons, que l’on y voit toute la bassesse d’un auteur qui demande très-humblement un morceau de pain. Il se sert d’expressions touchantes pour représenter sa pauvreté : il recourt même au langage de Canaan, je veux dire aux phrases dévotes qui peuvent le mieux exciter la compassion, et animer à la charité les personnes qui attendent de Dieu la récompense de leurs bonnes œuvres. Il ne faut pas oublier que l’un des sujets de ses importunités était la dot de sa chère fille Adria (Q). Il se donna mille peines pour la marier, et il la vit si malheureuse dans cet état, qu’il se repentit de son impatience (R). Fatalité trop ordinaire parmi les hommes ; car combien y a-t-il de choses qui les inquiètent extrêmement lorsqu’elles ne sont point faites, et qui les chagrinent encore plus lorsqu’elles le sont ?

  1. * Mazzuchelli, auteur d’une Vita di Pietro Aretino 1741, in-8o., a fourni à Joly le sujet de plusieurs remarques. Pierre Arétin naquit dans la nuit du 19 au 20 avril 1492. Il était fils naturel de Louis Bacci, dans la famille duquel on conservait autrefois les quittances de la pension qu’elle fournissait pour ses alimens ; mais le père Pierre-Jacques Bacci déchira ces quittances par horreur pour sa mémoire. Un sonnet qu’Arétin fit dans sa jeunesse contre les indulgences le contraignit à quitter sa patrie, pour aller à Pérouse où il exerça long-temps la profession de relieur de livres, et où il ne montra pas plus de respect pour la religion ; car ayant vu dans une place publique très-fréquentée une image où la Madeleine, les bras étendus et dans l’affliction, était représentée aux pieds de Jésus-Christ, il y retourna secrètement, dit Joly, et lui peignit un luth entre les mains.
  2. * Ces comédies, dit Joly, sont au nombre de cinq, savoir : il Marescalco, la Cortigiana, l’Ippocrito, il Filosofo, la Tolanta. On a aussi d’Arétin une tragédie intitulée l’Orazia, 1546, petit in-8o. pièce rare et peu connue, dont Ginguéné parle avec éloge dans son Histoire de la littérature italienne, tom. VI, pag. 129 et suiv.
  3. * Joly dit 1557, à soixante-cinq ans.
  1. Spizelius, dans son Scrutin. Atheismi, pag. 19, assure qu’il en a vu.
  2. Voyez la remarque (I).
  3. Ibid.

(A) Il n’est pas moins connu sous le titre de Fléau des princes [* 1], que sous le nom... de Pierre Arétin. ] Il se vante d’avoir cette réputation par toute la terre. Lisez la lettre qu’il écrivit à Hersilia del Monte, parente du pape Jules III ; vous y trouverez ceci : In tanto è manifesto, ch’io sono noto al sophi, a gli Indiani, ed il mondo al paro di qualunche hoggi in bocca de la fama risuoni : che piu ? i principi da i populi tributati di continuo, tuttavia me loro schiavo e flagello tributano [1]. Il dit dans une autre lettre, que l’on jurait que les princes lui faisaient tribut, non pas afin qu’il les louât, mais de peur qu’il ne les blâmât ; et il ajoute que c’était bien se tromper, puisque la plupart des grands maîtres ne craignent pas le courroux de Dieu. Redouteraient-ils ma plume ? continue-t-il : Impero che la maggior parte de i gran maestri non temono l’ira di Dio, e temeranno il furore de la mia penna [2] ? Ce raisonnement n’est point bon : la crainte des hommes fait que l’on s’abstient de mille choses, dont on ne s’abstiendrait pas, si l’on ne craignait que la vengeance divine [3].

(B) On lui donne le titre... de divin, il divino Aretino. ] On ne sera pas fâché de voir ici le jugement de Montagne sur cet éloge : Platon, dit-il [4], a emporté ce surnom de Divin, par un consentement universel qu’aucun n’a essayé luy envier ; et les Italiens, qui se vantent et avecques raison d’avoir communément l’esprit plus esveillé et le discours plus sain que les autres nations de leurs temps, en viennent d’estrener l’Arétin, auquel, sauf une façon de parler boufie et bouillonnée de poinctes, ingénieuses à la vérité, mais recherchées de loing et fantasques, et outre l’éloquence enfin telle qu’elle puisse estre, je ne veois pas qu’il y ait rien au dessus des communs auteurs de son siècle ; tant s’en fault qu’il approche de cette divinité ancienne.

(C). Quelques-uns ont dit qu’il faisait les fonctions de Dieu sur la terre par les foudres dont il frappait les têtes les plus éminentes. ] J’ai vu cette pensée dans un auteur italien, cité par un auteur allemand. Cur verò sibi arrogarerit aliorum consensu divinitatem, nescio, nisi fortè Dei munus exercuisse dicendus sit, cùm summa capita velut celsissimos montes fulminaverit, linguâ corrigens et mulctans quæ ab aliis castigari nequeunt [5].

(D) Il se vantait que ses libelles faisaient plus de bien au monde que les sermons. ] Il dit dans l’épître dédicatoire de la seconde partie de ses Raggionamenti, que si l’on ne voulait pas l’estimer à cause de ses inventions, il fallait du moins lui accorder quelque gloire pour le service qu’il avait rendu à la vérité, en la poussant dans la chambre et dans les oreilles des grands, à la honte de la flatterie et du mensonge. Il rapporte qu’un ambassadeur du duc d’Urbin disait que si les ministres des princes, et leurs courtisans, étaient récompensés de leurs services, ils en avaient l’obligation à la plume de Pierre Arétin. Il ajoute qu’un autre disait : L’Arétin est plus nécessaire à la vie humaine que les prédications, parce que les prédications ne mettent dans le bon chemin que les simples ; mais ses écrits y mettent les grands seigneurs. Voici ses paroles en italien : Quando io non fossi degno di honor veruno, mercè de le inventioni con le quali do l’anima a lo stile, merito pur qualche poco di gloria per havere spinto la verita ne le camere, e ne le orecchie de potenti ad onta de l’adulatione, e de la menzogna : e per non difraudere il mio grado, usero le parole stesse del singulare M. Gianiacopo, ambasciadore d’Urbino : Noi che spendiamo il tempo ne servigi de prencipi insieme con ogni huomo di corte, e non ciascun virtuoso, siamo riguardati e riconosciuti da nostri padroni, bontà de gastighi che gli ha dati la penna di Pietro. E lo sa Milano, come cadde de la sacra bocca di colui, che in pochi mesi mi ha arrichito di due coppe d’oro : l’Aretino è più necessario à la vita humana che de predicationi, e che sia il vero esse pongono in su le dritte strade le persone semplici, ed i suoi scritti le signorili, ed il mio non è vanto, ma un modo di procedere per sostener se medesimo osservato da Enea, dove non era conosciuto.

(E). On lui écrivait que sa plume lui avait assujetti plus de princes que les plus grands rois n’en avaient soumis par leurs armes. ] J’ai lu cela dans une lettre qui lui fut écrite par Baptiste Tornielli [6]. On lui déclare qu’il mériterait le titre de Germanique, de Pannonique, etc., comme autrefois les empereurs se donnaient le nom des provinces où ils avaient triomphé. Non sapete voi, che con la penna vostra in mano havete soggiogato più principi, ch’ogni altro potentissimo principe con l’arme ? La penna vostra a qual non mette terrore, a quale non è formidabile ? a chi anche non grata, a chi non cara, ove si mostra amica ? La penna vostra si puo dir, che v’ha fatto trionfator quasi di tutti i principi del mondo ; che quasi tutti vi sono tributarii, e come infeudati. Meritareste esser chiamato Germanico, Pannonico, Gallico, Hisparico, e finalmente insignito di quei titoli, quali si davano a gli antichi Imperadori Romani, secondo le provincie per loro soggiogate : che se quelli soggiogavano le provincie per forza d’arme, e per esser più di loro potenti, non era gran meraviglia ; maggior meraviglia assai è, che un privato, inerme, haggio soggiogato infiniti potenti : che l’un potente l’altro, non è meraviglia.

(F) On l’encourageait..…. à satiriser les princes, afin qu’ils se corrigeassent. ] C’est le marquis du Guast qui lui fit cette exhortation, dans une lettre qu’il lui écrivit de sa propre main [7]. Il ne demandait pas d’être privilégié : il voulut bien que ses défauts fussent censurés par l’Arétin ; et il l’exhortait à le faire. Il y a bien de l’apparence qu’il était sûr qu’il ne serait pas pris au mot. L’Arétin ne confondait pas les amis avec les ennemis : il ne faisait ses exécutions que sur ceux qui avaient négligé de s’en racheter. Seguite dico col solito animo, c’est ce que le marquis du Guast lui écrit, e se in me vostro amico alcuna cosa men che laudabile conoscete, ricordatevi di non lasciar di riprenderla : accioche jfatto accorto dell’ error, come desidero, lo fugga, e divenga migliore. Seguite lo stil vostro, che di nuovo ve ne prego : accioche, se i defetti con verità saranno in altri trovati, si vergognino, e vergognandosi, e mendandosi fuggano dal vitio alla virtù. Onde i rei divenuti buoni, abbraciati con essa virtù, si confermino nel bene. Del che quanto in cio l’humana repub. si avanzi ; lo giudichino quelli, che lo sanno meglio intender, ch’ io no’l so esprimere.

(G) On lui attribue mal à propos le livre de Tribus Impostoribus. ] Nous aurons peut-être occasion d’examiner amplement cette matière, et de faire voir qu’il y a très-peu d’apparence que ce livre ait jamais existé. M. l’abbé Nicaise, l’un des plus honnêtes hommes de ce siècle [8], qui a des habitudes avec tous les savans de l’Europe, au nombre desquels il tient une place très-honorable, eut la bonté de m’envoyer l’année passée [9], une très-curieuse dissertation de M. de la Monnoie, son compatriote [10], sur le livre de Tribus Impostoribus. Elle est remplie de remarques très-bien choisies, et mériterait extrêmement d’être imprimée [* 2]. M. de Beauval vient d’en donner un petit extrait [11]. L’auteur montre, par de très-fortes raisons, que ce livre est une pure chimère. Grotius a cru, et peut-être sur un mauvais fondement, que l’on a parlé de ce livre avant que l’Arétin fût au monde. Il dit que les ennemis de Fridéric Barberousse l’accusèrent d’avoir fait composer ce livre [12]. Il devait dire que Fridéric II fut accusé d’avoir dit que le monde avait été trompé par trois imposteurs [13]. Le bon père Mersenne a débité qu’un de ses amis, qui avait lu le livre en question, y avait reconnu le style de Pierre Arétin [14]. Chansons que tout cela. Néanmoins on ne saurait dire combien on promène cette proposition du père Mersenne.

(H) Je ne saurais croire qu’on ait gravé sur son tombeau l’épitaphe rapportée par M. Moréri. ] Il ne dit point positivement et précisément que cette épitaphe ait été gravée sur le tombeau de Pierre Arétin, dans l’église de Saint-Luc : mais il n’y a personne qui ne soit en droit de supposer que c’est ce qu’il a voulu dire ; car il s’est exprimé de cette manière : « Il mourut à Venise, où il est enterré dans l’église de Saint-Luc. Voici son épitaphe :

 » Condit Aretini cineres lapis iste sepultos,
 » Mortales atro qui sale perfricuit.
 » Intactus Deus est illi, causamque rogatus
 » Hanc dedit : ille, inqui, non mihi notus erat [15].


 » Elle est plus ingénieuse en italien. en ces termes :

 » Qui giace l’Aretin poëta Tosco,
 » Che d’ognun disse malo che [16] di Dio,
 » Scusandosi col dir’ io ne’l conosco. »


Il n’y a rien dans le narré de M. Moréri qui puisse faire soupçonner le moins du monde que ces quatre vers ne sont pas l’inscription même du tombeau de l’Arétin [* 3]. C’est donc tromper tout lecteur qui n’est pas capable de se tirer d’un mauvais pas par ses propres réflexions. C’est en particulier tendre un piége aux protestans qui, à moins que d’aller un peu bride en main, se portent à croire qu’il n’y a presque point d’objet de scandale que les Italiens n’admettent dans leurs églises. Plusieurs donc d’entre eux croiraient aisément, sur la parole de M. Moréri, que le patriarche de Venise souffrit, non-seulement qu’on enterrât un athée en terre sainte, mais aussi que l’on exposât aux yeux du monde dans une église l’épitaphe de cet athée en quatre vers qui tournent la chose en plaisanterie. Pour moi, je ne saurais croire que la corruption et la négligence du clergé soient jamais allées jusqu’à souffrir de semblables inscriptions sépulcrales dans une église. Je crois donc que les quatre vers rapportés par M. Moréri sont une de ces pièces satiriques que l’on fait sur la mort des gens, et à qui l’on donne le titre et la forme d’épitaphe. Combien en fit-on de semblables sur le cardinal de Richelieu, et sur le cardinal Mazarin ! Ceux qui font l’éloge des hommes illustres, et qui, à l’exemple de Paul Jove, se plaisent à rapporter leurs épitaphes, devraient toujours expliquer si ce sont des vers qui aient été gravés effectivement sur le tombeau, ou s’ils ont été simplement un jeu d’esprit. Si l’on avait eu cette précaution à l’égard de l’Arétin, on ne verrait pas dans le Théâtre de Paul Frehérus, et dans le Felix Litteratus de Spizelius [17], que les quatre vers en question se lisent sur le tombeau du personnage à Venise [18]. Un théologien d’Utrecht assure que l’épitaphe de Pierre Arétin, insérée dans les éloges de Paul Jove, et celle que Pazzi a rapportée, témoignent que c’était un grand apôtre de l’athéisme. « Aretini epitaphium, apud Jovium in Elogiis virorum doctorum, dit-il [19], et alterum, apud Giuzeppe Pazzi, indicat qualis et quantus atheismi præco fuerit ; sic enim Pazzi in libro cui tit. Continuatione della monstruosa farina ; Venetiis, 1609 : « Qui giace l’Aretini poëta Tosco [20],

 » Che disse mal d’ogn’un fuor che di Die ;

 » Ma si scuso dicendo, no’l [21] conosco. »
Aliter sic : « Qui giace estinto quell’ amaro Tosco,

 » Ch’ogn’ huom vivendo con mal dir trafisse.

 » Vero è che mal di Dio giamai non disse,

 » Che si scuso dicendo io no’l conosco. »
Sur cela, j’ai à dire premièrement, que Paul Jove ne rapporte point l’épitaphe de Pierre Arétin. Comment la rapporterait-il, puisqu’il mourut avant lui ? C’est celle de Léonard Arétin qu’il rapporte ; mais elle ne contient rien qui donne la moindre atteinte au christianisme du défunt : elle ne touche à la religion, ni de près, ni de loin. En second lieu, il n’y a nul fond à faire sur les deux épitaphes italiennes ; car elles ont été faites sans aveu, et n’ont point été gravées sur le tombeau. Ce fut un jeu d’esprit de quelque poëte satirique. Spizelius a copié presque mot à mot tout le passage de Voétius sans le citer [22]. Notez que Lorenzo Crasso [23] insinue encore plus clairement que Moréri, que les quatre vers latins sont sur le tombeau de cet athée à l’église de Saint-Luc.

Mettons-ici un bon Supplément [24]. « C’est la coutume, parmi les catholiques, d’attacher à quelque colonne, ou ailleurs, près du tombeau des morts, et surtout des morts de réputation, des inscriptions funèbres en papier. La vérité est que ces inscriptions sont et doivent être toujours à la gloire du défunt. Mais l’Arétin ayant été un homme d’un libertinage distingué, il est fort possible que quelque railleur, pendant ou après l’enterrement, ait porté dans l’église de Saint-Luc, l’épitaphe rapportée par Moréri, et par tant d’autres avant lui. C’est ainsi qu’il faut entendre les paroles du Ghilini, qui s’en est même expliqué assez clairement dans ce sens, quand, après avoir dit, e sopra il suo sepolcro fù posto questo epitafio,

 Condit Aretini cineres, etc.,


 il ajoute immédiatement, fù parimende appeso alla sua tomba quest’ altro quasi tradotto dal sudetto, che va attorno nella bocca sino delle persone idiote,

Qui giace l’Arétin, etc.


L’épitaphe italienne, de la manière dont le Ghilini la rapporte, est plus correcte de beaucoup qu’elle n’est dans le Pazzi, dans Voétius, ni dans Moréri, et je ne comprends pas ce dernier, quand il dit qu’elle est plus ingénieuse que la latine. Il me paraît aussi que lui et le Ghilini se sont trompés, d’avoir pris l’italienne pour une copie de la latine. C’est à mon avis tout le contraire ; et ce qui me le persuade, c’est que l’italienne est rapportée dans les nouvelles Récréations imprimées sous le nom de Bonaventure des Periers, in-16, à Paris, en 1572 [* 4], et qu’on ne me montrera la latine nulle part dans un livre aussi ancien... Il y a des fautes dans l’épitaphe italienne de l’Arétin produite par Moréri et par Voétius.... la plus correcte est celle qui se lit en ces termes dans le Ghilini :

 » Qui giace l’Aretin amaro Tosco
 » Del sem’ human, la cui lingua trafisse
 » Et vivi, et morti : d’Iddio mal non disse,
 » E si scuso, co’l dir, io no’l conosco. »


Ceci, bien loin d’énerver ma critique de Moréri, en est plutôt la confirmation.

Dans les entretiens que j’eus l’an 1696, avec le père Coronelli, qui accompagnait les ambassadeurs que la république de Venise envoyait en Angleterre, je lui demandai ce qu’il pensait de l’épitaphe de l’Arétin. Il me répondit qu’il ne la croyait pas telle que Moréri la rapporte, et il me promit de s’en informer. Il m’écrivit de Venise, le 2 de novembre de la même année, et me marqua qu’il était très-vrai que l’Arétin fut enterré dans l’église de Saint-Luc ; mais qu’il n’avait pu encore rien découvrir touchant l’épitaphe. Il m’envoya un passage tiré [25] du Venetia descritta dal Sansovino, coll’ Additioni del Martinioni : Voici ce qu’il contient : Vi dorme parimente in un deposito posto in aria quel Pietro Aretino, il quale fu cognominato flagello de’ prencipi, per la licentiosa presuntione della sua mordacissima penna, ed il quale morendo perde del tutto il nome : poiche essendo ignaro di lettere, e operando per forza di natura ne’ suoi caprici, hebbe dopo morte il meritato premio della sua petulantia : conciosia che essendo le cose sue reputate dalla Chiesa poco christiane, furono vietate del tutto a lettori, e si sarebbe affatto cancellata la memoria, se l’Ariosto burlandosi del titolo ch’egli si haveva preso indebitamente, non havesse detto nel Furioso :

......... Ecco il flagello
De Prencipi, il divin Pietro Aretino.


Notez, je vous prie, ces paroles de M. Misson : « J’ai peine à croire qu’on ait tourné en épitaphe, comme quelques-uns m’en assurent, la mordante épigramme qui a été faite contre l’Arétin. À tout hasard, je mettrai ici la copie qu’on m’en a donnée [26]. » C’est dommage qu’il n’ait jamais trouvé ouverte l’église de Saint-Luc : il y alla plusieurs fois tout exprès pour y voir le tombeau de l’Arétin. S’il avait pu la visiter, il nous fournirait une bonne décision. Les journalistes d’Utrecht, en parlant de son voyage, rapportent les quatre vers, Condit Aretini cineres, etc. et déclarent qu’on dit qu’ils sont gravés sur le tombeau de ce satirique, cujus sepulchro sequentes versus inscripti esse dicuntur [27]. Encore un coup, je n’en crois rien.

(I) On a tort de dire qu’il ne connaissait pas Dieu : ses ouvrages de piété témoignent manifestement le contraire. ] Paul Freher rapporte que quelques princes d’Italie, mauvais imitateurs de l’empereur et du roi de France, qui faisaient des présens à l’Arétin pour n’en être pas déchirés, lui firent donner cent coups de bâton, et que ce châtiment eut un tel effet, que cet auteur renonça aux satires et aux libelles diffamatoires, et ne fit plus que des livres de piété : Quidam principes Italiæ minùs sibi convenire existimantes donis eum afficere, fustibus [* 5] ad mortem usque cædere per alios curârunt, et hoc modo linguam ejus maledicam refrenârunt, qui deinceps à scriptis satiricis abstinens sacra scripsit, non sicut priora per inquistitionem prohibita [28]. Il lui arriva donc la même-chose, à quelques différences prés, qu’à ceux dont Horace dit dans la première épître du IIe. Livre, v. 154,

..... Vertêre modum formidine fustis
Ad benè dicendum delectandumque redacti.

Je ne toucherai que deux différences.

La première, c’est qu’il n’en avait pas été quitte pour la peur : le bâton avait effectivement joué sur ses pauvres épaules. La seconde est qu’il ne divertit pas beaucoup en changeant de style ; il était sorti de son élément. On ne signale guère son esprit, quand on se met sur le tard à faire des livres de dévotion : cela soit dit selon l’hypothèse du sieur Freher, que j’examinerai ci-dessous. Mais le bon de l’affaire est, qu’au sentiment de quelques personnes les livres qu’il fit en ce genre sentent un homme bien converti. On n’ignore point quelle a été la conversion du fameux Arétin. On n’a trouvé rien en lui qui ne fut changé, jusqu’à son nom ; et quelques-uns prétendent qu’il y a si bien réussi, qu’il n’est presque pas possible de reconnaître dans les livres de dévotion de Partenio Etiro [29], les marques du vieil homme, qui sont si fortement empreintes dans l’ouvrage de Pietro Aretino [30]. On a recueilli des conversations de M. Ménage une chose qui doit avoir ici sa place : « L’Arétin a fait aussi des œuvres de dévotion, et cela a fait dire de lui, ubi benè, nemo meliùs ; ubi malè, nemo pejùs... Voici une épigramme sur la Paraphrase des sept psaumes de la pénitence par l’Arétin :

» Si ce livre unit le destin
» De David et de l’Arétin
» Dans leur merveilleuse science,
» Lecteur, n’en sois pas empêché :
» Qui paraphrase le péché,
» Paraphrase la pénitence [31]. »


Notez qu’à la seconde édition du Ménagiana on a ôté le ubi benè, nemo meliùs, et qu’on a dit, qu’en matière de dévotion, on ne peut souffrir le style d’Arétin, et que c’est la chose du monde la plus pitoyable que les Vies de J. C., de la Vierge, de saint Thomas d’Aquin, la Genèse, et la Paraphrase sur les psaumes, soit pour les pensées, soit pour l’expression.

Il paraît, par le passage que j’ai cité du sieur Freher, qu’on a cru que les livres de libertinage, et les livres de dévotion ont été composés en divers temps par l’Arétin ; les premiers avant sa conversion, les derniers depuis sa conversion. M. Moréri lui attribue d’avoir fait sur la fin de ses jours les ouvrages de piété ; je doute fort de cela ; car il dit lui-même dans l’épître dédicatoire de la IIe. partie de ses Ragionamenti, qu’il se piquait principalement de travailler vite, et de tirer de son propre fonds : et pour prouver la fécondité et la promptitude de sa plume, il étale le titre de plusieurs ouvrages qu’il avait faits en très-peu de temps, les uns sur des matières de dévotion, les autres sur des matières de gaieté : Tutto è ciancia, eccetto il far tosto, e del suo. Eccovi la i salmi, eccovi la historia di Christo, eccovi le comedie, eccovi il dialogo, eccovi i volumi divoti ed allegri, secondo i sogetti, ed ho partorito ogni opera quasi in un di, e per che si fornisca di vedere cio che sa far la dote, che si ha ne le fasce, tosto udiransi i furori de l’armi e le passioni d’amore, che io doverei lasciar di cantare per descrivere i gesti di quel Carlo Augusto. Sa paraphrase sur les psaumes pénitentiels était déjà traduite en français, et imprimée à Lyon, l’an 1540. Sa paraphrase sur la Genèse, avec la vision où Noé connut les mystères du Vieil et nouveau Testament, fut imprimée à Lyon, en 1542, traduite de son italien [32]. Qui oserait dire qu’en ce temps-là cet auteur avait renoncé à ses péchés et à ses libelles ? Quoi qu’il en soit, voici le titre de quelques-uns de ses ouvrages de dévotion : Specchio delle opere di Dio ; Paraphrasi sopra à sette salmi ; Vita della beata Virgine ; Humanità del Figliuolo di Dio ; Vita di santo Tomaso d’Aquino ; Vita di santa Catarina Virgine e Martire [33].

Voici la confirmation complète de ce que j’ai avancé [34]. « L’Arétin ne composait des œuvres de piété que pour exercer son imagination, et pour faire voir qu’il était capable de tout, pour apaiser les dévots irrités contre lui, et pour s’attirer des libéralités de la part de quelques grandes dames à qui il envoyait des exemplaires de ces sortes de livres. Il n’en était pas pour cela plus sage, puisqu’après avoir publié sa paraphrase sur les sept psaumes, et son Humanità di Christo, en 1535, il s’avisa, sur la fin de 1547, de dédier à Battista Zatti, de Bresse, citoyen romain, ces postures infâmes dont on a tant parlé, au bas de chacune desquelles il avait mis un sonnet, aussi déshonnête, comme dit M. Felibien, que l’étaient les actions représentées. L’épître dédicatoire à ce Battista Zatti se trouve dans le premier volume des lettres de l’Arétin. Il paraît aussi par la peinture que cet auteur fait de ses mœurs dans la CCXCe. lettre du IVe. volume, datée de décembre 1547, que bien qu’il fût alors dans la cinquante-septième année de son âge [* 6], il n’en menait pas une vie moins licencieuse. L’endroit où il parle de l’interruption qu’il est obligé de faire en écrivant cette lettre, est quelque chose de fort singulier [35]....... On peut voir aussi la CCCCXXXIXe, lettre du même volume, où l’on reconnaîtra qu’il faisait profession d’une morale peu scrupuleuse. »

C’est donc à tort que l’on prétendrait qu’il composa ses livres pieux après avoir renoncé par une sérieuse pénitence à sa vie libertine. Il composait tour à tour, et des écrits de piété, et des écrits de débauche, étant toujours malhonnête homme, et plongé dans la corruption ; et si, par rapport aux hommes, il était moins pernicieux en s’exerçant sur des matières pieuses, qu’en traitant des sujets sales, il était encore plus criminel aux yeux de Dieu dans ces compositions-là, que dans celles-ci. Il n’appartenait pas à un tel profane de toucher aux choses saintes : il leur faisait une injure plus piquante, en les expliquant avec un cœur dépravé, et par de mauvais motifs, que s’il les eût insultées ouvertement. Nous pouvons lui appliquer la censure foudroyante contenue dans ces paroles du psalmiste :

Aussi dira l’Éternel au meschant,
Pourquoi vas-tu mes édits tant preschant,
Et prends ma loi en ta bouche maligne,
Veu que tu as en haine discipline,
Et que mes dits jettes et ne reçois ?
Si un larron d’aventure apperçois,
Avec lui cours ; car autant que lui vaux,
T’accompagnant de paillards et ribaux
Ta bouche mets à mal et médisances,
Ta langue brasse et fraudes et nuisances
Causant assis pour ton prochain blâmer,
Et pour ton frère ou cousin diffamer :
Tu fais ces maux, et cependant que riens
Je ne t’en dis, tu n’estimes et tiens
Semblable à toi : mais quoique tard le face
T’en reprendrai quelque jour en ta face [36].


Je confesse que le commun des hommes n’est point choqué des écrits de dévotion qu’un indévot et qu’un profane compose ; mais les personnes d’un goût délicat ou difficile en sont plus scandalisées que d’un écrit où un tel auteur parlerait sincèrement. Optez, disent ces personnes-là, soyez l’un ou l’autre, ne donnez point à l’imprimeur aujourd’hui un ouvrage de piété, demain un livre de libertinage. Vous ne voulons point une telle comédie : puisque vous persévérez dans le mal, nous aimons mieux que vous en gardiez incessamment les apparences.

.... Quantò constantior idem
In vitiis, tantò levius miser : ac prior ille,
Qui jàm contento, jàm laxo fune laborat [37].


Il serait à souhaiter que personne ne se mêlât de faire des livres de dévotion, sans être bien persuadé de ce qu’il dit, et sans le mettre en pratique ; car pour les personnes à réflexion, c’est un grand sujet de scandale que de voir si souvent de la mésintelligence entre les pensées et les paroles de ceux qui font de tels livres, et plus encore entre leurs actions et leurs écrits.

(K) Je parle de ses Ragionamenti. ] Ils sont divisés en trois parties, dont la dernière qui traite de la cour et du jeu des cartes, est beaucoup plus supportable que les autres. La première traite des désordres des nonnes, des femmes mariées, et des filles de joie. Il suffit de dire en général que la seconde est l’esprit et l’histoire du Putanisme. Quelque abominables que soient ces dialogues, ils le sont beaucoup moins que le livre qu’on lui attribue, de omnibus Veneris Schematibus.

Voici une remarque qui m’a été envoyée [38]. « Ce livre (de omnibus Veneris Schematibus) qu’on attribue ici à l’Arétin, et que bien des gens croiront peut-être avoir été composé par lui en langue latine, à cause que par honnêteté vous lui donnez un titre latin, n’est autre chose qu’un recueil contenant seize figures déshonnêtes, gravées par le fameux Marc Antoine de Boulogne, d’après les dessins de Jules Romain, au bas de chacune desquelles était un sonnet de l’Arétin. Il en parle dans une lettre du 29 de novembre 1527, par laquelle il mande au seigneur César Fregose, qu’il lui envoye il libro de i sonetti e de le figure lussuriose. Le Vasari, et M. Felibien après lui, ont dit que ces figures et ces sonnets étaient au nombre de vingt ; mais l’Arétin lui-même, dans la dédicace qu’il en fit en 1537 à ce Battista Zatti dont j’ai parlé, n’en compte que XVI. Il y a un dialogue de Maddalena et de Giulia qui a pour titre La Putana errante, où il est traité au long de i diversi Congiungimenti, jusqu’au nombre de trente-cinq. C’est surpasser du quadruple l’ancienne débauche :

» Quales nec Didymæ sciunt puellæ,
» Nec molles Elephantidos libelli.….
» Sunt illìc Veneris novem figuræ.


» C’est ainsi que Lindenbruch [39] cite l’épigramme XLIII du XIIe. livre de Martial ; d’autres lisent novæ au lieu de novem. L’Arétin, quoique l’ouvrage ait toujours été imprimé sous son nom, le désavoue, et dit qu’il est d’un de ses élèves, nommé le Veniero. [* 7] Voici comme il s’en explique dans son Capitolo au duc de Mantoue :

» Ma perch’ io sento il presente all’ odore,
» Un’ operetta in quel cambio galante,
» Vi mando hora in stil ladro traditore
» Intitolata la Putana errante,
» Dal Veniero corposta mio creato,
» Che me in dir mal quatro giornate inante.


J’ajoute à cela un beau passage de M. Chevillier : Ce fut environ l’an 1525, que Jules Romain, le plus célèbre peintre d’Italie, poussé par l’ennemi du salut des hommes, inventa des dessins pour graver vingt planches. Les sujets en sont si déshonnêtes, qu’on n’ose pas seulement les nommer. Pierre Arétin, diffamé dans le public, qui le connaît pour un impie et pour un athée, composa des sonnets pour chaque dessin. George Vasari, qui rapporte cette histoire dans son livre de la Vie des Peintres, dit qu’il ne sait lequel serait le plus impur, ou de jeter les yeux sur les dessins de Jules, ou de s’arrêter à lire les sonnets d’Arétin : Io non so qual fusse più o brutto lo spettacolo de i designi di Giulio all’ ochio, o le parole dell’ Aretino a gl’ orecchi. 3. Part. pa. 302. Un graveur, appelé Marc Antoine, osa bien faire servir son burin pour graver sur ces vingt planches tant d’infamies. Le pape Clément VII le fit mettre en prison : mais le cardinal Médicis lui sauva la vie. Et si grand que fut le mérite de Jules dans la peinture, il aurait été châtié très-rigoureusement, s’il ne se fût retiré à Mantoue. Il arriva en l’année 1527 que Rome fut pillée par l’armée de Charles-Quint : le sort de ce graveur fut, qu’ayant perdu tous ses biens, il fut obligé de quitter la ville, et mourut quelque temps après. M. Chevillier ajoute que M. Jollain, marchand de la rue Saint-Jacques à Paris, sachant où il y avait de ces planches infâmes, qui représentaient ces dessins abominables de Jules, et ces sonnets impurs de l’Arétin, y alla, et les acheta cent écus, dans le dessein de les détruire, ce qu’il exécuta..…….. Il a toujours cru que c’étaient les planches originales, gravées par Marc Antoine, qu’il avait détruites [40].

(L) Ses Ragionamenti furent imprimés pendant sa vie ; mais on a de la peine à déterrer quand ils le furent la première fois. ] La préface de l’édition de 1584 ne permet pas de douter du premier de ces deux faits. Le libraire, sous le nom supposé de Barbagrigia, déclare que l’auteur avait résolu de publier ses Dialogues, divisés par journées, à la manière de Boccace, et comme ils le sont dans l’édition que j’ai cotée ; mais que d’autres le devancèrent, et qu’ils publièrent cet ouvrage contre son gré, et en assez grand désordre : Hoggi vi presento di loro una buona parte... da me ridotte ne la maniera ch’esli le compose, e ne la medesima maniera ch’egli haveva diterminato di farle la prima volta stampare, s’altri (contra sur voglia) non l’havessero prima di lui date per mezzo de la stampa in luce assai male acconcie : conciosia cosa che Giornate questo nomasse per seguitare l’alte pedate del gran Giovanni Boccaccio. Je joins à cela quelque chose de plus précis, et je le fais avec d’autant plus de satisfaction, qu’en même temps je m’acquitte d’un devoir indispensable envers M. Minutoli, par le témoignage public que je lui donne de mon estime singulière, et du grand prix que je mets à l’amitié dont il m’honore. J’avais consulté cet habile professeur de Genève, et voici l’extrait qu’il me communiqua d’une lettre qu’on lui avait écrite de Dijon : « Il faut, monsieur, vous parler présentement d’un livre qui est fort opposé à celui-là [41], qui est les Ragionamenti di Pietro Aretino ; vous souhaitez que je vous éclaircisse de quelques choses qui les regardent. Les Ragionamenti, ou Entretiens capricieux de l’Arétin, ont paru avant sa mort ; il n’en faut point douter, puisqu’en 1551 il y a eu une invective de Joachim Périon, moine bénédictin, contre l’auteur des Ragionamenti, qui ne mourut qu’en 1556 [42]. Antonio Francesco Doni, dans la première partie de sa Librairie, publiée en 1550, qui contient Les livres imprimés, parle de deux Dialogues delle Donne [43], qui sont différens des Ragionamenti, dont il ne dit pas un mot, parce qu’assurément ils n’étaient pas encore imprimés. À l’égard des Lettres, il n’y a que le seul premier volume qui mérite d’être lu, quoiqu’il ne contienne presque rien de satirique : les autres cinq sont extrêmement fades, et vous pouvez vous en tenir là-dessus à M. Ménage, dans le Ménagiana, qui leur fait encore trop d’honneur, quand il les estime pour le style. » Dans une autre lettre, M. Minutoli a eu la bonté de me faire part de deux remarques qu’il fit en lisant les Lettres des Hommes Illustres, publiées par Jean-Michel Brutus. Il trouva ces paroles à la page 369, dans une lettre de Jean Maludanus à Denys Lambin : Penè me fugerat quod scribendum in primis fuisse arbitror. A Perionio editam esse audio orationem adversùm Petrum Arctinum. Periculum est ne ut jampridem principum, ità posthàc et Μοναχῶν flagellum esse et nominari velit lacessitus Aretinus. Il n’y a dans cette lettre que la date du jour, Nonis maiis ; mais comme la réponse de Lambin est datée Nonis juniis anno ciɔ iɔ li, il est aisé de conjecturer en quelle année Maludanus lui avait écrit. Mon lecteur sera bien aise de trouver ici ce que Lambin, qui était alors à Rome, jugeait de la harangue de Périon : Perioni orationem in Petrum Aretinum jampridem legeramus, sed multo non sine risu. Quid enim magis ridiculum excogitare potest, quàm hominem Benedictinum, philosophum, Ciceronianum, theologum, cum P. Aretino verbis decertare ? Omninò suæ existimationi parùm consuluisse judicatur, nam quod arguit illum esse impurum, sceleratum, impium, quid tum posteà ? Tales homines non verbis aut scriptis castigandi sed legibus et pœnis sunt coërcendi. Sed hac de re aliàs plura [* 8].

Quant à la seconde partie du texte de cette remarque, lisez ce qui suit, et vous admirerez l’exactitude et l’étendue des recherches de l’habile homme que je cite [44]. « Il est difficile de marquer le temps précis de la première édition des Ragionamenti, tant parce qu’elle est devenue si rare, qu’il est comme impossible d’en trouver des exemplaires, que parce que les Dialogues, qui composent les deux parties de cet ouvrage, ne parurent pas tous en même temps. La première partie précéda l’autre de quelques années ; et ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elles étaient toutes deux imprimées en 1537 ; les épîtres dédicatoires de l’une et de l’autre partie étant insérées dans l’édition du Ier. volume des lettres de l’Arétin, à Venise, in-folio, par Francesco Marcolini, en la même année. Le titre de ces Ragionamenti a varié. L’auteur, dans l’épître dédicatoire de la IIe. partie de ces Entretiens, appelle la première i tre Giorni di capricci, et même simplement Dialogo, car c’est ce qu’il entend par ces paroles : eccovi il Dialogo, lesquelles ne se trouvent pourtant pas dans cette même épître insérée parmi les lettres du Ier. volume, où il y a encore une autre variation considérable, qui est qu’après ces mots e per non difraudare il mio grado, tout ce qui suit, jusqu’à e lo sà Milano come cadde inclusivement, est entièrement omis ; au lieu de quoi il y a usaro le parole cadute de la sacra bocca del magno Antonio da Leva, l’Aretino è più, etc. Quelquefois, au lieu de Dialogo, il dit tout au long, comme dans l’épître à son singe : Il Dialogo de la Nanna e de la Antonia. Quelquefois, comme dans son Dialogue della Corte, par la Nanna, il entend la première partie des Ragionamenti, et par la Pippa, la seconde. Dans une lettre du 15 mai 1537, à Francesco da l’Orme, il désigne les deux parties par i due Dialoghi, de même que les désigne aussi Anton. Francesco Doni par Dialoghi due delle Donne [* 9]. Il est constant que ces Dialogues n’ont jamais été intitulés Ragionamenti par leur auteur. Ce n’est que depuis l’édition de 1584 qu’ils portent ce titre. Le véritable était Capricci. Périon le reconnaît dans son invective contre l’Arétin. Scripsit enim, dit-il, atque edidit nefarium librum quemdam, quem Capricium, à caprarum lasciviâ et libidine inscripsit. Et plus bas, Galli plerique jam Italicè sciunt, quo quidem sermone istius Capricius aliique libri scripti sunt. Le Bandel se méprend lorsque, dans la XXXIVe. de ses Nouvelles, page 235 de la Ire. partie, il dit que la Zanina lisait la Nanna, ce sont ses mots : o sia Raffaella de l’Aretino. La Nanna, en effet, et la Raffaella sont deux ouvrages différens, et de différens auteurs, Par la Nanna, on doit entendre la première partie des Ragionamenti de l’Arétin ; par la Raffaella, le Dialogue de Madonna Raffaella et de Margareta, intitulé della bella Creanza delle Donne, qui apprend aux femmes à faire des galans. Il est d’Alessandro Piccolhuomini, sous le nom de Stordito Intronato, qui était son nom d’académicien. Cette citation de la Nanna, par le Bandel, sert pourtant à faire voir que la Ire. partie des Ragionamenti paraissait tout au moins dès l’an 1535, puisque sur la fin de cette même nouvelle, où est citée la Nanna, il est fait mention du Bernia comme alors vivant, lequel constamment, quoique M. Baillet le mette après des poëtes qui sont morts en 1606, mourut au mois de mai de l’an 1535 : Il Bernia vicario poëta d’Aretino mori apopletico, dit Paul Jove dans une lettre du dernier de mai 1535, à l’évêque de Faïence Ridolfo Pio, dit depuis le cardinal de Carpi, nonce alors en France. M. Ménage, qui a fait un chapitre exprès du Bernia dans la Ire. partie de son Anti-Baillet, n’a pas relevé cette faute. »

(M) Ses six volumes de lettres. ne valent pas grand’chose. ] Nous avons déjà vu sur ce sujet [45] le jugement d’un savant homme de Dijon ; il faut y joindre celui de M. Ménage. J’ai lu, dit-il [46], toutes les lettres de Pierre Arétin, sans y trouver rien que j’aye jamais pu faire entrer dans aucun de mes livres. Il n’y a que du style à prendre dans cette lecture. On ne saurait donner une idée plus expressive d’un ouvrage sec, et très-semblable à un logis démeublé, à une terre sablonneuse, en friche, à des landes ; car M. Ménage était un des hommes du monde qui savait le mieux profiter de ses lectures, et qui possédait le mieux l’art d’en varier les applications.

(N) Il mourut environ l’an 1556, à l’âge de soixante-cinq ans, plus ou moins [47]. ] « Ce qui fait conjecturer que l’Arétin est mort, ou sur la fin de 1555, ou dans l’année 1556, c’est que depuis le mois d’octobre 1555, date de l’épître dédicatoire du dernier volume de ses lettres, il ne se voit pas qu’il ait rien écrit ; et que le Ruscelli, qui écrivait son Rimario en 1557, y parle de l’Arétin comme d’un homme mort depuis peu : Onde il mio Aretino di buona memoria, dit-il au mot Rosta, dans le vocabulaire qui est à la fin du Rimario. Que ce soit en 1557 que ce Rimario ait été composé, cela paraît par le passage que j’en ai marqué ci-dessus [48] au sujet de Silvio Antoniano [49]. » Paul Freher s’abuse, en disant qu’Arétin mourut vers l’an 1566 [50].

(O) On conte qu’il se mit si fort à rire, entendant des discours sales, qu’il tomba... et en mourut sur l’heure. ] Voici les propres termes de l’auteur qui rapporte ce fait : Infandas obscœnitates de meretricibus, ut aïunt, sororibus suis, cùm audiret, ex risu sellum in quâ sedebat evertisse, occiputque vehementer graviterque ad terram afflixisse atque allisisse ut exemplò nequissimè interiret [51].

(P) Il se trouva mal d’avoir écrit contre Strozzi.… Je citerai mon auteur. ] C’est Rémi de Florence. Volse, dit-il [52], Pietro Aretino burlare e motteggiare il sig. Pietro Strozzi, quando egli diede Marano a Venetiani, e gli fece un sonetto, che cominciava :

Mentre il gran Strozzi Arma virumque cano, etc.


Ma il signor Pietro, come huomo valoroso, e che non voleva sue burle nè suoi motti, gli fece intendere, che attendesse ad altro, perche lo farebbe ammazzare insin nel letto. Onde il povero Aretino, che conosceva il signor Pietro huomo più da farlo che da dirlo, si mise tanto spavento, che serrato in casa, nè dando ingresso a persona alcuna, guardava pure se i pugnali piovevano, e menò giorno e notte una vila infelicissima, e per fin che lo Strozzi stette in paese de Veneziani non ardi mai uscir di casa. Je m’imagine que, quand il se vit hors de danger, il fit comme la truie lavée.

(Q) L’un de ses sujets d’importunité était la dot de sa chère fille Adria. ] Il l’aimait avec beaucoup de tendresse, et il s’était engagé à compter mille ducats à celui à qui il la promit en mariage. Ce futur n’était point un homme qu’on pût renvoyer au premier livre qu’on dédierait : une telle assignation, que certains auteurs ont employée auprès de leurs créanciers, n’était point capable de le contenter ; il stipula que mille ducats lui seraient comptés avant qu’il donnât l’anneau à sa future : Mille ducati è la promessa da me fatta allo sposo in contanti, prima che se le dia l’anello [53]. Il fallut que l’Arétin fît servir au paiement de cette somme la chaîne d’or qu’il avait reçue du prince d’Espagne [54]. Il s’adressa au cardinal de Lorraine, pour en être secouru dans cette nécessité : je ne sais point s’il en obtint quelque chose ; mais je sais qu’il fut secouru du duc de Florence. La lettre de change que ce prince fit expédier [55] portait qu’on ne la payât que sur de bonnes attestations que le mariage avait été consommé [56]. Cette condition fit hâter les noces : le père eût voulu les différer, parce que la jeune Adria lui paraissait d’un âge trop tendre ; mais il fallut passer par-dessus cette considération. Il dit que sa fille, en se mettant au lit nuptial, parut être une victime pure mise sur l’autel sacré : Per importarmi più l’honore della parola obligata, che il rispetto della etade tenera, consentii che la innocentia si copulasse co’l sacramento. Ella, nello entrare nel letto, parve una ostia pura, posta sopra l’altare sacro [57]. Il paraît que le beau-fils [* 10] n’exigea point à toute rigueur que la somme lui fût comptée en bonnes espèces avant les noces : il se contenta d’être nanti de la chaîne d’or que le fils de l’empereur avait donnée à l’Arétin : d’en être, dis-je, nanti pour la sûreté de ce qui manquait aux mille ducats ; mais cela ne laissait pas d’embarrasser le beau-père, qui avait envie de conserver cette chaîne d’or, et qui se voyait chargé de sa fille jusqu’à ce que toute la somme fût payée ; car, avant l’entier paiement, le gendre ne voulait point amener chez lui son épouse. Le duc de Florence fut encore importuné, et déboursa quelque chose [58].

(R) Il vit sa fille si malheureuse dans le mariage, qu’il se repentit de son impatience. ] Ce mariage ne fut pas heureux : la pauvre Adria fut si maltraitée chez son mari, qu’elle fut contrainte de s’en retourner chez son père ; mais son mari lui ayant promis un traitement plus commode, elle se laissa persuader la réunion, et ne fut pas plus heureuse qu’auparavant [59]. On continua de lui ravir le pouvoir des clefs ; pouvoir qui ne tombe jamais en quenouille dans l’église, mais qui est affecté aux femmes dans le ménage. Elle ne pouvait ni manger, ni boire que quand il plaisait à d’autres de disposer de la clef en sa faveur. On la chicanait éternellement sur ses parures : on ne voulait point qu’elle portât de joyaux, et on la voulait contraindre à vendre un diamant que son père lui avait donné. Elle était donc attaquée par les endroits les plus sensibles : c’était vouloir lui arracher les entrailles. L’Arétin implora pour elle la protection de la duchesse d’Urbin [60]. Quel crève-cœur de se voir si méprisé de son gendre, pendant que son nom faisait du bruit jusqu’à la cour de Perse [61] ! Quelle amertume domestique, au milieu des prétendues douceurs d’une grande réputation ! Pouvait-on se consoler en considérant que ce brutal méprisait aussi le duc de Florence, qui lui avait tant recommandé de bien traiter son épouse ? C’était, au contraire, un nouveau sujet de confusion pour la personne qui avait choisi un tel gendre : Benche en quanto al non fare nissuna stima di me simil’ cane, non è maraviglia, è ben’ da stupire del si poco rispetto che mostra d’havere lo asinaccio al gran’ duca, la cui benignità mansueta, uscendo noi di Pesaro, per il viaggio di Roma, cosi qual era a cavallo, chiamollo, e dissegli : Se tu vuoi che non ti si manchi di gratie, tratta la moglie tua, si come di me nata fusse [62]. Notez que Pierre Arétin eut une autre fille [* 11] qu’il souhaitait fort de marier [63].

  1. * Joly remarque que cependant il écrivait avec beaucoup d’humilité à l’empereur, aux rois de France, d’Angleterre, de Hongrie, etc. Bayle le dit plus loin dans le texte
  2. (*) Elle l’a été en 1715, a la fn du T. IV du Ménagiana, éd. de Paris. ADD. de l’édition d’Amsterdam.
  3. * Joly dit gravement qu’on peut tenir pour certain que cette épitaphe ne fut jamais gravée sur le tombeau d’Arétin.
  4. (*) Je cite cette édition, parce que dans la première, qui est de Lyon, in-8o., chez Robert Granjon, en 1558, moins ample de 35 contes que celle-ci, l’épitaphe de l’Arétin n’est point rapportée.
  5. * Joly dit que jamais les princes d’Italie ne maltraitèrent Arétin, et que ce fut l’ambassadeur d’Angleterre qui lui fit donner des coups de bâton en septembre ou octobre 1547.
  6. (*) La preuve s’en tire de ce qu’il se dit âgé de cinquante-quatre ans dans une lettre à Paul Jove, du mois de mai 1545, pag. 141 tournée du IIIe. volume, édition de Paris, en 1609, in-8o.
  7. * Depuis, et dans le Ménagiana, IV, 60, la Monnoie déclare abandonner cette idée. Mais Mazzuchelli pense au contraire que le poëme de la Putana errante, et le Trentuno della Zaffetta sont de Lorenzo Veniero. Mazzuchelli ajoute que la Putana errante n’est qu’en trois chants. On en trouve une traduction française dans la Bibliothéque d’Arétin, Cologne, P. Marteau, in-12 de 404 pages sans date. Cette Bibliothéque d’Arétin est un recueil de pièces obscènes de divers auteurs : on en trouve le détail dans les Analecta litteraria de Freytag, pag. 45. Il n’y a dans ce volume aucune pièce d’Arétin, puisque la Putana errante est de Veniero. Joly s’exprime donc inexactement en disant que cette pièce « est tout ce qu’on trouve de l’Arétin dans cet ouvrage malgré son titre. »
  8. * Joly rapporte le titre et des passages de la harangue de Périon contre Arétio. Voici le titre de cette pièce que Bayle n’avait pas vue : ad Henricum (II) Galliæ regem clarissimum ac potentissimum, cæterosque christianæ religionis principes, Joachimi Perionii, benedictini Cormæriaceni in Petrum Aretinum oratio, Paris, N. de Guinguant 1551, in-8, de 71 pages non chiffrées, et réimprimé à Cologne, 1561, in-8.
  9. (*) Libraria del Doni, part. I, pag. 39 tournée.
  10. * Adria, dit Joly, fut fiancée en 1548 a Diotallevi Rota, jeune homme de vingt-neuf ans, né dans le Bergamasque, mais établi dans le duché d’Urbin. Le mariage fut célébré deux ans après.
  11. * Cette autre fille, née en septembre 1547, mourut à l’âge d’environ dix ans. L’Arétin, dit Joly, en eut quelques autres.
  1. Arétin, au VIe. livre de ses Lettres, fol. 115.
  2. Là même, folio 120, verso.
  3. Voyez les Pensées sur les Comètes, num. 162 et suiv.
  4. Montagne, Essais, liv. I, chap. LI, à la fin.
  5. Jacobus Gaddius, de Scriptoribus non Ecclesiasticis, tom. I, pag. 13, apud Spizelium, in Felice Literato, pag. 112.
  6. Elle est dans un recueil publié l’an 1558, à Venise, appresso Dominico Giglio, in-8o., au feuillet 128 verso du Ier. livre.
  7. Elle est au feuillet 44 du second livre du recueil dont on a vu le titre dans la citation précédente.
  8. Voyez l’éloge qu’on lui donne dans le Ménagiana. (Tom. II, pag. 68, édit. de Paris, 1715.)
  9. C’est-à-dire, l’an 1693.
  10. Ils sont de Dijon.
  11. Histoire des Ouvrages des Savans, mois de février 1694, pag. 278, 279. Il a rapporté l’éloge que le Menagiana donne à M. de la Monnoie.
  12. Grotius, Append. ad Comment. de Antichristo, pag. 133.
  13. Vide Deckherum, de Scriptis Adespotis, pag. 374, edit. anni 1686.
  14. Mersennus, in Genesim. pag. 1830.
  15. Voetius, Disputation., vol. I, pag. 206, et Spizelius, Atheism. Scrutinio, pag. 18.
  16. Il fallait dire mal fuor che.
  17. À la page 111.
  18. Venetiis sepultus jacet, cum hoc Epitaphio, Condit Aretini, etc. Paulus Freher., in Theatro Viror. illustrium, pag. 1461.
  19. Voetius, Disput., tom. I, pag. 206.
  20. Il fallait Tosco.
  21. Il fallait io no’l.
  22. Spizelii Scrutinium Atheismi, pag. 18.
  23. À la page 38, du premier tome de ses Éloges.
  24. M. de la Monnoie, remarques manuscrites.
  25. De la page 120.
  26. Misson, Nouveau Voyage d’Italie, tom. I, pag. 281, édit. de la Haye, en 1698. Ce Voyage a été si bien reçu du public, et avec raison, qu’on l’a déja imprimé trois fois.
  27. Biblioth. librorum novorum, tom. III, pag. 630.
  28. Freheri Theatr. Viror. illustrium, pag. 1461. Ghilini dit la même chose dans la page 192 de la première partie de son Teatro.
  29. Il prit cette anagramme de son nom à la tête de ses livres de piété.
  30. Baillet, Jugemens sur les Poëtes, tom. I, pag. 133.
  31. Ménagiana, pag. 266.
  32. Biblioth. de Duverdier.
  33. Freherus, Theatr. Viror. illustr., pag. 1461 ; ex Theatro Ghilini.
  34. M. de la Monnoie, Remarques manuscrites.
  35. On ne le rapporte pas ; il est trop licencieux.
  36. Psaume L. Je me sers de la version de Clément Marot.
  37. Horat., Sat. VII, lib. II, vs. 18.
  38. M. de la Monnoie, Remarques manuscrites.
  39. Notis in Priapeïa, pag. 305.
  40. Chevillier, Origine de l’imprimerie de Paris, pag. 224.
  41. On venait de parler du livre de M. Baillet, touchant la dévotion à la Sainte Vierge.
  42. Voyez la remarque (N).
  43. Freher met ces deux Dialogues entre les Œuvres de l’Arétin, et ne parle point des Ragionamenti. Peut-être que ces deux Dialogues sont cette première édition qui fut faite contre la volonté de l’auteur, et dans un autre ordre que le sien.
  44. M. de la Monnoie, Remarques manuscrites.
  45. Ci-dessus, immédiatement après la citation (43).
  46. Ménagiana, pag. 396 de la première édition de Hollande.
  47. Voyez ci-dessus la citation (*), entre la (34) et la (35).
  48. À la fin de la remarque (D) de l’article Antoniano.
  49. M. de la Monnoie, Remarques manuscrites.
  50. Paul. Freher., in Theatro Virorum illustrium, pag. 1461.
  51. Ant. Laurentinus Politianus, in Dialogo de Risu, pag. 87.
  52. Remigio Fiorentino, Considerat. civili sopra Guiccurdini, cap. VI, folio 8 verso. Voyez le Rime piacevoli, part. II, folio 12.
  53. Arétin, lettre CXLV du Ve. liv., folio 72 verso, édition de Paris, en 1609.
  54. Là même.
  55. Voyez la XXIVe. Lettre du même livre. Elle est datée de Venise, l’an 1548.
  56. Voyez la CCXXe. Lettre du Ve. livre. Elle est datée du mois de mars 1549.
  57. Là même, folio 102.
  58. Voyez le VIe. livre des Lettres de d’Arétin, folio 121.
  59. Voyez le VIe. livre de ses Lettres, folio 281.
  60. Sa lettre à la duchesse d’Urbin est datée de Venise du mois de novembre 1554.
  61. Voyez la remarque (A).
  62. L’Arétin, au feuillet 282 du VIe. livre de ses Lettres.
  63. Elle s’appelait Austria. Voyez la CCXe. Lettre du Ve. livre, et le feuillet 258 du VIe. livre.

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