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ALCMÉON, natif de Crotone, et disciple de Pythagore. On croit qu’il fut le premier qui écrivit sur la physique[a]. Il avait des opinions très-hétérodoxes, comme que la lune était éternelle, et que notre âme tournait toujours à la manière du soleil. Voilà ce qu’en dit Laërce. Cicéron représente mieux le système de ce philosophe ; car, quelle négligence n’est-ce pas que de choisir entre tous les astres auxquels Alcméon attribuait une nature éternelle, celui dont les altérations paraissent le plus, je veux dire la lune ? Il fallait donc dire, comme Cicéron a fait[b], que ce philosophe attribue la divinité à tous les astres, et même à notre âme. Mais comme c’est le propre des méchans systèmes de n’avoir rien de lié, nous voyons que notre Alcméon raisonnait peu conséquemment lorsqu’il faisait une grande distinction entre les connaissances des Dieux et celles des hommes. Il disait que les Dieux savaient manifestement les choses, et que les hommes ne faisaient que conjecturer[c]. Voilà ce que peuvent dire ceux qui reconnaissent un seul et vrai Dieu ; mais ceux qui prennent les astres et les âmes humaines pour autant de Dieux se rendent ensuite ridicules s’ils prétendent que la science humaine et la science divine diffèrent autrement que du plus au moins. Il n’est pas vrai que cet Alcméon soit mort d’une maladie pédiculaire (A).

  1. Phavorin, in omnimodâ Histor. apud Laërt. in Alcmæone, lib. VIII ; Clemens Alexand., Stromat., liv. I ; Theodoret, Serm. I.
  2. Cicero, de Naturâ Deorum, lib. I, cap. XI.
  3. Laërt. in Alcmæon., lib. VIII.

(A) Il n’est pas vrai qu’il soit mort d’une maladie pédiculaire. ] Antigonus Carystius a pris l’un pour l’autre, quand il a dit qu’Alcméon le physicien avait eu cette maladie ; il a pris, dis-je, Alcméon le disciple de Pythagore, pour le poëte Alcman[1]. Charles Étienne ne se contente pas de dire que le philosophe Alcméon est mort d’une maladie pédiculaire, il dit aussi que c’est le premier qui en soit mort, et il se munit de l’autorité d’Élien. Ce sont deux mensonges : Élien ne parle pas de notre Alcméon ; c’est d’Alcman le poëte qu’il observe plusieurs choses : mais ayant dit que le philosophe Phérécydes était mort de la maladie dont il s’agit ici[2], il lui aurait sans doute accordé la primauté sur Alcméon, s’il avait parlé de ce dernier, par rapport à cette sorte de maladie. Les erreurs de Charles Étienne se trouvent dans le père Lescalopier[3].

  1. Antig. Caryst. Histor. mirab., cap. XCV. Meursius, dans ses Notes, lui a marqué cette faute.
  2. Ælian. Var. Histor., lib. IV, cap. XXVIII.
  3. In Cicer. de Naturâ Deorum, pag. 41.

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