Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Abelli


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ABELLI (Antoine), docteur en théologie, jacobin, abbé de Notre-Dame de Livri en l’Aulnoi, confesseur de la reine mère, et auparavant son prédicateur, fit imprimer des Sermons sur les lamentations de Jérémie, à Paris, l’an 1582. Je ne fais que copier la Croix du Maine et du Verdier-Vau-Privas ; et si je ne corrige point les fautes qu’ils peuvent avoir commises au moins proposerai-je mes doutes (A). Si M. Moréri en avait fait autant, peut-être saurait-on aujourd’hui la vérité ; car rien ne pousse davantage les curieux à faire part au public de leurs éclaircissemens que l’aveu que font les auteurs qu’ils ne savent pas telle ou telle chose. C’est ce qui m’obligera à proposer souvent mes doutes. M. Moréri avait tant d’occasions, que je n’ai pas, de consulter ceux qui pouvaient rectifier ces sortes de choses, qu’il devait plus faire ici que copier la Croix du Maine.

(A) Proposerai-je mes doutes. ] Il me paraît un peu étrange qu’un jacobin jouisse d’une abbaye, et qu’on lui en donne le nom. Je ne connais point de pays en France qui s’appelle l’Aulnoi. Si l’on a voulu dire le Laonais, c’est une autre chose : mais d’ailleurs, je ne trouve aucune abbaye nommée Livri dans le diocèse de Laon[1]. L’abbaye de ce nom est au diocèse de Paris. Enfin je trouve dans l’acte par lequel l’université de Paris prêta serment de fidélité à Henri IV, le 22 d’avril 1594, j’y trouve, dis-je, entre ceux qui le signèrent, un François Abély, abbé d’Ivri, prédicateur et aumônier du roi[2]. C’est à ceux qui en auront les occasions sous la main à vérifier si l’on n’aurait pas ici assemblé sur une seule personne ce qui ne convenait qu’à plusieurs[3].

Mes doutes m’ont procuré un bon éclaircissement, que j’insère ici. « L’Aunoi, ou l’Aulnoi, est fort bien. C’est l’abbaye de Notre-Dame de Livri, en l’Aunoi, in Alneto[4], de l’ordre de saint Augustin, dans le doyenné de Chelles, diocèse de Paris. Il faut supposer que, pour parvenir à cette abbaye, Antoine Abelli passa de l’ordre de saint Dominique dans celui de saint Augustin, ce qui est une chose fort aisée, et qui se pratique tous les jours. À l’égard de François Abely, abbé d’Ivri, je crois qu’il y a faute, et que ce François, qui fut apparemment successeur d’Antoine, doit être qualifié abbé de Livri. » Cet éclaircissement m’a été communiqué par M. de la Monnaie. M. l’abbé Baudrand m’a fait savoir que cette abbaye de Livri est à trois lieues de Paris, en allant vers Meaux, dans un petit quartier qu’on appelle l’Aulnoy, où il y a dix ou douze villages, et dont on ne sait plus les confins. Ces deux éclaircissemens lèvent suffisamment mes difficultés.

  1. Voyez l’État de la France, imprimé en 1680, tom. II, pag. 311, 312.
  2. Voyez l’Hist. du collége de Navarre, par M. de Launoi, pag. 372.
  3. Cela n’arrive que trop aux bibliographes.
  4. Claud. Robertus, in Nomenclaturâ abbatiarum Galliæ.

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