Dictionnaire historique de Feller/Nlle éd., 1818/Sannazare (jacques)

enterré dans la chapelle d’une de ses campagnes ; il avait fait placer son tombeau derrière l’autel, quoique orné des statues d’Apollon et de Minerve. Pour remédier à cette profanation, on a mis au-dessus de la statue d’Apollon le nom de David, et au-dessus de celle de Minerve, celui de Judith. On a de lui des Poésies latines et italiennes. Les latines ont été imprimées par les Aldes à Venise en 1535, in-8. On trouve dans ce recueil. : 1° trois livres d’Elégies ; 2° une Lamentation sur la mort de J.-C. ; 3° des Eglogues, Amsterdam, 1728, in-8 ; 4° un Poëme : De Partu Virginis, traduit par Colletet, 1634, in-12, sous ce titre : Couches sacrées de la sainte Vierge, etc. C’est sur ce dernier ouvrage qu’est fondée sa réputation d’excellent poëte latin ; mais on le blâme d’avoir profané la sainteté de son sujet, par le mélange monstrueux des extravagances du paganisme, avec les mystères augustes de notre religion. Tout y est rempli de Driades et de Néréides. Il met entre les mains de la sainte Vierge, non les Psaumes, mais les vers des Sibylles. Ce n’est pas David ni Isaïe c’est le Protée de la fable qui prédit le mystère de l’Incarnation. Le nom de Jésus-Christ ne s’y trouve pas une seule fois, et la vierge Marie y est appelée l’Espoir des Dieux. Voilà le défaut capital de ce Poëme, qui est admirable d’ailleurs par l’élégance et la pureté du style, par l’harmonie des vers, par une multitude d’images brillantes et de belles pensées : et c’est sous ces rapports, qu’il lui mérita les éloges des savans, et même des brefs honorables de la part de Léon X et de Clément VII.. Parmi ses pièces italiennes, laplus célèbre est son Arcadie, traduite en français par Pecquet, 1737, in-12. Les vers et la prose de cet ouvrage charment par la délicatesse et par la naïveté des images et des expressions. Il. fut imprimé à Naples, in-4, en 1502, et réimprimé avec ses autres Poésies italiennes à Padoue en 1723, et à Naples in-4, 1720, in-12. Le Duchat dit que Sannazar était Éthiopien de naissance ; mais c’est une idée romanesque, comme la plupart de celles de cet écrivain, suffisamment réfutée par la couleur de Sannazar qu’on n’a jamais dit être celle d’un nègre.

SANPIETRO, dit Bastelica ainsi surnommé du lieu de sa naissance, fameux capitaine corse au service de France, se fit connaître par divers exploits, et plus encore par les troubles qu’il excita en Corse et sa haine contre les Génois. Son caractère romanesque et féroce le porta à des scènes étranges jusqu’à étrangler sa femme, Vanina d’Ornano, d’une des plus illustres maisons de Corse parce qu’elle avait voulu solliciter sa grâce à Gènes, où il avait été proscrit. Il fut assassiné par un de ses officiers, dans une rencontre avec les Génois le 17 janvier 1566, à l’âge de 66 ans.

SANREY (Ange-Bénigne), né à Langres de paréos pauvres, garda les moutons d’un boucher jusqu’à l’âge de 14 ans. Après avoir surmonté tous les obstacles que la fortune opposait à ses études il fut fait prêtre à Lyon. Il prêcha dans cette ville en présence de la reine Anne d’Autriche, qui lui donna un brevet de prédicateur ordinaire de S. M. Ayant été nommé à une des chapellenies de Saint-Martin de Langres, il quitta Beaune où il était théologal, et retourna dans sa patrie. Il y mourut en 1659, à 70 ans. Il était habile, non-seulement dans les