Dictionnaire historique, tome 1/ABAD III
ABAD III (Mohhammed-Al-Motamed-a-l’Allah-ben), succéda, l’an 461 de l’hégire (1068), à son père Abou-Amrou, roi de Séville. Ce prince était humain et généreux ; il aimait et encourageait les sciences et les arts ; il cultivait lui-même la poésie avec succès. La guerre active qu’il fit aux chrétiens, et ses brillantes conquêtes le rendirent le plus puissant des rois maures d’Espagne. Mais ayant donné sa fille Zaidah, en mariage à Alphonse VI, roi de Castille, cette alliance avec un prince chrétien jeta l’alarme parmi les autres rois maures, qui jurèrent sa ruine. Ils appelèrent à leur secours Youçouf-Tachefyn, roi de Maroc, qui défit d’abord Alphonse, et vint ensuite attaquer Séville. Le généreux Abad jugeant la défense inutile, vint se livrer avec ses enfans à la discrétion du vainqueur, qui le fit charger de fers, et l’envoya captif en Afrique, où ses filles le nourrissaient du travail de leurs mains. L’infortuné prince vécut quatre ans dans cette cruelle situation ; la poésie dont il faisait ses délices charmait les dégoûts de sa captivité. On a conservé plusieurs de ses poèmes, où il rappelle sa grandeur passée et la donne en exemple aux rois qui osent compter sur les faveurs de la fortune.