Dictionnaire français illustré de Larive et Fleury/Napoléon ier

NAPOLÉON Ier (Bonaparte), deuxième fils de Charles Bonaparte et de Lætitia Ramolino, né à Ajaccio le 15 août 1769, mort à Sainte-Hélène le 5 mai 1821. Sorti sous-lieutenant d’artillerie de l’Ecole militaire de Brienne il coopéra puissamment comme chef de brigade à la reprise de Toulon sur les Anglais (1793) et ce fait d’armes lui valut le grade de général de brigade. Destitué après le 9 thermidor, il rentra au service le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) où, sous les ordres de Barras, il sauva la Convention d’une émeute royaliste. Alors il devint général de division et épousa Joséphine Tascher de la Pagerie, veuve du comte de Beauharnais. Bientôt nommé général en chef de notre armée d’Italie, du mois d’avril 1796 à février 1797, il détruisit une armée piémontaise, trois armées autrichiennes, remporta douze grandes victoires, dont les plus célèbres furent celles de Lodi, Arcole, Rivoli, et contraignit l’Autriche à conclure la paix de Campo-Formio (8 octobre 1797). Ensuite, il fut envoyé par le Directoire à la conquête de l’Egypte. Après la victoire des Pyramides et une expédition en Syrie, il laissa son armée à Kléber et rentra en France (9 octobre 1799). Le coup d’État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) le rendit maître du gouvernement, et il se fit nommer premier consul pour dix ans. L’Autriche avait repris l’Italie ; la victoire de Marengo (14 juin 1800), gagnée par Bonaparte sur Mélas, rendit ce pays à la France et peu après le traité de Lunéville (1801), celui d’Amiens avec l’Angleterre (1802) pacifièrent momentanément l’Europe. Pendant ce répit, Bonaparte rappela les émigrés, signa le concordat avec le pape et publia nos codes qui avaient été élaborés par les jurisconsultes de l’époque de la Convention et du Directoire. En 1802 il se fit donner le consulat à vie, et après la rupture de la paix d’Amiens il fut proclamé empereur (1804). Au moment ou le nouveau souverain méditait une descente en Angleterre, l’Autriche et la Russie prirent les armes ; Napoléon gagna sur les


coalisés la bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805), suivie du traité de Presbourg avec l’Autriche, en conséquence duquel il devint roi d’Italie, protecteur de la confédération du Rhin, et mit ses frères Joseph et Louis sur les trônes de Naples et de Hollande. L’année suivante, nouvelle guerre contre la Prusse et la Russie : l’armée prussienne fut écrasée à Iéna (14 octobre 1806) et les armées russes à Eylau et à Friedland (1807). Napoléon conclut alors la paix de Tilsitt (1807), qui obligea la Russie à adhérer au blocus continental, démembra la Prusse et créa le royaume de Westphalie en faveur de Jérôme Bonaparte. Dès lors, l’empereur tourna ses regards vers l’Espagne et le Portugal et mit sur le trône d’Espagne Joseph, que Murât remplaça comme roi de Naples. Mais une insurrection formidable éclata dans la péninsule et dévora les armées françaises jusqu’à la fin du règne de Napoléon. L’Autriche, jugeant les circonstances favorables, recommença la guerre ; mais, vaincue à Essling et à Wagram (1809), elle signa la paix de Vienne (1809), et l’empereur François II accorda la main de sa fille Marie-Louise à Napoléon, qui avait fait prononcer son divorce avec Joséphine. De cette union naquit le roi de Rome (1811). La Russie s étant rapprochée de l’Angleterre, Napoléon entreprit contre la première de ces deux puissances la campagne de 1812. Il fut vainqueur à la Moskowa et entra dans Moscou mais l’incendie de cette ville par les Russes et un hiver rigoureux l’obligèrent à cette désastreuse retraite pendant laquelle son armée perdit plus de 300 000 hommes. Cependant, Prussiens et Russes s’étaient ligués contre la France. Napoléon les défit à Lutzen et à Bautzen ; mais François II se joignit aux confédérés, et l’armée française perdit la désastreuse bataille de Leipzig (18-19 octobre 1813). Ses débris regagnèrent péniblement la France, bientôt envahie par toute l’Europe coalisée. Les succès de Napoléon à Champaubert, Montmirail, Vauchamp, Montereau, etc., ne purent empêcher la capitulation de Paris. Napoléon abdiqua à Fontainebleau (11 avril 1814) et partit pour l’île d’Elbe, dont on lui avait donné la souveraineté. La monarchie fut restaurée en France dans la personne de Louis XVIII, frère de Louis XVI ; mais Napoléon, quittant furtivement l’île d’Elbe, vint débarquer à Cannes (1er mars 1815), et le 20 mars il reprenait possession du pouvoir. Aussitôt la coalition marcha contre lui et le vainquit à Waterloo (18 juin 1815). Il abdiqua de nouveau et se livra aux Anglais, qui le retinrent prisonnier à Sainte-Hélène jusqu’à sa mort.