Dictionnaire des termes militaires et de l’argot des poilus/V
Vache n. f. Arg. milit. Vieux cheval.
Vadrouille n. f. Arg. Débauche. Personne aimant la débauche. Femme de mœurs légères. — Mar. Balai en nattes de coton qui sert à laver le pont d’un navire. Synonyme de faubert.
Vadrouiller v. a. Arg. Aller en vadrouille. — Milit. Aller en éclaireurs sans plan préconçu.
Vague n. f. Eau accidentellement élevée au-dessus du niveau de la masse, et douée d’un mouvement qui la déplace à la surface : les vagues viennent se briser contre les rochers et contre les côtes. — Arg. milit. Mouvement de troupes, précédé ou suivi de plusieurs autres semblables ayant la régularité des vagues de la mer venant se briser contre la terre : nous avons opéré par vagues successives d’assaut.
Vaguemestre n. m. Milit. Militaire (généralement sous-officier) chargé dans un régiment de la distribution des lettres et du payement des mandats. Dans chaque quartier général de corps d’armée, l’officier de gendarmerie chargé des trains régimentaires ; il est souvent assisté de sous-officiers de son arme, vaguemestres-adjoints. Dans une unité inférieure à un corps d’armée, ce service est effectué par le commandant de la force publique chargé de la prévôté.
Vaigrage n. m. Mar. Ensemble des vaigres d’un navire.
Vaigre n. f. Planche employée au revêtement intérieur d’un navire.
Vaigrer v. a. Revêtir de vaigres l’intérieur d’un navire.
Vaillamment adv. Avec vaillance : lutter vaillamment.
Vaillance n. f. Valeur, courage à la guerre, dans une lutte : la vaillance des héros.
Vaillant, e adj. Qui a de la vaillance : vaillants soldats.
Vaillantise n. f. Acte de vaillance.
Vaincre v. a. Remporter un avantage à la guerre : vaincre l’ennemi en bataille rangée.
Vaincu n. m. Celui dont on est venu à bout : les vaincus ont toujours tort.
Vainqueur n. m. Celui qui remporte une victoire dans un combat. Adjectiv. Qui a vaincu. Qui dénote une victoire : prendre un air vainqueur.
Vaisseau n. m. Mar. Grand bâtiment sur mer. Officier de vaisseau, nom que l’on donnait autrefois à l’aspirant de 1re classe (sous-lieutenant) ; capitaine de vaisseau, lieutenant de vaisseau, enseigne de vaisseau de 1re et de 2e classe, officiers de marine dont les grades correspondent respectivement à ceux de colonel, capitaine, lieutenant et sous-lieutenant.
Valeur n. f. Bravoure, vaillance : la valeur indomptable de nos poilus.
Valeureusement adv. Avec valeur.
Valeureux, euse adj. Qui a de la vaillance, du courage : de valeureux soldats.
Valide adj. Sain, pouvant satisfaire aux obligations militaires.
Vareuse n. f. Sorte de blouse en grosse toile, que revêtent les marins pendant le service ordinaire du bord. Vareuse de laine, blouse de laine de même forme que les marins mettent le dimanche ou pour descendre à terre.
Veau n. m. Arg. milit. Cheval qui ne marche pas bien.
Vedette n. f. Milit. Cavalier en sentinelle. — Mar. Petit bâtiment de guerre en observation.
Veiller v. n. S’abstenir de dormir : veiller jusqu’au jour. Exercer une surveillance, être sur ses gardes : une sentinelle qui veille. Veiller à, veiller sur, prendre garde à. — Mar. Veiller au grain, être attentif au grain qui s’élève en mer ; être prêt à parer à certaines éventualités.
Veilleur n. m. Homme qui veille.
Vergue n. f. Longue pièce de bois placée horizontalement sur un mât, et destinée à soutenir la voile.
Verni n. m. Arg. milit. Celui qui a de la chance. Adj. Chançard.
Vernoche n. m. et adj. Arg. milit. Verni.
Versaillais n. m. Arg. milit. Élève, ancien élève ou officier sorti de Versailles.
Versailles (École militaire de). Fondée à Versailles (Seine-et-Oise) le 10 janvier 1884. École des sous-officiers de l’artillerie, du génie et de l’artillerie coloniale, futurs sous-lieutenants dans leurs armes d’origine.
Veste n. f. Milit. Costume de drap ou de treillis porté en petite tenue, ou pour les corvées, la gymnastique, etc., par les hommes de troupe des différentes armées ou par les officiers indigènes de tirailleurs. — Arg. milit. Prendre une veste, subir un échec.
Vétéran n. m. Soldat ayant accompli un long service. Vieux soldat, ancien soldat : les vétérans de 1870. — Mar. Matelot ne navigant plus, mais faisant partie de corps spéciaux chargés du service dans les ports ou à bord de certains bâtiments en rade fixe. Les grades dans la maistrance sont les mêmes que dans le corps actif des équipages de la flotte.
Vétérance n. f. État de vétéran. — Mar. Le corps des vétérans de la marine.
Vétérinaire adj. Se dit de ce qui concerne l’art de guérir les chevaux : médecine vétérinaire. N. m. Celui qui pratique cet art : un vétérinaire militaire. — Milit. Hiérarchie : vétérinaire inspecteur, général de brigade ; vétérinaire principal de 1re et de 2e classe, colonel et lieutenant-colonel ; vétérinaire major de 1re et de 2e classe, chef d’escadron et capitaine ; vétérinaire aide-major de 1re et de 2e classe, lieutenant et sous-lieutenant ; vétérinaire auxiliaire, adjudant ; assistant, maréchal des logis.
Veto n. m. Arg. milit. Le vétérinaire militaire.
Vice-amiral n. m. Officier de marine, inférieur à l’amiral et supérieur au contre-amiral : les préfets maritimes sont choisis parmi les vice-amiraux (c’est, en fait, le grade le plus élevé de la marine de guerre). Vaisseau d’une flotte portant le pavillon du vice-amiral.
Victoire n. f. Avantage obtenu à la guerre : remporter la victoire.
Victor n. m. Arg. milit. Le fusil Lebel.
Victorieusement adv. D’une manière victorieuse : combattre victorieusement.
Victorieux, euse adj. Qui a remporté la victoire : troupes victorieuses.
Vigie n. f. Mar. Matelot en sentinelle dans la mâture. Homme chargé à terre de surveiller le large : installer une vigie. Construction élevée pour loger une vigie.
Vigigraphe n. m. Mar. Espèce de télégraphe de vigies qui se correspondent.
Vigigraphie n. f. Mar. Système télégraphique des vigies.
Vigilance n. f. Surveillance attentive : la vigilance des sentinelles.
Vin n. m. Principaux synonymes argotiques : aramon, brutal, électrique, pinard, vinasse, vinasson.
Vincennes (École d’administration de). École militaire instituée à Vincennes (Seine) pour former le personnel nécessaire au recrutement des officiers d’administration, des bureaux de l’intendance militaire, des subsistances, des hôpitaux, de l’habillement et du campement. Réorganisé par décret du 20 mars 1890.
Vingt-deux (c’est). Arg. milit. Ça devient dangereux, il est temps de partir.
Virage n. m. Action de tourner, de faire tourner quelque chose. Action de faire décrire une courbe, un tournant à un vélocipède, un automobile : un virage hardi. — Mar. Action de virer de bord et point où l’on vire.
Vis n. f. Milit. Vis de pointage, qui sert à pointer les canons. — Arg. milit. Serrer la vis à quelqu’un, le tenir à l’œil, ne rien lui tolérer.
Visée n. f. Direction de la vue vers un but : ligne de visée.
Viser v. a. Diriger son coup vers : viser un but. V. n. Viser à, diriger son coup vers : viser au cœur. Diriger ses efforts vers : viser à la victoire.
Viser v. a. Prendre connaissance d’un acte et mettre son visa : viser une permission.
Vitrier n. m. Arg. milit. Chasseur à pied.
Sur le flanc dénudé d’un vieux ballon vosgien,
Les vitriers s’en vont en vague serpentine
Et, parvenus bientôt au haut de la colline,
Ils découvrent soudain le versant alsacien.
(Les Poilus de la 9e.)
Vivrier n. m. Arg. milit. Celui qui est attaché aux services de ravitaillement.
Voile n. f. Toile forte, que l’on attache aux vergues d’un mât pour recevoir le vent et faire avancer le vaisseau : naviguer à la voile. Le vaisseau lui-même : signaler une voile à l’horizon. Mettre à la voile, s’embarquer. Faire voile, naviguer. Ce navire est toutes voiles dehors, il les a hissées toutes. Faire de la voile, soumettre beaucoup de voiles à l’action du vent. Régler les voiles, en proportionner le nombre à la force du vent. — Arg. milit. Mettre les voiles : se sauver. (On dit également : mettre les cannes, mettre les triques.) Avoir le bon vent dans les voiles, avoir des moyens de réussite.
Voiler v. a. Mar. Garnir de voiles, adapter à un navire un type de voilure déterminé : voiler un brick, une goélette, etc.
Voilerie n. f. Atelier où l’on fabrique, répare ou conserve les voiles des vaisseaux.
Voilier n. m. Ouvrier qui travaille aux voiles des bâtiments. Bâtiment qui ne marche qu’à la voile : un fin voilier.
Voilure n. f. Ensemble des voiles d’un bâtiment ou d’un mât : carguer la voilure. Ensemble des voiles sous lesquelles navigue un bâtiment : diminuer, augmenter la voilure. Balancer la voilure, équilibrer les voiles de l’avant et de l’arrière. Régler la voilure, prendre la voilure du temps. Surface de voilure, surface de toile que peut présenter au vent un navire à voile. Centre de voilure, point théorique déterminé sur le plan de voilure et sur lequel semble s’exercer la résultante de l’effort du vent sur toutes les voiles.
Voiture n. f. Véhicule servant à transporter les munitions, etc. : les voitures régimentaires.
Volée n. f. Milit. Décharge de plusieurs pièces d’artillerie : une volée de coups de canon. Partie d’un canon entre la bouche et le premier renfort, ou la partie frottée portant les tourillons. — Arg. milit. Correction : infliger, recevoir une volée.
Volontaire n. m. Soldat qui sert dans une armée sans y être obligé : les volontaires de 1914.
Volontariat n. m. Engagement, service des volontaires. Engagement d’un an, contracté dans de certaines conditions : le volontariat d’un an a été supprimé en France en 1889.
Voltigeur n. m. Nom donné en France, avant 1870, à des soldats de petite taille, formant une compagnie d’élite, placée à la gauche du bataillon.